Le Maghreb à la fin de la guerre (1995)

samedi 15 avril 2006.
 

Cet article a été d’abord publié dans la revus de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie, Historiens et géographes, n° 348, mai-juin 1995, pp. 267-277.

En 1945, l’ « Afrique française du Nord » (AFN) - que les Français n’appelaient pas encore le « Maghreb », l’Occident en arabe - sortait de la Deuxième Guerre mondiale. Une guerre dans laquelle elle avait joué un rôle beaucoup plus important que dans la précédente, et qui l’avait beaucoup plus profondément marquée. Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) et les nationalistes maghrébins lui proposaient des perspectives tout à fait divergentes.

L’AFRIQUE DU NORD DANS LA GUERRE

Il convient de rappeler les étapes de l’engagement croissant de l’Afrique du Nord dans le conflit. Durant la « drôle de guerre », elle avait servi de réservoir de soldats, de travailleurs et de produits, comme de 1914 à 1918. Mais déjà les convoitises de l’Italie et de l’Espagne avaient obligé la France à y maintenir des effectifs importants.

Dès juin 1940, l’effondrement du front français et l’entrée en guerre de l’Italie avaient failli lui donner un rôle majeur. Le président du Conseil Paul Reynaud et plusieurs de ses ministres (dont le général de Gaulle) avaient voulu y transporter le gouvernement et le Parlement pour continuer la résistance avec la flotte, l’aviation, les troupes de l’Empire et celles qui auraient pu quitter la métropole. Le gouvernement du maréchal Pétain, tout en demandant l’armistice, n’avait pas exclu de continuer la guerre en Afrique si ses clauses s’étaient avérées inacceptables. Tous les chefs militaires et civils des colonies se déclaraient prêts à résister avec l’appui unanime des populations [1]. Mais, après la signature des armistices avec l’Allemagne et l’Italie, qui laissaient l’Empire intact, le général Noguès, commandant l’Afrique du Nord, avait obéi au gouvernement et ignoré les appels à la résistance du général de Gaulle.

Jusqu’en novembre 1942 l’ « armée d’Afrique », réduite à un peu plus de 100.000 hommes, était restée à l’écart de la guerre, obéissant aux ordres de « défendre le territoire contre toute attaque d’où qu’elle vienne », malgré l’esprit de revanche d’une grande partie de ses cadres. Le 8 novembre 1942, elle avait d’abord combattu le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie (sauf à Alger, où des groupes de résistants militaires et civils avaient momentanément neutralisé le commandement), et laissé les Germano-Italiens entrer en Tunisie, avant que l’amiral Darlan donne l’ordre de rester neutre envers tous les belligérants (10 novembre) puis de rentrer en guerre contre l’Axe aux côtés des Alliés le 11 novembre.

Ainsi l’Afrique du Nord était devenue un champ de bataille. Il avait fallu six mois de combats aux Alliés renforcés par l’armée d’Afrique et par les Forces françaises libres arrivant de Libye et du Tchad pour acculer les Germano-Italiens à capituler le 13 mai 1943. Puis l’Afrique du Nord avait servi de base de départ aux grandes opérations alliées contre le flanc sud de la « forteresse Europe ». Les forces françaises, réunifiées à partir de juin 1943 sous l’autorité du Comité français de libération nationale présidé par les généraux Giraud et de Gaulle, avaient pris une part croissante aux combats de Sicile et à la libération de la Corse (septembre 1943), à la percée du front italien au printemps 1944, aux débarquements de l’île d’Elbe et de Provence. L’armée B était remontée jusqu’en Alsace (où elle avait retrouvé la 2ème DB venant de Normandie et de Paris). Renforcée par des contingents de FFI, devenue la 1ère armée française, elle avait franchi le Rhin puis le Danube, et atteint les Alpes autrichiennes. Son chef, le général de Lattre de Tassigny, avait représenté la France lors des capitulations allemandes.

L’Afrique du Nord avait pris une part essentielle à la Libération. En décembre 1944, sur 1.076.000 Français vivant en Algérie, Maroc et Tunisie, 176.500 étaient sous les drapeaux (soit 16,4%). Les effectifs des troupes indigènes étaient plus importants en nombre (environ 250.000 hommes, dont 150.000 en Algérie), mais moindres en pourcentages des populations (2,5% en Algérie, 1,5% au Maroc, moins de 1% en Tunisie) ; les insoumis étaient presque aussi nombreux que les mobilisés. Les indigènes représentaient la majorité des combattants et des pertes des forces venues d’Afrique du Nord : 11.174 tués sur 21.903, 39.615 blessé sur 70.913 [2].

L’IMPACT DE LA GUERRE SUR L’AFRIQUE DU NORD

Ces pertes militaires avaient été le principal impact direct de la guerre sur l’Afrique du Nord. En effet, les hostilités ne l’avaient touchée qu’en novembre 1942, pour quelques jours au Maroc et en Algérie (à l’exception de quelques bombardements allemands sur les villes, de Bône à Alger), pour six mois en Tunisie. Les victimes civiles et les ruines matérielles concernèrent donc principalement ce pays.

Beaucoup plus profonds et durables furent les effets indirects de la guerre sur les conditions de vie [3] et sur l’état des esprits. Dès juin 1940, le manque d’industries de base en Afrique du Nord s’était avéré un redoutable obstacle à la poursuite de la guerre. Puis l’armistice, l’occupation de la moitié la plus riche de la métropole et les réquisitions de l’occupant, la rupture des relations avec le Royaume-Uni (grand acheteur de phosphates et fournisseur de charbon) avaient ralenti toutes les activités économiques. L’agriculture moderne des colons avait souffert du manque de carburants, de pièces détachées, d’engrais... ; l’agriculture traditionnelle des fellahs avait souffert davantage des aléas climatiques (hivers très froids de 1939-1940 et 1941-1942, printemps très secs de 1942 et 1945). L’émigration vers la France s’était interrompue, privant la population indigène de régions supreuplées d’un précieux débouché. A partir du débarquement de novembre 1942, le recours à l’aide américaine (destinée en priorité à l’équipement et au ravitaillement des armées) n’avait pas compensé la rupture totale des relations avec la métropole jusqu’en 1944, ni résolu le problème des subsistances. Au printemps de 1945, une sécheresse catastrophique fit s’effondrer la production de céréales et le cheptel indigène : une famine majeure ne pouvait être évitée que par des importations massives. Le ravitaillement étant organisé par l’administration depuis le début de la guerre, toutes ses insuffisances quantitatives et qualitatives, l’inégalité des rations entre Français et indigènes, l’arbitraire de leur distribution, le retard des prix et des salaires taxés sur les prix réels, ne pouvaient provoquer qu’une désaffection croissante envers les représentants de la France. Les projets novateurs d’industrialisation et de réforme agraire avaient peu d’effet sensible à court terme [4].

Durant ces années de guerre, l’état de santé déjà précaire des populations musulmanes, qui souffraient de malnutrition et de froid (par manque de vêtements) se dégrada sensiblement. Le typhus (la « peste » du roman d’Albert Camus) fit des ravages. La mortalité augmenta particulièrement en 1942 et en 1945, et l’accroissement naturel s’affaiblit jusqu’à la fin de la guerre. Les populations musulmanes, conscientes de souffrir davantage que les Français, avaient cessé de croire en la justice et en la richesse de la France, ainsi qu’en sa puissance.

En effet, les événements politiques s’étaient combinés à la dégradation des conditions de vie pour détourner les peuples maghrébins de la France, et les sensibiliser à toutes les propagandes étrangères.

Pourtant, au début de la guerre, les autorités françaises s’étaient félicitées du « loyalisme » des élites et des masses indigènes (les agitateurs nationalistes et communistes étant emprisonnés ou recherchés). En juin 1940, elles avaient attesté la volonté de combattre de toutes les populations, même les indigènes, « plus français que jamais » selon le gouverneur général de l’Algérie. De nombreux témoignanges ont rapporté que des musulmans avaient spontanément exprimé leur sympathie aux Français affligés par la défaite. Mais ensuite, les réactions des deux populations avaient divergé.

La grande majorité des Français d’Afrique du Nord avait accepté le régime de Vichy (peut-être plus massivement et durablement que les métropolitains, parce que ce régime autoritaire leur convenait mieux que la République pour assurer leur avenir de minorité dominante), à l’exception des catégories réprouvées : gaullistes, républicains et francs-maçons, juifs (privés de la citoyenneté française en Algérie par l’abrogation du décret Crémieux en octobre 1940), et communistes. La politique de collaboration avait introduit un clivage supplémentaire entre ses partisans les plus ardents (surtout le PPF), ceux qui avaient cessé d’y croire comme l’amiral Darlan (assassiné à Alger le 24 décembre 1942), et ceux qui ne l’avaient jamais acceptée tout en approuvant la « Révolution nationale » comme les généraux Weygand (délégué général du gouvernement en Afrique française d’octobre 1940 à novembre 1941) puis Giraud (successeur de l’amiral Darlan). Après le maintien d’un « vichysme sous protectorat américain » [5] par Giraud, les pressions anglo-américaines et le soutien de la résistance métropolitaine au général de Gaulle avaient permis à celui-ci de s’imposer comme le vrai chef du CFLN.

Le début de l’épuration (exécution de l’ancien ministre de l’intérieur Pierre Pucheu en mars 1944) avait indisposé tous les anciens vichystes. Cependant, le patriotisme français rassemblait la masse des Français d’Afrique du Nord. Restaient à l’écart les étrangers : 284.000 sur 1.360.000 Européens, soit 21% en moyenne (13,4% en Algérie, 23,4% au Maroc, et 49,3% en Tunisie), parmi lesquels l’Italie [6] et l’Espagne comptaient de nombreux ressortissants, sympathisants et agents.

Les « indigènes » nord-africains, largement majoritaires dans les trois pays (6,2 millions en Algérie, 2,3 en Tunisie et 5,8 au Maroc en 1936) n’étaient pas considérés comme des Français et ne se considéraient pas comme tels (sauf exceptions) en Algérie, et encore moins en Tunisie et au Maroc. Des mouvements nationalistes panarabes s’y étaient implantés avant la guerre. Dès son début, la propagande allemande et italienne avait incité les musulmans à se désolidariser de la France. La défaite de juin 1940 (présentée par les nationalistes comme un juste châtiment de Dieu), son aveu par l’armistice, le discours masochiste de Vichy et ses appels à la collaboration avec le vainqueur, avaient répandu l’idée que la France avait perdu sa puissance et que Hitler était désormais le « maître de l’heure ». Nombre de militants nationalistes avaient espéré en la victoire allemande (notamment la majorité du Néo-Destour clandestin en Tunisie, et une fraction du Parti du peuple algérien appelée « Comité d’action révolutionnaire nord-africain ») ; mais ils avaient été déçus de n’obtenir aucune promesse d’indépendance (le Reich ne voulant pas pousser l’Afrique française à rejoindre les Alliés) [7]. D’autres, plus prudents et mieux informés, avaient misé sur la politique britannique favorable à l’indépendance et à l’unité des Etats arabes, et sur la politique américaine tendant à libérer tous les peuples dépendants, selon la Charte de l’Atlantique (août 1941) et la déclaration des Nations Unies (janvier 1942). Ces espoirs extérieurs s’étaient ajoutés aux causes de mécontentement internes pour produire une agitation des esprits que les services de renseignement avaient signalée avec inquiétude. Elle s’était manifestée au grand jour dès que l’intervention anglo-américaine de novembre 1942 et la réaction germano-italienne (perçues comme de nouvelles défaites de la France) l’eurent placée en position d’infériorité.

En Tunisie, le bey Moncef avait proclamé sa neutralité, tout en faisant connaître aux Alliés ses véritables sentiments. Sans consulter le résident général de Vichy, l’amiral Estéva, il avait formé un gouvernement représentatif des divers partis nationalistes. Le Néo-Destour, sortant de la clandestinité, s’était engagé ouvertement dans la collaboration avec l’Axe jusqu’au retour de son chef Habib Bourguiba, qui avait éludé les offres italiennes et préparé le ralliement du parti aux Anglo-Américains [8].

En Algérie, un groupe d’anciens élus réunis autour de Ferhat Abbas avait répondu à l’ordre de mobilisation de l’amiral Darlan, en réclamant la convocation d’une conférence représentative pour élaborer un nouveau statut des musulmans algériens dans un « message aux autorités responsables » (20 décembre 1942) remis ensuite aux seules autorités françaises (22 décembre). Puis ils avaient rédigé un « manifeste du peuple algérien » condamnant la politique de colonisation, de pseudo-assimilation, et réclamant la reconnaissance de la nation et d’un Etat algérien (mars 1943) [9].

Au Maroc, un nouveau parti national reconstitué par Ahmed Balafredj (proche du leader panarabiste et pro-allemand Chekib Arslan) avait élaboré un manifeste réclamant l’indépendance (Istiqlal) du Maroc sous l’autorité du sultan Mohammed Ben Youssef. Ce dernier, convaincu par les promesses du président Roosevelt que l’indépendance était désormais possible, avait approuvé et fait diffuser ce manifeste le 11 janvier 1944 [10].

Les autorités françaises avaient réagi à ces défis avec une inégale rigueur. Pour faciliter la mobilisation (que la propagande du PPA tentait de saboter) et pour éviter une intervention américaine en cas de troubles, les gouverneurs généraux de l’Algérie, Chatel puis Peyrouton, avaient accepté de recevoir et de discuter le message aux autorités responsables, puis le Manifeste, et son additif qui réclamait encore plus nettement un Etat algérien en mai 1943.

Mais la reprise en main avait commencé dès la reprise de Tunis le 8 mai 1943. Au nom du général Giraud, le général Juin avait déposé le bey Moncef sous une fausse accusation de collaboration avec l’ennemei, et l’avait exilé à Laghouat. Il avait pourchassé les Néo-Destouriens compromis avec l’Axe, mais Habib Bourguiba s’était justifié grâce à la protection des Alliés.

Le rétablissement de l’autorité française s’était précipité après la formation du CFLN présidé par les généraux Giraud et de Gaulle, qui avaient chargé le général Catroux [11] de la « coordination des affairtes musulmanes » et du gouvernement général de l’Algérie. Celui-ci avait refusé de discuter le Manifeste et son additif, contraires au « dogme » de l’Algérie française. Il avait suspendu les Délégations financières arabe et kabyle qui avaient protesté, et assigné à résidence au Sahara Ferhat Abbas et un autre meneur, Sayah Abdelkader (septembre 1943).

Enfin, au Maroc, le CFLN avait envoyé auprès du sultan le commissaire aux Affaires extérieures Massigli, pour l’obliger à désavouer le Manifeste de l’indépendance. Après ce désaveu, le 28 janvier 1944, la Sécurité militaire et la Direction des affaires politiques du protectorat avaient fait arrêter plusieurs leaders du parti de l’Istiqlal pour collaboration avec les Allemands [12], ce qui avait provoqué de violentes émeutes aussitôt réprimées dans le sang (février 1944).

Cependant, le CFLN avait compris que la répression ne pouvait suffire à rétablir un ordre durable.s Il s’était donc engagé dans une politique de réformes, s’appuyant sur les projets élaborés par les administrations de Vichy, mais plus audacieuses dans le domaine proprement politique, tout au moins en Algérie.

Le 11 décembre 1943, le Comité avait chargé une commission (composée de hauts fonctionnaires et d’hommes politiques français de métropole et d’Algérie, européens et musulmans) d’élaborer un programme complet de réformes politiques, économiques et sociales en faveur des élites et des masses algériennes, visant à réaliser rapidement l’assimilation réelle, en droit et en fait, des « Français musulmans » d’Algérie aux « Français non musulmans » [13]. Le premier résultat avait été l’ordonnance du 7 mars 1944, qui avait proclamé l’égalité de tous les habitants de l’Algérie quel que fût leur statut personnel, accordé immédiatement les droits du citoyen français aux membres des élites (65.000 personnes) et promis la même citoyenneté aux autres musulmans, admis à élire dans un deuxième collège 40% des membres des assemblées locales. Mais le plan de réformes économiques et sociales (scolarisarion générale, santé publique, habitat, réforme agraire, industrialisation...) avait pris du retard, et fut compromis par l’insuffisance du financement (auquel l’Etat métropolitain refusait de promettre son concours permanent).

Au Maroc, le résident général Puaux avait annoncé dès février 1944 la création de quatre commissions franco-marocaines, chargées de réformer la justice, l’enseignement, l’administration et le paysanat.

En Tunisie, plusieurs ordonnances et décrets avaient réorganisé l’administration, sans étendre les responsabilités des ministres tunisiens, mais en renforçant le contrôle du secrétaire général du gouvernement, fonctionnaire français.

Le général Catroux s’était efforcé de donner à ces réformes une impulsion commune, en sa qualité de commissaire d’Etat aus affaires musulmanes, puis de ministre délégué en Afrique du Nord du GPRF réorganisé à Paris en septembre 1944. Mais il s’était aussitôt heurté au ministère des Affaires étrangères, tuteur des protectorats, et dans une moindre mesure au ministère de l’Intérieur, chargé de l’Algérie. En janvier 1945, il fut nommé ambassadeur à Moscou, son ministère fut dissous et remplacé par un Comité de l’Afrique du Nord, réunissant autour du chef du gouvernement provisoire les ministres concernés, assisté par un secrétariat général permanent. Un secrétariat général aux affaires économiques fut maintenu à Alger pour coordonner les actions des trois administrations nord-africaines, à court terme (ravitaillement) et à moyen terme (élaboration de plans, intégrés plus tard dans le plan Monnet).

Ces diverses réformes avaient été accueillies avec inquiétude par la majorité des Français d’Afrique du Nord, particulièrement les réformes politiques en faveur des Algériens musulmans. Dès avril 1944, un collaborateur du général Catroux, Robert Montagne, avait signalé le danger de leur conservatisme aveugle, et constaté que l’opposition, craignant les rigueurs de l’internement, attendait pour se manifester le retour en métropole du CFLN [14].

LE GPRF ET LES NATIONALISMES MAGHREBINS

Le GPRF, proclamé à Alger le 3 juin 1944 et reconnu par les Alliés le 22 octobre 1944, avait pour but d’achever la libération du territoire, de participer à la victoire sur l’Allemagne et aux décisions des grandes puissances qui fixeraient l’avenir du monde. Non invitée à la conférence de Yalta, malgré l’alliance franco-soviétique de décembre 1944, la France fut pourtant appelée à participer à l’occupation de l’Allemagne et de l’Autriche, et à parrainer la fondation de l’ONU comme grande puissance invitante à la conférence de San Francisco. Pour atteindre et conserver ce rang, elle avait besoin de conserver l’Afrique du Nord, clé de voute de l’Empire. C’est pourquoi le général de Gaulle, avant de rejoindre la France libérée, avait chargé le général Henry Martin, commandant la 19ème région militaire, de coordonner les troupes des trois territoires pour « empêcher l’Afrique du Nord de glisser entre nos doigts pendant que nous délivrons la France » [15].

Au contraire, les partis nationalistes maghrébins comptaient plus que jamais sur l’appui des Américains, des Anglais, et de la Ligue arabe fondée avec leur approbation par la conférence du Caire le 22 mars 1945, pour obtenir de la conférence de San Francisco (25 avril-26 juin 1945) la reconnaissance du droit à l’indépendance de leurs trois pays. Comme l’avait remarqué Robert Montagne, « une indépendance successivement promise par Hitler, l’Amérique et l’Egypte est voulue avec trois fois plus de force ».

Ces deux projets étaient inconciliables. Pourtant, le conflit ne prit pas un caractère violent dans les deux protectorats, encore sous le coup des répressions de 1943 et de 1944. En Tunisie le « Front tunisien » qui avait réclamé l’autonomie interne par un manifeste et par une délégation à Paris, sans être entendu, n’avait pas les moyens de l’imposer. Habib Bourguiba quitta secrètement le pays pour se rendre au Caire en mars 1945 afin d’agir auprès de la Ligue arabe et de l’ONU [16] . Au Maroc, l’Istiqlal boycottait les commissions de réforme et attendait une initiative du sultan.

C’est en Algérie qu’une sanglante épreuve de force éclata le 8 mai 1945, jour de la victoire sur l’Allemagne, dans des conditions qui sont restées longtemps controversées [17].

Les nationalistes algériens avaient condamné l’ordonnance du 7 mars 1944 parce qu’elle ignorait la revendication nationale et séparait les élites des masses. Une semaine plus tard, Ferhat Abbas avait fondé l’association des Amis du Manifeste et de la liberté (AML), en accord avec l’Association des Oulémas présidée par le cheikh Ibrahimi, et avec Messali Hadj, chef du PPA clandestin en résidence surveillée. Pourtant, il avait eu l’habileté de situer la République algérienne qu’il revendiquait dans le cadre du système fédéral français proposé par la conférence de Brazzaville, ce qui lui avait fait obtenir la tolérance des autorités, et l’autorisation de créer le journal Egalité. Mais la propagande fédéraliste des AML fut rapidement dépassée par la propagande indépendantiste du PPA, qui noyauta la plupart des sections du mouvement. Les 2 et 3 mars 1944, sa première conférence nationale désigna Messali comme « leader incontesté du peuple algérien », et rejeta le fédéralisme : les participants eurent le sentiment d’avoir proclamé l’indépendance de l’Algérie. Le 14 avril, à la suite d’incidents suspects, Messali fut transféré des hauts plateaux du Sud Algérois à Brazzaville. Puis l’administration prépara une demande de dissolution des AML et un plan d’arrestations préventives, mais le gouverneur général socialiste Yves Chataigneau (successeur du général Catroux depuis septembre 1944) réserva sa décision.

Le 1er mai, la police intervint contre des militants nationalistes réclamant la libération de Messali qui tentaient de se mêler aux cortèges syndicalistes. Le 8 mai, jour de la capitulation allemande, des cortèges organisés par les AML furent autorisés à condition de n’arborer ni drapeaux ni slogans séditieux. Ils défilèrent sans incident là où cette interdiction fut respectée. Mais en plusieurs localités la police intervint pour enlever les drapeauxx et les banderoles interdites : à Bône, à Sétif et à Guelma, il y eut des morts parmi les manifestants algériens, à Sétif, une partie d’entre eux massacra une vingtaine d’Européens dans les rues. Entraînés par des militants appelant au Djihad, les paysans des environs de Sétif et de Guelma s’attaquèrent aux représentants de l’administration et aux civils européens. L’armée (composée en partie de troupes musulmanes), aidée par des « gardes civiques » levées dans la population française, intervint rapidement, avec l’appui de l’aviation et de la marine. L’ordre fut rétabli dès le 20 mai pour l’essentiel, mais des incidents furent encore signalés sur divers points du territoire algérien. Ferhat Abbas, son adjoint Saadane et le cheikh Ibrahimi furent arrêtés à Alger le 8 mai, et les AML dissous le 14.

Les bilans de la révolte et de la répression futent aussitôt controversés. Le premier est le mieux connu : 102 morts (dont 14 militaires, européens ou indigènes, et 2 prisonniers italiens) et 110 blessés (dont 19 militaires). Le second a fait l’objet d’évaluations officielles variables, que le général Duval (chef de la division de Constantine) arrêta le 9 août à 1.165 morts. Mais d’autres estimations beaucoup plus fortes circulèrent dans la presse française de gauche (6.000 à 8.000 morts), anglo-américaine et arabe, jusqu’aux 45.000 morts affirmés sans preuve par les nationalistes algériens. Le bilan véritable reste inconnu. On sait pourtant que les tribunaux militaires prononcèrent 1.028 non lieux, 577 acquittements, 1.868 peines d’emprisonnement et 157 condamnations à mort (dont 33 furent exécutées) [18].

Les conséquences psychologiques furent considérables. Comme l’écrivait Albert Camus dans Combat : « Les massacres de Guelma et de Sétif ont provoqué chez les Français d’Algérie un ressentiment profond et indigné. La répression qui a suivi a développé dans les masses arabes un sentiment de crainte et d’hostilité ». Les premiers furent traumatisés par les atrociés commises par les insurgés (mutilations, viols). Les seconds eurent le sentiment d’avoir été attirées dans un guet-apens.

Deux interprétations contraires s’affrontèrent aussitôt en Algérie et en France. A droite, une campagnedepresse,detractsetdemotionsdénonça un complot anti-français, réclama le rappel du gouverneur Chataigneau pour défaut d’autorité, et l’abrogation des réformes décidées par le CFLN et le GPRF. A gauche, les communistes et les socialistes incriminèrent une « provocation fasciste » des grands colons et de la haute administration vichyste (mal épurée par le général Catroux), ayant affamé les musulmans pour les pousser à la révolte en utilisant comme hommes de main les « pseudo-nationalistes » du PPA. A l’exception de ce dernier point, la thèse de la provocation colonialiste a été reprise par les nationalistes algériens, et a fini par s’accréditer.

Pourtant, celle-ci n’a jamais été prouvée. Le fait que certains colons aient prédit des troubles puis aient tenté de les exploiter contre les réformes ne prouve pas leur responsabilité dans leur déclenchement. La milice de Guelma, dont l’action fut particulièrement mise en cause, avait été créée par le sous-préfet gaulliste Achiary, et soutenue par la « France combattante » (rassemblement de la gauche résistante). L’administration avait fait de son mieux pour prévenir la famine par des importations massives de blé (qui se firent sentir surtout après le 8 mai). Les responsables incriminés (le directeur des Affaires musulmanes Augustin Berque, celui des Affaires économiques Balensi, le préfet de Constantine Lestrade-Carbonnel) étaient parmi les principaux auteurs des réformes.

Au contraire, la thèse du complot nationaliste a gagné en crédibilité. Les historiens algériens Mohammed Harbi et Mahfoud Kaddache ont montré que le PPA clandestin avait joué avec le feu en prêchant la révolte à des masses exaspérées depuis des années, et en menaçant les Européens de massacre par tracts et inscriptions. En avril 1945, il projetait de faire évader Messali pour lui faire proclamer un gouvernement provisoire. Privé de stratégie par l’éloignement de son chef, il s’était rabattu sur des manifestations de protestation. L’ordre d’insurrection générale n’avait donc pas été donné pour le 8 mai ; il le fut pour le 23, afin de soulager les insurgés, puis annulé au dernier moment [19].

La thèse de la « provocation colonialiste » servit à camoufler les divergences entre les amis de Ferhat Abbas [20] , qui fondèrent l’Union démocratique du manifeste algérien après sa libération en 1946, et le PPA, ainsi qu’entre les tendances activiste, messaliste et centraliste de ce parti (devenu Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en 1946).

Ces révélations obligent à remettre en question la thèse de la provocation. La volonté insurrectionnelle du PPA étant établie, le problème n’est pas que la répression ait été déclenchée, mais qu‘elle ait tant tardé. Pourquoi l’administration avait-elle laissé se développer la propagande des AML, contrairement à la très grande rigueur préventive préconisée par le général Catroux dès le 29 février 1944 [21] ? Pour laisser mûrir l’abcès afin de le vider d’un coup, comme le dit en juin 1945 le secrétaire dénéral de la préfecture d’Alger, ou pour attendre le retour des troupes servant en Europe ? Il semble que le directeur des Affaires musulmanes, Augustin Berque [22], ait tenté de canaliser les revendications nationalistes dans le cadre du fédéralisme français, puis de séparer les modérés des extrémistes, avant de se résoudre à demander la dissolution des AML. Et que le gouverneur général Chataigneau ait hésité parce qu’il ne croyait plus à l’efficacité de la répression depuis la crise franco-libanaise de novembre 1943, dont il avait été acteur comme secrétaire général du Haut commissariat de France au Levant.

Après le rétablissement de l’ordre, exigé par un télégramme du génétal de Gaulle [23], le GPRF maintint le gouverneur général Chataigneau et les réformes de 1944. Il compléta même l’ordonnance du 7 mars 1944 en décidant de faire élire à parité par les deux collèges électoraux la représentation de l’Algérie à la future Assemblée nationale, par l’ordonnance du 17 août 1945. Les élections eurent lieu le 21 octobre 1945. La gauche marxiste (communistes et socialistes) obtint la majorité absolue dans le premier collège, et les partisans de l’assimilation (Fédération des élus, socialistes et communistes) dans le second (grâce à l’abstention de près d’un électeur sur deux), mais seul le premier collège participa au référendum qui déclara l’Assemblée constituante.

Au Maroc et en Tunisie, où l’autorité française n’était plus menacée, le général de Gaulle jugea nécessaire de reprendre l’initiative. Dès février 1945, il fit inviter le sultan du Maroc à Paris ; il tenta de le séduire en le nommant compagnon de la Libération, le 18 juin 1945, et lui promit d’ouvrir des conversations sur la redéfinition des rapports franco-marocains après l’adoptionn de la nouvelle constitution, dans l’espoir d’obtenir l’adhésion du Maroc à la future communauté fédérale française. Mais au général Catroux, revenu de Moscou pour l’entendre le 19 juin, le sultan ne cacha pas ses griefs persistants [24]. Le 14 juillet 1945, le général de Gaulle fit les mêmes promesses au bey de Tunis, Sidi Lamine, interlocuteur moins assuré de sa légitimité.

A court terme, la politique française dans les protectorats, représentée depuis 1943 par les résidents Mast en Tunisie et Puaux au Maroc, resta autoritaire. Le GPRF heurta davantage les sentiments des souverains et des partis nationalistes en faisant représenter les Français des deux pays à l’Assemblée nationale française, étape vers la reconnaissance d’une co-souveraineté franco-tunisienne et franco-marocaine.

La démission du général de Gaulle, le 20 janvier 1946, fit oublier ses promesses. On ne peut savoir dans quel sens il aurait fait évoluer les rapports franco-tunisiens et franco-marocains s’il était resté au pouvoir, mais ce que le chef du RPF en dit à Bordeaux le 15 mai 1947 ne laissait guère prévoir une remise en question des traités de protectorat [25].

Ainsi, les dirigeants français et les nationalistes maghrébins avaient tiré des conclusions divergentes de la guerre. Pour les premiers, le rôle primordial de l’Afrique française du Nord imposait plus que jamais son maintien dans un ensemble français. Pour les seconds, la participation forcée de leurs pays n’avait fait qu’accroître leur droit à l’indépendance et leur espoir d’y parvenir grâce à des appuis extérieurs. Les données des conflits qui ruinèrent la domination française entre 1952 et 1962 étaient déjà présentes.

Guy Pervillé

Cette analyse, fondée notamment sur la thèse de Boucif Mekhaled (dont j’ai fait partie du jury) et sur une recherche inédite menée dans le cadre de mon habilitation à diriger des recherches en 1992, a été largement reprise dans mon livre, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 110-116. Elle reste en grande partie actuelle, jusqu’à preuve du contraire.

[1] Sur les capacités de résistance de l’Afrique du Nord, voir Paul Marie de la Gorce, L’empire écartelé, 1936-1946, Paris, Denoël, 1988, pp. 64-98 ; l’article de Christine Lévisse-Touzé, « L’Afrique du Nord pendant la Deuxième Guerre mondiale », Relations internationales, n° 77, 1994, et l’exposé du général Merglen dans le Bulletin de l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines, n° 16, 1991-92.

[2] Tableau du recensement de la mobilisation des Français en Afrique du Nord reproduit dans La guerre d’Algérie par les documents, t. 1, L’avertissement, 1943-1946, s.dir. Jean-Charles Jauffret, Vincennes, SHAT, 1990, pp. 144-145 ; tableau des pertes dans P. M. de la Gorce, op. cit., pp. 496-497. Cf. l’article d’André Kaspi, « Musulmans et pieds-noirs sous les drapeaux (1940-1944) », L’Histoire, n° 140, janvier 1991, et Histoire militaire de la France, t. 4, De 1940 à nos jours, Paris, PUF, 1992.

[3] Sur la situation en Algérie, voir André Nouschi, Naissance du nationalisme algérien (1914-1954), Paris, Editions de Minuit, 1962, pp. 97-114.

[4] Cf ; la thèse de Daniel Lefeuvre : L’industrialisation de l’Algérie (1930-1962), échec d’une politique, Paris I, 1994, et son article « Vichy et la modernisation de l’Algérie : intention ou réalité ? », XXème siècle, n° 42, avril-juin 1994.

[5] Expression due à Yves-Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Paris, LGDJ, 1963.

[6] Les Italiens de Tunisie furent sévèrement épurés et privés de leur statut fondé sur les conventions de 1896 à partir de mai 1943. Cf. la thèse de Juliette Bessis : La Méditerranée fasciste, l’Italie mussolinienne et la Tunisie, Paris, Publications de la Sorbonne et Karthala, 1981.

[7] Charles-Robert Ageron, « Contribution à l’étude de la propagande allemande au Maghreb pendanr la Deuxième Guerre mondiale », Revue d’histoire maghrébine, Tunis, n° 7-8, janvier 1977.

[8] Cf. Juliette Bessis, « Moncef Bey et le moncéfisme : la Tunisie de 1940 à 1942 », Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 260-261, 1983 ; et Annie Rey-Goldzeiguer, « L’occupation germano-italienne de la Tunisie : un tournant dans la vie politique tunisienne », Les chemins de la décolonisation de l’empire français, 1936-1956, Paris, Editions du CNRS, 1986, pp. 325-340.

[9] Textes reproduits par Claude Collot et Jean-Robert Henry, Le mouvement national algérien, textes 1912-1954, Paris, L’Harmattan, et Alger, OPU, 1978, pp. 152-170. Cf. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 2, 1871-1954, Paris, PUF, 1979, pp. 558-563.

[10] Texte reproduit par Guy Delanoë, Lyautey, Juin, Mohammed V, fin d’un protectorat, Paris, L’Harmattan, 1988, t. 1, pp. 42-43. Cf. Jacques Valette, « Guerre mondiale et décolonisation, le cas du Maroc en 1945 », Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 260-261, 1983.

[11] Henri Lerner, Catroux, Paris, Albin Michel, 1990, pp. 260-274.

[12] Initiative sans rapport direct avec le Manifeste selon Jacques Valette, article cité, et son livre La France et l’Afrique, L’Afrique française du Nord 1914-1962, Paris, SEDES, 1993, pp. 100-101.

[13] Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t. 2, L’unité, Paris, Plon, 1956, édition Livre de poche pp. 224-225 et 463-465. Cf. Guy Pervillé, « La commission des réformes musulmans de 1944 et l’élaboration d’une nouvelle politique algérienne de la France », dans Les chemins de la décolonisation, op. cit, pp. 357-365 ; et le texte commenté de l’ordonnance du 7 mars 1944 dans notre recueil L’Europe et l’Afrique de 1914 à 1974, Textes politiques sur la décolonisation, Paris et Gap, Ophrys, pp. 65-73.

[14] « Réflexions sur la politique de la France en Afrique » (4 avril 1944), Archives du Quai d’Orsay, carton 1033.

[15] Cité par Claude Paillat, Vingt ans qui déchirèrent la France, t. 1, Le guêpier, Paris, Robert Laffont, 1969, pp. 49-50.

[16] Cf. Samia El Mechat, Tunisie, les chemins vers l’indépendance (1945-1956), Paris, L’Harmattan, 1992.

[17] Cf. Charles-Robert Ageron, « Les troubles du Nord-Constantinois en mai 1945 : une tentative insurrectionnelle ? » , XXème siècle, n° 4, octobre 1984 ; Annie Rey-Goldzeiguer, « Le 8 mai 1945 au Maghreb », dans 8 mai 1945 : La victoire en Europe, s. dir. Mautice Vaïsse, Lyon, La Manufacture, 1985 ; Francine Dessaigne, La paix pour dix ans (Sétif, Guelma, mai 1945), Calvisson, Jacques Gandini, 1990 ; la thèse inédite de Boucif Mekhaled, Les événements du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, Paris I, 1989, et L’avertissement, s. dir. Jean-Charles Jauffret, op. cit.

[18] L’avertissement, op. cit, pp. 401-410-418, et 442.

[19] Cf. Mohammed Harbi, Aux origines du FLN, Paris, Christian Bourgois, 1975, pp. 20-25 et 178, et Le FLN, mirage et réalité, Paris, Editions J A, 1980, pp. 25-30 ; Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien, 1919-1951, Alger, SNED, 1980, t. 2, pp. 690-729 ; et le témoignage de Hocine Aït-Ahmed, Mémoires d’un combattant, 1942-1952, Paris, Sylvie Messinger, 1983, pp. 33-54.

[20] Celui-ci dénonçait clairement l’extrêmisme du PPA dans son « Testament politique » écrit en prison en 1945, publié et présenté par Charles-Robert Ageron, Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 303, juin 1994, pp. 181-197.

[21] Archives d’outre-mer (Aix-en-Provence), Gouvernement général de l’Algérie, 30 X 3.

[22] Cf. Augustin Berque, Ecrits sur l’Algérie, réunis et présentés par Jacques Berque, Aix-en-Provence, Edisud, 1986, et l’analyse de son action par J. Valette, L’Afrique française du Nord, op. cit., pp. 50-66.

[23] Voir son compte-rendu très sec dans ses Mémoires de guerre, t. 3, Le salut : « En Algérie, un commencement d’insurrection, survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai, a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau » (Edition Le livre de poche, p. 281).

[24] Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t. 3, Le salut, pp. 261-264. Cf. J. Valette, article cité dans la Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 260-261, 1983 (qui reproduit le rapport du général Catroux), et C. R. Ageron, « De Gaulle et le Maghreb en 1945 », in De Gaulle et la nation face aux problèmes de défense, Paris, Plon, 1983.

[25] Ce discours (postérieur à celui du sultan à Tanger, qui avait oublié de rendre hommage à la France le 10 avril 1947) est reproduit par Jacques Soustelle, Vingt-huit ans de gaullisme, Paris, La table ronde, 1968, pp. 432-436.



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