Qu’est-ce que la décolonisation ? Pour une réhabilitation des facteurs démographiques (1993)

dimanche 28 janvier 2007.
 
Cet article a été commandé par la Maghreb Review pour un colloque ayant eu lieu à Londres les 5 et 6 juillet 1993, puis publié dans cette revue , vol. 19, 1994, n° 1-2, pp. 84-94.

Le mot « décolonisation » signifie littéralement la fin de la colonisation, ou de l’état de colonie. C’est-à-dire que la notion de décolonisation dépend étroitement de celles de « colonie » et de « colonisation ». On emploie généralement ces mots sans prendre la peine de les définir, comme si leur sens était en lui-même évident. Or c’est une illusion. Ces mots sont les produits d’une longue histoire, qui a entraîné l’accumulation de plusieurs sens successifs, dont le plus ancien est aujourd’hui presque oublié [1].

Le sens premier du mot colonie était démographique : l’émigration d’un groupe d’hommes qui s’établissait dans un autre pays pour le cultiver, l’habiter et le peupler définitivement. C’était le sens étymologique (dérivé des mots latins colere, colonus, colonia), le seul indiqué par les dictionnaires français et anglais des XVIIème et XVIIIème siècles. Il est aujourd’hui presque évacué de l’acception courante du mot colonie (à moins que l’on précise : colonie de peuplement).

Mais deux autres notions accompagnaient implicitement la définition initiale. La domination militaire, politique et juridique de l’État d’origine des colons (ou métropole) sur le pays où ils s’établissaient. Et l’exploitation économique des ressources du pays colonisé au profit de la métropole, par l’intermédiaire des colons. Ces notions restées implicites dans les dictionnaires jusqu’au XVIIIème siècle, ont été explicitées quand la révolte victorieuse des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord contre leur métropole eut posé la question de savoir si une colonie pouvait devenir indépendante de celle-ci sans perdre le nom de colonie. Mais dès le 4 juillet 1776, les treize colonies révoltées avaient tranché la question en prenant le nom d’États-Unis d’Amérique, remplaçant celui de « colonies unies ».

Par la suite, les dictionnaires du XIXème siècle s’efforcèrent de combiner ces trois éléments dans une définition unique. Mais celle-ci était écartelée entre deux concepts contradictoires : la « vraie colonie » de peuplement, assez forte pour s’émanciper de la tutelle métropolitaine, et la « simple colonie », caractérisée par sa dépendance envers la métropole. En fin de compte, dans la première moitié du XXème siècle, l’accession à l’indépendance des principales colonies de peuplement européen régla le problème : elles cessèrent d’être considérées comme des colonies, et la notion de colonie s’identifia entièrement à un statut de dépendance politique ainsi qu’économique (également appelé colonialisme).

Les idées généralement admises sur la décolonisation sont fondées sur les notions courantes de colonie et de colonisation. On admet généralement que la colonisation par des États européens de territoires situés sur d’autres continents a été une phase transitoire, une « parenthèse », dans l’histoire du monde, et que celle-ci conduisait nécessairement à sa fin, la décolonisation.

Cette opinion est justifiée si l’on appelle colonisation la domination politique exercée par plusieurs États d’Europe occidentale sur des territoires lointains entre le XVème et le XXème siècle. En ce sens, il est vrai que presque toutes les dépendances extérieures acquises par ces États ont fini par échapper à leur souveraineté en devenant des États indépendants en droit. L’indépendance des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord, reconnue par le traité de Versailles en 1783, fut donc le premier exemple de décolonisation, que suivirent au XIXème siècle presque toutes les autres colonies européennes du Nouveau Monde, et au XXème siècle les possessions situées en Asie, en Afrique et sur les océans.

Mais si l’on tient compte de la notion d’exploitation coloniale, il apparaît que les nouveaux États issus de la décolonisation ne sont pas tous également indépendants, car la fin de la domination politique n’implique pas nécessairement celle de la dépendance économique. La plupart des États d’Amérique latine émancipés au XIXème siècle, et d’Afrique au XXème siècle, ont conservé des liens de dépendance commerciale, financière, technologique, culturelle, voire militaire, envers leur ancienne métropole ou envers les grandes puissances industrielles.

Les notions de « néo-colonialisme », et d’impérialisme au sens marxiste-léniniste [2], prétendent rendre compte de ces situations. Elles affirment que la soi-disant décolonisation peut être un faux semblant, une émancipation formelle camouflant le maintien des anciens rapports de dépendance réelle, de façon à conserver les profits de l’exploitation tout en allégeant les frais de la domination. Au contraire, depuis 1956 en France les « cartiéristes » proclament que le développement des investissements publics outre-mer a inversé l’ancien « pacte colonial » en une exploitation de la métropole par ses colonies. A mi-chemin, le général de Gaulle déclarait en 1960 que « l’émancipation des peuples » était une nécessité inéluctable, conforme aux principes et aux intérêts de la France, mais qu’elle ne devait pas nécessairement détruire l’œuvre positive de la colonisation, ni empêcher sa continuation par une coopération mutuellement profitable [3]. Trente ans plus tard, de nombreux critiques reprochent à cette politique de coopération de coûter à la France beaucoup plus qu’elle ne lui rapporte, tout en enfermant l’Afrique dans une situation d’assistance et de dépendance sans issue [4]. Ainsi, la notion d’exploitation coloniale (dont Adam Smith avait remis en question la rentabilité dès 1776) est faussement simple.

Enfin, si l’on n’oublie pas la première définition de la colonisation comme peuplement, il n’est plus possible d’admettre que celle-ci aboutit nécessairement à la décolonisation. En effet, les colonies britanniques, espagnoles et portugaises qui accédèrent à l’indépendance entre 1776 et 1919 devinrent des États dirigés par et pour leurs colons. Leur émancipation fut le triomphe d’une colonisation suffisamment forte pour ne plus avoir besoin de la protection d’une métropole, et non pas l’échec ni la fin de la colonisation : il vaudrait mieux parler d’une « décolonialisation ». Les colons américains ne se révoltèrent pas contre la colonisation, qui était leur œuvre, mais contre le statut colonial par lequel la métropole prétendait subordonner leurs intérêts aux siens et les empêcher d’exploiter à leur guise toutes les ressources de leur nouveau pays. La lecture de la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776 ne laisse aucun doute à ce sujet [5]. II ne faut donc pas être dupe des plumes dont se coiffèrent les émeutiers américains de Boston pour jeter dans son port le thé de la Compagnie des Indes. Les véritables Peaux-Rouges ne s’y trompèrent pas : ils prirent tous le parti du roi d’Angleterre, qui avait voulu leur réserver les territoires situés à l’Ouest des Appalaches. La victoire des Insurgents ouvrit ces territoires à une colonisation sans entrave, qui balaya leurs premiers habitants. Il est d’autant plus surprenant que les Américains aient cru devoir sympathiser avec les mouvements anticolonialistes en lutte contre des États européens, « en tant qu’anciens colonisés ». Cette idée fausse est un mythe politique fondé sur un contresens historique [6].

De même au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’en Argentine et dans le sud tempéré du Brésil, les premiers colons renforcés par une forte immigration européenne submergèrent les populations indigènes. Dans le reste de l’Amérique espagnole et portugaise, les Américains originaires de la métropole n’étaient pas majoritaires par rapport aux autres catégories raciales (Amérindiens, Africains et métis) ; mais partout ils conservèrent la plus grande partie du pouvoir économique et politique dans les nouveaux États. Seuls restèrent sous la souveraineté d’une métropole européenne des territoires exigus dont la population était composée en grande majorité d’anciens esclaves africains. Dans l’île de Saint-Domingue, l’ordre colonial fut renversé par la révolte servile de 1791, qui aboutit à l’indépendance de la République d’Haïti en 1804. Mais il ne s’agit pas d’une décolonisation à proprement parler, puisque les premiers habitants avaient été remplacés par les esclaves déportés d’Afrique. La fondation de l’État du Libéria par les Noirs américains en 1823 relève plus de la colonisation que de la décolonisation. En somme, la décolonisation était un fait sans précédent jusqu’au début du XXème siècle.

Au contraire, à la suite de la première et surtout de la Deuxième guerre mondiale, on vit accéder à l’indépendance des territoires qui avaient été soumis à un statut de « colonie », de protectorat ou de « semi-colonie » par des États européens. Désormais, les nouveaux États furent constitués et gouvernés par des représentants des populations autochtones. On pourrait y voir une décolonisation si ces territoires avaient fait l’objet d’une tentative de peuplement. Mais le plus souvent, aucun peuplement notable n’avait suivi la conquête.

En Asie méridionale et orientale, la présence européenne remontait au début du XVIème siècle, mais l’éloignement de l’Europe, le nombre et la densité des populations locales avaient empêché un véritable peuplement européen. Celui-ci fut limité à un encadrement particulièrement léger : militaires, administrateurs, missionnaires, et quelques propriétaires et employés d’entreprises commerciales, agricoles ou minières. Ces « coloniaux » venus pour faire fortune ou carrière avant de rentrer dans leur pays ne s’enracinaient pas définitivement, même si certains cohabitaient avec des femmes indigènes. Dans ces conditions, la population européenne était partout inférieure à 1 % de la population totale à la veille de la Deuxième guerre mondiale : 32 000 personnes sur 23 millions d’habitants, soit 0,15 % en Indochine française (y compris les Français originaires des comptoirs de l’Inde), 250 000 personnes dont les 4/5 de métis eurasiens sur plus de 50 millions d’habitants aux Indes néerlandaises ; moins encore dans l’Empire des Indes britannique, dont l’armée et l’administration se recrutaient presque entièrement dans les populations locales. Cet encadrement infime fut aisément balayé par l’invasion japonaise, en Chine et en Asie du Sud-Est, et profondément ébranlé par ses contrecoups dans l’Empire des Indes. Il ne put être rétabli après la guerre.

Il en était de même dans presque toute l’Afrique intertropicale. En 1938, la population européenne représentait 0,17 % de la population totale de l’Afrique occidentale française ; 0,15 % en Afrique équatoriale française, 0,08 % au Togo, 0,12 % au Cameroun ; 0,6 % à Djibouti ; 0,5 % à Madagascar. Mais, partie d’effectifs très bas, elle continua de s’accroître jusqu’aux indépendances, voire au-delà dans certains cas, sans que sa proportion dans la population totale augmentât sensiblement. De même, le nombre et le pourcentage des Européens étaient particulièrement faibles en Afrique occidentale britannique et au Soudan anglo-égyptien.

Pourtant, à l’Est et au Sud, quelques régions favorisées par leur climat tempéré d’altitude ou par leurs ressources minières avaient fixé des concentrations relativement moins faibles de population européenne. II y avait en 1940 72.500 Italiens installés en Érythrée, et 93.500 en Éthiopie récemment conquise [7]. Au Kenya, 60.000 Européens en 1962 (moins de 1 %) dont un grand nombre de colons établi dans les « White Highlands ». Le Congo Belge comptait 113.000 Blancs en 1960 (moins de 1 %), mais plus du tiers d’entre eux dans la riche province du Katanga où ils représentaient 2 % de la population (et davantage dans la région minière du Haut Katanga). La Rhodésie du Nord en comptait 75.000 en 1962 (2,9 %), fixés en majorité dans le « Copper Belt » limitrophe du Katanga. Les colonies portugaises furent l’objet d’une colonisation de peuplement systématique jusqu’en 1974 : le pourcentage des Portugais blancs s’éleva entre 1950 et 1970 de 1,8 % à plus de 5 % en Angola, de 1,5 % à près de 2,5 % au Mozambique.

Cependant, les principaux peuplements européens s’installèrent dans les deux zones tempérées du continent, Afrique du Nord et Afrique du Sud. En Afrique du Nord, malgré l’ancienneté des premiers établissements portugais et espagnols (Ceuta 1415, Melilla 1496... ) le véritable peuplement ne commença qu’après la prise d’Alger par les Français en 1830. La population française d’Algérie, renforcée par l’assimilation d’immigrants étrangers (Espagnols, Italiens, Maltais...) un peu plus nombreux et par celle des Juifs algériens (naturalisés en bloc par le décret Crémieux du 24 octobre 1870) ne fut majoritaire que dans les grandes villes côtières (particulièrement dans la moitié occidentale du pays) ; son pourcentage dans la population totale culmina à 14 % entre 1926 et 1931, puis déclina de plus en plus rapidement, jusqu’à 10 % en 1954. En Tunisie, la population européenne (comprenant les Français et les Italiens, mais pas les juifs tunisiens non naturalisés) dépassa les 8 % avant la Deuxième guerre mondiale. Au Maroc, elle continua de progresser jusqu’à 4 % vers 1950 en zone française, et atteignit des proportions supérieures dans la zone espagnole (6,4 % dès 1931) et dans la zone internationale de Tanger (14,8 % en 1931). La colonisation italienne en Libye (conquise entre 1922 et 1932) fut la plus tardive et la moins durable, mais les Italiens (120.000) y représentaient, en 1938, plus de 9 % de la population totale. Dans tous ces pays, le peuplement européen resta principalement urbain, en dépit des tentatives de peuplement paysan particulièrement poussées en Algérie. L’Égypte ne fut pas l’objet d’une colonisation de peuplement ; cependant Alexandrie et les villes du canal de Suez accueillirent une population très cosmopolite, provenant des minorités chrétiennes et juives d’Égypte et de l’Empire ottoman, mais aussi de Grèce, d’Italie et des principales puissances européennes.

En Afrique du Sud, en dépit de l’éloignement, le peuplement européen était beaucoup plus ancien (1652), mais il n’avait pas trouvé un pays vide. Dès ses premières années, la colonie du Cap juxtaposa les colons hollandais ou huguenots français, leurs esclaves malais, les indigènes Khoi Khoi, et les métis nés de leur cohabitation avec les maîtres blancs. Après l’annexion de la colonie à l’Empire britannique, le « Grand Trek » des années 1835 à 1838 installa les « Boers » au milieu des noirs Bantous. En conséquence, dans l’Union sud-africaine constituée après le rattachement forcé des républiques boers aux colonies britanniques, les deux populations européennes réunies (60 % d’Afrikaners d’origine hollandaise ou française, et 40 % d’anglophones) n’étaient qu’une minorité, dont le pourcentage dans la population totale ne fit que décliner : 21,6 % en 1904 ; 20,9 % en 1951 ; 17,5 % en 1970, 16 % en 1979 ; 15,4 % en 1982.

L’ancien Sud-Ouest africain allemand, conquis par l’Union sud-africaine en 1914 et confié à sa tutelle par la SDN en 1920, fut dès lors administré comme une partie de son territoire, malgré les décisions de l’ONU (qui abolit officiellement le mandat en 1966). La population européenne, composée d’anglophones, d’Afrikaners et d’Allemands, représentait 14 % de la population totale en 1970.

En Rhodésie du Sud, colonie fondée en 1890 par le politicien et homme d’affaires du Cap Cécil Rhodes, la population blanche dépassa les 4,5 % de la population totale entre 1950 et 1965.

Dans toutes ces « colonies mixtes », l’échec relatif du peuplement européen contrastait avec le succès de la mainmise sur la propriété et sur les ressources du sol et du sous-sol. La part des terres cultivées appropriées par les colons européens dépassait largement leur proportion dans la population totale, et plus encore leur proportion dans la population active agricole. En Algérie, en 1954, les Européens représentaient 10 % de la population totale et 2 % de la population active agricole, mais ils possédaient 25 % des terres cultivées en moyenne (et plus de 50 % dans certaines régions) ainsi que la majeure partie des produits agricoles commercialisés. Moins forte en Tunisie et au Maroc, l’inégalité dans le partage était encore plus flagrante en Afrique australe. Au Sud-Ouest africain, les Blancs possédaient 58 % des terres cultivées en 1970. En Rhodésie, une loi de 1969 leur en attribua la moitié. En Afrique du Sud, les lois foncières votées depuis 1913 avaient réservé à la minorité blanche la propriété de 87 % de la surface totale du pays, et cantonné la majorité noire sur 13 % de celle-ci. La politique de l’apartheid (développement séparé) prétendait faire de ces réserves tribales manifestement insuffisantes les « patries » des nations bantoues, de façon à pouvoir traiter leurs ressortissants expatriés vers les territoires blancs comme des travailleurs étrangers [8].

Cette double inégalité dans la répartition des populations et des ressources, en attribuant à la minorité numérique la grande majorité du pouvoir économique (et politique), créait des sociétés structurellement instables. Elles n’auraient pu se stabiliser que si une forte natalité et une forte immigration avaient renforcé les populations européennes, et si les populations indigènes avaient stagné ou diminué, comme en Amérique du Nord et en Australie au XIXème siècle. Mais il n’en fut rien, tout au contraire. Les privilèges des Européens étaient d’autant moins acceptables que ceux-ci devenaient de plus en plus minoritaires. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient été contestés et combattus par les élites et les masses des populations autochtones. Le bouleversement général des rapports de forces causé par la Deuxième guerre mondiale précipita leur fin.

L’Afrique du Nord fut la première à connaître une véritable décolonisation, c’est-à-dire le reflux d’un peuplement enraciné [9]. En Libye, la Deuxième guerre mondiale balaya les Italiens de Cyrénaïque (comme ceux d’Éthiopie et d’Érythrée), mais 40.000 Italiens (sur 80.000 établis en Libye en 1938) restèrent en Tripolitaine, et leur nombre diminua peu à peu. En Tunisie et surtout au Maroc, la population européenne s’accrut jusqu’au début de l’épreuve de force contre les partis nationalistes en 1952. Après l’indépendance, elle diminua rapidement entre 1956 et 1961, de 180.000 à 65.000 en Tunisie et de 350.000 à 160.000 au Maroc, puis elle continua de régresser. Mais c’est en Algérie que la décolonisation fut la plus brutale. Après sept ans d’une guerre meurtrière [10], durant laquelle les Européens furent visés par un terrorisme aveugle, le cessez-le-feu et les garanties proclamées par les accords d’Évian furent mal respectés. Le terrorisme de l’OAS et les représailles du FLN, puis l’anarchie qui suivit la proclamation de l’indépendance, déclenchèrent un exode massif : 800.000 Français d’Algérie sur 1.000.000 quittèrent définitivement le pays en 1962, et presque tous les autres dans les trois années suivantes. Ce fut l’échec flagrant d’un peuplement enraciné depuis plusieurs générations, et qui croyait l’être pour toujours.

En Afrique noire, les indépendances n’entraînèrent pas de si grands reflux. Les populations européennes continuèrent même de s’accroître dans certains États issus de l’Empire français, tels que la Côte d’Ivoire. Cependant, l’anarchie déclenchée par l’indépendance du Congo belge en 1960 précipita le départ de la plupart des 110.000 Belges présents dans ce pays. Au Kenya, après l’écrasement de la révolte des Mau Mau contre les colons blancs, l’indépendance proclamée en 1963 provoqua une rapide régression de leur nombre. En Rhodésie du Nord, les besoins de l’industrie minière freinèrent la décroissance de la population européenne (de 75.000 en 1964 à 40.000 en 1970). Dans les colonies portugaises, la révolution militaire d’avril 1974 interrompit brusquement la politique de colonisation stratégique : les négociations en vue de l’indépendance, avec les partis nationalistes, et la guerre civile qui les opposa en Angola, provoquèrent un brusque reflux vers la métropole. En Angola, 300.000 Portugais quittèrent le pays en 1974 et 1975. Au Mozambique, leur nombre s’effondra en quelques mois, de 180.000 personnes à 20.000.

En Afrique australe, s’il fallait croire l’acception courante du mot « décolonisation », cette dernière serait un fait accompli depuis 1961 en Afrique du Sud (proclamation de la République sud-africaine et retrait du Commonwealth britannique), et depuis 1965 en Rhodésie du Sud (déclaration unilatérale d’indépendance).

Mais le gouvernement nationaliste sud-africain, et le gouvernement du « Front rhodésien » représentant la majorité de la population blanche, avaient rompu leurs derniers liens avec la Grande-Bretagne pour manifester leur volonté de rejeter toutes les suggestions et les pressions en faveur d’une évolution vers la loi de la majorité. Ces deux exemples suffisent à prouver que l’indépendance des colons n’est pas celle des indigènes.

En Rhodésie du Sud, les sanctions internationales et la lutte armée des partis nationalistes ZANU et ZAPU furent peu efficaces jusqu’à la révolution portugaise de 1974. La colonie blanche continua de croître jusqu’à 277.000 personnes en 1975 (4,39 % de la population totale). Mais ensuite, l’aggravation de la situation provoqua 50.000 départs entre 1975 et 1979, et obligea le gouvernement de Ian Smith à accepter la médiation du Commonwealth et la négociation avec les partis nationalistes africains. La Rhodésie devint la République du Zimbabwe le 18 avril 1980, avec des garanties pour la représentation politique et les intérêts des 215.000 blancs qui restaient [11].

Malgré une nouvelle vague de départs (60.000 de 1980 à 1982), il restait en 1990 près de 100.000 Européens (1 % de la population), parmi lesquels 4.500 propriétaires de « fermes commerciales » qui produisaient sur moins du tiers des surfaces cultivées plus de 80 % des produits agricoles commercialisés. L’intérêt de la production et le respect des accords de Lancaster House avaient freiné la redistribution des terres par voie de rachat, mais en mars 1992, le Parlement du Zimbabwe a voté une loi autorisant le gouvernement à exproprier les grands propriétaires moyennant une « compensation équitable » pour installer des fermiers noirs.

Au Sud-Ouest africain, les autorités sud-africaines avaient longtemps ignoré les résolutions de l’ONU qui avaient officiellement mis fin au mandat en 1966, proclamé l’indépendance du territoire sous le nom de Namibie en 1968, et reconnu comme seul représentant légitime de son peuple la SWAPO (parti fondé par des membres de l’ethnie majoritaire, les Ovambos). Mais en 1975, quand l’indépendance de l’Afrique portugaise devint certaine, le gouvernement sud-africain infléchit sa politique. Tout en intervenant militairement en Angola contre le MPLA marxiste et ses alliés cubains (favorables à la SWAPO), il reconnut le droit à l’indépendance des douze ethnies de la Namibie, et convoqua une conférence constitutionnelle, puis fit élire une Assemblée nationale en décembre 1978. La querelle de légitimité entre la SWAPO soutenue par l’ONU et l’Assemblée nationale de Windhoek, ainsi que la guerre civile et la présence cubaine en Angola, prolongèrent le conflit. Après dix ans de tentatives de négociation entrecoupées d’actions armées, les accords signés à New-York en décembre 1988 entre l’Angola, Cuba et l’Afrique du Sud, posèrent les bases du règlement simultané des conflits angolais et namibien. En novembre 1988, après un cessez-le-feu contrôlé par l’ONU et le retrait de presque toutes les troupes sud-africaines, une Assemblée nationale constituante fut librement élue. La SWAPO obtint la majorité absolue des voix et des sièges, la présidence de la République et celle du gouvernement, mais la constitution garantit les droits de l’homme, y compris le droit de propriété (sauf expropriation contre une juste compensation), et les deux portefeuilles clés des finances et de l’agriculture furent confiés à des Blancs. L’indépendance de la Namibie, proclamée le 21 mars 1990, ne mit pas fin à la mainmise de 6 % de la population sur 65 % des terres cultivées, ni à l’union monétaire et douanière avec l’Afrique du Sud.

En Afrique du Sud, les gouvernements du parti nationaliste afrikaner s’efforcèrent longtemps de renforcer l’apartheid, sous la direction de Daniel Malan (1948-1958), Hendrik Verwoerd (1958-1966) et Balthazar Forster (1966-1978). Puis les gouvernements plus éclairés de Pieter Botha (1978-1989) et de Frederik de Klerk (1989-1994), constatant l’impossibilité de le perpétuer, reconnurent la nécessité de le dépasser et de rechercher un compromis pour le partage du pouvoir, d’abord avec les minorités métisse et indienne (constitution de 1983), puis avec la majorité noire après la libération du leader emprisonné de l’ANC Nelson Mandela (février 1990). Il est encore trop tôt pour dire si le processus engagé aboutira à un véritable État multiracial, à un partage du pays en proportion du rapport numérique entre les différentes populations, ou à l’exil des blancs d’Afrique du Sud, dont les plus anciennement enracinés se sont attribués le nom d’Afrikaners.

En même temps que les territoires d’Afrique, la plupart des îles et archipels de la mer des Caraïbes, de l’océan Indien et de l’océan Pacifique ont accédé à l’indépendance. II s’agit dans les deux premiers cas de « vieilles colonies » de plantations fondées sur l’esclavage, qui a réduit les colons blancs à une minorité décroissante face à une majorité noire ou métisse, et dans le dernier cas de terres longtemps inconnues et négligées par les Européens. Seuls les départements et certains territoires d’outre-mer français n’ont pas suivi ce mouvement. Le maintien de leurs liens politiques avec la France s’explique moins par l’importance de leur peuplement colonial que par une politique de transfert de revenus métropolitains qui a permis à leurs habitants de vivre au-dessus de leurs moyens, et qui rend l’indépendance peu enviable. Néanmoins, deux cas se distinguent par l’hétérogénéité de leur peuplement. La Polynésie française compte une minorité européenne non négligeable (12 %) qui s’est alliée aux grandes familles autochtones pour former une classe de métis (ou « Demis ») très influents (15 %) ;la masse de la population polynésienne (68 %) étant elle-même plus ou moins métissée. Seule la Nouvelle-Calédonie connaît un grave problème de cohabitation ou de décolonisation. Les indigènes Canaques sont devenus minoritaires (42,6 % de la population), face à une autre minorité européenne (37,1 %) qui possède la majorité des ressources agricoles et minières, et à des groupes allogènes (12,2 % de Polynésiens et 8,1 % d’Asiatiques) attirés par l’essor économique. L’indépendantisme du FLNKS est majoritaire dans les tribus canaques, mais minoritaire dans l’agglomération de Nouméa (où se concentrent les autres groupes ethniques) et dans l’ensemble de l’archipel. Après quatre ans de vains affrontements (1984-1988), les accords de Matignon ont ajourné jusqu’en 1998 l’autodétermination des Calédoniens. S’ils n’arrivent pas à s’entendre sur une formule d’association équitable, le partage s’imposera peut-être comme la moins mauvaise solution.

En tout cas, il ne saurait être question d’indépendance pour les aborigènes ou indigènes des plus grandes îles submergées depuis le XIXème siècle par le peuplement blanc : l’Australie et la Nouvelle-Zélande restent des dominions britanniques indépendants, et les îles Hawaï le cinquantième État des États-Unis.

Les histoires de la colonisation se limitent généralement à celle des États d’Europe occidentale. Cette limitation implicite ne va pas de soi. Elle exclut sans raison valable la poursuite du peuplement par des colonies indépendantes, telles que les États-Unis d’Amérique.

Elle exclut également le cas très particulier de la colonisation sioniste en Palestine, entreprise par des Juifs d’Europe orientale et centrale. Son interprétation comme un fait colonial, affirmée par les Arabes, a été âprement contestée par ceux qui préfèrent y voir un fait national, comme si les deux termes étaient incompatibles [12]. Pourtant, le fait que le sionisme visait à ramener le peuple juif dans la terre de ses ancêtres pour lui redonner un État, et non à conquérir une terre étrangère, ne diminue guère la validité du mot colonisation, employé même par des auteurs sionistes. Car ce but exigeait l’immigration d’une population juive et son installation sur un territoire sous la protection d’une autorité étrangère faisant fonction de métropole politique (celle du mandat britannique), en attendant qu’elle fût assez nombreuse pour revendiquer son indépendance [13]. Le mouvement sioniste se retourna contre le mandat britannique à partir de 1939, quand celui-ci voulut limiter l’immigration juive pour satisfaire les Arabes : ce ne fut donc pas une révolte anticoloniale.

Après la fin du mandat, la guerre israélo-arabe de 1947-1949 fit passer la population juive d’une minorité de 30 % avant le partage de la Palestine à une majorité absolue (70 %, puis 86 % après quelques mois d’une immigration intense venue d’Europe et des pays arabes). Mais la guerre de juin 1967, en réunifiant la Palestine sous l’autorité israélienne, a réduit cette majorité à 64 %. Depuis lors, une immigration juive irrégulière et aléatoire ne peut que retarder la date où la fécondité supérieure des Palestiniens de l’intérieur leur rendra la majorité numérique. La mainmise sur la terre, poursuivie depuis 1967 au nom d’impératifs stratégiques ou idéologiques, ne peut rien contre les réalités démographiques [14]. S’il ne veut pas devenir une nouvelle Afrique du Sud, Israël ne peut rester un État démocratique à majorité juive qu’en échangeant les territoires occupés depuis 1967 contre la paix, ou en prenant le risque considérable d’expulser les Palestiniens restés à l’intérieur au-delà du Jourdain.

La plus importante colonisation européenne en Asie est la colonisation russe, prolongée par la colonisation soviétique. Celle-ci a été longtemps exclue du champ de la colonisation et de la décolonisation, parce qu’elle s’était faite par contiguïté territoriale (ce qui n’est pas une raison suffisante), et parce que la doctrine marxiste-léniniste prétendait avoir trouvé la juste solution du problème des nationalités. L’échec de la perestroïka gorbatchevienne et la décomposition de l’Union soviétique ont prouvé qu’il n’en était rien, à l’étonnement général. Pourtant, les statistiques démographiques montraient de 1959 à 1989 une baisse constante du pourcentage de la population russe dans les républiques d’Asie centrale (Kazakhstan compris) et du Caucase, alors que leur proportion augmentait dans les autres républiques européennes (Estonie, Lettonie, Lituanie, Biélorussie, Ukraine et Moldavie) ; et de 1979 à 1989, une diminution absolue du nombre des Russes au Caucase et en Asie centrale (à l’exception du Kazakhstan) [15]. Ce reflux du peuplement russe dans ces régions devant des populations beaucoup plus fécondes était donc un processus entamé bien avant l’éclatement de l’URSS. Peut-être est-ce pour cette raison que les principaux affrontements opposèrent des populations autochtones entre elles plutôt qu’aux Russes (sauf à Alma Ata en décembre 1986), et que le pouvoir central réagit peu violemment (sauf à Tbilissi en avril 1989, et à Bakou en janvier 1990). Au contraire, le choix fait par la Russie de renoncer à toute autorité sur ses voisins occidentaux inverse la politique d’intégration poursuivie par tous les régimes depuis Pierre Le Grand, et remet en question l’avenir de fortes minorités russes. L’unité de la République fédérale de Russie peut elle-même être menacée par les aspirations indépendantistes de républiques autonomes comme la Tatarie. Mais le caractère russe de la population sibérienne est irréversible depuis la grande immigration organisée par les tsars à la fin du XIXème siècle, et relancée par Staline.

Qui dit « colonisation » sous-entend généralement « européenne », comme s’il ne pouvait en exister d’autres. On sait pourtant que des millions d’Africains ont participé contre leur gré au peuplement du Nouveau monde, et que plusieurs peuples d’Asie ont essaimé au XIXème siècle des « colonies sans drapeau » vers des pays contrôlés par des États européens (Japonais et Chinois vers les îles et les côtes du Pacifique, Indiens vers les colonies de plantations après l’abolition de l’esclavage, commerçants syro-libanais en Afrique occidentale).

Pourtant il y eut aussi, et il existe encore, des colonisations non-européennes, accompagnées de souveraineté politique. La plus connue est celle du Japon, qui imita les pratiques coloniales européennes en annexant la Corée, Formose, et en occupant la Mandchourie, puis une partie de la Chine. Sa défaite de 1945 l’obligea à rapatrier 2.600.000 de ses ressortissants.

Mais ce cas unique de décolonisation asiatique ne doit pas faire oublier le succès irrévocable de la colonisation de peuplement chinoise, qui a successivement submergé les « provinces extérieures » de l’ancien empire mandchou : la Mandchourie depuis le XIXème siècle, puis la Mongolie extérieure et le Sin-Kiang, enfin le Tibet occupé en 1950, où les Tibétains autochtones seraient aujourd’hui minoritaires [16].

Le Vietnam a lui aussi poursuivi une colonisation paysanne qui a, en plusieurs siècles, absorbé son voisin le Champa, puis une partie du Cambodge (qui fut sauvé par le protectorat français). Enfin l’Indonésie, libérée de la colonisation hollandaise en 1949, a revendiqué et fini par obtenir en 1963 la Nouvelle-Guinée occidentale, dont la population mélanésienne lui était aussi étrangère qu’aux Pays-Bas. Il est paradoxal que la conférence afro-asiatique de Bandoung, qui a condamné en avril 1955 tous les colonialismes où qu’ils se trouvent, ait soutenu en même temps cette revendication coloniale de l’Indonésie [17].

Ainsi, les notions courantes de colonisation et de décolonisation ne sont valables que dans une perspective étroitement européo-centriste. Si l’on veut vraiment « décoloniser l’histoire », il faut prendre en compte les facteurs démographiques, et ne pas confondre l’indépendance des colons et celle des « indigènes ». II est donc faux que la colonisation aboutisse toujours à une décolonisation. La colonisation peut produire un agrandissement du territoire national (surtout dans le cas d’une expansion par contiguïté), comme elle peut enraciner des sociétés nouvelles capables de se passer de leur métropole et de former des États indépendants. Elle peut également n’être qu’une tutelle provisoire sans modification notable du peuplement antérieur, ou bien échouer dans une tentative d’enraciner un peuplement nouveau. La décolonisation ainsi comprise n’est pas un phénomène universel et nécessaire, mais un fait particulier et accidentel. Elle ne doit pas cacher que dans la plupart des cas la colonisation a produit des résultats irréversibles.

Guy Pervillé

[1] Qu’on me permette de renvoyer au premier chapitre de mon manuel ; De l’Empire français à la décolonisation, Paris, Hachette Supérieur (collection Carré-Histoire), 1991.

[2] Cf. Richard Koebner et Helmut Dan Schmidt, Imperialism, the story and significance of a political word, Cambridge University Press, 1964, et en français mon article ; « L’impérialisme, le mot et le concept », dans Enjeux et puissances, Pour une histoire des relations internationales au XXème siècle, mélanges en l’honneur de Jean-Baptiste Duroselle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986, pp. 41-56.

[3] Conférences de presse du 5 septembre 1960 et du 11 avril 1961, Charles de Gaulle, Discours et messages, Paris, Plon, 1970, t. 3, pp. 236-239, et pp. 288-292.

[4] Sur le cartiérisme et la politique française de coopération, voir notamment Raoul Girardet, L’idée coloniale en France, Paris, 1972, pp. 228-233 ; Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, histoire d’un divorce, Paris, Albin Michel, 1984, pp. 357-361 ; et les mises au point de Charles-Robert Ageron, dans Histoire de la France coloniale, Paris, Armand Colin, 1990, tome 2, 1914-1990, pp. 475-484 ; et La décolonisation française, Armand Colin 1991, pp. 115-124.

[5] En français, reproduite par Claude Julien, Le rêve et l’histoire. Deux siècles d’Amérique, Paris, Grasset, 1976, pp. 8-11.

[6] « En 1961, j’avais coutume de dire aux États-Unis qu’on se trompait de comparaison historique : George Washington ne devait pas être comparé à Ben Bella, mais au général Salan, les Arabes du XVIIIème siècle étant les Indiens », rappelle assez justement Alfred Grosser dans sa communication : « La France en Occident et en Algérie », dans La guerre d’Algérie et les Français, colloque de l’Institut d’Histoire du Temps présent, sous la direction de Jean-Pierre Rioux, Paris, Fayard, 1990, p. 383.

[7] Cf. Jean-Louis Miège, L’impérialisme colonial italien de 1870 à nos jours, Paris, SEDES-CDV 1968, p. 251.

[8] Cf. Marianne Cornevin, L’apartheid : pouvoir et falsification historique, Paris, Éditions de l’UNESCO, 1979.

[9] Pourtant les Pays-Bas avaient accueilli après l’indépendance de l’Indonésie environ 200.000 réfugiés, en majorité eurasiens ou indigènes christianisés.

[10] Mais moins meurtrière que le prétendent les autorités algériennes. Le ministère algérien des Anciens Moudjahidines a recensé en 1974 un peu plus de 152.000 militants et combattants du FLN-ALN tués.

[11] Cf. Daniel Jouanneau, Le Zimbabwe, Paris, PUF, 1983.

[12] Cf. Maxime Rodinson : « Israël, fait colonial ? » dans Les Temps modernes, n° 253 bis, dossier sur le conflit israélo-arabe, Paris, 1967.

[13] Voir les déclarations de Haïm Weizmann devant la conférence de Paris le 27 février 1919, citées par Henry Laurens, Le grand jeu. Orient arabe et rivalités internationales, Paris, Armand Colin, 1991, p. 62.

[14] Cf. Rafic Boustani et Philippe Fargues, Atlas du monde arabe, Paris, Bordas, 1990, pp. 22-23 et 120.

[15] Voir les tableaux reproduits par Hélène Carrère d’Encausse, L’empire éclaté, Paris, Flammarion 1978, pp. 75-76, et La gloire des nations, Paris, Fayard, 1990, pp. 183 et 376.

[16] Cf. René Cagnat et Michel Jan, Le milieu des empires, Paris, Robert Laffont, 1981, pp. 211 et 285.

[17] Extraits du communiqué final, reproduits par Henri Grimal, La décolonisation, 1919-1963, Paris, Armand Colin 1967, pp. 378-379, et par Jacques Dalloz, Textes sur la décolonisation, Paris, PUF 1989, (Que sais-je ? - n° 2491), pp. 67-68.



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