Lorsqu’une série d’attentats frappe l’Algérie le 1er novembre 1954, personne n’imagine que s’engage alors une guerre de décolonisation qui durera près de huit années. L’Algérie est alors partie intégrante de la France. Mais les réformes trop tardives n’ont pas apaisé les frustrations d’une population musulmane sous la domination des Européens, nourrissant en retour un nationalisme déterminé bien que divisé.
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, environ soixante-dix d’attentats plus ou moins graves furent commis dans toutes les régions de l’Algérie du Nord. Ils retinrent l’attention des Français moins par leur bilan ((9 morts et trois blessés, militaires et civils, Français de France et d’Algérie et « Français musulmans ») que par leur nombre, leur dispersion entre plusieurs régions, et leur déclenchement coordonné.
Cette insurrection fut pourtant ressentie comme « un coup de tonnerre dans un ciel serein » par la plupart des hommes politiques, parce que l’Algérie semblait calme depuis 1948. Elle fut au départ interprétée à tort comme le résultat d’une subversion étrangère, attribuée à la Ligue arabe et à l’Egypte nassérienne. Il est vrai que le régime du colonel Nasser, ayant pris la place du général Néguib en 1954, deux ans après le coup d’Etat militaire qui avait renversé le roi Farouk, avait besoin de renforcer son prestige en prenant la tête des mouvements nationalistes arabes. A ce titre, Nasser hébergeait les délégations des partis nationalistes nord-africains qui avaient conclu un pacte d’unité d’action en 1948 puis l’avaient renouvelé en 1954. Mais en réalité les défenseurs de la cause étaient alors loin de s’accorder : au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), - successeur du Parti du peuple algérien fondé en 1937 et qui avait lancé la revendication d’indépendance de l’Algérie - la discorde règnait entre les « messalistes », partisans de son fondateur Messali Hadj, et les « centralistes », partisans du Comité central présidé par Ben Khedda. A la même époque pourtant les nationalistes tunisiens avaient déclenché leur lutte pour l’indépendance à l’appel de Habib Bourguiba en janvier 1952, et les nationalistes marocains après la déposition du sultan Mohammed ben Youssef par les Français le 20 août 1953. Ajoutons que, le 7 mai 1954, la défaite de Diên-Biên-Phu avait sonné le glas de la domination coloniale en Indochine. Le nationalisme algérien semblait donc avoir manqué son rendez-vous avec l’Histoire, quand soudainement le 1er novembre 1954 révéla l’existence d’une troisième force algérienne inconnue, se présentant sous le double nom de Front de libération nationale (FLN) et d’Armée de libération nationale (ALN).
Sur le moment seul le Parti communiste français et quelques groupes d’extrême gauche (trotskistes, anarchistes) prirent au sérieux cette revendication d’indépendance et en reconnurent la légitimité. Mais pour le gouvernement il s’agissait d’un acte de rébellion intérieur et ses auteurs furent considérés comme des terroristes. Le président du Conseil Pierre Mendès France déclara le 12 novembre devant l’Assemblée nationale que « L’Algérie, c’est la France, et non un pays étranger que nous protégeons », et que « jamais la France, jamais aucun Parlement, jamais aucun gouvernement ne transigera sur ce principe fondamental ». Et le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, proclama sa résolution de maintenir à tout prix l’unité de la République française « des Flandres au Congo », et de frapper les « rebelles » et leurs complices par « tous les moyens ». Le gouvernement Mendès France se distinguait cependant de la plupart des élus du premier collège d’Algérie en déclarant vouloir « s’attaquer aux racines profondes des problèmes, qui sont d’abord économiques et sociaux », au lieu de s’en tenir à une répression policière et militaire qui sembla efficace dans un premier temps. Cette préoccupation reposait sur des réalités difficilement contestables. S’il était vrai qu’environ deux millions de musulmans avaient pu accéder à un niveau de vie proche de celui de la population européenne, les trois quarts d’entre eux, soit près de sept millions, vivaient dans le dénuement. S’y ajoutait une inégalité de droits civiques [1].
Les origines du nationalisme et de l’insurrection
Pour bien comprendre la situation du moment, il convient de la resituer dans le temps long. Depuis quand existait-il un nationalisme algérien et une revendication d’indépendance ? L’ancienneté de l’existence d’un Etat algérien et d’un sentiment national algérien est proclamée depuis 1962 par tous les gouvernements de la République algérienne qui a pris la succession de l’Etat français, le 3 juillet 1962, à la suite des accords d’Evian . Mais cette vérité officielle doit être reconsidérée. Le grand historien français de l’Algérie Charles-André Julien, bien que partisan de l’indépendance, écrivait encore en 1964, à propos de la régence turque d’Alger : « la souveraineté de la Porte [2], valable en droit, n’était pratiquement qu’une fiction. Depuis l’instauration des deys [3], la Régence d’Alger était une République militaire où le pouvoir absolu du chef s’exerçait sous la dépendance étroite de la milice des janissaires turcs (odjak = foyer). (...) La Porte laissait l’odjak et le Dey agir en toute liberté, faute de pouvoir leur imposer son autorité. Mais l’Etat algérien n’était algérien que de nom. Que les Turcs fussent musulmans comme leurs sujets ne change rien au caractère du régime colonial qu’un petit nombre d’étrangers privilégiés fit peser sur une population qui le supportait mal » [4]. Quant à l’existence d’une nation algérienne, elle semble avoir été affirmée pour la première fois dans un livre publié à Paris et en français en 1834 par un ancien secrétaire de l’administration du Dey Hussein, Si Hamdan Khodja - d’une manière peu convaincante, puisque les « Algériens » qu’il y mentionnait étaient en réalité les Algérois [5].
Pour conquérir l’Algérie - mot qui n’existait pas en français avant son adoption officielle en 1838 - l’armée française dut briser par la force l’Etat turc du Dey Hussein en 1830, puis celui de Ahmed Bey de Constantine à partir de 1836-1837 et le nouvel émirat improvisé par l’Emir Abd-el-Kader en Oranie de 1841 à 1847, et enfin écraser de très nombreuses résistances et révoltes de tribus durant près d’un siècle. L’Algérie conquise et colonisée était censée être une terre française, partie intégrante du territoire national depuis 1848, mais son avenir dépendait de l’adhésion des populations musulmanes largement majoritaires qui restait incertaine, et la sincérité des sentiments pro-français des « Jeunes Algériens » formés par l’enseignement français restait très discutée avant 1914.
Quand la Grande Guerre de 1914-1918 obligea la France à mobiliser un nombre important de soldats et de travailleurs musulmans algériens, cette contribution à l’effort de guerre, sans mouvement de révolte, obligea les autorités françaises à octroyer des droits politiques limités à plusieurs catégories de bénéficiaires, mais sans aller jusqu’à établir une véritable égalité des droits et des devoirs pour tous. En juin 1936, la victoire du Front Populaire en France inspira aux organisations musulmanes réunies dans un Congrès musulman la revendication de la « citoyenneté (française) dans le statut » personnel musulman ou coutumier, mais le gouvernement de Léon Blum, en raison d’une opposition farouche des Français d’Algérie, n’osa pas soumettre au vote du Parlement le projet Blum-Viollette de décembre 1936 qui accordait la citoyenneté française à une élite d’environ 25.000 musulmans sur un total de 6 millions, sans obligation pour eux d’abandonner leur statut personnel religieux comme le veut la naturalisation... Il interdit une nouvelle fois en janvier 1937 l’Etoile nord-africaine, parti nationaliste fondé en 1926 en métropole par des travailleurs algériens et dirigé par Messali Hadj, qui refusait de renoncer au droit du peuple algérien musulman à décider de lui-même. Ainsi la République française s’engagea dans la voie de la répression, et le nouveau Parti du peuple algérien (PPA), fondé par Messali Hadj en mars 1937, fut très vite frappé par de nombreuses arrestations et interdit en septembre 1939, au début de la Deuxième Guerre mondiale.
Durant la première partie de cette guerre, la France réussit à mobiliser autant de soldats algériens musulmans qu’elle le jugea nécessaire, et en juin 1940, au moment où les armées allemandes envahirent le territoire métropolitain, les autorités civiles et militaires françaises d’Alger se prononcèrent pour la continuation de la guerre en se félicitant du loyalisme de la population indigène. Mais la défaite française et sa confirmation par l’armistice du 22 juin 1940 provoquèrent un choc psychologique dans cette population, qui se convainquit que son avenir dépendait désormais de la volonté de « Hadj Hitler ». Une fraction du PPA qui s’était organisée dès la fin de 1938 sous le nom de « Comité d’action révolutionnaire nord-africain » (CARNA) avait déjà tenté d’obtenir l’aide des Allemands pour organiser une insurrection suivant l’exemple de l’insurrection irlandaise de 1916, et un groupe d’étudiants musulmans de l’Université d’Alger projeta de passer à l’action le 1er novembre 1940. Pourtant le régime de Vichy réussit à gagner du temps en rabaissant les juifs - privés arbitrairement de la citoyenneté française soixante-dix ans après qu’elle leur eut été imposée par le décret Crémieux de 1870 - au-dessous des indigènes musulmans. Mais après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 et l’occupation de la « zone libre » de la métropole par les Allemands, les autorités vichystes changèrent de camp en tentant de maintenir un « vichysme sous protectorat américain » et en proclamant une nouvelle mobilisation pour libérer la France ; elles ne purent empêcher les anciens élus musulmans réunis autour de Ferhat Abbas d’élaborer un « Manifeste du peuple algérien » (10 février 1943) qui affirmait la formation d’une nation algérienne et son droit de disposer d’elle-même pour créer un Etat algérien : « l’heure est passée où un musulman algérien demandera autre chose que d’être un Algérien musulman. Depuis l’abrogation du décret Crémieux surtout, la nationalité et la citoyenneté algériennes lui offrent plus de sécurité et donnent une plus claire et plus logique solution du problème de son évolution et de son émancipation ».
C’est le Comité français de libération nationale (CFLN) créé à Alger le 2 juin 1944 par les généraux De Gaulle et Girault et représenté par le général Catroux (commissaire d’Etat chargé des affaires musulmanes et gouverneur général de l’Algérie) qui rejeta le Manifeste et décida l’élaboration d’une nouvelle politique d’assimilation comportant non seulement l’élargissement du projet Blum-Viollette par l’ordonnance du 7 mars 1944, mais encore l’élaboration par une commission spéciale d’un vaste programme de réformes économiques et sociales visant à élever le niveau de vie des Français musulmans algériens au niveau de celui des Français d’Algérie et de métropole. Le général Catroux avait prévenu le général de Gaulle, en décembre 1943 et en février 1944 : « Si la nation musulmane algérienne, prenant conscience d’elle-même, demandait dans l’avenir à se constituer, le gouvernement du moment aurait à reconsidérer sa politique, puisque la politique d’assimilation aurait échoué. Et il devrait vraisemblablement accorder à l’Algérie un statut d’autonomie politique apte à faire vivre en semble les deux parties de la population, l’Algérienne et la Française. Le problème à résoudre s’apparenterait dès lors à celui qui se pose au Liban ».
Or les nationalistes algériens réunis autour du Manifeste refusèrent de se soumettre à la nouvelle politique du CFLN faisant suite à de nombreux autres restés lettre morte. Ils fondèrent l’association des Amis du Manifeste et de la liberté pour réclamer une république algérienne fédérée à la République française, qui servit de couverture aux partisans de l’indépendance. Messali Hadj, salué comme « leader incontesté du peuple algérien » par le congrès clandestin des AML en mars 1945, tenta de s’évader de sa résidence surveillée en avril pour participer à un projet avorté d’insurrection, puis il fut exilé à In Salah et enfin à Brazzaville. Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur l’Allemagne nazie, des manifestations organisées par les AML pour réclamer sa libération tournèrent à une insurrection s’en prenant aux civils européens dans les rues de Sétif et tout autour de la ville, ainsi qu’aux environs de Guelma où une répression préventive fit des centaines de victimes algériennes. La répression militaire et civile de cette insurrection, qui avait tué plus d’une centaine de civils français, fit des milliers de morts algériens que la propagande augmenta jusqu’à des dizaines de milliers. Elle alimenta une volonté de revanche qui s’incarna dans une Organisation spéciale (OS) créée en 1946-1947 à l’intérieur du nouveau parti nationaliste MTLD pour préparer une insurrection.
Le destin de l’Algérie n’était pourtant pas encore fixé. Après la guerre, les gouvernements français et les assemblées constituantes tentèrent de compléter l’ordonnance du 7 mars 1944 en évitant de satisfaire les revendications autonomistes de Ferhat Abbas et indépendantistes du parti de Messali Hadj, Ils aboutirent au vote du Statut de l’Algérie (septembre 1947) qui ne satisfit personne, tout en essayant de financer le plan de développement économique et social de 1944 trop onéreux pour être réalisé sans l’aide du budget métropolitain. Puis à partir de 1948, le blocage des réformes politiques par l’intervention directe des autorités contre les partis nationalistes et autonomistes dans les élections à l’Assemblée algérienne accéléra les préparatifs insurrectionnels de l’OS jusqu’à son démantèlement par la police en 1951. Le problème algérien semblait alors se réduire à un problème économique et social, traitable grâce au financement du plan Marshall qui pourrait gagner peu à peu le soutien des masses arriérées. Mais à l’ « économique d’abord » des technocrates français les militants nationalistes opposaient un « politique d’abord ».
Le mouvement national au sens large se composait de quatre partis ou mouvements rivaux : le PPA-MTLD, l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas et son allié l’Association des Oulémas, et le Parti communiste algérien (PCA). Le premier était le seul parti officiellement nationaliste et populaire, qui accusait les deux suivants d’être « bourgeois », alors que ceux-ci lui reprochaient sa démagogie populiste et ne le concurrençaient que dans les milieux les plus instruits en français ou en arabe. Quant au dernier, il avait du mal à se faire admettre comme un parti vraiment national à cause de sa composition mixte et de sa soumission aux ordres de Moscou. L’ensemble de ces partis ou mouvements ne rassemblaient que quelques dizaines de milliers d’adhérents [6]. C’était peu sur 9 millions d’Algériens musulmans en 1954, mais beaucoup par rapport à l’étroite minorité lettrée : 13,7 % des musulmans âgés de plus de dix ans savaient lire et écrire (dont 55 % en français, 25 % en arabe et 20 % dans les deux langues) et les femmes beaucoup moins que les hommes.
Il existait une opinion publique nationaliste, surtout en ville mais très inégalement présente dans les campagnes. En l’absence d’élections fiables depuis 1948, les scrutins étant ingénieusement truqués, les autorités jugeaient l’influence de ces partis en déclin, et croyaient pouvoir continuer à tenir le pays grâce à la fidélité de notables locaux, de policiers, de militaires et d’anciens combattants, en attendant que les réformes économiques et sociales et la scolarisation (15 % des enfants musulmans allaient à l’école en 1954) rallient les masses. En décembre 1953, le Comité central du MTLD lança un appel à un Congrès national algérien pour définir un programme commun d’action ; il s’adressait pour la première fois aux couches les plus favorisées de la société algérienne. Mais Messali Hadj, en résidence surveillée en France depuis 1952, accusa la majorité du Comité central (composée d’intellectuels de formation française depuis le congrès de 1953) d’abandonner le programme révolutionnaire du Parti pour s’aligner sur le réformisme bourgeois de l’UDMA, et appela les militants de base à se révolter contre eux. Le MTLD éclata en deux partis qui s’excommunièrent mutuellement durant l’été 1954. C’est alors qu’un groupe d’anciens militants de l’OS, dispersés entre l’Algérie, la France et l’Egypte, forma une troisième force qui appela tous les Algériens à se rassembler dans la lutte armée contre la France.
Du CRUA au FLN
Cette nouvelle organisation, d’abord intitulée « Comité révolutionnaire d’unité et d’action » (CRUA), se dota de chefs répartis entre l’extérieur (Aït-Ahmed, Ben Bella et Khider au Caire, rejoints par le coordinateur général Boudiaf) et l’intérieur, partagé entre cinq chefs de zones (Ben Boulaïd dans l’Aurès, Didouche dans le Nord-Constantinois, Krim en Kabylie, Bitat dans l’Algérois et Boussouf en Oranie). Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954 elles passèrent à l’action, faisant plus de bruit que de mal. En même temps étaient diffusés une proclamation du Front de Libération Nationale (FLN) adressée au « peuple algérien » et aux « militants de la cause nationale » définissant les raisons, les buts de la guerre (« la restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques ») et ses moyens (« conformément aux principes révolutionnaires (...) la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but ») ; et un appel de l’Armée de Libération nationale (ALN) qui comptait sur le patriotisme des Algériens pour soutenir la lutte jusqu’à la victoire.
Ce plan semblait trop irréaliste pour être pris au sérieux à Paris. Le gouvernement, informé du projet d’insurrection sans en connaître la date, réagit rapidement en envoyant des renforts (CRS et militaires). Les deux partis issus du MTLD furent dissous et leurs militants connus arrêtés. Des actes de torture furent dénoncés par le maire d’Alger Jacques Chevallier et par l’archevêque Monseigneur Duval. Le nombre des insurgés ne dépassait pas le millier et l’essentiel de leurs forces se situait dans les massifs de l’Aurès et de Kabylie. En quelques semaines, l’organisation avait presque disparu de l’Algérois et de l’Oranie ; trois chefs de zones avaient été mis hors de combat en janvier, février et mars 1955 (Mourad Didouche tué, Mostefa Ben Boulaïd arrêté en Tunisie et Rabah Bitat à Alger). L’ALN semblait vouée à une proche défaite.
La chute du gouvernement de Pierre Mendès France, renversé le 6 février 1955, retarda d’un mois l’arrivée à Alger du gaulliste Jacques Soustelle, nouveau gouverneur général qu’il avait désigné pour succéder à Roger Léonard et accélérer la réalisation du plan de réformes de 1944 visant à intégrer l’Algérie et ses habitants à la plus grande France. La redingote et le chapeau haut de forme portés par le nouveau gouverneur semblaient un symbole de continuité. Et pourtant, un an après le 1er novembre 1954 l’expression « guerre d’Algérie » commençait à se répandre, et moins d’un an après sa nomination, le 4 février 1956 le dernier gouverneur général quitta Alger en pleine incertitude sur l’avenir du pays. La guerre d’Algérie allait rester le premier problème des Français jusqu’en 1962.
Guy Pervillé, historien, professeur émérite à l’Université Toulouse-II Jean Jaurès
[1] Deux collèges électoraux coexistaient pour élire chacun le même nombre d’élus. Le premier réunissait les électeurs musulmans, le second les électeurs européens. Or les électeurs musulmans étaient dix fois plus nombreux, ce qui signifiait que la voix d’un électeur européen pesait autant que la voix de dix électeurs musulmans. PS : La réalité était plus complexe. En fait les élites musulmanes définies par des diplômes ou des fonctions pouvaient voter dans le premier collège depuis l’ordonnance du 7 mars 1944, mais la plupart s’abstenaient de s’y inscrire.
[2] La Porte appelée souvent "Sublime Porte" est le nom d’honneur monumental du grand vizir à Constantinople. On emploie aussi cette expression pour désigner l’empire ottoman.
[3] Titre porté par le chef de la Régence d’Alger entre 1671 et 1830.
[4] Charles-André Julien, Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 1, conquête et colonisation, Pa ris, PUF, 1964, pp. 1-2.
[5] Si Hamdan Khodja, Le miroir, aperçu historique de la Régence d’Alger, préface d’Abdelaziz Bouteflika, Alger, ANEP, 2005. Voir Charles-André Julien , op. cit., p. 74.
[6] 20.000 au MTLD (ou 30.000 avec les militants de France), 6 à 7.000 sur les 12.000 membres du PCA, 37.000 musulmans sur les 60.000 de la C GT, 3.000 à l’UDMA.