La diffusion des idées nationalistes dans la masse de la population musulmane algérienne avant le 1er novembre 1954 (2012)

jeudi 14 janvier 2016.
 
Cette communication a été présentée lors du colloque sur le 1er novembre 1954 organisé à Belfort par le Consulat d’Algérie à Besançon le 14 novembre 2012.

Le 1er novembre 1954 fut un acte politique majeur, par lequel un petit groupe de militants nationalistes revendiqua l’indépendance de leur pays par rapport à la France, en se réclamant de la volonté de leur peuple mais sans avoir pu le consulter. C’est pourquoi il convient, un demi-siècle après cet événement, de chercher à répondre à deux questions : - depuis quand des Algériens avaient-ils revendiqué l’indépendance de leur pays, et décidé pour cela de recourir aux armes ? ; - le peuple algérien était-il d’accord avec cette revendication et prêt à soutenir concrètement cette action ?

Les militants à l’origine de la décision d’insurrection

L’idée que l’Algérie n’était pas la France, mais la patrie d’un autre peuple, défini avant tout par son identité arabe et musulmane, n’est pas récente, mais la date d’apparition d’un sentiment national algérien clairement conscient de lui-même a longtemps divisé les historiens. Certains ont soutenu qu’il existait déjà à la veille de la Grande Guerre [1], ou à son issue en 1919 [2], alors que d’autres ne le voyaient pas se diffuser dans tout le pays avant l’année 1936 [3]. Retenons que la première revendication publique du droit de l’Algérie, et de toute l’Afrique du Nord, à son indépendance fut présentée en 1927 à Bruxelles, au congrès de la Ligue anti-impérialiste, par un militant de l’Etoile nord-africaine (organisation de travailleurs nord-africains créée en 1926 par le Parti communiste de France) nommé Messali Hadj.

Mais une autre question doit être posée : depuis quand a-t-il existé dans ce mouvement nationaliste un projet d’insurrection pour imposer l’indépendance du peuple algérien à la France ?

Ce projet n’était pas explicitement exprimé dans les premières proclamations du mouvement national, même s’il était une conséquence logique du refus prévisible de ses revendications par le pouvoir colonial. Dès 1927, au Congrès anti-impérialiste de Bruxelles, Messali Hadj réclama “l’indépendance de l’Algérie ; le retrait des troupes françaises d’occupation ; la constitution d’une armée nationale” [4]. Puis en mai 1933, l’organisation dissoute par le gouvernement en 1929 reparut au grand jour avec un nouveau programme qui condamnait l’emploi des soldats musulmans contre d’autres musulmans (par exemple, au Maroc). Allant plus loin, ses dirigeants refusèrent publiquement toute mobilisation des Algériens dans une nouvelle guerre européenne, et menacèrent de retourner leurs armes contre leurs oppresseurs pour l’indépendance de leur pays, conformément à l’anti-impérialisme [5]. Exposé par ces déclarations subversives à une nouvelle dissolution en 1935, l’organisation rechercha la sécurité en adhérant au Front populaire, et en renonçant pour cela à sa propagande insurrectionnelle mais pas à la revendication d’indépendance, ce qui ne lui évita pas une nouvelle dissolution par le gouvernement de Léon Blum en janvier 1937. Messali Hadj recréa donc, en mars 1937, un nouveau Parti du peuple algérien (PPA), dont le programme remplaçait prudemment l’indépendance par le droit à l’autodétermination du peuple algérien, mais cette concession ne suffit pas à lui assurer la tolérance du gouvernement français. Les arrestations et procès des responsables du nouveau parti en 1937 et 1938 renforcèrent donc les tendances favorables au refus de la mobilisation et à la recherche d’alliés extérieurs pour fomenter une insurrection en cas de guerre. En 1938, après la crise de Munich, la majorité du bureau politique du PPA siégeant à Paris prit position en ce sens ; il s’y forma un groupe clandestin, le Comité d’action révolutionnaire nord-africain (CARNA) qui demanda de l’argent et des armes aux Allemands et aux Italiens [6]. Au contraire, Messali emprisonné à Alger fit exclure ces extrémistes le 20 juin 1939, et publier un journal plus modéré, Le Parlement algérien. Mais cela n’empêcha pas le PPA d’être interdit par le gouvernement français peu après la déclaration de guerre, le 26 septembre 1939.

Ainsi, dès 1938-1939, une partie importante du PPA avait décidé de ne pas laisser la France profiter, comme durant la guerre de 1914-1918, des ressources et des sacrifices de la population algérienne pour les utiliser à son profit. Sans être nécessairement pro-allemands ou pro-nazis, ils voulaient profiter de la guerre pour renverser la domination française, de même que les nationalistes irlandais avaient accepté l’aide allemande pour s’insurger contre les Anglais à Dublin en 1916 [7]. Ils envoyèrent donc plusieurs délégations à Berlin pour demander des armes, avant et après la déclaration de guerre, mais n’obtinrent aucun résultat concret. Après l’armistice de juin 1940, la volonté allemande de ménager Vichy pour éviter que les chefs français de l’Afrique du Nord refusent ou rompent l’armistice les priva de toute aide concrète. Le CARNA, appelé par ses membres « l’Organisation », finit par obtenir sa réintégration dans le PPA clandestin en 1943.

Mais on sait aussi que cette organisation ne fut pas seule à porter ce projet d’insurrection durant la Deuxième guerre mondiale. Chawki Mostefaï, étudiant en médecine à l’Université d’Alger en juin 1940, a raconté comment lui et ses camarades avaient accueilli la défaite de la France avec une joie soigneusement camouflée, et décidé d’organiser une insurrection nationaliste pour le 1er novembre 1940. Cherchant un responsable pour Alger, il avait pensé au frère aîné d’un de ses camarades, le docteur Lamine-Debaghine. Contacté, celui-ci lui avait expliqué qu’il ne fallait pas se lancer à la légère dans une opération aussi risquée, et qu’il valait mieux adhérer au PPA clandestin, dont il était le chef, pour la préparer soigneusement. Chawki Mostefaï et la plupart de ses camarades acceptèrent cette proposition [8], mais d’autres, notamment le futur écrivain Mouloud Mammeri, refusèrent et persistèrent à préparer des attentats contre des casernes [9].

En 1941, la dégradation accélérée des conditions de vie de la population musulmane renforça la crainte d’une révolte dans l’esprit des autorités, et plusieurs rumeurs vinrent l’entretenir [10]. La mutinerie du régiment de marche du Levant, partie de la caserne de Maison Carrée, le 25 janvier 1941, fut durement réprimée et sévèrement jugée. La préfecture d’Alger y vit une simple mutinerie due à des causes particulières, mais le général Weygand crut y voir « une manifestation extérieure et violente d’un malaise politique général qui s’accroît rapidement » [11]. Cette crainte pesa sur le procès de Messali Hadj et de ses 26 lieutenants, qui furent lourdement condamnés par leurs juges militaires en mars 1941. Plus tard, le secrétaire général des Scouts musulmans algériens, Mohammed Bouras, fut arrêté pour espionnage au profit des Allemands, condamné à mort et fusillé le 27 mai 1941 [12].

Hocine Aït-Ahmed, alors jeune lycéen de quinze ans à Alger, a rapporté dans ses Mémoires des informations reçues d’un militant kabyle du PPA clandestin, Amar Aït-Hamou, en liaison avec Hocine Asselah (un des leaders du CARNA) : « Aït-Hamou avait entretenu des relations amicales et politiques avec le chef des SMA, Bouras, de Miliana. Or, en 1941, ce dernier avait conçu un projet insurrectionnel avec l’aide non des commissions d’armistice allemande ou italienne présentes à Alger, mais des autorités allemandes installées à Vichy, où il avait fait plusieurs voyages. En Algérie, tout en organisant des groupes scouts ici ou là, il avait surtout pris des contacts dans des casernes avec certains officiers, notamment à Maison Carrée (El Harrach). Un officier allemand devait venir à Alger pour mettre au point les préparatifs avec Bouras. Ce dernier invita Aït-Hamou à l’accompagner au rendez-vous ; pressentant un piège, Aït-Hamou tenta l’impossible pour le dissuader de s’y rendre ». Aït-Ahmed semble confondre dans son récit la mutinerie de Maison-Carrée et l’arrestation très postérieure de Bouras, à moins qu’il s’agisse vraiment de la même affaire ; et il conclut ainsi : « Je ne connais pas l’ampleur des préparatifs de Bouras, mais je pense que c’était une simple conspiration axée sur quelques officiers algériens, voire une ou deux unités militaires. Je me demande encore ce qu’ils pouvaient espérer, car de toute façon les populations dépolitisées et inorganisées ne les auraient pas suivis » [13].

Aï-Ahmed reconnaît également la séduction que les Allemands avaient exercée sur certains dirigeants nationalistes, notamment à Paris occupé : « Je sais qu’à Alger même, une tendance au sein du PPA, essayait de nouer des contacts avec les commissions d’armistice. Le Docteur Lamine s’y opposa avec une fermeté qui l’honore » [14]. Puis il évoque les deux tendances de la direction : la « vieille garde » dont Lamine-Debaghine était la tête pensante, à savoir cinq ou six dirigeants rigoristes, très proches des masses parce que d’extraction paysanne, fidèles à la ligne de la stratégie populaire » (en fait, la direction du PPA clandestin), et « le clan des Jeunes-Turcs, d’origine petite bourgeoise, dynamiques et passablement aventuriers, croyant régler les problèmes politiques à coup de conspirations » (c’est à dire l’Organisation issue du CARNA, rassemblée autour de Hocine Asselah) [15]. De toute façon, il était vain d’attendre une vraie aide allemande pour une insurrection contre la France tant que durerait l’armistice.

Puis le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 au Maroc et en Algérie, suivi par l’occupation de la Tunisie par les Germano-Italiens et par la rupture de l’armistice le 11 novembre - qui justifia le retournement un peu tardif des forces vichystes d’Afrique du Nord contre les Allemands - vint changer la donne. Le PPA clandestin tenta de saboter la nouvelle mobilisation dans l’armée française ordonnée par l’amiral Darlan puis le général Giraud, avec des résultats non négligeables mais pourtant limités. Hocine Aït-Ahmed raconte : « Je me souviens avoir vu à Michelet le futur avocat Sidi-Moussa haranguer les hommes en disant que cette guerre n’était pas la leur, et que s’ils devaient accepter de mourir, c’était pour l’Algérie ! cette campagne valut d’ailleurs au Dr Lamine-Debaghine et à Ben Khedda d’être incarcérés » [16]. Mais le Parti clandestin, qui se réunifia alors, jugea utile, avec l’accord de Messali Hadj toujours interné, de soutenir le groupe des anciens élus qui se rassemblèrent autour de Ferhat Abbas pour rédiger le Manifeste du peuple algérien, puis l’additif au Manifeste. C’était en effet la première fois qu’un vaste rassemblement de notables s’accordait pour soutenir le droit de l’Algérie à son indépendance, revendication audacieuse dont le PPA avait eu le monopole avant la guerre.

Ce rassemblement de forces nationalistes refusa l’ordonnance du 7 mars 1944 et créa une association, les Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) pour défendre l’idée d’une république algérienne fédérée à la République française (ce qui était un moyen d’éviter la répression). Mais rapidement, l’organisation des AML fut prise en main par les militants nationalistes les plus radicaux. Puis, à partir de la fin août 1944, qui vit la libération de la France métropolitaine et l’installation du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) à Paris, l’essentiel des troupes françaises et alliées quittèrent l’Afrique du Nord pour l’Europe. A partir de là, la question se posait de savoir si, la victoire sur l’Allemagne devenant de plus en plus probable et proche, la Deuxième guerre mondiale allait se terminer comme la première, sans que l’Algérie musulmane ait pu jouer un autre rôle que celui d’auxiliaire de la puissance française.

L’idée d’insurrection, comme on l’a vu, était bien présente dans le mouvement nationaliste depuis 1938, même si les membres de l’Organisation (ex-CARNA) avaient dû renoncer à l’idée d’une action prématurée pour obtenir leur réintégration dans le Parti en 1943. Les militants clandestins tenaient à se procurer chacun une arme, et les deux sections du parti à Alger, celles de Belcourt et celle de la Casbah (ex-CARNA), s’étaient dotées d’une garde armée [17]. Mais il n’y avait pas une force armée digne de ce nom à l’échelle nationale. Dans ces conditions, le Parti était confronté à un dilemme : laisser la guerre se terminer en laissant la France profiter jusqu’au bout de ses soldats algériens, ou bien tenter une insurrection plus que risquée avant le retour des forces françaises d’Allemagne, avec l’espoir ténu d’une intervention salvatrice des Américains en faveur des insurgés.

De septembre 1944 à mai 1945, les documents de l’administration française de l’Algérie manifestèrent une inquiétude croissante devant les intentions des AML, dont la propagande paraissait de plus en plus menaçante. Les 2 et 3 mars 1945, la première conférence nationale de l’Association désigna Messali (en résidence surveillée sur les Hauts plateaux du Sud algérois, à Reibell-Chellala) comme “leader incontesté du peuple algérien” et rejeta le fédéralisme pour réclamer l’indépendance totale. Le 14 avril, à la suite d’incidents suspects, Messali fut transféré du Sud Algérois au Sahara, puis à Brazzaville. Mais depuis 1975, le premier livre de Mohammed Harbi, Aux origines du FLN, la crise du PPA-MTLD, a signalé que les deux principaux leaders du PPA clandestin, Hocine Asselah et le docteur Lamine-Debaghine, avaient rencontré Messali Hadj dans sa résidence surveillée en avril 1945 et lui avaient proposé de s’évader pour proclamer un Etat algérien à la fin de la guerre. Messali se serait bien évadé mais serait revenu faute d’avoir trouvé un guide [18]. L’historienne Annie Rey-Goldzeiguer avait d’abord été sceptique, mais elle a changé d’avis dans son dernier livre publié en 2002, après que la fille de Messali ait confirmé cette évasion (le jour de son anniversaire) et ce retour [19]. Enfin le site internet de Benyoucef Ben Khedda confirme cette interprétation [20], et le fils d’un administrateur en poste dans la région de Sétif en mai 1945, Roger Benmebarek, s’efforce de la prouver dans une future thèse d’histoire [21].

Ces révélations éclairent d’un jour différent les troubles qui éclatèrent à Alger et à Oran le 1er mai, mais surtout à Sétif, Bône et Guelma le 8 mai, et que la version la plus répandue en Algérie et même en France présente comme un guet-apens tendu par la police et l’armée française à des manifestants pacifiques. Cette version était déjà celle du PPA-MTLD quand Charles-André Julien la critiqua dans son livre L’Afrique du Nord en marche, paru en 1952 : il avait justement condamné cette répression « féroce, impitoyable, en vérité inhumaine par son manque de discernement » , mais il avait également dénoncé la partialité de la version répandue par la propagande nationaliste dans une brochure du MTLD qui racontait longuement le « génocide » : « un policier abat un porteur de pancarte de trois balles dans le ventre ; aussitôt les policiers « se regroupent rapidement en face des manifestants, comme si le scénario avait été préparé à l’avance, et la fusillade commence. Puis à Sétifville, la loi martiale est proclamée ». Sans doute s’est-il passé entre-temps l’effroyable tuerie à travers la ville, mais à cela il n’est même pas fait allusion. Si le PPA n’y fut pour rien, pourquoi donc le cacher ? Et comment ajouter foi à une propagande qui fausse la réalité au point d’omettre entièrement un événement d’une exceptionnelle gravité ? » [22]

En effet à Sétif, le matin du 8 mai 1945, il n’y a pas eu un “massacre” des manifestants algériens prémédité par la police ou par l’armée française, même si le premier mort fut peut-être [23] un porteur du drapeau algérien : ce sont des civils français qui ont été massacrés ou blessés par des Algériens musulmans armés (en principe, le service d’ordre d’une manifestation pacifique), et il n’y a pas eu de “massacre” commis par les forces de l’ordre contre la masse des manifestants. Puis c’est une véritable insurrection qui s’en est pris aux civils français dans toutes les directions au départ de Sétif, notamment au nord jusqu’à la mer. Dans l’une des nombreuses localités touchées, à Kerrata, la répression fut sommaire et meurtrière, mais on oublie le plus souvent de dire qu’elle répondait à un début de massacre touchant la population civile française [24]. A Bône et à Guelma, dans l’après midi du 8 mai, des manifestants furent repoussés par la police avec de faibles pertes dans leurs rangs. Enfin à Guelma (ville située à plus de 200 km de Sétif), à partir du 9 mai, la répression fut en effet systématique et injustifiable, puisque des centaines d’Algériens musulmans furent arrêtés dans la ville sur l’ordre du sous-préfet Achiary, puis assassinés sans autre raison que la peur d’un début d’insurrection vite réprimé dans les environs. Comme l’a bien montré la thèse de Jean-Pierre Peyroulou [25], les événements de Guelma ont été très différents de ceux de Sétif, même s’ils en ont été une conséquence. Ainsi, ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le ou « les massacre(s) de Sétif », et que l’on a vu récemment représenté dans les cinq premières minutes du film Hors-la-loi comme un guet-apens froidement prémédité et perpétré par la police et l’armée française, est une version mythifiée d’un événement beaucoup plus complexe, mais qui s’est de plus en plus largement répandue en Algérie et même en France.

Contrairement à ce qui a été raconté par Yves Courrière en 1968, cette répression ne fut pas l’origine d’un projet insurrectionnel que l’on sait bien antérieur. Elle faillit néanmoins déclencher une insurrection générale du PPA dont l’ordre fut donné pour le 23 mai, puis elle fut annulée au dernier moment par crainte d’une défaite désastreuse [26]. Mais elle a certainement diffusé et renforcé la volonté de revanche contre une répression injuste. Ce fut la conclusion d’un tract du PPA : « Toutefois ces événements ont montré que nous avons le droit de divorcer d’avec ces occupants haineux et incapables de diriger ce pays. Guerre, et guerre éternelle, mais guerre consciente, organisée, dirigée, embrassant tout notre pays, toute l’Afrique du Nord, et la victoire sera à nous” [27].

Le projet d’insurrection ne fut donc pas abandonné, mais il fut repris dans le premier congrès clandestin du nouveau mouvement créé légalement par Messali Hadj après sa libération en 1946, qui se tint à Belcourt le 15 février 1947. Une « Organisation spéciale » (OS) super-clandestine fut alors créée pour préparer dans le plus grand secret une insurrection, dotée cette fois-ci de cadres entraînés et disciplinés, d’une doctrine stratégique et tactique, d’armements, en somme de tout ce qui manquait encore en mai 1945. Cette organisation, dirigée d’abord par Mohammed Belouizdad, puis par Hocine Aït-Ahmed [28] et enfin par Ahmed Ben Bella, acheva sa préparation mais ne fut pas employée par la direction du Parti avant d’être démantelée par la police en 1950. Durant la crise finale du MTLD en 1954, la « troisième force » qui décida de s’interposer entre les messalistes et les centralistes sous le nom de Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA) puis de Front de libération nationale (FLN), rassemblait des anciens de l’OS dispersés en Algérie, en France et au Caire.

Le soutien du peuple à l’idée d’insurrection

Ainsi l’origine de l’idée d’insurrection, portée par un avant-garde militante, est assez bien connue. Mais peut-on dire que le peuple était prêt dans son ensemble à soutenir cette action armée ?

Rappelons d’abord les statistiques linguistiques et culturelles. L’enseignement public français ne profitait qu’à une étroite minorité, même si elle tendait à s’accroître de plus en plus vite : 5% des enfants d’âge scolaire y étaient scolarisés en 1914, 10% en 1950, 15% en 1955, grâce au plan de scolarisation accélérée adopté par le Comité Français de Libération Nationale en 1944. En 1948, la population algérienne musulmane parlant français représentait 15,3% des hommes et 6,2% des femmes, les autres parlant des dialectes arabes ou berbères ; la population parlant et écrivant le français représentait 5,9% des hommes et 1,6% des femmes [29]. D’après le recensement de 1954, parmi les musulmans âgés de plus de dix ans, 13,7% savaient lire et écrire, parmi lesquels 55% en français, 25% en arabe, et 20% dans les deux langues [30]. Ainsi, la population ayant les moyens culturels de participer à un mouvement nationaliste de type moderne s’exprimant par écrit était très minoritaire.

Les effectifs des partis politiques et des syndicats politiquement engagés étaient aussi relativement faibles, si l’on ne croit pas devoir admettre sans preuve les 500.000 adhérents que proclamaient les AML en 1945, nombre dix fois plus élevés que les effectifs des partis après la guerre. Mais toutes les évaluations postérieures convergent vers un même ordre de grandeur. Le PPA-MTLD venait largement en tête, fort de 20.000 à 30.000 adhérents auxquels s’ajoutaient en 1954 plus de 9.000 cotisants installés en France [31]. Venait ensuite le PCA, qui en 1954 comptait une majorité de membres musulmans (de 6.000 à 7.000 sur 12.000) [32], auxquels ont pouvait ajouter les 37.750 musulmans, influencés par le PCA ou par le MTLD, sur les 60.000 membres de la CGT. L’UDMA, parti de notables rassemblés autour de Ferhat Abbas, n’en regroupait que 3.000. Ces nombres peuvent sembler faibles, par rapport aux neuf millions d’Algériens musulmans. Pourtant, ils l’étaient beaucoup moins par rapport à la minorité lettrée en français ou en arabe. Et surtout, contrairement à la situation d’avant-guerre, ils dépassaient très largement celui des musulmans inscrits dans les partis français, négligeable à l’exception du parti socialiste SFIO [33].

Le suffrage universel masculin, institué en France et pour les Français d’Algérie en 1848, ne fut pas accordé aux musulmans algériens avant l’ordonnance du CFLN datée du 7 mars 1944, et encore celle-ci distinguait les membres de catégories d’élites, admis à s’inscrire dans le 1er collège avec les citoyens français à part entière, et la masse des électeurs qualifiés bizarrement de « non-citoyens », admis dans le deuxième collège ; mais les électeurs du 1er collège pouvaient être candidats dans le 2ème. En tout cas, les consignes de non-participation aux élections données par les organisations nationalistes en 1945 avaient d’abord rendu l’interprétation des résultats très difficile, mais leurs nombres de voix et de sièges furent importants dès qu’ils renoncèrent au boycott pour démontrer leur force. Les résultats semblent avoir été relativement fiables de 1945 à 1948 parce que l’administration du gouverneur général Chataigneau jugeait utile de mesurer l’influence des divers partis et de leur laisser ouverte la voie d’une évolution pacifique.

Lors des élections à la première Assemblée constituante française, le 21 octobre 1945, près d’un électeur musulman sur deux s’abstint conformément aux consignes du PPA clandestin et des AML dissous ; les suffrages exprimés allèrent aux amis du docteur Bendjelloul, à la SFIO et au PCA, tous favorables à une politique d’intégration à la France dépassant l’ordonnance du 7 mars 1944. Pour la deuxième constituante, le 2 juin 1946, 52% des électeurs s’abstinrent ; l’UDMA de Ferhat Abbas obtint 72,5% des suffrages et 11sièges sur 13, aux dépens des socialistes et du PCA. Lors des législatives de novembre1946, marquées par l’entréeenliceduMTLDmessaliste,leretraitetles consignes d’abstention de l’UDMA firent tomber le taux de participation du deuxième collège à 37,6% des inscrits ; le MTLD n’obtint qu’un tiers des suffrages et des élus, les autres allant aux notables “indépendants” et aux communistes, tous ralliés au fédéralisme de Ferhat Abbas (dont le parti se rabattit sur le Conseil de la République pour éviter la concurrence du MTLD).

Après le vote du Statut de l’Algérie (septembre 1947), les élections municipales d’octobre furent la plus grande victoire des partis nationalistes : 30% des voix et 33% des sièges au MTLD (la quasi totalité dans les grandes villes), 19% et 18% à l’UDMA, 4% au PCA. Mais le faible taux de participation (moins de 50%) démentait la conclusion triomphaliste du MTLD suivant lequel le peuple algérien avait plébiscité l’idée de nation algérienne indépendante qu’il représentait [34]. Pourtant, l’administration était convaincue que ce parti entraînerait 80 ou 90% des électeurs du deuxième collège lors des premières élections à l’Assemblée algérienne [35], si elle ne donnait pas un coup d’arrêt à sa campagne d’agitation et d’intimidation. Précédé de démonstrations de force et d’arrestations de candidats nationalistes par les autorités, le premier tour des élections d’avril 1948, marqué pour la première fois par un taux record de participation (67%) donna encore 30,6% des voix et 9 sièges au MTLD, 17,5% des voix et 7 sièges à l’UDMA ; mais leurs suffrages s’évanouirent bizarrement au deuxième tour, qui attribua 41 sièges sur 60 aux “indépendants” soutenus par l’administration. Désormais les élections perdirent toute valeur indicative, à cause de l’usage systématique de la fraude par l’administration sous les gouverneurs Naegelen puis Léonard [36].

Faut-il en conclure pour autant que les partis nationalistes avaient prouvé une représentativité incontestablement majoritaire ? Selon les résultats du premier tour, le MTLD avait obtenu 30,7% des suffrages exprimés et 20, 6% des inscrits, l’UDMA 20,9% et 14%, le PCA 2% et 1,3%, alors que les « indépendants » en avaient obtenus 46,4% et 31,2%. On peut donc admettre que ceux-ci n’avaient pas obtenu la majorité absolue des suffrages, qui aurait pu revenir à la coalition MTLD-UDMA-PCA, avec 53,6% des voix et 35,9% des inscrits [37]. Mais cela supposait une alliance entre les nationalistes et les autonomistes qui n’allait pas de soi. Et les seuls vrais nationalistes, ceux du MTLD, n’étaient pas encore majoritaires.

En effet, ces résultats, si discutables soient-ils, permettent un premier essai de bilan. Ils montrent que l’influence du mouvement national était encore très inégale d’un lieu à l’autre, et incomplète. Ses principaux points forts se trouvaient dans les villes (les 41 communes dites urbaines, où vivaient en 1954 18,9% de la population musulmane) ; ses partis y recrutaient leurs adhérents et sympathisants dans toutes les couches sociales, de bas en haut. Dans les régions rurales, au contraire, leur implantation et leur audience étaient beaucoup plus faibles. Les principales exceptions étaient un héritage du premier recrutement de l’Etoile nord-africaine : les douars d’émigration vers la France, généralement situés dans des régions de montagnes densément peuplées, le plus souvent berbérophones [38]. Il y avait pourtant un processus de diffusion du nationalisme depuis les villes principales vers les villes moyennes et les bourgs ruraux, mais les agents de cette pénétration des campagnes étaient le plus souvent des citadins ou des ruraux non-paysans [39]. Les fellahs possédant ou travaillant la terre étaient manifestement sous-représentés dans les rangs et dans les directions des partis nationalistes, malgré quelques exceptions. Dans un rapport présenté en décembre 1948 au comité central du PPA, le chef de l’OS Hocine Aït-Ahmed signalait un “déséquilibre dans l’assise géographique rurale du mouvement de libération” : “Nos structures n’ont pas pénétré du tout les masses rurales de certaines régions, elles demeurent citadines et petites-bourgeoises. C’est le cas du Sud et de l’Oranais. Il y a absence presque totale d’organisation rurale. Alors qu’en Kabylie, dans l’Algérois du Nord, les Aurès et le Nord Constantinois, des structures existent et se développent dans les campagnes”. Il recommandait en conséquence de “travailler en profondeur” les masses rurales (paysans pauvres et khammès) que leur patriotisme révolutionnaire désignait pour être “l’élément moteur de la guerre de libération” [40].

Mais depuis le succès apparent de la répression et du truquage des élections, depuis le printemps 1948, l’administration était beaucoup moins inquiète et estimait pouvoir tenir le pays en main grâce à la fidélité des caïds, des cadres musulmans de la police et de l’armée, des militaires de carrière et des anciens combattants. En 1951, pour la première fois depuis 1944, elle avait osé reprendre l’appel des conscrits musulmans. En 1953, l’autorité militaire fit une enquête pour écarter les conscrits nationalistes, qui représentaient 16,8% des appelés dans le département d’Alger, 12,2% dans celui de Constantine, et seulement 3,7% dans celui d’Oran [41]. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, de nombreuses citations de la presse nationaliste confirment un découragement croissant devant l’impuissance et les divisions du mouvement national.

En effet, le sentiment de l’absence de stratégie efficace et d’un recul de l’audience du Parti finit par provoquer des tensions croissantes à l’intérieur du MTLD. La nouvelle direction qui en prit les commandes lors de son deuxième congrès formula un constat beaucoup plus sévère que celui de Hocine Aït-Ahmed en 1948 : l’appel du Comité central du MTLD lancé le 10 décembre 1953 pour un Congrès national algérien, invitait chaque Algérien à prendre ses responsabilités, en condamnant “l’attentisme, l’indifférence et la passivité”. Pour la première fois, le parti nationaliste tournait le dos au populisme en s’adressant en priorité aux couches les plus favorisées : “Jusqu’à présent, le fardeau de la lutte a été principalement supporté par les couches les plus déshéritées de la nation. Cette situation anormale doit cesser (...). Tous les Algériens doivent contribuer à l’édification de leur avenir (...).
Vous, professeurs, médecins, avocats, pharmaciens et autres intellectuels, qu’avez-vous fait pour votre pays ? Continuerez-vous longtemps à ne songer qu’à gagner confortablement votre vie et à garder le silence devant les méfaits du colonialisme que vous connaissez ? N’êtes-vous pas torturés par votre conscience ? Il est grand temps pour vous de rejoindre les rangs du peuple. Intégrez-vous dans sa lutte ! Faites-vous ses dignes défenseurs ! (...)
Vous, bourgeois ou petits bourgeois, agriculteurs, commerçants ou industriels, (...) ignorez-vous qu’une économie algérienne saine ne peut se développer que dans un régime de liberté ?”

Cet appel interpellait ensuite les femmes [42], les jeunes (employés, étudiants et sans travail), les travailleurs des villes, les paysans, les émigrés en France. Il traduisait éloquemment le fait que le mouvement national avait encore bien des progrès à faire dans toutes les couches sociales, et pas seulement dans les plus déshéritées, avant de pouvoir parler et agir au nom de la nation algérienne unanime.

Cette prise de conscience des centralistes n’était pas partagée par les messalistes, qui maintenaient le postulat de l’identification du mouvement national au « peuple » algérien et à son leader charismatique Messali Hadj. Quant aux activistes, anciens de l’OS, ils s’accrochaient depuis 1948 à leur conviction que le patriotisme avait triomphé dans l’opinion “avec la dureté qui caractérise l’oppression subie par les masses rurales”, et que seul un appel aux armes pourrait les tirer de leur indifférence apparente. Ce qui explique une contradiction formelle dans la proclamation du 31 octobre 1954 : celle-ci affirmait successivement que “le Mouvement national a atteint sa phase finale de réalisation” en créant “les conditions favorables pour le déclenchement d’une action libératrice”, car sur le plan interne “le peuple est uni derrière le mot d’ordre d’indépendance et d’action” ; puis au contraire que “notre mouvement national terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l’opinion populaire, se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme” [43].

Ainsi, le soutien du peuple algérien à l’insurrection, décidée en son nom mais sans consultation préalable par un minorité de militants activistes convaincus, était bien plus un postulat qu’une réalité incontestable. L’appel au patriotisme exprimé dans la conclusion de la proclamation du FLN était explicité dans celle de l’appel de l’ALN, qui utilisait davantage l’argument religieux : « Donc, sans perdre une minute, organise ton action aux côtés des forces de libération à qui tu dois porter aide, secours et protection en tous lieux et en tous moments. En les servant tu sers ta cause. Se désintéresser de la lutte est un crime. Contrecarrer l’action est une trahison. DIEU est avec les combattants des justes causes, et nulle force ne peut les arrêter désormais hormis la mort glorieuse ou la Libération nationale » [44].

Il n’est plus temps de développer cette question en entamant une histoire de la lutte du FLN-ALN ; mais il est certain que le populisme initial a été fortement corrigé par l’affirmation de la nécessité du rôle dirigeant de cette organisation sur le peuple algérien. Entre autres exemples, citons cette déclaration de Lakhdar Ben Tobbal, ministre des affaires intérieures du GPRA, devant les militants du Maroc le 14 mars 1960 : « Aujourd’hui, après plus de cinq années de lutte, nous constatons que l’Algérien est encore davantage porté vers l’anarchie que vers la discipline, et ce phénomène risque de se manifester plus gravement demain lorsqu’il n’y aura plus l’ennemi en face de nous pour nous unir, si une forte discipline ne s’installe pas dans le peuple, discipline capable de mobiliser toutes les énergies pour l’édification de notre pays [45] ». Et le même personnage a précisé sa pensée dans ses Mémoires encore inédits : « On dit que la révolution a été celle du peuple. En fait l’expression n’est pas très juste. La révolution a été le fait d’un groupe de militants qui ont dirigé ce peuple » [46].

Les organisateurs du FLN-ALN ont donc constaté très vite que le concours indispensable du peuple à la Révolution déclenchée en son nom n’était pas toujours aussi général ni aussi spontané qu’il aurait dû l’être. Par exemple Abane Ramdane, le chef politique d’Alger, écrivait dans son tract du 1er avril 1955 : « Algériens ! venez en masse renforcer les rangs du FLN. Sortez de votre réserve et de votre silence ! » [47]. L’année suivante, le programme du Congrès de la Soummam se félicitait au contraire que l’action de l’ALN eut « provoqué un choc psychologique, qui a libéré le peuple de sa torpeur, de sa peur, de son scepticisme » [48]. Mais entre temps, en décembre 1955, dans un autre tract appelant au boycott des élections françaises en Algérie, Abane avait écrit : « Chaque patriote se fera un devoir d’abattre son traître » [49], appel à une guerre civile incompatible avec l’idée d’unanimité nationale. Beaucoup plus tard, le président Bouteflika aurait même déclaré « que la guerre de libération nationale a été déclenchée et menée par une « élite », qu’une grande partie du peuple était passive, et qu’une autre collaborait avec la France ! » [50]

D’autre part, à en croire la proclamation FLN du 31 octobre 1954, il aurait pu sembler que les européens d’Algérie n’avaient rien à craindre de l’insurrection, puisque leurs intérêts « honnêtement acquis » devaient être respectés, qu’ils pourraient choisir entre le statut d’étranger et l’option pour la nationalité algérienne, et que dans ce cas ils seraient « considérés comme Algériens en droit et en devoirs ». Mais cela n’empêcha pas que plusieurs civils français d’Algérie aient été tués par des insurgés en novembre 1954, et que ces meurtres se soient multipliés à partir de mai 1955, mais surtout à partir de l’insurrection du 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois, qui massacra 117 civils européens dans une intention de provocation de la répression afin de rendre impossible tout retour en arrière [51]. Selon Yves Courrière, Abane aurait mis en question le bien fondé de cette action lors du Congrès de la Soummam, mais ce Congrès accepta les justifications données par le colonel de la wilaya II, Zirout Youcef, et il consacra le 20 août comme une date anniversaire de bon augure. Entre temps à Alger, à la fin de février 1956, en réponse à une interview dans laquelle le président du Conseil français Guy Mollet avait annoncé son intention de faire exécuter les « rebelles » condamnés à mort, Abane lui-même lui avait répondu par un tract menaçant : « Si le gouvernement français faisait guillotiner les condamnés à mort, des représailles terribles s’abattront sur la population civile européenne » [52]. Ce qui l’entraîna à tenir parole quand les deux premières exécutions eurent lieu à Alger le 19 juin 1956 [53], puis à systématiser le terrorisme à la bombe dans les lieux publics des quartiers européens à partir du 30 septembre 1956. Ainsi le terrorisme aveugle, justifié par la responsabilité collective des Français d’Algérie, devint peu à peu une des armes principales du FLN-ALN.

Ces quelques remarques veulent simplement souligner que la décision prise par les fondateurs du FLN, de déclencher la guerre le 1er novembre 1954 pour arracher l’indépendance de l’Algérie à la France, n’impliquait pas encore une vision claire et complète de toutes ses implications qui se sont développées ensuite jusqu’à la fin de cette guerre.

Guy Pervillé

PS : Voici la liste des intervenants et des exposés présentés lors de cette journée :

-  Saddek Sellam : Les origines et les objectifs de la Révolution algérienne

-  Emmanuel Bataille : L’Eglise et la Révolution algérienne

-  Abdelkader Benarab : Fanon et la Révolution algérienne

-  Jean-Louis Planche : Les occasions perdues ?

-  Omar Merzoug : Jeanson : histoire d’un homme et d’un réseau

-  Ahsène Zehraoui : La mémoire coloniale et les problèmes des 3 "I"

-  Guy Pervillé : La diffusion des idées nationalistes dans la masse de la population musulmane algérienne avant le 1er novembre 1954

[1] Voir la thèse de Gilbert Meynier, L’Algérie révélée, la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXème siècle, Genève, Droz, 1981,

[2] Voir “La pétition de l’émir Khaled au président Wilson”, texte publié et présenté par Charles-Robert Ageron dans la Revue d’histoire maghrébine n° 19-20, juillet 1980 ; réédité dans les oeuvres de Charles-Robert Ageron publiées par Gilbert Meynier aux Editions Bouchène, Genèse de l’Algérie algérienne, pp. 165-178. Reproduit et commenté dans mon recueil de textes L’Europe et l’Afrique de 1914 à 1974, Paris et Gap, Ophrys, 1994, pp. 25-35.

[3] Voir “En marge du nationalisme. La France, c’est moi !” par Ferhat Abbas, L’Entente franco-musulmane n° 24, 27 février 1936, la « Déclaration nette » du Cheikh Ben Badis (Ach Chihab, avril 1936), et le discours prononcé par Messali Hadj au meeting du 2 août 1936 à Alger ; textes reproduits par Claude Collot et Jean-Robert Henry, Le mouvement national algérien, textes 1912-1954, Paris, L’Harmattan, et Alger, OPU, 1978, pp. 65-67, 67-69 et 82-85.

[4] Cf. Kaddache, Histoire du nationalisme algérien, 1919-1951, t. 2, Alger, SNED, 1981, p. 909.

[5] Cf. Benjamin Stora, Messali Hadj, Le Sycomore 1982, pp. 99-101 ; et Ageron, “L’Etoile nord-africaine et le modèle communiste”, Tunis, Cahiers de Tunisie, 1983, n° 117-118, pp. 199-236.

[6] Cf. Mohammed Harbi, Aux origines du FLN, Christian Bourgois 1975, p. 177 note 59, et Le FLN, mirage et réalité, Editions J.A., 1980, p. 23 ; Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien, t. 2, Alger SNED 1981, pp. 597-598, et sa communication au colloque Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, « Itinéraire d’un militant nationaliste : Ouamara Mohammed, dit ‘Rachid’ », Bruxelles, Complexe, 2001, pp.503-515.

[7] Ce précédent irlandais était très connu et fut invoqué dans les débats du congrès clandestin du MTLD le 15 février 1947, selon Hocine Aït-Ahmed, Mémoires d’un combattant, L’esprit d’indépendance, 1942-1952, Paris, éditions Sylvie Messinger, 1983, p. 93.

[8] Voir notamment la « lettre à Mohammed Lamine Debaghine » de Chawki Mostefaï, dans El Watan, sur le site http://www.elwatan.com/print.php3 ?id_article=8089 (imprimé le 10/12/2004).

[9] Awal, Cahiers d’études berbères, n° spécial « Hommage à Mouloud Mammeri », 1990.

[10] Voir dans la thèse de Mohammed Mameri, Situation politique, économique et sociale de l’Algérie pendant la Deuxième guerre mondiale, thèse de 3ème cycle, Paris I, 1989, p. 339, et celle de Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 113.

[11] Cité par Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 112.

[12] Jacques Cantier, op. cit. , p. 302.

[13] Hocine Aït-Ahmed, Mémoires d’un combattant, L’esprit d’indépendance, 1942-1952, op. cit., pp. 21-22.

[14] Ibid., p. 22. Et il ajoute en note : « Il gardera de cet épisode une angoisse vis-à-vis de tout ce qui est services secrets et contacts avec l’étranger ».

[15] Ibid., p. 22.

[16] Ibid., p. 19.

[17] Voir la thèse de Simon Girard, "Nationalisme révolutionnaire et socialisation politique : le cas du PPA-MTLD dans l’ancien département d’Alger, 1943-1954 », s. dir. Omar Carlier, soutenue le 11 juin 2010, Université de Paris-Diderot.

[18] Aux origines du FLN, le populisme révolutionnaire en Algérie, Paris, Christian Bourgois, 1975, pp. 21 et 110-111 et 178 (note 68).

[19] Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d’Algérie, 1940-1945, Paris, La découverte, 2002, p. 238.

[20] Site http://www.benkhedda.org/index.php ?option=com_content&view=article&id=8 :un-gouvernement-provisoire-algerien-en-1945&catid=5 :ppa-mtld&Itemid=9.

[21] Voir sa communication sur « Le général de Gaulle et les événements de mai 1945 dans le Constantinois », colloque De Gaulle et l’Algérie, 1943-1969, Paris, Armand Colin, 2012, pp. 38-48, et sa synthèse provisoire « Mémorandum. Les événements de Sétif en mai 1945 », reproduit sur le site Etudes coloniales, 16 mai 2012 (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/05/16/24260597.html).

[22] Julien, op. cit., p. 264.

[23] Mais selon deux témoignages concordants recueillis par Roger Vétillard, le premier mort aurait été le contrôleur du marché, Gaston Gourlier.

[24] Voir le témoignage de Madame Geneviève Lardillier dans le livre de Francine Dessaigne, La paix pour dix ans (Sétif, Guelam, mai 1945), Editions J. Gandini, 1990, pp. 247-250.

[25] Jean-Pierre Peyroulou, Guelma, 1945, une subversion française dans l’Algérie coloniale, La Découverte, 2009, pp. 13 et 340-341.

[26] Voir le récit de Hocine Aït-Ahmed, op. cit., pp. 33-45.

[27] Renseignement daté du 25 mai 1945, reproduit dans La guerre d’Algérie par les documents, t. 1, L’avertissement, Vincennes, SHAT, 1990, p. 375.

[28] Voir dans ses Mémoires cités, pp. 90-96 et 125-148.

[29] Philippe Marçais, cité par Jean Déjeux dans La poésie algérienne de 1830 à nos jours, Paris, Mouton, 1963, p. 88 note 2.

[30] Voir dans mon ouvrage, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, p. 89.

[31] Cf. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 2, p. 590.

[32] E. Sivan, op. cit., p. 69.

[33] Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 101-102.

[34] Opinion reprise sans démonstration probante par Omar Carlier, Entre Nation et jihâd. Histoire sociale des radicalismes algériens, Paris, Presses de Sciences Po, 1995,. Résultats cités d’après Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine t. 2, pp. 602-610. L’Année politique 1947 et la note du préfet Chérif Mécheri annexée au Journal du septennat de Vincent Auriol, 1947, pp. 707-710.

[35] Cité par C.A. Julien, L’Afrique du Nord en marche, p. 281 ; cf. la déclaration de Guy Mollet au comité directeur de la SFIO le 7 avril 1948, citée dans notre communication au colloque : Guy Mollet, un camarade en République, Presses universitaires de Lille 1987, p. 453.

[36] Celui-ci, arrivé un mois avant les élections législatives de juin 1951, fut étonné par l’ampleur du succès des candidats administratifs dans le 2ème collège : « Le succès devait largement dépasser mes espérances, et j’aurais préféré qu’il fût moins complet », écrivit-il dans ses Mémoires inédits.

[37] Voir le tableau des résultats du 4 avril 1948 (1er tour) dans La guerre d’Algérie par les documents, t. 2, Les portes de la guerre, 1946-1954, Vincennes, SHAT, 1998, p. 165.

[38] Voir la carte des régions d’émigration vers la France, dans le recensement de 1954, publication du gouvernement général.

[39] Processus analysé dans le cas du Nord Constantinois par Omar Carlier, op. cit., pp. 91-123.

[40] Rapport publié par Mohammed Harbi, Les Archives de la Révolution algérienne, Editions J.A. 1980, pp. 15-49. Ce texte aurait été rédigé après coup, mais le fond semble authentique.

[41] Ageron, “Aux origines de la Toussaint 1954”, art. cit., , pp. 22-23.

[42] Beaucoup moins instruites que les hommes, elles restaient privées du droit de vote, l’Assemblée algérienne chargée de réaliser cette réforme par le Statut de l’Algérie s’en étant désintéressée. Cf. la communication de Tayeb Chenntouf au colloque Les chemins de la décolonisation de l’empire français, Paris, Editions du CNRS, 1986, p. 371.

[43] Proclamation du FLN le 31 octobre 1954, reproduite par M. Harbi, op. cit. p. 101.

[44] Appel de l’ALN, reproduit dans La guerre d’Algérie, s. dir. Henri Alleg, Paris, Temps actuels, 1981, t. 3, pp. 510-511.

[45] Mohammed Harbi, Les archives de la Révolution algérienne, op. cit., p. 290.

[46] Cité par Gilbert Meynier, « Idéologie et culture politique de la Révolution algérienne dans les Mémoires inédits de Lakhdar Ben Tobbal, in La guerre d’Algérie et les Algériens, op. cit., p. 277.

[47] Reproduit dans La guerre d’Algérie, s. dir. Henri Alleg, Temps présents, 1980, t. 3, pp. 516-517.

[48] Plate-forme du Congrès de la Soummam, reproduite par Courrière, op. cit., pp. 575-604, et Philippe Tripier, Autopsie de la guerre d’Algérie, Éditions France-Empire, 1972, pp. 567-601.

[49] Tract reproduit par Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962, Paris, Le Seuil, 1962, pp. 50-51.

[50] Rapporté avec indignation par le site internet Algéria-watch, chronologie, mercredi 2 février 2000 : « Bouteflika donne trois interviews à des chaînes de télévision étrangères (LCI, FR 3 et TV libanaise) répercutées par l’ENTV ».

[51] Nombre rectifié par Roger Vétillard, après la publication de son livre Le 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois. Un tournant dans la guerre d’Algérie ? Paris, Editions Riveneuve, 2012, 351 p.

[52] « Le voyage en Algérie du président du Conseil français », tract publié par Henri Alleg, La guerre d’Algérie, op. cit., t ; 3, p. 531.

[53] L’attentat « contre-terroriste » du 10 août 1956 qui détruisit un immeuble de la rue de Thèbes dans la Casbah d’Alger était un acte de représailles contre les attentats au révolver commis après le 19 juin contre des civils européens.



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