Lettre à Monsieur le Président de la République française Emmanuel Macron
Monsieur le Président,
permettez-moi de vous adresser les réflexions argumentées et même les suggestions d’un historien spécialisé dans l’histoire de l’Algérie contemporaine, au sujet de la revendication de repentance qui est adressée à la France par les dirigeants algériens depuis plus de vingt ans. C’est déjà en cette qualité que j’avais réagi à votre très imprudente déclaration du 15 février dernier sur les « crimes contre l’humanité » que la France aurait commis contre le peuple algérien, en cherchant à comprendre ce qui avait pu vous pousser à une telle imprudence [1]. Depuis, sa conséquence prévisible est arrivée : le président Bouteflika, dans une déclaration datée du 5 juillet 2017, a affirmé que « notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France », et que le « partenariat d’exception » dont l’Algérie et la France avaient engagé la construction depuis 2012 « gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire ». Malgré ces bonnes paroles citées par les dépêches d’agences, le ton de cette déclaration n’a rien de mesuré : « De fait, le peuple algérien a démontré, à travers les siècles, sa résistance farouche à tout envahisseur qu’il a chaque fois réussi à défaire, à l’image de la colonisation française évacuée à l’issue de 132 années de martyres et de souffrances, mais aussi de résistances et d’une ultime Révolution libératrice saluée à travers le Monde. A travers l’évocation de notre passé dramatique à la suite de l’invasion française, nous exerçons notre devoir de mémoire envers nos ancêtres dont des millions sont tombés en résistants, des centaines de milliers d’autres ont été emprisonnés ou déportés, alors que des millions d’Algériens ont été dépossédés de leurs terres et de leurs biens. Nous exerçons aussi notre devoir de mémoire envers notre peuple qui a sacrifié un million et demi de ses enfants pour le recouvrement de son indépendance et de sa souveraineté nationale » [2].
Cette déclaration officielle vous pose donc une question capitale, à laquelle il vous appartient de répondre : devez-vous rompre avec la position de vos trois prédécesseurs, Mm Chirac, Sarkozy et Hollande, qui ont tous les trois refusé la revendication de repentance adressée à la France depuis 1995 ; ou bien au contraire devez-vous faire le pas en avant décisif qui vous est demandé ?
Mon avis, si vous me permettez de vous le confier, est qu’il est infiniment plus prudent de vous ranger derrière vos trois prédécesseurs, qui ont tous refusé la repentance pour préconiser à la place de laisser travailler librement les historiens des deux pays. Des regrets, vous avez sans aucun doute le droit d’en ressentir pour toutes les occasions manquées durant 132 années de politique française en Algérie, mais pas de repentance pour des décisions et des omissions qui ne vous sont nullement imputables. Et ce d’autant plus que, du fait de votre âge, vous êtes, bien plus que tous vos prédécesseurs, en droit de refuser la notion même de repentance pour des faits dont vous n’êtes en aucune façon responsable, puisqu’ils se sont tous produits bien avant votre date de naissance. C’est un excellent argument pour repousser définitivement une revendication profondément dangereuse et malsaine, et vous pouvez aussi le faire en vous appuyant sur les sages avis de quatre hautes personnalités politiques algérienne : Hocine Aït-Ahmed, Abdelhamid Mehri, Redha Malek (tous les trois décédés à ce jour) et Belaïd Abdesselam.
Mais si au contraire vous décidiez de chercher à satisfaire votre partenaire algérien, quelle assurance pouvez-vous avoir que les relations algéro-françaises en deviendraient de ce fait plus saines ? Les raisons d’en douter ne manquent pas.
Le réquisitoire algérien contre la France
La plus évidente est le caractère évidemment très excessif, voire absurde, des déclarations de ses partisans les plus extrêmes, comme l’actuel ministre des Anciens Moudjahidine Tayeb Zitouni, qui déclarait en 2014 : « Nous organiserons des séminaires, colloques et produirons des documents écrits et audiovisuels sur cette période jusqu’à ce que viendra une génération en France qui reconnaîtra les crimes de ses ancêtres et demandera pardon. Ce jour-là, nous refuserons ce pardon, parce que tout ce que la France a commis en Algérie est impardonnable » [3]. De même, en 1990, le docteur Brahim Ghafa, l’un des fondateurs de la Fondation du 8 mai 1945, résumait la colonisation en « une barbarie sans nom, un cynisme sans mesure (...) pour supprimer l’être, pour faire disparaître la victime et éteindre ses droits à la vie (...). La Barbarie est-elle le moyen d’effacer l’existence de l’autre ? Le colon et son support y ont cru. Ils en ont usé - le 8 mai 1945 - et en abusant, ils sont devenus les barbares de notre temps. Pouvons-nous l’oublier, pouvons-nous pardonner ? Non. Le Huit mai ne s’oublie pas et ne se pardonne pas (en gras dans le texte). Pour tous, c’est le jour de la barbarie exercée contre notre peuple à l’instant même où il était mis fin à la barbarie nazie en Europe. Morte en Europe, elle renaissait chez nous. (...) La barbarie ne saurait bénéficier d’aucun droit à la prescription et à l’oubli. Elle est le crime au-delà de tous les crimes catalogués à Nuremberg » [4].
Tel est le langage extrémiste que vous avez encouragé en prononçant à Alger votre déclaration du 15 février dernier. Mais peut-être m’objecterez vous que cette revendication algérienne de repentance est également présentée par des partisans plus raisonnables, tels que l’historien Mohammed El Korso, ancien président de la Fondation du 8 mai 1945 ? Il est vrai qu’il tient parfois des propos plus mesurés, comme par exemple celui-ci : « Loin d’être vindicatifs, nous sommes prêts, nous aussi, à pardonner, mais à condition que le premier magistrat français reconnaisse les crimes commis par son pays en Algérie » [5]. Mais une lecture attentive montre que chez lui la perspective engagée de la mémoire nationale a remplacé celle de l’histoire, en le conduisant à juger le passé dans la perspective du présent : « L’Algérie a été colonisée par le feu et par le fer. Elle a connu des génocides notamment par le gaz avant que ce genre de crimes ne soit pratiqué en Allemagne nazie. Elle a connu des ethnocides par la dépersonnalisation et l’analphabétisme, armes de guerre insidieuse. Par ces différentes politiques savamment élaborées par les Jules Ferry et consorts, la France a réduit le peuple algérien à l’esclavagisme » [6]. Et encore plus nettement : « Quand vous avez un colonel de la colonisation qui dit : ‘Je coupe les têtes’, il ne parle pas de couper les têtes des artichauts, mais celles des Algériens. L’intention de liquider par le sabre et le fusil est réelle et non fictive. Les enfumades et les emmurements qui ont décimé des tribus entières, comment qualifier cela ? (...) Est-ce que ça, ce n’est pas un génocide ? Les Cavaignac, Bugeaud, Pélissier ne sont pas venus en villégiature. Ils sont venus liquider tout un peuple et ils ne pouvaient prendre la place de ce qu’ils appelaient les ‘autochtones’ sans commettre de génocide » [7]. En réalité, jamais les conquérants français n’ont voulu exterminer tout le peuple algérien, puisqu’ils le prenaient sous leur protection dès qu’il se soumettait à leur autorité. Il n’y a rien d’historique dans ce réquisitoire qui prétend expliquer un passé déjà lointain par un passé plus proche en inversant le cours du temps, comme si les causes d’un événement pouvaient se confondre avec ses conséquences supposées, et qui dévalue le sens du mot « génocide » en le banalisant.
C’est aussi ce qu’avait fait Maître Jacques Vergés, avocat de Klaus Barbie, en déclarant que si celui-ci pouvait être jugé pour avoir commis des « crimes contre l’humanité » durant l’occupation allemande à Lyon de 1942 à 1944, on pouvait en dire autant du général Massu à Alger en 1957. Ces déclarations avaient suscité une juste protestation du grand historien algérien Mohammed Harbi dans la revue Sou’al en 1987 : « Il y a une spécificité du ‘crime contre l’humanité’, et ce serait une erreur grave que d’assimiler tout crime, tout massacre, toute exaction, à cette notion juridique nouvelle. Ce qui est mis au compte du nazisme, c’est une volonté délibérée, que son idéologie légitime, de nier toute appartenance à l’humanité de certaines catégories d’êtres humains, et de prétendre en nettoyer la planète comme on nettoie un matelas de ses punaises et comme on aseptise un linge à l’hôpital. L’Algérie a connu les massacres, les crimes, les exactions engendrées par le colonialisme. Mais, il faut le dire, les crimes de guerre dont est jalonné son chemin vers l’indépendance (...) ne sont pas le résultat d’une idéologie visant à l’extinction totale d’un peuple jusqu’au dernier de ses descendants » [8]. Cette sage mise en garde n’a malheureusement pas été retenue. Le sens des mots « crime de guerre », « crime contre l’humanité », « génocide », fait l’objet en Algérie d’une surenchère générale qui aboutit paradoxalement à une dévalorisation très regrettable.
En réalité, ces déclarations extrémistes ne sont pas autre chose que la répétition des arguments biaisés de la propagande politique nationaliste du PPA-MTLD et du FLN, martelés sans changement depuis bien plus d’un demi siècle dans l’Algérie indépendante, et qui ont effacé dans la plupart des esprits la distinction entre la mémoire et l’histoire. Et le cas de Mohammed El Korso montre que même des historiens peuvent oublier la différence fondamentale qui doit opposer l’histoire à la mémoire.
L’absence d’une autocritique algérienne
D’autre part, la politique mémorielle algérienne actuelle présente une autre particularité dont il faut tenir compte : l’absence de toute reconnaissance de responsabilité de la part du FLN, comme s’il n’avait pas rejeté la souveraineté française en revendiquant la représentation exclusive du peuple algérien et le droit de choisir son destin en son nom entre 1954 et 1962. Tout se passe comme si les seuls morts de la guerre d’indépendance avaient été le « million et demi de martyrs [9] » du peuple algérien, dignes d’une commémoration éternelle, au contraire des ennemis, des « colonialistes » et des « traîtres » qui ne méritent que le mépris ou l’oubli [10]. Les Algériens ne sont donc responsables de rien, puisque les Français sont responsables de tout. Bien plus, selon certains auteurs algériens, l’Algérie officiellement indépendante serait même restée depuis 1962 sous la domination effective de la France, qui serait seule coupable de tous ses malheurs... Telle serait en tout cas la leçon à tirer de la terrible guerre civile des années 1990. Pour les uns, qu’on appelle « dialoguistes », tous les crimes commis contre le peuple algérien résulteraient d’un complot perpétré par des chefs militaires qualifiés de « parti de la France » (Hizb França »), de « nouveaux pieds-noirs » ou de « nouveaux harkis ». Pour les autres, au contraire, appelés les « éradicationnistes », il s’agirait d’une agression contre le peuple algérien menée de l’extérieur par le terrorisme islamiste, et que l’Algérie aurait dû combattre seule durant dix ans, sans le soutien de la France, avant que les attentats du 11 septembre 2001 révèlent au monde sa nocivité. Ces deux tendances extrêmes sont à première vue incompatibles, mais pourtant leur examen attentif montre que leur schéma explicatif est le même : dans les deux cas, il s’agit de dénoncer l’autre camp en l’identifiant plus ou moins clairement au « parti de la France », et en revendiquant pour ses adversaires l’héritage de la guerre de libération nationale menée contre celle-ci au nom du peuple algérien et de sa religion l’islam [11].
Plusieurs historiens et politologues des deux pays, comme Benjamin Stora [12] et Mohammed Harbi [13], ont vu dans cette manipulation idéologique le résultat de l’absence d’une histoire critique, non assumée par les Algériens depuis leur indépendance, et conduisant à la tragique répétition du passé dans le présent, mais ils n’ont malheureusement pas été écoutés. Ce que regrette Mohammed Harbi : « On ne peut pas ne pas s’interroger sur le rapport entre les méthodes employées pendant la guerre de Libération et celles qu’utilisent aujourd’hui les islamistes ou l’armée. Les gens sont conscients que la gestation du pouvoir algérien et de ses pratiques s’est faite au cours de la Révolution même. Et que, pour n’avoir pas suffisamment réfléchi à ce qui est arrivé à l’époque, les mêmes faits ont fini par se reproduire. Mais méfions-nous d’une version déterministe qui consisterait à dire : ce qui se passe aujourd’hui, c’est ce qui est arrivé hier. Ce serait évacuer totalement le rôle et la responsabilité des acteurs. La suite n’était pas écrite ». Et il ajoute : « Je ne vois malheureusement pas, en Algérie, de travaux sur ce problème de la violence. J’ai écrit des articles sur ce sujet. Ils sont parus. Mais on n’en a pas parlé. On ne censure pas, mais on ne débat pas » [14].
Un autre historien algérien, Ahmed Rouadjia, a très clairement expliqué cette situation qui n’épargne pas le milieu des historiens : « L’ouverture pluraliste de 1988, la liberté d’expression qui en est la conséquence, l’abandon du système du parti unique (...) n’ont pas tellement atténué le caractère paranoïaque du nationalisme algérien dans sa version populiste, étroite, et à la limite chauvine. (...) L’écriture de l’histoire et de la mémoire demeure, en Algérie, une affaire politique. Hormis quelques rares chercheurs qui ont pu conduire des recherches indépendantes, plus ou moins critiques, la recherche dans ce domaine reste, hélas, largement tributaire de l’idéologie nationaliste entendue au sens le plus étriqué. Intellectuels et journalistes de tout acabit reprennent souvent, en les vulgarisant, les discours des politiques sur l’histoire et la mémoire » [15].
Pour éviter à l’Algérie de nouvelles rechutes dans l’horreur, il aurait été logique de procéder à un réexamen critique de toute l’histoire nationaliste officielle depuis 1962, mais les lois d’amnistie votées par le peuple algérien en 1999 et en 2005 pour essayer de mettre entièrement fin à la guerre civile interdisent de chercher à préciser les responsabilités des uns et des autres. Cette volonté officielle d’amnésie explique la récente interdiction du Monde diplomatique (n° d’août 2017) pour l’article de Pierre Daum : « Vingt ans après les massacres de la guerre civile : Mémoire interdite en Algérie ».
Et c’est pourquoi la revendication de repentance adressée à la France par le gouvernement algérien depuis mai 1995 n’a pas cessé d’être relancée depuis plus de vingt ans. Cela pouvait s’expliquer au départ dans une logique à très court terme, comme un moyen permettant de requérir une aide inconditionnelle de la France dans la guerre civile algérienne sans qu’elle se permette la moindre critique en retour contre les méthodes suivant lesquelles cette guerre était menée ; puis comme un moyen de faire taire les vaincus islamistes en revendiquant pour leurs vainqueurs une victoire morale définitive sur la France colonialiste ; et enfin comme un moyen de détourner l’attention des Algériens de leurs déchirements récents en la retournant contre l’ennemi héréditaire du passé colonial. Et cela bien que la France et l’Algérie soient officiellement alliées contre les mêmes ennemis islamistes au Sahara depuis janvier 2013.
Aucune de ces raisons n’est vraiment raisonnable, dans la mesure où elles détournent l’attention des Algériens des responsabilités propres à leurs dirigeants et à leurs adversaires algériens, et où elles oublient les conséquences nocives du discours nationaliste et islamiste sur l’esprit des jeunes dijhadistes d’aujourd’hui, qui croient avoir le droit de tuer n’importe qui en France, sans être responsables de leurs propres actes, pour venger leurs pères tués par les Français [16].
Nul ne peut dire avec certitude si l’Algérie pourra renoncer un jour à cette politique mémorielle nocive qui tend à la répétition du passé au détriment d’un avenir meilleur. Ce serait une très lourde tâche pour un dirigeant du peuple algérien digne de ce nom, qui oserait prendre le risque de tenir à son peuple un discours de vérité rompant nettement avec la propagande et la manipulation de la mémoire perpétrées depuis si longtemps. Mais il y a de bonnes raisons d’en douter.
En effet, le président Bouteflika, au moment de son arrivée au pouvoir en 1999, avait fait naître l’espoir d’un changement profond ; mais il a rapidement choisi de soutenir à son tour la revendication de repentance adressée à la France, sur un ton plus diplomatique ou plus brutal suivant les circonstances. Il avait pourtant été mis en garde, en août 2001, par l’ancien coopérant en Algérie Guy Hennebelle : « Je demande aux acharnés de la repentance : une fois que vous aurez bien tout excavé, stigmatisé tous ceux qui méritent de l’être, obtenu qu’on revienne, en torturant la loi, sur la sage amnistie gaulliste et la suite (...) vous déboucherez, dîtes-moi, sur quel résultat, quelles perspectives ? Ma conviction est que c’est inutile, néfaste et même dangereux. Oui, les livres d’histoire doivent dire toutes les vérités. Non, il n’est pas sain que la France vive dans des campagnes permanentes de repentance. Cette ritournelle tend à devenir maladive. Je ne pense pas du tout que la campagne récente soit de nature à rendre rationnelles, fraternelles et apaisées les relations entre la France et l’Algérie, qui a montré qu’elle savait fort bien faire encore pis que nous et dont les besoins et les préoccupations immédiates relèvent d’un tout autre registre » [17]. Selon le même auteur, cette revendication de repentance et l’accueil relativement favorable qu’elle avait reçue en France pouvaient s’expliquer par « le duo sado-maso entre la culture laïco-chrétienne du culpabilisme français et la culture arabo-musulmane du ressentiment », lequel ne mène à rien de constructif [18]. Il me paraît donc illusoire d’espérer un discours nouveau de l’actuel chef de l’Etat algérien, et préférable d’attendre la désignation de son successeur.
On aimerait pourtant entendre un jour un chef de l’Etat algérien tenir à son peuple un langage de vérité, en lui expliquant que la France colonialiste ne lui a pas fait subir deux « génocides » en moins de deux siècles, et que son avenir dépend avant tout de sa volonté de stabiliser le nombre d’habitants du pays. En effet, la population algérienne musulmane est passée durant la guerre d’indépendance d’environ 9 millions d’habitants en 1954 à 10 millions en 1962, et sa croissance déjà forte avant la guerre s’est encore accélérée ensuite, pour dépasser 40 millions d’habitants en 2016. Le peuple algérien n’a donc pas échappé de justesse à l’anéantissement, et le risque principal qui menace son avenir est le surpeuplement, quand il ne disposera plus de réserves de pétrole et de gaz naturel.
Voilà quelques notions essentielles que les dirigeants algériens ont occultées depuis l’indépendance, et que vous auriez intérêt à garder en mémoire quand vous aurez l’occasion de rencontrer le président Bouteflika. Je vous remercie de l’intérêt que vous accorderez à ce message et vous prie de croire, Monsieur le Président de la République française, à l’expression de mon profond respect.
Guy Pervillé, professeur émérite d’histoire contemporaine.
Principales publications depuis 2002 :
- Pour une histoire de la guerre d’Algérie. Paris, Picard, 2002.
- Atlas de la guerre d’Algérie, cartographie de Cécile Marin, Paris, Autrement, 2003, 2006 et 2011.
- La guerre d’Algérie, Paris, PUF, collection Que sais-je ?, 2007, 3ème édition 2015.
- La France en Algérie, 1830-1954, Paris, Vendémiaire, 2012, Prix Lyautey 2012 de l’Académie des sciences d’outre-mer.
- Les accords d’Evian (1962). Succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012). Paris, Armand Colin, 2012.
- Oran, 5 juillet 1962, leçon d’histoire sur un massacre. Paris, Vendémiaire, 2014.
- Une histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire. Paris, Vendémiaire, à paraître en 2018.
[1] Voir sur mon site http://guy.perville.free.fr : « Réponse à Emmanuel Macron », http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=390 ; « Réponse à deux jeunes juristes, à propos de la déclaration d’Emmanuel Macron », http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=391 ; « Mes réponses aux questions d’Alexandre Devecchio », http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=392 ; « A propos de la victoire d’Emmanuel Macron : la polarisation droite-gauche, l’émergence du Front national et les conséquences de la guerre d’Algérie en France, de 1962 à nos jours » , http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=393 .
[2] Texte du discours dans Algérie-actualités, 5 juillet 2017, p. 3 : « Pour une reconnaissance des vérités de l’histoire », https://www.sudhorizons.dz/images/HorizonsPDF/05-07-2017.pdf .
[3] Riad Madi, « Les crimes du 17 octobre 1961 à Paris, une abjection à faire honte à l’humanité », Le Temps d’Algérie, 17 octobre 2014.
[4] Brahim Ghafa, « Un fonds qui entretienne leur mémoire », El Moudjahid, 6 mai 1990, p. 13. Cité et résumé par Ahmed Rouadjia, Panoramiques, n° 62, p. 212.
[5] « Le premier dérapage de Chirac », Le Matin, Alger, 5 mars 2003.
[6] « Visite de Hollande en Algérie, Bouteflika appelé à relancer le dossier de la repentance », entretien par Hadjer Guenanfa : http://www.tsa-algerie.com/20150614/bouteflika-appele-a-relancer-le-dossier-de-la-repentance/.
[7] Interview téléphonique de Mohammed El Korso par El Watan, fin décembre 2011. Article reproduit dans Courrier international du 26 décembre 2011 : http://www.courrierinternational.com/article/2011/12/26/les-crimes-coloniaux-etaient-un-genocide/.
[8] « A propos du procès Barbie », Sou’al, n° 7, 1987, pp. 149-151.
[9] Ce nombre mythique est très exagéré. Les historiens français Xavier Yacono puis Charles-Robert Ageron, se basant sur les données des recensements de la population musulmane algérienne, ont estimé que la total des pertes démographiques de la population musulmane d’Algérie entre 1954 et 1962 était inférieur à 350.000, voire à 300.000 personnes tuées. Le démographe algérien Kamel Kateb a critiqué leur méthode de calcul, mais sans proposer une estimation plus élevée.
[10] Pourtant, le vice-président du GPRA, Belkacem Krim, se vantait du nombre de traîtres tués par le FLN : « Selon Krim, à la fin de la guerre, sur le fameux million de ‘chouhada’, il fallait bien compter deux cent mille à trois cent mille victimes du fait de la sainte terreur révolutionnaire ». Témoignage de Jean Daniel dans La guerre d’Algérie 1954-2004, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, p. 496. Les nombres cités sont faux, mais la proportion est vraisemblable.
[11] Selon le politologue algérien enseignant en France Lahouari Addi ( Le Monde, 29 novembre 1996, p. 16.), le système politique algérien était « fondé sur le présupposé qu’entre Algériens il n’y a pas de conflits politiques. Il y a des conflits politiques entre Algériens et étrangers, ou entre Algériens patriotes et Algériens traîtres. Ce type de conflit n’a pas à être institutionnalisé, car les traîtres sont à exterminer physiquement, à ‘éradiquer’, d’où le caractère sanglant de la crise actuelle, qui oppose, pour les uns, les traîtres à la nation, et pour les autres, les traîtres à l’islam qui définit la nation ».
[12] Selon Benjamin Stora (« Algérie : absence et surabondance de mémoire », in Les violences en Algérie, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 154), « La perpétuation de la culture de guerre, qui évacue les origines politiques du nationalisme contemporain, a fini par générer des automatismes redoutables auprès d’une partie de la jeune génération. On ne peut pas impunément enseigner que le principe de la lutte armée est central dans l’édification de la nation, et s’étonner ensuite de sa reprise dans la réalité ».
[13] Selon Mohammed Harbi (L’Algérie et son destin, croyants ou citoyens. Paris, Arcantère, 1993, p. 155), « L’idéalisation de la violence requiert un travail de démystification. Parce que ce travail a été frappé d’interdit, que le culte de la violence en soi a été entretenu dans le cadre d’un régime arbitraire, l’Algérie voit ressurgir avec l’islamisme les violences du passé ».
[14] « L’heure de la vérité », interview de Mohammed Harbi et Benjamin Stora par Agathe Logeart et Claude Weill, Le Nouvel Observateur, n° 2085, 26-27 octobre 2004, pp. 42-44.
[15] Ahmed Rouadjia, « Hideuse et bien-aimée, la France... », revue Panoramiques, n° 62, 1er trimestre 2003, pp. 204-214.
[16] David Thomson, Les revenants. Ils étaient partis faire le djihad. Ils sont de retour en France. Paris, le Seuil-Les jours, 2016, 304 p (pp 189-190). Cité dans Le Monde, 1er décembre 2016, p. 16.
[17] « Algérie : jouer aux matriochkas ? », Le Figaro, 6 août 2001, p. 9.
[18] Guy Hennebelle, « Editorial ravageur » du n° spécial franco-algérien de sa revue Panoramiques, n° 62, 1er trimestre 2003, « Algériens-Français : bientôt finis les enfantillages ? », p 20.