Atlas de la guerre d’Algérie (2003)

dimanche 20 février 2005.
 
Atlas de la guerre d’Algérie, Paris, Autrement, 2003, 64 p . Prix actuel : 13 euros.

La guerre d’Algérie est souvent considérée d’une manière globale, comme si le pays était homogène et uniforme. L’approche géographique, en replaçant les événements dans leur contexte physique, territorial et humain, permet de dépasser cette vision.

Ainsi, les plaines, faiblement peuplées en 1830, ont été le principal terrain d’action de la colonisation française qui a réalisé leur mise en valeur, tout en accaparant la propriété de leur sol, d’où une inégale répartition de la population dite européenne à travers l’espace algérien. S’y ajoute la disproportion entre les deux populations dans différents types de villes et de campagnes. Les organisateurs de l’insurrection ont su tirer un judicieux parti des données physiques et humaines de leur pays, adapter les maquis au relief et calquer leur organisation en wilayas sur la carte ethnique de l’Algérie musulmane.

Prendre en compte ces données est indispensable à qui veut mieux comprendre le déroulement de la guerre qui a mis fin à la colonisation de l’Algérie.

Tel est le propos de cet atlas qui, avec ses 68 cartes et graphiques, présente de manière claire et synthétique les étapes de la conquête coloniale au XIXème siècle, les prémisses du conflit dès les années 1940, la guerre elle-même (1954-1962) et les déchirements provoqués par l’imminence de la décolonisation, jusqu’au accords d’Evian signés le 19 mars 1962.

Guy Pervillé est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Toulouse-Le Mirail.

Cécile Marin est géographe-cartographe et enseigne la cartographie au Lycée Maximilien Vox.


Dédicace de l’auteur :

« Après avoir tenté, dans mon ouvrage précédent (Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Editions Picard, 2002), de penser historiquement la guerre d’Algérie, j’ai ressenti le besoin de la penser géographiquement, c’est-à-dire d’expliquer les faits en tenant compte de leur dimension spatiale, et du poids des données de la géographie physique et humaine, suivant l’exemple de Fernand Braudel qui a mobilisé la géographie au service de l’histoire.

Cet atlas a été rapidement conçu. J’ai choisi des cartes déjà publiées et d’autres que je venais de trouver dans les archives militaires de Vincennes, au SHAT (Service historique de l’armée de terre) ; il a suffi de les reproduire ou de les adapter, de les ranger dans un ordre logique et chronologique à la fois, et de les commenter. Je dois rendre hommage au travail de la cartographe Cécile Marin, qui a su traduire graphiquement les faits et les idées que je voulais mettre en évidence.

En effet, cet atlas est beaucoup plus qu’une simple illustration de l’histoire de la guerre d’Algérie : c’est un véritable instrument d’analyse, qui permet de faire apparaître des corrélations entre différents facteurs en rapprochant et en superposant mentalement plusieurs cartes. Par exemple, le contraste entre l’Algérie de l’Est et celle de l’Ouest se retrouve à la fois dans la topographie et la climatologie, dans l’histoire de la conquête et dans celle de la colonisation, dans l’inégale répartition de la population colonisatrice et dans l’inégale implantation du nationalisme algérien musulman (qui paraît inversement proportionnelle à la densité de la population non musulmane), et ces constats suggèrent des hypothèses explicatives. Ainsi, cet atlas modeste par son format et par son volume en fait espérer un autre plus grand, qui permettrait des analyses beaucoup plus fines à partir de cartes à plus grande échelle. »

Reproduit avec l’aimable autorisation de Jean Morzadec, http:/www.radiofrance.fr/divers/thematiques/radiodulivre/dedicaces.


Revue de presse :

-  « L’Algérie, combien de divisions ? Un spécialiste de la guerre d’Algérie s’associe à une cartographe. Résultat : un petit atlas bourré de chiffres, de statistiques et de cartes qui changent notre manière de voir . Indispensable pour comprendre la situation présente.

"(...) A côté des chiffres collectés (et critiqués) dans tous les domaines, l’Atlas de la guerre d’Algérie s’impose, bien sûr, par la collaboration réussie de l’historien avec la cartographe Cécile Marin. Pour donner plus de profondeur à la compréhension de la guerre proprement dite (1954-1962), les deux auteurs s’inscrivent dans la longue durée : ils traitent largement la période 1830-1954, revenant ainsi à la conquête et à la colonisation, qui furent progressives (de 1830 à ... 1934 !). Outre les cartes de la conquête, ils proposent notamment celles du peuplement (réparition des "Européens" et des "musulmans", celles des activités économiques, etc. Ils procèdent de la sorte à des recoupements et des comparaisons très éclairantes. (...)

Voici donc un précieux ouvrage de référence, bien réalisé, dont les enseignements dépassent le seul cas algérien. L’approche géographique des diverses stratégies et géostratégies antiterroristes reste d’actualité pour d’autres pays. Recommandons , en complément, le récit synthétique proposé par Guy Pervillé dans Pour une histoire de la guerre d’Algérie (Picard, 2002). »

Jean-Maurice de Montrémy, in Livres Hebdo n° 501, 14 février 2003, p. 38.

-  « Ce lumineux atlas raconte la colonisation et la guerre en Algérie en une série de cartes absolument sidérantes. (...) La géographie au secours de l’histoire éclaire cette guerre comme vous ne l’avez jamais vue et lui donne des correspondances et des échos insoupçonnés. Ce travail exceptionnel, dirigé par Guy Pervillé, historien à l’Université de Toulouse-Le Mirail, a bénéficié du savoir-faire de la géographe-cartographe Cécile Marin, qui avait déjà réalisé, chez le même éditeur, le précieux Atlas des religions. Même sur des débats ouverts comme le chiffrage des victimes du conflit, les sources militaires, universitaires et privées, croisées ici avec la plus grande rigueur, font de ce précis un outil indispensable pour tous les passionnés de l’histoire franco-algérienne. »

Thierry Leclère, in Télérama , n° 2779, 16 avril 2003, p. 67.

-  « En proposant une vision historique placée sur le long terme, en soulignant l’importance des insurrections du 8 mai 1945 et en proposant un bilan de la guerre (pertes, question des harkis...) ce livre n’est pas seulement un atlas, mais sans doute la synthèse la plus courte et la plus réussie consacrée au drame vécu par les populations de l’Algérie coloniale. »

Jean-Charles Jauffret, in Historiens et géographes , n° 384, octobre-novembre 2003, p. 492.

PS : Après les deux premières éditions de février 2003 et de juin 2006, une nouvelle édition revue, corrigée et augmentée (de 1962 à 2011) a été publiée par Autrement en novembre 2011, et une quatrième encore augmentée est prévue.


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