Ma position sur l’annexe au rapport d’Eric Savarese : "Une note sur le ’mur des disparus’" (2007)

mercredi 5 septembre 2007.
 
A la suite de ma participation à la journée d’étude organisée le 19 avril 2007 par Eric Savarese au CERTAP de Narbonne sur le thème : "Montrer l’Algérie au public. Pour en finir avec les guerres de mémoire algériennes en France ?" (voir sur le site de l’Université de Perpignan-Via Domitia, http://www.univ-perp.fr), j’ai jugé nécessaire de préciser ma position par le texte que voici. Il explicite davantage la position que j’avais déjà exprimée lors de cette journée d’études.

La note rédigée par Eric Savarese en annexe à son rapport final sur la journée d’étude du 19 avril 2007 est irréfutable sur le plan des principes, et c’est pourquoi j’ai accepté d’y souscrire. En effet, dans l’absolu, la mémoire des morts et des victimes de la guerre d’Algérie doit être la plus complète possible ; or l’établissement de listes partielles, dans un cadre national ou catégoriel plus ou moins suspect d’être partisan, risque de ranimer une guerre des mémoires non seulement en France, mais aussi entre la France et l’Algérie, alors qu’il faut souhaiter une réconciliation qui n’a que trop tardé près d’un demi-siècle après la fin de cette guerre. Et ce d’autant plus que le nombre des morts et des victimes des deux camps a été incontestablement très inégal du fait de l’inégalité considérable du rapport des forces à l’avantage de la France.

Cela étant reconnu, on doit néanmoins se demander si la conséquence pratique de ce constat doit être la condamnation de toute commémoration organisée dans un cadre national, et à plus forte raison catégoriel. En nous plaçant sur le plan des faits, nous devons constater que jusqu’à présent la politique commémorative de la France s’est toujours définie dans un cadre national, notamment après les deux guerres mondiales. Pourtant la guerre d’Algérie s’est longtemps singularisée par l’absence de commémoration officielle, parce que l’Etat avait choisi la politique de l’oubli pour dépasser ce qu’il avait reconnu comme étant une guerre civile entre Français presque autant qu’une guerre internationale. Mais depuis quelques années, il a renoncé à pratiquer simultanément deux politiques mémorielles opposées : depuis le vote unanime de la loi du 18 octobre 1999 reconnaissant officiellement la guerre d’Algérie en tant que telle, les instances politiques se sont attachées à définir une politique commémorative applicable à cette guerre. Or cette volonté commune a tout de suite achoppé sur le choix d’une date commémorative officielle, la gauche ayant choisi le 19 mars que la droite a refusé [1].

S’il n’y a pas eu d’accord sur une date commémorative de la guerre d’Algérie (puisque le choix du 5 décembre fait par le président Chirac après sa réélection en 2002 n’a pas rallié les partisans du 19 mars), la France a néanmoins commencé à se doter d’institutions commémoratives, mais l’Etat reste encore très en retard sur les initiatives privées. L’une des principales associations d’anciens combattants, la FNACA, a obtenu depuis 1962 le soutien de milliers de municipalités (exprimé par des milliers de rues ou de places commémorant la “fin de la guerre d’Algérie”) à sa revendication de choix du 19 mars comme date commémorative de cette guerre, terminée en principe le 19 mars 1962 par le cessez-le-feu décidé la veille à Evian. Plus récemment, la municipalité de gauche de Paris a officialisé sa mémoire particulière de la guerre d’Algérie en consacrant des rues ou des places à Maurice Audin et aux victimes algériennes de la répression du 17 octobre 1961, et le groupe communiste du Sénat a déposé une proposition de loi exprimant la reconnaissance de ce dernier événement, défini comme un “massacre de centaines d’Algériens perpétré par la police française sur l’ordre de ses chefs” [2]. Ces commémorations d’abord lancées par des associations d’anciens combattants et par des municipalités ont le plus souvent [3] traduit un point de vue qui, même s’il correspond à une tendance largement majoritaire dans le pays, n’a pas obtenu un soutien unanime. En particulier, la revendication d’une officialisation de la date du 19 mars a toujours suscité une véhémente opposition des celles des associations d’anciens combattants et de rapatriés qui continuent de voir dans le 19 mars 1962 non la fin de la guerre d’Algérie mais le début de sa pire période. De plus, depuis les années 1990, nous avons vu des fondations privées se proposer d’agir sur les opinions publiques et les pouvoirs publics des deux pays pour raviver la mémoire de certains événements [4] et pour en revendiquer la reconnaissance par l’Etat français comme “crimes contre l’humanité”, avec la participation de certains historiens.

Il existe pourtant, depuis 2002, un début de politique commémorative nationale, dont la principale manifestation est le monument aux morts militaires des armées françaises en Algérie, situé quai Branly à Paris et inauguré par le président Chirac le 5 décembre 2002. Si la liste a pu être contestée, elle n’a pas, me semble-t-il, suscité d’opposition de principe. Puis la loi du 23 février 2005 en faveur des revendications mémorielles des associations de rapatriés et de “harkis” a proclamé, non sans maladresse, un début de reconnaissance légale de leur bien-fondé, qui a suscité de vives réactions en France et en Algérie. Pour gagner du temps, je me permets de renvoyer aux nombreuses analyses que j’ai déjà consacrées à la politique mémorielle française de la guerre d’Algérie et au traité d’amitié franco-algérien [5], en attendant la publication de celle que j’ai présentée à la journée d’étude de Narbonne organisée par Eric Savarese le 19 avril dernier.

Mais voici qu’un nouveau monument doit être inauguré à Perpignan le 25 novembre 2007. Ce projet, lancé par les cercles algérianistes avec l’appui de la municipalité, a suscité depuis quelques mois une très vive opposition, de la part de plus de trente organisations de gauche qui ont pris position contre sa réalisation. Or de quoi s’agit-il ? D’un “centre de la présence française en Algérie” contenant un “mémorial des disparus en Algérie de 1954 à 1963”. Ce projet a été, me semble-t-il, abusivement confondu avec le monument à la gloire des morts de l’OAS déjà réalisé depuis 2003 au cimetière de Perpignan par une autre association, l’ADIMAD. Or les noms que ce monument veut honorer sont ceux de 3.856 civils enlevés, dont la très grande majorité [6] après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, parmi lesquels environ 2.000 sont certainement décédés, sans que la date et les circonstances du décès soient toujours connues. Ces enlèvements sont un fait majeur encore trop peu et trop mal connu, bien que la documentation utilisée pour dresser cette liste soit tout à fait officielle : il s’agit en effet des listes et des dossiers individuels des disparus [7], conservées par le Ministère des affaires étrangères dans ses centres d’archives de Paris et de Nantes, et retrouvés depuis quelques années par l’ANIFOM pour le compte du Haut conseil des rapatriés. D’autre part, il faut rappeler que ces nombres ne comprennent pas ceux des civils français d’Algérie tués ou blessés par le terrorisme du 1er novembre 1954 au 18 mars 1962, à savoir 2.788 tués et 7.541 blessés. Enfin, il me paraît utile de signaler aux Français de France que, sans être au niveau de celui des victimes algériennes de la guerre, ils sont néanmoins incomparablement plus élevés que celui des victimes civiles ou militaires métropolitaines. Pour bien faire comprendre ce qu’ils représentent par rapport à une population d’un million de Français d’Algérie, il faudrait les multiplier par plus de 45 pour trouver leur équivalent dans la population métropolitaine de 1962 : soit l’équivalent de 173.500 disparus (dont au moins 90.000 décédés), 125.500 tués et 339.000 blessés. Qui pourrait trouver cela négligeable [8] ? Et dans ces conditions, peut-on juger le principe de cette commémoration inutile ou condamnable ?

Mais ce principe, qui semble aller de soi quand on le formule ainsi, suscite bien évidemment le soupçon d’une intention cachée, celle de vouloir réhabiliter l’OAS qui avait refusé le cessez-le-feu d’Evian, et donc provoqué la riposte du FLN algérien. Cette crainte justifie une réponse très précisément argumentée. Elle se situe dans le cadre des lois d’amnistie votées pour mettre fin à une guerre civile franco-française, et toujours en vigueur, qui restent la condition nécessaire d’un débat constructif.

D’abord, je précise que je ne récuse pas le rappel fait par Eric Savarese des victimes causées par le terrorisme de moins en moins sélectif de l’OAS, d’autant moins que la plus célèbre de ces victimes, l’écrivain Mouloud Feraoun, a prouvé par son Journal, publié en 1962 aux Editions du Seuil après sa mort, qu’il était le plus honnête et le plus scrupuleux de tous les intellectuels algériens, et le meilleur guide pour qui veut essayer de comprendre la sombre logique de la guerre d’Algérie [9]. Son amitié avec le plus célèbre des écrivains français d’Algérie, Albert Camus, est restée exemplaire jusqu’à la mort de celui-ci en janvier 1960, malgré leur divergence d’opinions sur l’avenir de leur pays [10]. Il est juste que sa mémoire, et celle de ses compagnons assassinés avec lui par l’OAS le 15 mars 1962, aient été honorées par une plaque commémorative inaugurée au Quai d’Orsay le 12 décembre 2001 [11]. Mais un historien doit aussi lire les sources les plus diverses possibles pour comprendre une situation conflictuelles de plusieurs points de vue, et par exemple ne pas négliger le Journal d’une mère de famille pied-noir, rédigé par Francine Dessaigne [12]. Ces lectures plurielles conduisent à réagir contre certaines illusions aujourd’hui encore trop répandues.

Le fait incontestable que l’OAS a refusé le cessez-le-feu du 19 mars 1962 et fait tout ce qu’il a pu pour le faire échouer ne doit pas faire oublier tous les actes de violence antérieurs à cette date et commis par les belligérants devenus signataires de la paix, parce que l’existence même de l’OAS devient alors inexplicable. Il faut notamment rappeler que le terrorisme de l’OAS n’a dépassé celui du FLN par son nombre de victimes, selon les archives officielles, qu’à partir de la mi-janvier 1962 à Alger et de février 1962 à Oran [13]. Et que ce terrorisme du FLN, même si ses premiers dirigeants avaient sans doute essayé de le limiter tout au début de leur insurrection, était devenu de plus en plus systématique depuis qu’il s’était radicalisé durant l’été 1955 dans le Nord Constantinois [14] et un an plus tard à Alger. Enfin, il faut rappeler que, si ce terrorisme avait décliné de 1957 à 1960, il a connu une remontée de plus en plus accélérée en 1961 et surtout dans les trois premiers mois de 1962 [15].

D’autre part, il faut bien constater que l’OAS a été prise à son propre piège en radicalisant son terrorisme à partir du début 1962 pour empêcher la conclusion d’un cessez-le-feu entre le gouvernement français et le FLN, puis pour essayer de le rompre par des attentats provocateurs visant les musulmans dans les quartiers européens et ensuite dans les quartiers musulmans, avec l’intention d’obliger l’armée française à intervenir pour protéger les quartiers européens [16]. Le bilan des victimes de la violence de l’OAS n’a pas été précisément établi [17], mais deux bilans partiels peuvent être cités. Selon la Sûreté nationale, elle aurait tué en Algérie jusqu’au 20 avril 1962 1.622 personnes (dont 239 Européens) et en aurait blessé 5.148 (dont 1.062 Européens) [18]. Selon le général en chef Fourquet, elle aurait causé dans les deux premiers mois du cessez-le-feu (19 mars-19 mai 1962) 1.658 tués (dont 1.494 musulmans, 106 Européens et 58 membres des forces armées) et 2.450 blessés (dont 1.250, 197 et 103 de chaque catégorie) [19]. Le nombre de victimes de l’OAS parmi les Européens et les militaires français reste donc très inférieur à celui déjà cité plus haut des disparus enlevés par le FLN ; mais les pertes de la population musulmane causées par l’OAS sont d’un ordre de grandeur comparable, sans que cela prouve pour autant que ces victimes européennes appartenaient à l’OAS. Ainsi, la réaction organisée par le FLN contre l’OAS en visant la population européenne fut bien une conséquence de l’action de la seconde organisation, mais ne visa pas spécifiquement cette dernière. Elle fut une action de représailles, de vengeance, mais pas de justice. Quant au gouvernement français, sans vouloir remettre en question ses plans de dégagement, il fut néanmoins obligé de reconnaître au moins partiellement la rupture de facto du cessez-le-feu d’Evian et de protester contre cette rupture [20].

L’offensive systématique lancée contre l’OAS par le FLN-ALN à partir du 17 avril 1962 (un mois après les accords d’Evian, et peu après l’installation de l’Exécutif provisoire au Rocher Noir) a été présentée par l’un de ses principaux auteurs, le chef de la nouvelle Zone autonome d’Alger Si Azzedine, comme visant essentiellement les “tueurs” de l’OAS ; s’il reconnaît des erreurs injustifiables, il croit les compenser par des actes de générosité inattendus [21]. Mais la thèse de l’historien Jean Monneret, soutenue en 1997, a établi une vérité différente. L’offensive du FLN, qui s’est déclenchée simultanément dans toutes les régions où les Européens étaient relativement nombreux (principalement Alger et Oran, mais aussi l’Algérois et l’Oranie) ne pouvait atteindre qu’exceptionnellement les vrais “tueurs” de l’OAS, qui restaient le plus souvent regroupés dans les quartiers européens des plus grandes villes. Elle a visé essentiellement les civils européens enlevés à la limite des quartiers européens et musulmans, sur les grands axes de communication, dans les villages et les fermes isolées [22]. Que ces enlevés aient pu être, plus ou moins, des sympathisants de l’OAS, ce n’est pas impossible mais cela reste à prouver, et ne saurait justifier leur sort tragique [23]. Le gouvernement français lui-même, qui avait mis du temps à prendre conscience de l’aggravation de la situation, a pourtant fini par s’en émouvoir après que la ZAA de Si Azzedine eut décidé de rompre ouvertement le cessez-le-feu en déclenchant une série d’attaques revendiquées dans les quartiers européens d’Alger le 14 mai 1962. Le 23 mai 1962, le Comité des affaires algériennes siègeant à Paris décida notamment : “Le Haut Commissaire interviendra afin que l’Exécutif provisoire obtienne qu’il soit mis fin aux enlèvements et aux meurtres d’Européens actuellement perpétrés à Alger. Il appartient en fait à M. FARES de faire en sorte que Si AZZEDINE cesse son action dans ce domaine ou soit appréhendé.” Dans le procès-verbal de cette réunion, on peut lire des notes résumant les propos du Haut Commissaire Christian Fouchet (“Alger : enlèvements dus non au FLN, mais à Azzedine, en rupture avec le FLN, lui-même débordé par ses troupes”, et plus loin : “Désaveu enlèvements promis par GPRA pour ce soir, sinon arrêter Azzedine”), et ceux du Premier ministre Georges Pompidou (“Azzedine, prudence nécessaire, responsabilité doit être laissée aux musulmans”) [24].

Ainsi la violation du cessez-le-feu fut-elle reconnue, mais sans remettre en question le plan de dégagement de l’armée française, et l’OAS affaiblie par l’exode de plus en plus massif de la population civile sur laquelle elle s’appuyait en fut réduite à négocier à son tour un cessez-le-feu avec l’exécutif provisoire (accords Susini-Farès et Susini-Mostefai du 17 juin 1962). En fin de compte, le “désaveu” promis ne semble pas être venu du GPRA [25] de plus en plus occupé par la crise interne du FLN, qui tourna presque à la guerre civile entre les clans se disputant le pouvoir après le référendum du 1er juillet 1962 et la proclamation officielle de l’indépendance le 3. La plupart des enlèvements eurent lieu après le 1er juillet, et c’est en juillet que le nombre mensuel d’enlèvements culmina avec 597 personnes enlevées, au moment où l’Algérie sombrait presque dans l’anarchie. C’est aussi le 5 juillet 1962 qu’à Oran, où l’OAS venait d’interrompre son action depuis quelques jours, un mystérieux coup de feu déclencha une vague d’arrestations et d’enlèvements qui toucha près de 330 Européens, voire plus. Evénements tragiques dont la sombre réalité a été reconnue par le gouvernement français dès les débats parlementaires de 1963 et 1964, mais qui n’en est pas moins restée inconnue ou minimisée par la très grande majorité des Français.

Dans ces conditions, il ne me semble pas raisonnable de laisser dormir les archives du Ministère des Affaires étrangères sur les disparus français d’Algérie, parce que les Français de France ont grand besoin de prendre enfin conscience de cette tragédie afin de mieux comprendre ce que fut cette guerre pour ceux de leurs compatriotes qui l’ont directement vécue dans leur pays natal. Et ce d’autant moins que la France vient de signer et fait signer à Paris une convention internationale contre les disparitions forcées [26]. Quant à l’idée suivant laquelle la commémoration devrait être un honneur réservé aux seules victimes innocentes ou au moins respectables, impliquant une épuration morale ou politique des listes disponibles, elle aboutirait à une impasse, car nul ne saurait juger tous les morts de la guerre après les avoir identifiés. La liste des civils européens enlevés comprend vraisemblablement beaucoup moins de coupables (en nombre et en proportion) que les listes des morts militaires français et algériens. Les arguments qui ont été opposés à ce Mémorial des disparus à Perpignan ne me semblent donc pas convaincants en pratique.

En effet, que pouvons-nous penser des deux solutions envisagées à la fin du texte rédigé par Eric Savarese ?
“1) La première consiste à renoncer à l’érection d’un mur des disparus, le projet étant inspiré d’une politique mémorielle ne pouvant faire l’unanimité pour les raisons évoquées (à savoir l’opposition des familles des victimes de l’OAS).
2) La seconde consiste à inscrire sur le même mur l’ensemble des victimes du conflit, en mentionnant les Français d’Algérie, en évoquant les Harkis, et en signalant les victimes connues (Max Marchand, Mouloud Feraoun, Salah Ould Aoudia) ou inconnues de l’OAS, de façon à ne point procéder à un choix entre les différentes catégories de victimes. “
La dernière phrase suggère clairement que la seconde solution est “la seule qui puisse être collectivement soutenue dans le cadre de notre démarche”.

La première solution est en effet irréaliste, car on ne voit pas comment les partisans de ce projet pourraient l’accepter. La seconde est à première vue la plus satisfaisante sur le plan des principes, même si on ne peut que s’interroger sur l’existence d’un esprit de réconciliation la rendant possible. Mais elle manque de crédibilité pour les raisons suivantes.

D’abord, l’idée qu’une politique mémorielle ait besoin de faire l’unanimité pour avoir le droit d’exister est respectable, mais elle est radicalement nouvelle. En effet, depuis le début des années 1990, nous avons vu se manifester plusieurs groupes de mémoires anticolonialistes, qui ont mené des actions visant à faire reconnaître certains événements méconnus de l’Algérie coloniale ou de la guerre d’Algérie, soigneusement choisis, comme des “crimes contre l’humanité”, justifiant une déclaration de repentance de la France [27]. D’abord la Fondation algérienne du 8 mai 1945, créée par l’ancien ministre Bachir Boumaza en 1990, dont l’action fut relayée en France par l’association “Au nom de la mémoire” à partir de mai 1995. Puis l’association “17 octobre 1961 contre l’oubli”, créée en 1999 à la suite du procès Papon. Ces organisations ont-elles voulu rassembler tous ceux qui ont souffert de ces événéments et leurs descendants, sans esprit de parti ? Il ne le semble pas. En effet, la première a minimisé l’importance des victimes française de l’insurrection de mai 1945, toutes répertoriées par les autorités françaises, en affirmant sans preuves des nombres de victimes algériennes incomparablement supérieurs, et en insistant sur la répression de Guelma, qui fut effectivement presque unilatérale [28]. Quant à la seconde, elle a gonflé le nombre de victimes algériennes proclamé, et limité son action à une répression qui était bien celle d’une manifestation non-violente, mais en la détachant de l’histoire de la Fédération de France du FLN, qui n’était certainement pas une organisation non-violente [29]. Et dans les deux cas, des historiens ont participé à ces actions en faveur de l’officialisation de mémoires particulières. Bien plus, des historiens ont pris l’initiative d’une pétition lancée contre la loi du 23 février 2005, qui avait été votée pour satisfaire les associations de rapatriés et de harkis en consacrant leur mémoire avant l’aboutissement de la négociation d’un traité d’amitié franco-algérien. Négociation qui a été interrompue par le gouvernement algérien à partir du 8 mai 2005, quand celui-ci a repris officiellement à son compte l’exigence d’une repentance unilatérale de la France pour tous les crimes commis par elle contre le peuple algérien de 1830 à 1962. Exigence qui, elle, n’a fait l’objet d’aucune prise de position collective d’historiens en France. Si donc les historiens français se prononcent désormais contre toute commémoration partisane, c’est une grande nouveauté qui mérite d’être soulignée, expliquée et justifiée. Cela va, peut-être, sans dire, mais cela irait beaucoup mieux en le disant explicitement.

Il est vrai qu’il existe, ailleurs, des initiatives mémorielles impartiales quis’efforcent d’apaiser les conflits en réconciliant toutes les catégories de victimes. C’est le cas du conflit nord-irlandais, en voie d’achèvement, qui a inspiréunlivre à succès intitulé Lost Lives (Vies perdues), lequel recense etfournitle plus possible de détails sur les 3.637 victimes de la guerre d’Irlande du Nord depuis août 1969, de tous les côtés [30]. C’est plus récemment le cas du Livre des morts de Bosnie-Herzégovine,publié cette année après quatre ans d’enquête par le Centre de recherche et de documentation de Sarajevo, qui rassemble 96.895 noms de morts appartenant à toutes les catégories ethniques(65,88%de Bosniaques, 25,62 %de Serbes, 8,01% de Croates), parmi lesquels 85 % des cas sont complets,alors que les autres (15 %) manquent d’informations [31]. Ces deux exemples sont très encourageants, mais y a-t-il des signes de possibilité d’une telle réalisation franco-algérienne ? Malheureusement, non. La revendication algérienne de repentance s’est toujours appuyée sur des affirmations arbitraires citant des nombres de victimes invérifiés et invérifiables, et a toujours négligé les catégories de morts politiquement inavouables (“colonialistes” français d’Algérie et “traîtres” algériens). Pire encore : elle continue à utiliser des images de victimes du terrorisme nationaliste comme étant celles de victimes de crimes colonialistes [32]. Ne rêvons pas : les conditions d’une vraie réconciliation franco-algérienne, appuyée sur une vraie politique mémorielle commune, ne sont toujours pas réunies, et aucun signe de changement évident n’est visible. Par comparaison, le projet de mémorial des disparus français d’Algérie, fondé sur un recensement officiel précis et non sur des affirmations de propagande [33], représente un premier pas dans la bonne direction. Les adeptes d’autres mémoires, justement attachés à celle des victimes de l’OAS, auraient intérêt à s’en inspirer, en attendant qu’une convergence de tous les efforts des uns et des autres devienne possible. Mais il ne serait pas raisonnable de l’interdire.

On peut néanmoins admettre que ceux qui l’ont refusé aient été motivés par la crainte de mettre en échec le rapprochement franco-algérien qui a échoué en 2005, et qui semble aujourd’hui plus compromis que jamais. Or cette crainte ne devrait pas conduire les contestataires de ce Mémorial à être plus algériens que les Algériens eux-mêmes. En effet, la tragédie d’Oran, avant d’être étudiée par Jean Monneret [34], a déjà retenu l’attention d’historiens algériens. Elle a d’abord fait l’objet d’une enquête très révélatrice dans la thèse restée inédite de Karim Rouina, “Essai d’étude comparative de la guerre d’indépendance de l’Algérie de 1954 à 1962 à travers deux villes : Oran et Sidi-Bel-Abbès”, Université de Montpellier III, 1980. Puis elle a été abordée dans plusieurs colloques tenus en France par l’archiviste d’Oran Fouad Soufi, qui prépare un livre sur ce sujet depuis plusieurs années [35]. Le plus remarquable est que ces auteurs ne contestent pas la réalité des faits de cette tragique journée (dont la plupart de leurs informateurs admettent après coup qu’elle est injustifiable), ni l’ordre de grandeur de son bilan. On peut donc logiquement espérer une confrontation utile et féconde des recherches sur ce sujet, si délicat soit-il à traiter.

Cette conclusion optimiste suppose néanmoins qu’il y ait des deux côtés la même volonté politique d’aboutir à un dialogue constructif au lieu de perpétuer des mémoires hostiles. Du côté français, le nouveau président Nicolas Sarkozy a très clairement exprimé dans sa campagne électorale son refus d’un traité d’amitié franco-algérien qui soit fondé sur l’exigence algérienne de repentance unilatérale de la France [36] ; sa principale concurrente Ségolène Royal avait elle aussi, bien qu’en des termes moins nets, rejeté cette exigence. De côté algérien, les milieux politiques et la presse presque unanimes [37] avaient jusqu’au dernier moment rappelé leur revendication de repentance [38]. Le président Bouteflika avait semblé l’oublier pour saluer sportivement l’élection du nouveau président français, mais il vient de réitérer, le 5 juillet dernier, sa revendication de repentance en des termes sans équivoque, rappelant que les Algériens ont “conquis leur dignité sur un système colonial oppresseur et raciste”, et fustigeant les “tentatives honteuses de réécriture de l’histoire” qui nient les crimes coloniaux, en faisant allusion à la polémique sur les “aspects positifs” de la colonisation opposant Alger et Paris. “Un million et demi d’Algériens ont payé de leur vie la victoire de leurs idéaux”, a-t-il martelé [39]. Les relations franco-algériennes pourraient encore sortir de l’impasse, mais à la seule condition que chacune des deux parties (et non pas une seule) accepte de renoncer pour elle-même au seul beau rôle dans un conflit manichéen opposant le Bien au Mal.

C’est dans cette perspective d’ensemble qu’il faudrait situer la prochaine ouverture du Mémorial de Perpignan pour sortir d’un affrontement stérile. Que ceux qui en craignent le pire veuillent bien attendre le moment d’aller en juger sur pièces. Cela ne les obligerait pas à renoncer à leur esprit critique. Mais si la critique est légitime, la censure ne l’est pas.

Pour conclure, je propose de réfléchir aux remarques suivantes :

-  Le groupe d’historiens qui s’est réuni le 19 avril dernier à Narbonne n’avait pas vocation à exercer la fonction d’arbitres du conflit mémoriel de Perpignan.

-  Le projet de “site public de documentation et d’exposition sur l’Algérie” qu’il a élaboré à juste titre peut être réalisé aussi bien à Perpignan, ou ailleurs.

-  Le Mémorial des disparus français d’Algérie en cours de préparation à Perpignan n’est pas a priori moins acceptable que les activités mémorielles de la Fondation du 8 mai 1945 ou de l’association “17 octobre 1961 contre l’oubli”. Il ne peut donc pas être jugé isolément sans tenir compte de ces précédents.

Guy Pervillé

[1] Vision schématique, que j’ai nuancée en 2004 dans mon article “La date commémorative de la guerre d’Algérie en France” (à lire sur mon site internet http://guy.perville.free.fr, comme tous mes articles que je vais citer).

[2] Cette proposition de loi du 12 octobre 2006 prévoit la création d’un lieu du souvenir et une mention dans les programmes scolaires.

[3] Il faut pourtant signaler un monument à tous les morts militaires français (y compris les “harkis”) de la guerre d’Algérie, érigé à Montredon-Labessonié (Tarn), dont le comité d’organisation a réussi à rassembler toutes les associations d’anciens combattants et des historiens, en évitant la question du 19 mars. Mais il n’a pas réussi à se faire connaître en dehors de sa région et son exemple n’a pas été suivi.

[4] La Fondation du 8 mai 1945 a été créée en Algérie en 1990, et l’association “17 octobre 1961 contre l’oubli” à Paris en 1999.

[5] “L’histoire immédiate de la relation franco-algérienne : vers un traité d’amitié franco-algérien ?”, et “La confrontation mémoire-histoire en France depuis un an”, sur mon site, et dans le n°30-31 (automne 2006-printemps 2007) des Cahiers d’histoire immédiate (Toulouse), qui publie les actes du colloque ”Bilan et perspectives de l’histoire immédiate”. Puis “France-Algérie : groupes de pression et histoire”, disponible sur mon site, et sur celui de l’ENS de Lyon : http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloque/france-algerie/.

[6] Les personnes enlevées avant le 19 mars 1962 étaient beaucoup moins nombreuses (362 décédées, 54 retrouvées, 5 libérées sur 421 enlevées de 1955 au 18 mars 1962). Mais leur nombre était en forte augmentation depuis 1961, et surtout au début de 1962 (120 disparus, dont 88 décédés, 28 retrouvés et 4 libérés en moins de trois mois).

[7] Benjamin Stora avait très justement évoqué le problème des disparus dans son livre La gangrène et l’oubli, paru en 1991 ("Tueries et disparitions à Oran", pp. 193 et 194), en rappelant les interventions du ministre Jean de Broglie, le 8 mai 1963 à l’Assemblée nationale et au Sénat le 5 novembre 1963 et le 24 novembre 1964, faites d’après ces même archives.

[8] C’est pourtant ce qu’a fait en 1962 un intellectuel chrétien de gauche, égaré par la passion politique. Voir mon article : “Remarques sur la revue Christianisme social face à la guerre d’Algérie” (2004).

[9] Je lui ai consacré plusieurs articles, depuis “La guerre subversive en Algérie : la théorie et les faits” (1975) jusqu’à un autre encore inédit : “Le rôle des opinions publiques dans la guerre d’Algérie”.

[10] Voir mes communications : “ Albert Camus et Mouloud Feraoun, une amitié qui résiste aux divergences politiques” (2001), et “la communauté algérienne des écrivains face à la guerre d’Algérie” (2002).

[11] Voir Le lien, bulletin d’information de l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, numéro spécial n° 44, mars 2002.

[12] Paris, L’Esprit nouveau, 1962. Voir notamment pp. 199 et 211.

[13] Graphique illustrant l’article du préfet de police d’Alger Vitalis Cros, “L’enfer algérois”, Historia-Magazine-La guerre d’Algérie, n° 109, p. 3144, commenté p. 3146. Pour Oran , voir SHAT, 1 H 3130/D 1 : entre janvier et février 1962, les victimes du terrorisme passent de 264 (164 européens et 109 musulmans) à 201 (157 et 144), celles du contre-terrorisme de 155 (13 et 142) à 382 (36 et 346).

[14] Jean-Robert Henry, dans son catalogue de l’exposition “L’Algérie et la France, destins et imaginaires croisés” (Centre des archives d’outre-mer, Aix-en-Provence, mai 2003) a eu le très grand mérite de signaler que les dirigeants de la wilaya II (Nord Constantinois) avaient consciemment pratiqué ce qu’ils ont appelé la “stratégie race contre race” le 20 août 1955 (p. 34). A lire aussi son exposé sur “La violence décivilisatrice” (p. 35).

[15] Voir la note 6 pour les disparus européens de 1955 au 18 mars 1962.

[16] Cette stratégie de provocation a été contestée dans la direction de l’OAS. Voir Jean Ferrandi, 600 jours avec Salan et l’OAS, Fayard, 1969, pp. 265, 270, 271 et 273, une note du capitaine Broizat dans OAS parle, Julliard, 1964, p. 263-265, la lettre du colonel Chateau-Jobert au général Salan dans les Mémoires du premier, Feux et lumières sur ma trace, Presses de la Cité, 1978, pp. 270-295-288, et la correspondance entre trois colonels de l’OAS et leur chef suprême après la fusillade du 26 mars 1962 dans Yves Courrière, Les feux du désespoir, Fayard, 1971, pp. 583-586.

[17] L’article du préfet de police d’Alger Vitalis Cros (cité plus haut note 10) est très discutable. Il affirme que “l’OAS a fait trois fois plus de victimes dans les six derniers mois que n’en a fait le FLN entre le début de 1956 et fin mai 1962”, mais il ne mentionne pas les enlèvements d’Européens multipliés par le FLN à partir du 17 avril 1962, et attribue presque tous les morts européens d’avril et mai au terrorisme de l’OAS.

[18] Cité par Charles-Robert Ageron, “L’OAS Algérie-Sahara”, dans Les droites et le général de Gaulle, Economica, 1991, p. 151.

[19] Le nombre de militaires français victimes de l’ALN durant la même période (32 tués, 84 blessés et 35 enlevés) n’était pas négligeable par rapport à celui des soldats victimes de l’OAS (58 tués et 190 blessés). D’autre part, l’ALN aurait aussi commis 380 attentats individuels faisant 297 victimes civiles (163 européens et 134 musulmans). Général Fourquet, “Bilan de deux mois de cessez-le-feu”, SHAT 1H 1937/D3.

[20] Pour plus de détails, voir mon livre Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 206-230.

[21] Si Azzedine, Et Alger ne brûla pas, Paris, Stock, 1980, pp. 216-231.

[22] Jean Monneret, La phase finale de la guerre d’Algérie, Paris IV, 1996, version condensée Paris, L’Harmattan, 2001, pp. 70-105.

[23] Il y eut 430 femmes et 114 enfants pami les enlevés recensés.

[24] Archives du secrétariat d’Etat aux affaires algériennes et notes manuscrites du secrétaire général du gouvernement, reproduites par Maurice Faivre, Les archives inédites de la politique algérienne, 1958-1962, L’Harmattan, 2000, pp. 294 et 319.

[25] Mais le commandant de la zone autonome d’Oran interdit tout enlèvement par sa note du 6 juin 1962, reproduite par le général Joseph Katz, L’honneur d’un général, Oran 1962, L’Harmattan, 1993, p. 352.

[26] Convention adoptée le 20 décembre 2006 par l’Assemblée générale de l’ONU, et signée à Paris le 6 février 2007. Voir Le Monde, 7 février 2007, p. 4.

[27] Je ne cite pas de noms pour faciliter un débat constructif portant sur des faits. Pour plus de precisions, voir notamment mes articles “ Les historiens de la guerre d’Algérie et ses enjeux politiques en France” (2003), et “La revendication algérienne de repentance unilatérale de la France” (2004).

[28] Voir notamment mes articles, “Le 8 mai 1945 et sa mémoire en Algérie et en France” (2005), et “Sétif : enquête sur un massacre”, L’Histoire, n° 318, mars 2007, pp. 44-48.

[29] Voir ma communication, “A propos d’Octobre 1961” (1998).

[30] “Les catholiques républicains sont responsables de 2.000 morts, les loyalistes protestants de la moitié, et les forces de l’ordre britanniques d’environ 400”. Patrice Claude, “3637 ‘vies perdues’, cortège funèbre de l’Irlande du Nord”, Le Monde, 18-12-1999.

[31] “Publication du Livre des morts de Bosnie-Herzégovine, traduit par Benoît Frogerais, Le Courrier des Balkans" (publié dans la presse : 21juin 2007, mis en ligne : 3 juillet 2007).

[32] Utilisation de la photographie d’enfants européens massacrés à El Halia le 20 août 1955, par le journal algérien El Moudjahid, n° 11728 du 8 mai 2003, et par le Musée de l’Armée d’Alger suivant une photographie figurant dans la version originelle de la thèse de Dalila Aït-el-Djoudi, L’image des combatants français vus par l’ALN, 1954-1962, Université de Montpellier III, décembre 2004, p. 674.

[33] Celles-ci répètent des nombres de victimes presque dix fois plus élevés que ceux du recensement officiel (25.000 disparus, dont 3.000 à Oran le 5 juilllet 1962).

[34] Voir aussi sa récente mise au point, La tragédie dissimulée, Oran, 5 juillet 1962, Paris, Editions Michalon, 2006.

[35] Fouad Soufi, “Ils sont partis ! Oran 1962, le grand départ des Européens”, in René Gallissot s. dir., Les Accords d’Evian en conjoncture et en longue durée, Paris, Karthala et Institut Maghreb-Europe, 1997, pp. 81-89 ; “Oran, 28 février 1962-5 juillet 1962, deux événements pour l’histoire, deux événements pour la mémoire”, actes du colloque en l’honneur de Charles-Robert Ageron, La guerre d’Algérie au miroir des décolonisations françaises, Paris, Société française d’histoire d’Outre-mer, 2000, pp. 635-676 ; et “L’histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962”, in La guerre d’Algérie dans la mémoire et l’imaginaire, s. dir. Any Dayan-Rosenman et Lucette Valensi, Saint-Denis, Editions Bouchène, 2004, pp. 133-147.

[36] Voir mon article sur “La revendication algérienne de repentance unilatérale de la France” (2004), et ma dernière analyse dans ma contribution à la journée d’étude de Narbonne, le 19 avril 2007, “Les raisons de l’échec du traité d’amitié franco-algérien”.

[37] A quelques exceptions près, dont celles de l’ancien Premier ministre Redha Malek et de l’ancien chef historique du FLN Hocine Aït-Ahmed.

[38] Cette revendication est toujours présente. Voir l’article de Abdelkader Dehbi, “Relations algéro-françaises : le seul vrai problème”, dans El Watan, Alger, 12 juin 2007.

[39] “Bouteflika prône une lutte ‘sans relâche’ contre les islamistes armés”, dépêche AFP, 5 juillet 2007. Le nombre cité multiplie par dix le bilan officiel des morts du FLN-ALN.



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