De Gaulle et l’Algérie : succès ou échec d’une politique ? (1996)

samedi 23 septembre 2006.
 
Cette analyse a été rédigée pour figurer dans le deuxième volume des Mélanges Charles-Robert Ageron (pp. 649-659), études réunies et préfacées par le professeur Abdeljelil Témimi, qui ont été publiées par la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information (FTERSI) à Zaghouan (Tunisie) en juillet 1996, puis remises publiquement à Charles-Robert Ageron au siège de cette Fondation lors du colloque Méthodologie de l’histoire des mouvements nationaux au Maghreb, 27-29 novembre 1997.

L’action du général de Gaulle dans la douloureuse décolonisation de l’Algérie a suscité des jugements politiques ou moraux divergents. Le rôle des historiens - même si certains d’entre eux ont vécu ces événements en tant que citoyens - n’est pas de juger si le Général a bien ou mal agi. Mais ils doivent tenter de répondre à des questions plus proprement historiques : quels étaient les buts de son action, et dans quelle mesure ont-ils été réalisés ? En répondant à ces question, ils contribueront à mieux éclairer le jugement de la postérité sur l’un des plus grands acteurs de l’histoire du XXème siècle.

L’homme du 18 juin 1940, rappelé au pouvoir en mai 1958 par les partisans de l’Algérie française, savait-il qu’en moins de quatre ans il la conduirait à l’indépendance et la laisserait au pouvoir du FLN ? Avait-il déjà changé d’avis et délibérément trompé ses auditeurs sur ses véritables intentions ? Avait-il conçu depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale un projet de décolonisation de l’Algérie et de l’Empire, comme il l’a prétendu à partir du 11 avril 1961 ?

La réponse à ces questions dépend de la méthode d’enquête adoptée. Si l’on s’en tient aux seules déclarations publiques du général, comme l’a fait Xavier Yacono dans l’un de ses derniers livres [1], il semble avoir maintenu jusqu’en 1958 le principe de la souveraineté française, jugée aussi nécessaire à la grandeur de la France qu’à l’équilibre et au progrès de l’Algérie.

On pourrait citer à l’appui de nombreuses déclarations du chef de la France libre, qui avait fait d’Alger sa capitale de juin 1943 à août 1944, et notamment son télégramme envoyé le 12 mai 1945 pour enjoindre au gouverneur général Chataigneau « d’affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française » par une « minorité d’agitateurs ». Et celles du chef du RPF le 15 mai 1947 à Bordeaux, le 18 août 1947 au sujet du projet de Statut de l’Algérie, et le 12 octobre 1947 à Alger [2], où il avait affirmé l’Algérie « partie intégrante de la France » et condamné toute atteinte à ce principe. Le 30 juin 1955, dans sa dernière conférence de presse avant son retour, il avait encore préconisé « l’intégration de l’Algérie dans une communauté plus large que la France », semblant ainsi approuver l’action du gouverneur général Jacques Soustelle, considéré comme l’un de ses plus proches amis. Rappelé au pouvoir en mai 1958 grâce à l’action d’hommes réputés aussi fidèles à sa personne qu’à l’Algérie française, comme Jacques Soustelle et Michel Debré, il avait commencé par s’engager à maintenir la souveraineté de la France, en évoquant « dix millions de Français à part entière » le 4 juin à Alger, puis en criant « Vive l’Algérie française » à Mostaganem [3].

Mais aussitôt après sa consécration par les foules d’Algérie, de Gaulle se mit à infléchir sa politique par petites touches successibles. Dès le 13 juillet 1958, il annonça que l’Algérie aurait une « place de choix » dans l’ensemble de type fédéral qui allait prendre le nom de Communauté. Le 3 octobre, à Constantine, il reconnut la personnalité propre d’une Algérie associée à la France. Le 16 septembre 1959, il proclama le principe de l’autodétermination et suggéra, sans la nommer ni la recommander explicitement, l’option d’une Algérie autonome dans la Communauté. Puis, après un début de dialogue public avec le FLN sur les conditions de l’autodétermination, et après la « rénovation » et la dislocation de la Communauté, le Général s’éloigna davantage de ses premières déclarations en optant pour une « Algérie algérienne » (14 juin 1960) puis pour une « République algérienne » (4 novembre 1960), et enfin en acceptant de négocier l’avenir de l’Algérie et des relations franco-algériennes avec le FLN comme interlocuteur privilégié(contrairement à ce qu’il avait répété de septembre 1959 à novembre 1960).

Peut-on croire que le général de Gaulle ait pu changer d’avis aussi rapidement, comme un opportuniste sans principe ? Ou même, comme l’a dit son fils l’amiral Philippe de Gaulle, qu’il ait d’abord tenu à jouer la « petite chance » qui restait encore à la politique d’intégration [4] avant de prendre acte du fait que nul n’en voulait vraiment ? N’est-il pas plus vraisemblable qu’il était revenu au pouvoir avec des arrière-pensées inavouées ?

C’est en tout cas ce que le Général a lui-même reconnu dans sa conférence de presse du 11 avril 1961 (les événements d’Algérie n’avaient fait que le confirmer dans ce qu’il avait « pensé et démontré depuis plus de vingt ans ») ; et ce qu’il a révélé dans ses Mémoires d’espoir [5] en 1970 et répété devant son collaborateur Bernard Tricot : « Et bien oui, il y avait longtemps que je croyais qu’un jour ou l’autre l’Algérie deviendrait indépendante, sans que je sache comment cela se ferait » [6]. Sans avoir de plan rigoureusement préétabli, il était déjà convaincu que l’impossibilité de réaliser l’assimilation ou l’intégration des Algériens musulmans dans la nation française, et celle de maintenir sa domination par la force, ne lui laissaient d’autre voie que l’acheminement à l’indépendance à travers une procédure d’autodétermination. Ses déclarations de juin 1958 n’auraient donc été qu’une tactique visant à gagner du temps « jusqu’au moment où le bon sens aurait percé les brumes » [7].

Cet aveu de duplicité a ravivé la rancune des adversaires de la politique gaullienne de décolonisation. Au contraire, il a été mis en doute par Xavier Yacono en tant que réinterprétation rétrospective. Pourtant, le journaliste Jean-Raymond Tournoux [8] et l’historien Charles-Robert Ageron [9] ont démontré qu’elle était confirmée par de nombreux témoignages antérieurs au 13 mai 1958, assez concordants pour ne pas être récusés, même si le général a eu l’habileté d’adapter ses propos aux convictions de ses interlocuteurs. Nous pensons pouvoir leur ajouter des documents d’archives qui éclairent l’évolution de sa pensée depuis le temps où il présidait le CFLN à Alger.

De 1955 à 1958, alors que Jacques Soustelle se consacrait à la cause de l’intégration, de Gaulle avait confié à de nombreux interlocuteurs sa conviction que l’Algérie deviendrait inéluctablement indépendante, tout en refusant de le proclamer publiquement. Le 18 mai 1955, il avait expliqué à Louis Terrenoire ses raisons et ses intentions. « Nous sommes en présence d’un mouvement général dans le monde, d’une vague qui emporte tous les peuples vers l’émancipation. Il y a des imbéciles (sic) qui ne veulent pas le comprendre ; ce n’est pas la peine de leur en parler. Mais il est certain que si nous voulons nous maintenir en Afrique du Nord, il nous faut accomplir des choses énormes, spectaculaires, et créer les conditions d’une nouvelle association. Or, ce n’est pas ce régime qui peut le faire. Moi-même, je ne serai pas sûr de réussir... mais bien sûr je tenterai la chose » [10]. Voilà qui éclaire ses déclarations à la presse du 30 juin 1955, dans lesquelles il recommanda de « substituer partout l’association à la domination », une association définie comme « un lien de nature fédérale entre États », ou comme une « intégration dans une communauté plus large que la France ». Dès ce moment, on pouvait comprendre que l’Algérie ne devait pas être assimilée à la métropole, mais qu’elle devait être placée sur le même plan que les autres colonies, que le Général proposait depuis 1946 d’associer à la France dans une communauté de forme fédérale [11].

Avant même le début de l’insurrection algérienne, de Gaulle était convaincu que l’intégration de l’Algérie dans la métropole était économiquement impossible, pour des raisons fondamentalement démographiques. En juin 1954, l’économiste et démographe Alfred Sauvy l’avait trouvé déjà « résigné à l’abandon » [12] à cause du coût trop élevé du développement de l’Algérie et du reste de l’Afrique française, que le CFLN avait décidé d’accélérer dix ans plus tôt pour détourner les populations autochtones des mouvements nationalistes.

Peut-on dater plus précisément cette prise de conscience ? D’après le témoignage d’André Philip, celui-ci ayant proposé une politique d’autonomie pour l’Algérie lors des débats du CFLN sur les réformes de 1944 en faveur des musulmans, aurait reçu cette réponse du Général : « L’autonomie ? Allons, Philip, vous savez bien que tout cela finira par l’indépendance ! » [13] Mais le sens de ce propos n’est pas évident si on le confronte à un autre, rapporté par Pierre-Olivier Lapie : « L’autonomie ? Je ne crois pas sage actuellement de l’accorder, pour différentes raisons dont la principale est celle-ci : les Européens d’Afrique du Nord saisiraient l’occasion pour s’en prévaloir, détacher l’Algérie de la métropole et créer une Afrique du sud ségrégationniste à Alger. Cela ne serait pas digne de la France et nous ne pouvons pas en prendre le risque » [14].

Heureusement, les archives du CFLN permettent d’éclairer ces débats. Le 10 décembre 1943, le général Catroux (commissaire d’État aux affaires musulmanes et gouverneur général de l’Algérie) avait proposé un programme de réformes politique, économiques et sociales visant à réaliser rapidement l’assimilation des Français musulmans algériens à la nation française : « La politique d’assimilation et d’intégration doit être poursuivie en Algérie si l’on ne veut pas arriver à un conflit qui nous obligerait à donner ultérieurement à ce pays un statut de Dominion ou qui aboutirait à une situation analogue à celle qui prévaut actuellement au Liban » [15]. Celui-ci avait précisé sa pensée en février 1944 : « Si la nation musulmane algérienne, prenant conscience d’elle-même, demandait dans l’avenir à se constituer, le gouvernement du moment aurait à reconsidérer sa politique, puisque la politique d’assimilation aurait échoué. Et il devrait vraisemblablement accorder à l’Algérie un statut d’autonomie politique apte à faire vivre ensemble les deux fractions de la population, l’algérienne et la française. Le problème à résoudre s’apparenterait dès lors à celui qui se pose au Liban » [16]. Ainsi,de Gaulle était informé que la France jouait en Algérie la dernière chance de sa politique traditionnelle d’assimilation, contestée depuis mars 1943 par le Manifeste du peuple algérien qui réclamait la constitution d’un État algérien.

Mais il avait également été mis en garde par un rapport du Commissariat aux Colonies contre les conséquences de l’admission des indigènes algériens à la citoyenneté française sans obligation de renoncer à leur statut personnel musulman ou coutumier (proposé par le général Catroux) si ce précédent était généralisé à tout l’Empire. « Dès lors la France, après avoir été le vieux foyer occidental, disons même chrétien, que l’on connaît et que l’on aime, ne deviendrait-elle pas une nation mixte, si tant est que ces deux termes ne jurent pas entre eux ? Ne serait-ce pas une véritable novation historique, le mot France n’ayant plus le même sens avant le projet Valleur et après ce projet ? » [17] Ce nouvel »édit de Caracalla » remettrait en cause la définition de l’identité nationale.

Le général de Gaulle suivit d’abord le général Catroux, en faisant adopter le 11 décembre 1943 par le CFLN la politique de réformes qu’il annonça le lendemain par son discours de Constantine [18]. Le 7 mars 1944, il ne le suivit pas entièrement, puisqu’il réserva à la future Assemblée nationale la fixation des modalités d’exercice de la citoyenneté française promise à la masse musulmane (dotée d’une représentation spéciale limitée aux deux cinquièmes des assemblées locales) [19]. Enfin, le 17 août 1945, une autre ordonnance du président du GPRF accorda à ce deuxième collège spécifiquement musulman une représentation à l’Assemblée nationale égale à celle du collège des citoyens français (dans lequel les membres des élites musulmanes avaient été admis sans renonciation à leur statut personne par l’ordonnance du 7 mars 1944).

Pendant deux ans, les Assemblées nationales successives débattirent de projets et de propositions tendant à élargir l’accès des musulmans algériens à la citoyenneté française. Mais entre temps, le général de Gaulle devenu le chef du RPF avait changé d’avis sur la politique d’assimilation. Le 15 mai 1947 à Bordeaux, il rappela l’œuvre du CFLN en oubliant l’admission des élites musulmanes dans le premier collège : « Dès le 7 mars 1944, il accordait aux musulmans d’Algérie le droit de suffrage dans leur propre collège et celui d’être élus ». Le 18 août 1947, dans une déclaration sur le statut de l’Algérie alors en discussion, il proclama que celui-ci devait être fondé sur une association équilibrée entre les deux catégories de la population, impliquant l’institution de deux collèges électoraux paritairement représentés, et composés d’électeurs soumis au même statut personnel, c’est-à-dire l’abrogation de l’ordonnance du 7 mai 1944. Ce revirement [20] satisfit la majorité des élus du premier collège, mais il mécontenta tous ceux du second collègue, qu’ils fussent assimilationnistes, fédéralistes ou nationalistes. En se prononçant pour une politique d’association garantie par la souveraineté française entre deux populations destinées à rester distinctes, de Gaulle avait rompu avec la politique d’assimilation qu’il avait d’abord cautionnée. Les documents cités sur les délibérations du CFLN laissent deviner les arguments qui ont pu déterminer sa décision. L’Algérie ne pouvait et ne devait pas être considérée comme une province française ; elle devait se rapprocher des autres territoires d’outre-mer associés à la France dans une communauté plus large que celle-ci.

Mais cela ne pouvait être dit aussi clairement. Dès 1947, de Gaulle dissimula son scepticisme sur la possibilité d’assimiler le peuple algérien à la nation française - qui eut été la meilleure garantie d’un avenir français pour l’Algérie - sous des formules équivoques ou fallacieuses (« L’Algérie partie intégrante de la France » le 12 octobre 1947 ; « l’intégration dans une communauté plus large que la France » le 30 juin 1955). Quand la guerre d’Algérie déchaîna des passions antagonistes, il révéla le fond de sa pensée aux interlocuteurs qu’il croyait capables de l’approuver ; mais il fit démentir toutes les rumeurs fondées sur ses déclarations privées par un communiqué du 12 septembre 1957, et il fit croire à Jacques Soustelle qu’il approuvait le principe de son action et que son scepticisme sur l’avenir de l’Algérie française ne tenait qu’à l’incapacité de la IVème République [21] ».

Rappelé au pouvoir en mai 1958, grâce à cette habile tactique, dans la confusion et l’équivoque (soit pour sauver l’Algérie française, soit pour éviter à la France une guerre civile et la décharger du problème algérien), le Général ne pouvait éviter, comme il l’a reconnu lui-même, de duper les Français d’Algérie et les chefs miliaires par des propos apparemment intégrationnistes en juin 1958, pour éviter qu’une « vague de stupeurs et de fureurs ne fasse chavirer le navire ». Mais il se mit très vite à les nuancer et à les corriger par petites étapes. Cette méthode de révélation fractionnée eut un double inconvénient : elle encouragea les chefs du FLN à maintenir leurs exigences en attendant de nouvelles concessions, et elle inspira aux partisans de l’Algérie française les pires soupçons sur les intentions définitives du chef de l’État.

On ne peut pourtant admettre que de Gaulle ait poursuivi depuis la Deuxième guerre mondiale une seule politique de décolonisation de l’Algérie, contrairement à ses propos du 11 avril 1961 [22]. Plusieurs ruptures ou révisions fondamentales apparaissent clairement. Le général a pris acte de l’échec de la politique d’assimilation ou d’intégration des Algériens musulmans dans la nation française appliquée par le CFLN et le GPRF au plus tard en 1947. Ce n’est donc pas cette intégration dont il a tenté la « dernière petite chance » en 1958, mais celle de l’Algérie dans la Communauté d’allure fédérale créée par la Constitution de la Vème République pour associer à la France les peuples d’outre-mer : « C’est pour l’Algérie que je fais la Communauté ». Cependant, comme il l’avait dit à Louis Terrenoire dès 1955, il n’était pas sûr de réussir. Confronté à la force des aspirations indépendantistes en Afrique noire, il décida en août 1958 de la fonder sur le principe d’autodétermination permanente, qui ne pouvait en garantir la durée : « La Communauté, c’est de la foutaise ! Ces gens-là, à peine entrés, n’auront qu’une idée, celle d’en sortir ! » Le statut d’État autonome dans le cadre de la Communauté, qu’il proposa pour la première fois aux Algériens le 16 septembre 1959, était donc d’emblée menacé de caducité.

Dans les mois qui suivirent, la transformation de la Communauté « rénovée » en une simple confédération à la demande du Mali, puis son éclatement à l’initiative de la Côte d’Ivoire, privèrent le Général du cadre constitutionnel dont il avait besoin pour régler le problème algérien, et ne lui permirent plus de cacher que l’ « Algérie algérienne » serait un État indépendant, coopérant ou non avec la France. Cette révélation, à laquelle il se résolut le 4 novembre 1960 en évoquant la « République algérienne », lui fut si pénible qu’il traversa deux périodes de dépression et songea à démissionner en juillet et en octobre 1960. Son premier ministre Michel Debré le persuada que son devoir était de rester pour réaliser l’inévitable indépendance de l’Algérie, parce que « si ce n’est pas vous, ce ne sera personne. L’Algérie sera un cancer pour la France » [23].

Encore ne s’agissait-il pas de livrer l’Algérie au FLN en reconnaissant ses dirigeants comme le « gouvernement provisoire de la République algérienne », ce à quoi de Gaulle s’était refusé en des termes apparemment irrévocables jusqu’en novembre 1960. L’État algérien devait être construit par tous ceux qui voudraient y participer, sans exclusive ni privilège [24].

Mais un nouveau tournant décisif eut lieu après les manifestations nationalistes algériennes de décembre 1960. Désormais convaincu que le retour à la paix était impossible sans l’accord du FLN, le Général se résolut à rechercher une négociation avec ses dirigeants comme interlocuteurs privilégiés, non seulement sur les garanties de l’autodétermination, mais sur l’avenir de l’Algérie et des relations franco-algériennes, sans remise des armes ni cessez-le-feu préalable. Ainsi, de Gaulle renonçait à la procédure d’autodétermination qu’il avait lui-même définie le 16 septembre 1959 (consistant à laisser les électeurs algériens choisir librement leur avenir entre plusieurs options), pour adopter celle qu’avait définie l’opposition de gauche lors des colloques juridiques de Royaumont (juin-juillet 1960), Aix-en-Provence (décembre 1960) et Grenoble (mars 1961), à savoir proposer à leur ratification une solution commune négociée entre le gouvernement français et le FLN. Que cette dette n’ait jamais été reconnue n’a pas grande importance : le fait est que les accords d’Évian ont appliqué la doctrine de Royaumont, et non le discours du 16 septembre 1959. Comme l’a justement remarqué Gaston Defferre : « La procédure qui a été choisie est exactement celle que nous n’avons pas cessé de préconiser : accord sur le fond et ratification par le peuple algérien à la demande du gouvernement français et du GPRA » [25].

Le général de Gaulle a donc fait preuve d’un grand pragmatisme dans sa recherche d’une solution au problème algérien. De 1958 à 1962, en fonction des difficultés rencontrées, il a essayé successivement au moins trois politiques : l’Algérie autonome dans la Communauté, l’Algérie algérienne ouverte à tous, puis la République algérienne constituée par une négociation entre la France et le FLN. Encore faut-il leur ajouter la politique de dégagement impliquant un partage provisoire ou définitif de l’Algérie et un regroupement des populations désirant rester françaises, qu’il avait envisagée quand les négociations piétinaient durant l’été et l’automne 1961 [26]. On peut donc admettre la version rétrospective des Mémoires d’espoir : si de Gaulle savait en juin 1958 que l’Algérie était destinée à être indépendante, il ne savait pas encore comment et avec quels partenaires il pourrait l’y conduire.

Ces politiques successives ont-elles atteint leurs buts ? Il est aisé de répondre que, de l’avis même du général de Gaulle, celles qu’il dut abandonner avaient échoué. La politique d’assimilation ou d’intégration parce qu’elle risquait de ruiner la métropole et d’altérer gravement son identité nationale. L’Algérie intégrée dans la Communauté parce que le vent de l’émancipation soufflait trop fort sur les peuples d’Afrique. L’Algérie algérienne, parce qu’elle n’avait pu rallier ni la masse des Français d’Algérie, ni la « troisième force » musulmane longtemps souhaitée, ni une fraction substantielle du FLN malgré les appels à la « paix des braves » [27], mais la réponse est beaucoup plus délicate à formuler en ce qui concerne les accords d’Évian, présentés comme « la solution du bon sens, poursuivie ici sans relâche depuis tantôt quatre ans » [28].

Les accords d’Évian consacraient la renonciation de la France à sa souveraineté sur l’Algérie, et réalisaient l’essentiel des buts de guerre du FLN, tout en ménageant les apparences et les transitions. La France obtenait des garanties pour ses intérêts et pour ceux de ses ressortissants, dont le respect était censé conditionner la continuation de son aide au nouvel État : ainsi, la guerre d’Algérie semblait se terminer par un compromis honorable et non par une défaite [29].

Or, le cessez-le-feu et les garanties de sécurité des personnes, fondement de tout l’édifice, furent aussitôt violées par l’OAS, qui provoqua délibérément des représailles du FLN contre les Français d’Algérie, ce qui les incita directement à chercher refuge en métropole, remettant en cause tout l’équilibre des accords d’Évian. Après le référendum d’autodétermination, la lutte pour le pouvoir au sein du FLN-ALN et l’anarchie qui s’ensuivit, multipliant les enlèvements et les assassinats d’Européens et les massacres de musulmans compromis avec la France, firent croire à leur faillite totale. De Gaulle en imputa la responsabilité principale à la folie meurtrière de l’OAS et à l’aveuglement des Français d’Algérie qui lui avaient fait confiance [30]. Mais il condamna non moins sévèrement l’irresponsabilité des chefs du FLN, leur incapacité à s’unir pour assumer la responsabilité qu’ils avaient revendiquée de construire dans l’ordre le nouvel État. À plusieurs reprises, durant la crise de l’été 1962, il menaça d’intervenir pour défendre les Français d’Algérie et de renoncer à la coopération si leur sécurité n’était pas assurée par un gouvernement algérien.

Pourtant, il n’eut jamais sérieusement l’intention de prendre acte de l’échec des accords d’Évian, ce qui l’eut rendu total et définitif. À court terme, l’arrachement n’aurait fait qu’accélérer l’exode vers la métropole des Français d’Algérie et d’Algériens pro-français fuyant les représailles ou la misère ; la France avait intérêt à tout faire pour empêcher l’Algérie de sombrer dans le chaos. À plus long terme, elle pouvait espérer restaurer son prestige en Algérie, dans le monde arabo-musulman et dans le Tiers Monde par une « coopération exemplaire » [31].

Ce projet se heurtait à celui du FLN, défini dans son programme de Tripoli en mai 1962, consistant à démanteler les accords d’Évian (qualifiés de « plate-forme néo-colonialiste »), tout en exploitant leurs acquis positifs, en limitant, diminuant puis liquidant leurs effets négatifs sur la souveraineté algérienne. En moins de dix ans, l’Algérie récupéra ses « richesses nationales » par des mesures unilatérales de nationalisation, le plus souvent sans indemnité préalable : celle des nombreux « biens vacants » abandonnés par les rapatriés, des terres des colons restés sur place, des mines et des entreprises industrielles, enfin des sociétés pétrolières du Sahara (qui furent indemnisées après plusieurs mois de conflit en 1971). Les intérêts stratégiques français (bases navale et aérienne près d’Oran, centres d’essai de fusées et de bombes atomiques au Sahara)furentlesmieux respectés :le gouvernement françaisy renonça spontanément, dès qu’il cessa de les juger indispensables.

Aux décisions unilatérales de l’Algérie, la France avait répondu par des mesures de rétorsion diminuant le montant de son aide financière, les contingents de vin et le nombre de travailleurs algériens admis sur son territoire. Mais le général de Gaulle insista personnellement pour éviter d’envenimer les différends jusqu’à la rupture, et pour maintenir hors de cause la coopération culturelle, scientifique et technique. Les deux pays maghrébins voisins qui tentèrent à un moindre degré d’imiter l’Algérie constatèrent avec un étonnement envieux l’indulgence et la générosité de la France à son égard [32]. C’est que de Gaulle avait choisi l’Algérie comme vitrine pour démontrer au Tiers Monde que la France était disposée à aider le développement d’une jeune nation sans néo-colonialisme ni conditions politiques. Il n’en espérait pas moins sauvegarder par là une certaine forme de présence française, comme il l’expliqua en 1970 dans ses Mémoires d’espoir : « Ainsi, je comptais aboutir à ceci qu’à l’exemple de la France qui, à partir de la Gaule, n’avait pas cessé de rester en quelque façon romaine, l’Algérie de l’avenir, en vertu d’une certaine empreinte qu’elle a reçue et qu’elle voudrait garder, demeurerait, à maints égards, française [33] ». Ce projet semblait alors en bonne voie : la francophonie des élites algériennes connut son apogée dans les dix ou quinze premières années de l’indépendance.

Pourtant, après le départ du général de Gaulle en France et la nationalisation du prétrole en Algérie, l’avenir de cette « coopération exemplaire » fut remis en question. Les présidents Pompidou puis Giscard d’Estaing souhaitaient la banaliser et la redéployer au bénéfice d’autres partenaires. Le colonel Boumedienne leur fit savoir que les relations franco-algériennes seraient nécessairement ou exceptionnelles, ou médiocres. Il le démontra en déclenchant une « guerre froide » contre la France qui refusait de soutenir l’Algérie dans le conflit du Sahara occidental, de 1975 à 1978. Par la suite, les relations entre les deux pays sont redevenues apparemment cordiales. Mais les conditions d’une véritable réconciliation n’ont jamais été réalisées [34].

En France, des minorités actives de victimes de la décolonisation (militaires, rapatriés, harkis) refusent d’en faire les frais, matériellement et moralement ; longtemps marginalisées, elles ont trouvé un porte-parole influent dans le Front National. En Algérie, l’État-FLN a pratiqué depuis 1962 un double jeu, justifiant son acceptation de l’aide française comme une « réparation des méfaits du colonialisme », tout en encourageant, sous prétexte de commémorer la guerre de Libération, une propagande anti-française donnant l’impression que cette guerre n’était pas finie. Il a accéléré l’arabisation de l’enseignement, de l’administration et des entreprises publiques, sans défendre les élites francophones contre l’accusation infâme d’être le « parti de la France ». Depuis l’établissement du multipartisme en 1989, suivie par l’interruption du processus électoral en janvier 1992, cette politique ambiguë a porté ses fruits amers. Le FIS et les groupes armés islamistes qui s’en réclament (l’AIS) ou qui le contestent (le GIA) s’efforcent de parachever l’œuvre du FLN en boutant la France hors d’Algérie [35], culturellement, idéologiquement et même physiquement par l’assassinat de ses ressortissants (même s’ils avaient opté pour la nationalité algérienne). Les dernière écoles françaises ont fermé leurs portes en 1994, et la langue française semble vouée à disparaître d’Algérie comme le latin neuf siècles plus tôt. Le pouvoir établi et les partis indépendants ne manquent pas une occasion de se démarquer de la politique française en l’accusant d’ingérence ou d’indifférence. La politique de coopération poursuivie depuis 1962 semble donc aboutir à un échec total. La France paie peut-être l’erreur d’avoir accepté comme partenaire un régime dictatorial aujourd’hui discrédité ; mais pouvait-elle faire autrement sans encourir le reproche de néo-colonialisme ? Elle peut au moins rappeler qu’elle a fait tout son possible pour sauver l’Algérie du chaos en 1962, et pour l’aider à chercher sa propre voie de développement.

La politique algérienne du général de Gaulle a également échoué sur un autre plan. Parce qu’elle était fondée sur la conviction de l’impossibilité pour la nation française « d’absorber dix millions de musulmans qui demain seront vingt millions et après-demain quarante » [36], elle n’a pas prévu ni pensé le fait que la violation des garanties d’Évian provoquerait inévitablement un afflux de réfugiés politiques (et, à plus long terme, économiques) [37], prolongé par l’absence de politique démographique réaliste en Algérie jusqu’à une date récente. Aujourd’hui, l’éventualité d’un nouvel exode des élites algériennes francophones produites par la politique de coopération suscite des réactions hostiles des associations de rapatriés et de harkis, et des mesures très restrictives des autorités qui se réclament du gaullisme. Il est vrai que celui-ci n’apporte aucune réponse au problème que pose l’intégration d’une minorité musulmane importante en France. La publication des propos très crus tenus par le Général devant Alain Peyrefitte sur le danger d’une immigration multiraciale et multiculturelle pour l’identité française [38], apporte de l’eau au moulin du Front National.

Il ne faudrait pas pour autant suivre l’extrême-droite en accusant de Gaulle de tous les maux de l’Algérie et de tous les problèmes qu’ils posent à la France ! Le Général n’a pas créé les données du problème algérien qu’il a découvertes dès 1943 à Alger. Il n’a fait que vouloir en décharger la France pour en transmettre le fardeau à des mains algériennes, qu’il a souhaitées responsables et compétentes. Il a fait tout son possible, en sachant que tout ne lui était pas possible. Il fut l’incarnateur de l’Histoire, à défaut d’en être l’inventeur [39].

Guy Pervillé

Cette très riche publication a rassemblé, dans ses deux volumes, de nombreuses communications en français ou en arabe. Voici, dans la première catégorie, celles qui concernent l’histoire de l’Algérie contemporaine.

-  Tome 1er :

-  Abdeljelil Témimi. Message d’amitié et de reconnaissance.

-  Notice bio-bibliographique.

-  Omar Carlier. Entre le savant et le politique, la constitution problématique d’un champ historiographique autonome : le cas de l’histoire nationale du nationalisme algérien.

-  Jacques Frémeaux. Pertinence et fonctions de la frontière Tell-Sahara (1830-1960).

-  Fatima-Zohra Guéchi. Artisans et métiers à Constantine en 1840 : voisinage et solidarité.

-  Mostefa Haddad. L’Algérie de l’entre-deux guerres : crise économique et action de propagande des groupuscules d’extrême droite française dans le Constantinois au cours des années trente.

-  M’barka Hamed Touati. Quelques biographies de militants à travers l’immigration maghrébine en France dans l’entre-deux guerres.

-  Zahir Ihaddaden. Aux origines du mouvement "jeunes Algériens" : le journal El Hack d’Annaba.

-  Paul Isoart. La politique algérienne du général de Gaulle (1958-1962).

-  Jean-Charles Jauffret. La question du 4ème régiment de tirailleurs (1871-1885), révélatrice du syndrome algérien.

-  Messaoud Lekouaghet. L’opinion algérienne musulmane et les projets de réforme de la représentation parlementaire des Musulmans (1919-1939).

-  Tome 2 :

-  Tayeb Chenntouf. Les Lumières au Maghreb.

-  Malika El Korso. La lutte de Libération nationale à travers deux hebdomadaires catholiques : Témoignage chrétien et La France catholique (1954-1958).

-  Mohammed Harbi. Repenser le nationalisme algérien.

-  Christine Lévisse-Touzé. Les camps d’internement en Afrique du Nord pendant la Seconde guerre mondiale.

-  Gilbert Meynier. Les accords d’Evian dans le manuel d’histoire algérien.

-  Guy Pervillé. De Gaulle et l’Algérie : succès ou échec d’une politique ?

-  Jean-Louis Planche. L’internationalisme au feu des nationalismes : les communistes en Algérie (1920-1945).

-  Abderrahim Sekfali. Réflexions d’enseignants sur la laïcité en Algérie à l’époque coloniale.

-  Benjamin Stora. Censures pendant la "non-guerre" d’Algérie dans le cinéma français.

-  Mohammed El-Korso. Mythe et histoire : approche critique de la thèse mashreqienne de l’Islah en Algérie.

-  Abdelmajid Benjelloun. l’Emir Abdelkader par Bruno Etienne.

[1] De Gaulle et le FLN, 1958-1962. L’échec d’une politique et ses prolongements, Versailles, Éditions de l’Atlanthrope, 1989, p. 25

[2] Textes reproduits par Jacques Soustelle, Vingt-huit ans de gaullisme, Paris, La Table ronde, 1968, pp. 432-441.

[3] Avec un temps d’arrêt entre « Algérie » et « française », selon son gendre Alain de Boissieu ; Pour servir le Général , Paris, Plon, 1982, p. 101.

[4] Déclaration de l’amiral Philippe de Gaulle au Figaro, 11 novembre 1971, citée par Yacono, op. cit., p. 26.

[5] Mémoires d’espoir, t. 1, Le renouveau 1958-1962, Paris, Plon, 1970, pp. 48-51.

[6] Bernard Tricot, Les sentiers de la paix, Paris, Plon, 1972, pp. 364-365.

[7] Mémoires d’espoir, op. cit., p. 51.

[8] La tragédie du général, Paris, Plon, 1967.

[9] « L’Algérie algérienne », de Napoléon III à de Gaulle, Paris, Sindbad, 1980, pp. 239-254.

[10] Louis Terrenoire, De Gaulle et l’Algérie, Paris, Fayard, 1964, p. 41.

[11] Sur la conception gaullienne de l’Union française, voir le discours de Brazzaville, la déclaration du 17 août 1946 et le discours de Bordeaux du 15 mai 1947 (Soustelle, op. cit. pp. 428-436) ; et les interventions de Charles-Robert Ageron au colloque Brazzaville, aux sources de la décolonisation, Paris, Plon, 1988.

[12] Alfred Sauvy, L’Europe submergée, Paris, Bordas-Dunod 1987, p. 132.

[13] Tournoux, op. cit., pp. 188-189 (en note).

[14] Cité par Jean Lacouture, De Gaulle, Paris, Le Seuil, 1984, t. 1, p. 750 ; et par Charles-Robert Ageron, Brazzaville, op. cit., p. 35.

[15] Compte-rendu de la conférence nord-africaine du CFLN, 10 décembre 1943, Archives du MAE, Quai d’Orsay, vol. 1033. pp. 90-98.

[16] Additif au rapport présenté au CFLN par le Commissaire d’État aux affaires musulmanes, MAE-QO-995, pp. 90 et 90 bis.

[17] « Mémorandum pour contribuer à l’étude du projet Valleur », à en-tête du Commissariat au colonies, affaires politiques (rédigé par le directeur Henri Laurentie ?) MAE-QO-995, pp. 60-61. Albert Valleur était un membre de la commission des réformes nommée et présidée par le général Catroux, qui avait entériné sa proposition d’accorder une forme de citoyenneté française sans perte du statut personne musulman ou berbère à tous les musulmans algériens.

[18] Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t. 2, L’unité, Paris, Plon, Livre de poche pp. 224-225 et 463-465.

[19] Cf. le texte commenté de l’ordonnance du 7 mars 1944 dans notre recueil de documents, L’Europe et l’Afrique de 1914 à 1974, Gap et Paris, Ophrys, 1994, pp. 65-73.

[20] Signalé sans explication par Soustelle, op. cit., p. 293.

[21] Voir la lettre du Général à Soustelle, du 4 décembre 1956, reproduite par ce dernier, op. cit., p. 446.

[22] Charles de Gaulle, Discours et messages, t. 3, Avec le renouveau, Paris, Plon, 1970, pp. 289-290.

[23] Voir les Mémoires de Michel Debré, t. 3, Gouverner, Paris, Albin Michel 1988, p. 260 ; et surtout ses Entretiens avec le général de Gaulle, Paris, Albin Michel 1993, pp. 20-22.

[24] Allocution du 4 novembre 1960, Discours et messages, t. 3, pp. 259-260. Cf. les propos du général à Pierre Laffont le 20 novembre 1960, reproduits par Tournoux, op. cit., pp. 595-602.

[25] Le Provencal, 5 mars 1962.

[26] Cf. Alain Peyrefitte, Faut-il partager l’Algérie ?, Paris, Plon, 1961 ; et son témoignage sur la mission que lui avait confié le Général de populariser la solution du partage, dans son livre C’était de Gaulle, Paris, Fayard, 1994, pp. 76-92.

[27] Le témoignage de Michel Debré, après d’autres, dément les allégations suivant lesquelles de Gaulle en juin 1960 aurait délibérément saboté sa négociation secrète avec le chef de la wilaya IV, Si Salah, parce qu’il aurait préféré livrer l’Algérie au GPRA.

[28] Allocution du 18 mars 1962, Discours et messages, t. 3, pp. 391-392.

[29] Cf. C.R. Ageron, « Les accords d’Évian » (1962), dans XXème siècle, Paris, n° 35, juillet-septembre 1992 ; et notre article « Trente ans après : réflexions sur les accords d’Évian », Revue française d’histoire d’Outre-mer (Paris), n° 296, 3ème trim. 1992.

[30] De Gaulle jugea sévèrement les Français d’Algérie, mais il ne prit aucun plaisir à leurs souffrances, contrairement à ce que certains veulent croire. Cf . Ses propos du 19 décembre 1960 (« Ces pauvres Français d’Algérie sont en train de se suicider ») cités par Peyrefitte, op. cit., p. 72.

[31] Cf. le rapport de Charles-Robert Ageron sur « La politique française de coopération avec l’Algérie, des accords d’Évian à la retraite du général de Gaulle » et son intervention orale au colloque De Gaulle en son siècle, t. 6, pp. 204-221.

[32] Cf. Bouhout el Mellouki Riffi, « De Gaulle et la coopération avec le Maghreb », De Gaulle en son siècle, t. 6., pp. 184-203.

[33] Mémoires d’espoir, op. cit., pp. 50-51.

[34] Cf. notre communication au colloque La guerre d’Algérie et les Français, s. dir. J.-P. Rioux, Paris, Fayard, 1990, pp. 484-493.

[35] Cf. les propos du leader du FIS Ali Benhadj : « Si mon père et ses frères ont expulsé physiquement la France oppressive de l’Algérie, moi, je me consacre avec mes frères, avec les armes de la foi, à la bannir intellectuellement et idéologiquement, et à en finir avec ses partisans qui en ont tété le lait vénéneux » (cité dans Le Monde, 14 octobre 1994).

[36] Peyrefitte, op. cit., p. 52.

[37] La sous-estimation du drame des anciens « harkis », et la confusion de leur problème particulier avec celui de l’immigration algérienne en général sont frappantes dans les propos rapportés par Peyrefitte, op. cit., pp. 196 et 396.

[38] Notamment ceux du 5 mars 1959, op. cit., p. 52 (« mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées »).

[39] Formule de Hegel, adaptée par Fabien Dunand, L’indépendance de l’Algérie, décision politique sous la Vème République, Berne, Peter Lang, 1977.



Forum