La génération de la Résistance face à la guerre d’Algérie (1995)

dimanche 10 septembre 2006.
 
Cette communication a été présentée au colloque La Résistance et les Français, Lutte armée et maquis, organisé à Besançon du 15 au 17 juin 1995 par François Marcot, et publié sous sa direction dans les Annales de l’Université de Franche-Comté, diffusion Les Belles Lettres, 75006 Paris, en décembre 1996.

« Le mélange de sentiments nationalistes et de souffle révolutionnaire, dont la Résistance s’inspirait, se révélera vite comme le plus puissant détonant de l’Histoire ; [...] les peuples colonisés, de façon plus générale les peuples sous-développés apprendront à le connaître et à s’en servir. On comprend mieux alors que [...], le jour même de la fin de la guerre en Europe, la révolte ait éclaté à Sétif. » [1]

Ainsi l’historien Henri Michel exprimait-il en 1970, avec nuance, l’idée d’une analogie ou d’une filiation entre les mouvements de résistance à l’occupation allemande et de révolte anticoloniale, notamment le nationalisme algérien. Cette idée, répandue pendant la guerre d’Algérie dans les milieux de l’extrême-gauche et de la nouvelle gauche, s’est largement diffusée depuis 1962 parmi les intellectuels français, et s’est accréditée auprès des jeunes générations qui, n’ayant aucun souvenir de « l’Algérie française », ont du mal à comprendre que ce pays ait pu être perçu autrement que comme étranger. Cette idée reçue prend le plus souvent la forme trop simple d’une identification entre la situation de la France occupée par les Allemands et celle de l’Algérie colonisée par les Français : si le mouvement national algérien (représenté par le FLN-ALN de 1954 à 1962) s’identifie à la Résistance, le rôle de l’occupant nazi revient à la France et à son armée, et celui des collaborateurs à ses partisans algériens appelés « harkis ». Dès lors, l’exaltation de la Résistance, la condamnation du nazisme et du régime de Vichy suscitent des interpellations contre l’amnistie et l’amnésie des crimes commis au nom de la France en Algérie :

« Klaus Barbie en France ! A quand Massu à Alger ? » [2]

Mais cette vision naïve ignore que toutes les tendances qui se sont affrontées pendant la guerre d’Algérie ont utilisé le même procédé pour se justifier et pour discréditer leurs adversaires : non seulement les partisans de l’indépendance de l’Algérie, mais aussi ceux de l’Algérie française, y compris les jusqu’au-boutistes de l’OAS, dont le dernier avatar prit le nom symbolique de CNR. Il est inutile d’en reprendre la démonstration, que Sandrine Ségui a brillamment faite à Toulouse lors d’un précédent colloque [3]. Ajoutons seulement une exception apparente qui confirme la règle : l’identification du FLN à la Résistance française par les ennemis du « résistancialisme », anciens Vichystes [4] ou collaborationnistes victimes de l’épuration, qui utilisèrent la cause de l’Algérie française pour retourner l’accusation de trahison qui les avait disqualifiés contre la République, la gauche et de Gaulle.

Du point de vue de l’histoire, cette vision dominante a le tort d’empêcher de comprendre le fait que des responsables politiques, administratifs et militaires français, normalement issus de la Résistance, aient cru devoir combattre la révolte armée du nationalisme algérien sans avoir le sentiment de trahir leur engagement précédent. C’est pourquoi nous tenterons d’élucider les relations qui ont existé entre la mémoire de la Résistance et les diverses perceptions de la guerre d’Algérie, qui ont inspiré des choix divergents aux anciens résistants.

Avant tout, il faut définir ce que nous entendons par « génération de la Résistance ». Il paraît juste d’y inclure tous ceux qui ont participé à la Résistance française entre juin 1940 et août 1944, activement ou à la limite par sympathie. Mais ceux qui étaient trop jeunes pour pouvoir y participer et ceux qui sont nés après la Libération doivent en être exclus parce qu’ils ne la connaissent que par la mémoire de leurs parents ou de leurs aînés.

Résistance contre quel ennemi ? De multiples réponses peuvent se cumuler ou diverger : le « Boche » ennemi héréditaire, le nazisme anti-humaniste ou antichrétien, la dictature réactionnaire de Vichy, le capitalisme sous sa forme la plus brutale et oppressive. A partir de quand ? Les dates peuvent être significatives. Certains ont résisté dès l’été 1940, par patriotisme ou par républicanisme, d’autres ont attendu l’invasion de l’URSS en juin 1941 pour prendre parti dans la « guerre impérialiste », mais d’autres, favorables à la « Révolution nationale » de Vichy, ont attendu novembre 1942, voire plus tard encore...

Où ? La variable géographique est importante. Certains ont résisté dans la clandestinité à la présence effective de l’occupant, en zone occupée puis dans la zone dite libre, occupée à son tour le 11 novembre 1942. D’autres ont affronté l’ennemi dans les Forces Françaises Libres, sur tous les fronts de la guerre. Le cas des territoires d’Afrique restés dans l’obédience de Vichy jusqu’en novembre 1942, et tout particulièrement de l’Algérie, mérite une attention spéciale. Il s’y est trouvé des résistants à part entière, hostiles à Vichy autant qu’à l’Allemagne nazie (gaullistes, démocrates, Juifs, communistes), mais aussi des patriotes anti-Allemands favorables à la Révolution nationale et opposés à la collaboration (ou l’expliquant par un double jeu du maréchal Pétain).

Ces deux catégories ont coopéré dans la préparation et la réalisation du débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942. Elles se sont opposées quand le général Giraud, chef de la Résistance vichyste, s’est soumis à l’autorité de l’amiral Darlan (passé tardivement de la collaboration avec les Allemands à celle avec les Alliés), puis lui a succédé après l’assassinat de l’Amiral par un jeune patriote exalté le 24 décembre 1942. Sous la pression des opinions publiques anglaise et américaine, le « vichysme sous protectorat américain » [5] fut contraint de se démocratiser, et de négocier avec le général de Gaulle la formation d’un exécutif commun, le Comité français de libération nationale (CFLN). Grâce à l’appui de la Résistance intérieure, manifesté par le Conseil National de la Résistance et par l’Assemblée consultative provisoire, de Gaulle put prendre la direction effective du CFLN et faire d’Alger la capitale de la France Combattante. L’armée d’Afrique, composée en majorité de troupes indigènes, joua un rôle croissant dans les opérations alliées en Tunisie, en Corse, en Italie et dans le débarquement du 15 août 1944 en Provence. Mais le début de l’épuration, marqué par le procès et l’exécution de l’ancien ministre de Vichy Pierre Pucheu, raviva les tensions entre résistants « giraudistes » et « gaullistes ».

Cet épisode laissa vraisemblablement des souvenirs contrastés. De nombreux résistants de l’intérieur étaient venus à Alger pour participer à l’action du CFLN et de l’Assemblée consultative ou pour s’engager dans les FFL. Ils furent souvent déçus d’y trouver un foyer d’intrigues opposant les diverses tendances résistantes entre elles [6], et les anciens pétainistes mal épurés à la politique du CFLN [7]. À l’opposé, les résistants giraudistes eurent le sentiment que les sacrifices et la gloire de l’armée d’Afrique organisée par Weygand puis par Giraud avaient été exploités politiquement par de Gaulle et par les partis de gauche. Mais toutes les tendances de la Résistance avaient en commun l’idée que l’Algérie était un élément indispensable de la grandeur française.

Dix ans après la libération, la génération de la Résistance était, en principe, au pouvoir. Tout le haut personnel politique, administratif et militaire était censé être composé d’anciens résistants de l’une ou de l’autre sorte (même si les titres de résistance de tel ou tel [8] ont été remis en question). Mais elle n’y était pas tout entière, parce qu’elle avait été divisée par la guerre froide, qui avait exclu les communistes, et par le conflit opposant le RPF au régime des partis de la Quatrième République. Pourtant, depuis 1953 les parlementaires gaullistes avaient en partie renoncé à leur opposition systématique (comme Jacques Soustelle acceptant le Gouvernement général de l’Algérie en février 1955).

Depuis la fin de la guerre, la politique algérienne de la France avait été l’affaire des partis de gauche : d’abord les socialistes, au ministère de l’Intérieur de 1944 à 1950, et au Gouvernement général de 1944 à 1951 [9], puis des membres du parti radical ou du RGR jusqu’en 1955 [10] ; et de nouveau des socialistes de février 1956 à mai 1958 avec Robert Lacoste, ministre résidant en Algérie. La crise du 13 mai 1958, après l’intermède militaire du général Salan [11], rendit la responsabilité de l’Algérie au général de Gaulle et à son Premier ministre, le fidèle Michel Debré. Bien entendu, les anciens résistants n’étaient pas tous dans le haut personnel politique, administratif ou militaire : la plupart d’entre eux avaient repris leurs activités dans la société civile ; mais beaucoup n’avaient pas renoncé à exprimer leur opinion et à influencer l’opinion publique, en qualité de journalistes, d’intellectuels, de militants ou de citoyens.

Quand l’insurrection du FLN éclata le 1er novembre 1954, elle suscita une réprobation quasi-unanime de l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement français, à la seule exception du PCF [12]. Cette réaction, exprimée en des termes restés célèbres par le président du Conseil Pierre Mendès France et par son ministre de l’Intérieur François Mitterrand le 12 novembre 1954, résultait d’une foi dans le « dogme » de l’Algérie française profondément enracinée dans la culture politique républicaine depuis 1848, et renforcée par l’expérience toute récente de la Deuxième Guerre mondiale [13]. Elle s’expliquait aussi par une image négative du nationalisme algérien (ou tout au moins de sa tendance la plus radicale) identifiée aux ennemis de la France.

Dès 1933, selon les sources policières, L’Étoile nord-africaine, réorganisée par Messali Hadj sur une base islamo-nationaliste, avait prôné l’insoumission et même l’insurrection nationale en cas de nouvelle guerre européenne. En août 1939, son successeur, le Parti du Peuple Algérien, fut dissous par les autorités. Pourtant son chef Messali avait exclu du parti une fraction appelée « Comité d’action révolutionnaire nord-africain » (CARNA) qui avait demandé de l’argent et des armes aux Allemands et aux Italiens [14]. Le PPA clandestin persévéra dans sa propagande d’insoumission en 1939-1940 et de nouveau en 1942-1945, avec un succès croissant puisque lors de la deuxième mobilisation, les insoumis furent presque aussi nombreux que les mobilisés. En 1943, il réintégra l’ancien CARNA, qui avait persévéré dans son projet insurrectionnel malgré l’absence de promesses claires et d’aide effective des Allemands. Bien que les nationalistes se fussent retournés vers les Américains et les Anglais depuis leur débarquement de novembre 1942 [15] et depuis la capitulation des forces germano-italiennes de Tunisie en mai 1943, les services de renseignement les soupçonnaient toujours de germanophilie.

C’est pourquoi les troubles insurrectionnels qui éclatèrent le 8 mai 1945, jour de la victoire sur l’Allemagne, à Sétif et à Guelma et qui soulevèrent les régions voisines, furent officiellement considérés comme une manoeuvre de diversion ou une vengeance d’agents pro-nazis [16]. Le 10 mai 1945, le gouverneur général Yves Chataigneau annonça :

« Des éléments troubles d’inspiration et de méthodes hitlériennes se sont livrés à des agressions à main armée sur les populations qui fêtaient la victoire dans la ville de Sétif et aux environs. »

Le 11 mai, il déclara :

« Toutes les dispositions sont prises pour que les terroristes hitlériens soient impitoyablement châtiés et l’ordre définitivement rétabli. »

Le 12 mai, il lut un télégramme du général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française, lui ordonnant d’ « affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie [par une] minorité d’agitateurs anti-français ». Il n’est donc pas étonnant que les événements du 8 mai 1945 aient disqualifié le nationalisme algérien aux yeux des milieux politiques français issus de la Résistance, dans la mesure où ils en furent informés par le gouvernement [17].

Les milieux de gauche ne lui étaient pas moins hostiles que ceux de droite. Les socialistes et les communistes (en principe favorables au droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes) préconisaient depuis 1936 des réformes égalitaires dans le cadre de l’Algérie française. Les communistes, bien qu’ils eussent d’abord suscité la création de L’Étoile nord-africaine et sa revendication d’indépendance, avaient rompu avec celle-ci quand elle avait refusé de la remplacer par « l’union libre » entre les peuples de France et d’Algérie et de sacrifier l’anti-impérialisme à l’antifascisme. Ils avaient approuvé la dissolution de L’Étoile par le gouvernement du Front populaire, et s’étaient acharnés à dénoncer son successeur le Parti du Peuple Algérien (faussement appelé Parti populaire algérien) comme l’équivalent du PPF de Jacques Doriot. Après un bref retour à la revendication d’indépendance des colonies au nom de l’anti-impérialisme durant le pacte germano-soviétique, le PCA et le PCF avaient renoué en 1943 avec leur politique de 1936, en soutenant comme les socialistes les réformes égalitaires décidées par le CFLN (tout en les jugeant trop timides). Ils avaient tenté d’opposer à la propagande nationaliste des Amis du Manifeste de Ferhat Abbas (noyautés par le PPA clandestin) celle des « Amis de la démocratie ». En mai 1945, alors que les droites algériennes dénonçaient un complot nationaliste favorisé par la faiblesse du gouverneur socialiste Chataigneau et réclamaient l’arrêt des réformes, les gauches, et tout particulièrement les communistes, niaient l’existence d’un tel complot et incriminaient un « complot fasciste » des gros colons et de la haute administration vichyste mal épurée, ayant poussé les musulmans affamés à la révolte par l’intermédiaire des « pseudo-nationalistes » du PPA. À Guelma, toutes les forces de la gauche résistante rassemblées dans la France Combattante soutenaient l’action de la « garde civique » constituée par le sous-préfet gaulliste Achiary, même des communistes et des cégétistes [18] (qui furent exclus par la suite). Bien que les communistes aient promptement révisé leur position en réclamant une amnistie, jamais les nationalistes ne leur pardonnèrent de les avoir présentés, par un amalgame injurieux, comme les « hommes de main » d’un complot fasciste.

Pourtant, une image contraire se diffusa lentement parmi certains militants et intellectuels de gauche. D’abord par les efforts de Ferhat Abbas, qui avait invoqué dès 1943 la Charte de l’Atlantique et les principes démocratiques pour réclamer le droit du peuple algérien à disposer de lui-même, et qui avait proposé dès 1944 de fédérer la République algérienne à la République française dans le cadre du système fédéral préconisé à la conférence de Brazzaville. Débordé par l’indépendantisme absolu du PCA, et rendu abusivement responsable de la révolte qu’il n’avait pas su empêcher, il fut arrêté le 8 mai 1945. Libéré après l’amnistie de mars 1946, il appela les populations d’Algérie à la réconciliation, et renouvela ses propositions fédéralistes, tout en dénonçant le « crime colonial » et la « forfaiture de l’administration » [19].

Les mêmes thèmes furent diffusés par les partis communistes algérien et français quand ils eurent décidé de s’aligner sur la position autonomiste de l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), le nouveau parti de Ferhat Abbas, après sa victoire électorale de juin 1946 dans le deuxième collège algérien. Il suffisait de maintenir la thèse du « complot fasciste » tout en effaçant le rôle trouble initialement attribué aux nationalistes du PPA.

Ces derniers, sortis partiellement de l’illégalité pour participer aux élections sous le couvert du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en novembre 1946, utilisèrent également le thème du complot colonialiste et fasciste dans leur propagande à l’intention des Algériens et des Français, afin de masquer leur part de responsabilité dans la tragédie de mai 1945 [20], puis de nier la réalité de leur « Organisation Spéciale » paramilitaire découverte par la police d’Algérie en 1950. Les organisateurs de la future insurrection - dont plusieurs avaient fait la guerre dans l’armée française, comme Ahmed Ben Bella et Mohammed Boudiaf - s’intéressaient à la Résistance française, comme à tous les mouvements clandestins armés, à plusieurs points de vue : organisation, armement, tactique et stratégie, propagande. Ce n’est pas un hasard si le nom de la nouvelle organisation créée en octobre 1954 pour diriger la lutte, le FLN (Front de Libération Nationale), évoquait celui du CFLN, ni si, plus tard, il se dota d’un journal appelé Résistance algérienne [21], puis d’organes intitulés CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne) et GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne).

En dépit de ce mimétisme, les dirigeants de la Quatrième République persistèrent à présenter les « rebelles » algériens comme « hitlériens d’inspiration et de méthodes ». Ils leur reprochèrent la violence et la cruauté de leur terrorisme, frappant des civils « Français musulmans » fidèles à la France (notamment les anciens combattants) ou réfractaires à leurs exigences, ou n’importe quel Français d’origine européenne à partir du 20 août 1955.

Un an après le début de l’insurrection, le gouverneur général Jacques Soustelle (ancien chef du Bureau central de renseignement et d’action installé à Alger par le CFLN) compara explicitement le FLN au nazisme pour réfuter un manifeste d’intellectuels « contre la guerre en Algérie ». Il repoussa l’idée que cette guerre était injuste parce que menée contre des hommes « dont le crime est de reprendre à leur compte nos propres principes » :

« Peut-être les a-t-on changés sans que je le sache : je me souviens d’un temps où les intellectuels français se dressaient précisément contre le farouche obscurantisme hitlérien qui est sans doute, de tous les mouvements contemporains, celui qui se rapproche le plus, par son exclusivisme et son mépris de la vie humaine, de l’absolutisme totalitaire du CRUA. » [22]

Jacques Soustelle résumait ainsi les buts du FLN :

« Destruction totale (les nazis avaient un mot pour cela) de tout ce qui est européen au Maghreb, massacre de tout Français d’origine ou musulman qui ne s’incline pas, conversion forcée à l’Islam des survivants, instauration d’un État théocratique et raciste membre de la Ligue arabe. »

Il condamnait toute identification de nos soldats à des « criminels de guerre » et concluait en affirmant la continuité de son combat depuis la Résistance :

« Pour ce qui me concerne, je suis de ceux qui se sont dressés entre 1936 et 1940 contre le péril des dictatures de l’extérieur et de l’intérieur, contre le racisme et l’intolérance : je n’ai pas changé. J’ai lutté contre l’esprit de défaite et d’abandon qui a conduit la France à livrer la Tchécoslovaquie, à permettre la remilitarisation de la Rhénanie par Hitler, à laisser l’Axe se créer et se durcir face au désarmement des démocraties : je n’ai pas changé. De 1940 à 1944, j’ai été de ceux qui ont obstinément et malgré tout refusé la capitulation : et je n’ai pas changé. Si maintenant on somme la France, au nom d’un totalitarisme médiéval, de renoncer non seulement à l’Algérie mais en fait à elle-même, je ne serai pas complice. » [23]

Un autre argument confortait l’identification au nazisme de la « rébellion » algérienne : sa dépendance idéologique et logistique envers la dictature militaire du colonel Nasser, qui entretenait des rêves de revanche sur l’État juif d’Israël et d’hégémonie sur le monde arabo-musulman et sur le continent africain. Le président du Conseil Guy Mollet, socialiste et ancien résistant, compara la Philosophie de la Révolution du colonel Nasser au Mein Kampf de Hitler, et la nationalisation du canal de Suez à la remilitarisation de la Rhénanie vingt ans plus tôt, pour préparer l’opinion publique à une riposte militaire [24].

Cette assimilation du FLN algérien au nazisme visait évidemment à faire rejouer les vieux réflexes patriotiques des Français dans une nouvelle union sacrée, en présentant l’Algérie française comme une « autre Alsace-Lorraine » (comme le dit le président de la République René Coty dans son discours de Verdun le 17 juin 1956). Pourtant, durant l’année 1956, une autre interprétation, remplaçant le nazisme par le communisme international, s’imposa peu à peu.

Le soutien croissant de l’URSS à l’Égypte nassérienne, culminant en novembre 1956 avec la menace d’employer l’arme atomique contre la France et la Grande-Bretagne, l’engagement des communistes algériens aux côtés du FLN et celui des communistes français contre la guerre d’Algérie poussèrent le gouvernement de Guy Mollet à recourir à l’anticommunisme. La nomination au commandement des troupes en Algérie du général Salan, ancien commandant du corps expéditionnaire en Extrême-Orient, officialisa dans l’Armée la théorie de la « guerre subversive » ou « révolutionnaire », qui présentait la guerre d’Algérie comme la continuation de la guerre d’Indochine, et prétendait gagner celle-ci en tirant les leçons de celle-là. Cette théorie, qui exagérait démesurément l’influence du communisme sur la « révolution algérienne » [25] visait à renforcer la volonté de résistance contre une agression étrangère déguisée en « guerre de libération nationale ».

Pourtant, elle affaiblit l’identification entre la défense de l’Algérie française et la Résistance à l’occupant, dans la mesure où l’anticommunisme ne pouvait que diviser la « génération de la Résistance » ; et elle facilita la réhabilitation des anciens vichystes et collaborationnistes bannis en 1945, lesquels ne manquèrent pas l’occasion de prendre leur revanche en donnant des leçons de patriotisme et en stigmatisant la trahison communiste. Ainsi, la théorie de la guerre subversive facilita la tâche de tous ceux qui voulaient renverser la Quatrième République au profit d’une dictature militaire, réactionnaire ou totalitaire [26]. En sens inverse, elle facilita également celle de la propagande du parti communiste ou de la nouvelle gauche, qui présentait un mouvement que les autorités qualifiaient de « terroriste » comme une résistance nationale, et l’armée comme un danger pour la République.

En effet, depuis 1945, une vision contestataire de l’Algérie française, vue comme un territoire échappant aux lois de la République, s’était répandue chez certains intellectuels de gauche, communistes ou non. Elle était fondée sur l’explication des troubles de 1945 par le complot fasciste, sur les fraudes électorales couvertes par les gouverneurs généraux Naegelen et Léonard depuis 1948, et sur les accusations de torture lancées contre la police depuis le démantèlement de l’OS en 1950, qui avaient conduit le journaliste Claude Bourdet (ancien résistant) à poser la question : « Y a-t-il une Gestapo en Algérie ? » dans France Observateur du 6 décembre 1951. Le 3 janvier 1955, celui-ci dénonça clairement à l’intention des responsables politiques « votre Gestapo d’Algérie ». Dès lors, les prises de position de journalistes et d’intellectuels se multiplièrent contre les méthodes répressives de la police et de l’armée : tortures et exécutions sommaires, camouflées ou non, responsabilité collective. Leurs auteursinvoquaientles précédents de la Gestapo, les camps d’internement et de concentration, pour mettre en garde les Français contre le danger de perdre leur âme comme les Allemands, et de ne plus pouvoir parler à leurs enfants et petits-enfants « sans être couverts de l’humiliation d’Oradour et du procès de Nuremberg » [27]. « Sommes-nous les vaincus de Hitler ? » demandait Pierre-Henri Simon dans son livre Contre la torture en mars 1957 ; et l’éditorial de Sirius lui faisait écho :

« Dès maintenant, les Français doivent savoir qu’ils n’ont plus tout à fait le droit de condamner dans les mêmes termes qu’il y a dix ans les destructeurs d’Oradour et les tortionnaires de la Gestapo. » [28]

Peu après, le secrétaire général de la préfecture d’Alger, Paul Teitgen, chargé de contrôler l’action policière des parachutistes du général Massu, écrivit une lettre de démission au ministre résidant Robert Lacoste (ancien résistant comme lui). Constatant l’impossibilité de remplir sa mission, il dénonçait « l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre ». Il attestait avoir reconnu sur certains internés « les traces profondes des sévices ou des tortures qu’il y a quatorze ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo de Nancy », signalant qu’au cours de certains interrogatoires des individus étaient morts sous la torture, et qu’à la villa Sesini « ces interrogatoires scandaleux étaient menés au nom de mon pays et de son armée par le soldat de première classe F., sujet allemand engagé dans le 1er REP, et que celui-ci osait avouer aux détenus qu’il se vengeait ainsi de la victoire de la France en 1945 » [29].

Ces accusations et ces témoignages soulevaient une série d’interrogations troublantes. S’agissait-il d’une campagne de dénigrement inspirée par la « rébellion » en difficulté, comme le prétendit d’abord le gouvernement de Guy Mollet ? Si au moins une partie des faits allégués étaient réels, fallait-il y voir des fautes individuelles condamnables, ou un système inavoué engageant la responsabilité des autorités militaires et politiques ? Si la dernière interprétation était exacte, fallait-il en déduire que la cause de la France en Algérie était aussi mauvaise que celle de l’Allemagne nazie, et qu’au contraire celle du FLN valait celle de la Résistance française à l’occupant étranger ? Mais pouvait-on admettre que, dans le premier cas, des moyens indignes suffisent à condamner une cause longtemps présumée juste, et que, dans le second, tout au contraire, une fin légitime justifie des moyens également odieux, sinon davantage encore ?

Ces questions ont reçu des réponses diverses, qui ont profondément divisé la « génération de la Résistance ». Guy Mollet et Robert Lacoste nièrent avoir ordonné ou autorisé la torture ; ils créèrent une Commission de sauvegarde des droits et libertés individuelles pour sanctionner les fautes éventuelles et surtout pour confondre les calomniateurs de l’Armée ; en même temps ils publièrent des documents photographiques accablants sur le terrorisme du FLN [30]. Des intellectuels patriotes, comme Raoul Girardet, restèrent convaincus que des excès condamnables en soi n’entachaient pas nécessairement la cause de l’Algérie française :

« J’ai été résistant en 1944 et recueilli beaucoup de récits peu agréables à entendre pour une âme sensible. Certaines atrocités commises dans ce camp - qui était le mien - le condamnent-elles dans sa justification essentielle ? » [31].

Mais d’autres témoins, comme Paul Teitgen, tout en refusant de « condamner l’Armée française, non plus que la lutte impitoyable qui doit être menée par elle dans ce pays et qui devait l’être à Alger plus spécialement contre la rébellion, l’assassinat, le terrorisme et leurs complices de tous ordres », tout en conservant « le souci de ne pas indirectement justifier les partisans de l’abandon et les lâches qui ne se complaisent que dans la découverte de nos erreurs pour se sauver eux-mêmes de la peur », craignaient que la cause française ne soit dévoyée et discréditée par des moyens indignes d’elle.

Certains des intellectuels « dreyfusards » qui fondèrent le « Comité Audin » (pour protester contre la disparition d’un universitaire communiste arrêté par les parachutistes à Alger) ajoutaient une analyse politique à leur révolte morale. Le mathématicien Laurent Schwartz, tout en reconnaissant que « l’affaire Audin elle-même doit être séparée des solutions du problème algérien, [estimait] évident que l’inconscience de nos gouvernements en face des tortures, l’abandon des responsabilités se reproduisent identiquement devant tout le problème algérien » [32]. Pierre Vidal-Naquet reconnaît que lui et ses camarades dénonçaient en priorité « des crimes d’État, ceux de l’armée et de la police françaises » dont ils se sentaient comptables en tant que citoyens français, et que la violence algérienne leur apparaissait fondamentalement comme « une riposte à une violence coloniale et raciste qui n’avait guère connu d’interruption depuis 1830 » [33]. Pourtant, ils refusaient d’exalter ou de nier cette contre-violence, et la condamnaient fermement « lorsqu’elle prenait la forme d’une violence d’État, symétrique de la violence française ». Sur ce point ils s’opposaient aux nationalistes et communistes algériens et à certains militants révolutionnaires, « bolcheviks » ou « tiers-mondistes », qui croyaient devoir s’engager dans la révolution algérienne ou avec elle, et la soutenir en bloc, sans la critiquer publiquement.

Si les formes extrêmes de l’engagement dans une « résistance française à la guerre d’Algérie » [34] ne mobilisèrent que quelques centaines de personnes, l’idée qu’il fallait défendre la démocratie française contre la menace d’un fascisme militaire se répandit beaucoup plus largement. Les atteintes aux libertés publiques et particulièrement à celle de l’information (censure, saisies, poursuite contre des journalistes, arrestations suivies de torture ou de disparition en Algérie) sensibilisèrent de nombreux intellectuels et militants de gauche au danger d’une extension à la métropole du régime d’exception établi en Algérie par la démission du pouvoir civil au profit de l’armée. Le coup de force du 13 mai 1958, qui se présentait à Alger comme un ralliement de l’armée à la volonté du peuple, fut ressenti en métropole par la majorité des forces de gauche comme une rupture entre l’Armée et la République, ce qui mit fin à la vieille identification entre l’Algérie française et la tradition républicaine. Les forces de gauche (communistes ou non, comme le parti socialiste autonome né d’une scission de la SFIO) se divisèrent pendant un an sur la question de savoir si de Gaulle était l’instrument du fascisme militaire ou le recours suprême contre lui. À partir du discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination de l’Algérie, le général eut l’appui de la grande majorité de l’opinion métropolitaine (gauche comprise) pour imposer aux partisans de l’Algérie française sa volonté de mettre fin à la guerre par une solution négociée, et pour résister à leurs tentatives de refaire le 13 mai (semaine des barricades en janvier 1960, manifestations de décembre 1960, putsch des généraux en avril 1961 ; enfin action terroriste de l’OAS). Dans cette guerre civile larvée, les leaders du mouvement pour l’Algérie française se posaient en défenseurs de l’unité nationale et de la légalité républicaine contre la politique d’abandon d’un pouvoir dictatorial, et invoquaient l’homme du 18 juin 1940 contre le responsable des accords d’Évian [35]. Mais leur refus de la volonté de la masse des Français de France, et l’engagement résolu de l’extrême-droite dans leurs rangs achevèrent de discréditer leur cause.

C’est, paradoxalement, le général de Gaulle qui conduisit l’Algérie à l’indépendance, quinze ans après en avoir fait le refuge de la souveraineté française. Cette politique de décolonisation allait contre les positions très fermes sur le maintien de l’unité de l’Empire qu’il avait prises pendant la Deuxième Guerre mondiale, et de nouveau de 1947 à 1951 dans la perspective d’une éventuelle troisième guerre mondiale.

Pourtant, elle était fondée sur sa découverte du problème algérien pendant son séjour à Alger comme président du CFLN : confronté au Manifeste du peuple algérien, il avait décidé de tenter la dernière chance de la politique d’assimilation par l’ordonnance du 7 mars 1944 (qui élargissait le projet Blum-Viollette de 1936) accompagnée d’un vaste programme de réformes économiques et sociales. Mais il savait par le général Catroux que, si cette politique échouait, il faudrait préparer l’indépendance de l’Algérie et la coexistence de ses populations ; il savait aussi que la généralisation d’une telle politique à tout l’Empire altérerait gravement l’identité nationale de la France [36]. Dès 1947, il renonça à la politique d’assimilation pour prôner une association entre les deux populations de l’Algérie sous l’autorité de la France. En 1954, avant même le début de l’insurrection, il était déjà convaincu que l’indépendance de l’Algérie et des colonies était inévitable, pour des raisons démographiques ainsi qu’économiques. Il proposa pourtant, le 30 juin 1955, d’intégrer l’Algérie dans une Communauté plus large que la France, mais c’était à ses yeux un moyen de « substituer l’association à la domination » pendant une période transitoire. Tel est le plan qu’il tenta d’appliquer en 1958, en réservant à l’Algérie une « place de choix » dans la Communauté.

Mais le Général n’admettait pas pour autant la prétention de la « direction extérieure de l’insurrection » à constituer le Gouvernement provisoire de la République algérienne, à l’instar du GPRF. La comparaison faite par certains observateurs entre de Gaulle et Ferhat Abbas l’irritait fort : il aurait répondu que lui-même ne s’était jamais cru allemand, et n’avait pas épousé une Allemande. Même quand il se fut résigné à négocier l’avenir de l’Algérie avec le GPRA, il refusa de le reconnaître formellement comme tel, et il jugea sévèrement l’incapacité de ses membres à rester unis pour construire dans l’ordre l’État algérien. De même, il insista pour que les accords d’Évian stipulent l’impunité de tous les actes commis jusqu’au cessez-le-feu et de toutes les opinions exprimées jusqu’à l’autodétermination, excluant ainsi toutes représailles légales contre les Algériens engagés du côté français. De Gaulle ne pouvait pas admettre que le rôle de la France en Algérie fût assimilé à celui de l’Allemagne envers la France.

Que la guerre d’Algérie, survenue moins de dix ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ait été perçue par de nombreux acteurs et témoins comme un « miroir de la Résistance » n’a rien d’étonnant. Et pourtant, elle ne pouvait être vraiment comprise par une transposition mécanique d’un modèle préconçu. Le danger de cette attitude trop répandue a été démontré d’une manière caricaturale par une récente déclaration de Jean-Marie Le Pen, assimilant le directeur du journal El Moudjahid assassiné par des islamistes à un collaborationniste exécuté par des résistants. Le leader du Front National voulait-il par là réhabiliter les défenseurs de l’Algérie française, y compris l’OAS, en identifiant le FLN au nazisme, ou bien discréditer l’action de la Résistance en l’assimilant au terrorisme islamiste ? Ses partisans auront interprété ses propos suivant leurs propres tendances. Mais il vaut mieux conclure que la Résistance à l’occupation de la France et la guerre d’Algérie sont deux expériences différentes, et que l’histoire de l’Algérie mérite d’être étudiée pour elle-même sans être confondue avec celle de la France.

Guy Pervillé

[1] Henri MICHEL, La guerre de l’ombre : la Résistance en Europe, Grasset, 1970, p. 380.

[2] Graffiti cité par Michel Roux, Les harkis : les oubliés de l’Histoire, La Découverte, 1991, p. 24.

[3] « Guerre d’Algérie, miroir de la Résistance », communication au colloque de Toulouse sur la Résistance, décembre 1993.

[4] Dans son livre, Algérie, l’œuvre française, R. Laffont 1984, le professeur Pierre GOINARD stigmatise la prise du pouvoir par de Gaulle et « les horreurs de l’immense et sanglante épuration dans la métropole », qu’il range parmi les « grands massacres », après « le génocide juif, Dresde, Hiroshima ». II signale en outre qu’ « exalter inconsidérément la résistance métropolitaine rendait tentante une extrapolation dans quelques esprits gagnés à une idéologie nationaliste » (pp. 146-148).

[5] Voir Yves-Maxime DANAN, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Paris, LGDJ, 1963.

[6] Voir Alain de SÉRIGNY, Échos d’Alger, t. 1, 1940-1945, Presses de la Cité, 1972.

[7] Voir Henri QUEUILLE, Journal d’Alger, 1943-1944, édition critique par Hervé BASTIEN, DEA de l’IEP de Paris, 1988.

[8] Ont été notamment mis en cause l’attitude du général Juin (successeur de Weygand au commandement en chef de l’Armée d’Afrique) jusqu’au 11.11.1942 ; la date d’entrée en Résistance du jeune vichyste François Mitterrand ; et plus gravement celle de l’adjoint au préfet régional de Bordeaux Maurice Papon, qui fut après la guerre deux fois préfet de Constantine, préfet de police de Paris, et qui se vit proposer le ministère de l’Algérie par P. Pflimlin en mai 1958.

[9] Voir G. PERVILLÉ, « La SFIO, Guy Mollet et l’Algérie de 1945 à 1955 », dans Guy Mollet, un camarade en République, Presses universitaires de Lille, 1987.

[10] Voir G. PERVILLÉ, « La gestion radicale de l’Algérie, 1950-1955 », Lyon, Cahiers d’histoire, 1986, n° 3-4.

[11] Commandant en chef depuis la fin de 1956, il reçut délégation des pouvoirs civils du gouvernement légal, avant de sortir de la légalité en cautionnant le Comité de Salut public et en faisant appel à de Gaulle. Il avait déjà servi à Alger (où mourut son fils) en 1943-1944. Voir ses Mémoires, Fin d’un empire, 4 vol., Presses de la Cité, 1970-1974.

[12] Seul le PCF reconnut le bien-fondé des objectifs politiques du soulèvement, tout en désapprouvant « le recours à des actes individuels susceptibles de faire le jeu des pires colonialistes, si même ils n’avaient pas été fomentés par eux » (formule rappelant l’interprétation communiste du 8 mai 1945). Voir l’analyse de Sandrine SÉGUI dans sa thèse : Les communistes français en guerre d’Algérie : histoire, mémoires et représentations (1954-1992), Aix-en-Provence, 1994, t. 1, pp. 46-48.

[13] Pierre Mendès France était à Alger en 1943-1944, commissaire aux affaires économiques du CFLN, et proche du général Catroux, dont il reprit la politique en 1954.

[14] Mahfoud KADDACHE, Histoire du nationalisme algérien, 1919-1951, t. 2, Alger, SNED, 1980, pp. 597-598. Voir aussi Mohammed HARBI, Le FLN, mirage et réalité, Paris, Éditions J.A. 1980, p. 23.

[15] Voir le témoignage de Hocine Aït AHMED, Mémoires d’un combattant, Paris, Sylvie Messinger, 1983, pp. 21-25.

[16] La guerre d’Algérie par les documents, t. 1 L’avertissement 1943-1946, sous la dir. de Jean-Charles JAUFFRET, Vincennes, SHAT, 1990.

[17] Voir les débats de l’Assemblée consultative provisoire du 18.07.1945.

[18] Voir la thèse inédite de Boucif MEKHALED, Les événements du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, Paris I, 1989, 2 vol. Ces faits vont contre l’interprétation par le « complot fasciste », maintenue par Henri ALLEG, La guerre d Algérie, Temps actuels, 1981, t. 1, pp. 256-269.

[19] Face au crime colonial et à la forfaiture de l’administration. Appel à la jeunesse française et musulmane, par Ferhat ABBAS (01.05.1946), reproduit par Claude COLLOT et Jean-Robert HENRY, Le mouvement national algérien, textes 1912-1954, Paris, L’Harmattan, et Alger, OPU, 1978, pp. 219-223. Pourtant, Ferhat Abbas avait d’abord incriminé l’aventurisme du PPA dans son « testament politique » écrit en prison, publié et présenté par Charles-Robert AGERON, Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 303, juin 1994, pp. 181-197.

[20] Mohammed HARBI, Aux origines du FLN, C. Bourgois 1975, pp. 20-24 et 178, et Le FLN, mirage et réalité..., pp. 28-30.

[21] Publié en France, au Maroc et en Tunisie jusqu’en juin 1957, il fut remplacé par El Moudjahid, organe central du FLN.

[22] Comité révolutionnaire d’unité et d’action, organisme précurseur du FLN, que Jacques Soustelle confond avec celui-ci.

[23] "Lettre d’un intellectuel à quelques autres à propos de l’Algérie", par Jacques Soustelle, Combat, 26-27.11.1955.

[24] Déclaration de Guy Mollet à la presse, 30.07.1956 (voir Le Monde, 31.07.1956).

[25] Voir G. PERVILLÉ, « La révolution algérienne et la guerre froide », Québec, Études internationales, mars 1985, pp. 55-66, et Charles-Robert AGERON, « Les guerres d’Indochine et d’Algérie au miroir de la "guerre révolutionnaire" », dans L’Ère des décolonisations, actes du colloque d’Aix-en-Provence, Paris, éd. Karthala, 1995, pp.47-66.

[26] Sur les diverses tendances d’extrême-droite dans le camp de l’Algérie française, voir G. PERVILLÉ, « L’Algérie dans la mémoire des droites », Histoire des droites en France, sous la dir. de Jean-François SIRINELLI, Gallimard, 1992, t. 2, pp. 639-646.

[27] Henri-Irénée MARROU, « France, ma patrie... », dans Le Monde, 05.04.1956. Reproduit par Patrick EVENO et Jean PLANCHAIS, La guerre d’Algérie, La Découverte et Le Monde, 1989, pp. 97-101.

[28] Le Monde du 13.03.1957. Reproduit par P. EVENO et J. PLANCHAIS, La guerre..., p. 146.

[29] Reproduit par EVENO et PLANCHAIS, La guerre..., pp. 144-147.

[30] Voir les brochures : Melouza et Wagram accusent, et Aspects véritables de la rébellion algérienne (voir l’introduction de cette dernière dans EVENO et PLANCHAIS, La guerre..., pp. 147-150).

[31] La guerre d’Algérie et les intellectuels français, s. dir. Jean-François SIRINELLI et Jean-Pierre Rioux, Bruxelles, Complexe, 1991, pp. 341-342.

[32] L’Express du 16.01.1958, article reproduit en préface au livre de Pierre VIDAL-NAQUET, L’affaire Audin, Éditions de Minuit 1958.

[33] P. VIDAL-NAQUET, Face à la raison d’État, un historien dans la guerre d’Algérie, La Découverte, 1989, pp. 19 et 27.

[34] Voir P. VIDAL-NAQUET, « Une fidélité têtue : la résistance française à la guerre d’Algérie »..., p. 4-72 (et Vingtième siècle : Revue d’histoire, n° 10, 1986, p. 3-19) ; Hervé HAMON et Patrick ROTMAN, Les porteurs de valises, la résistance française à la guerre d’Algérie, A. Michel, 1979.

[35] Voir OAS parle, Julliard, coll. Archives, 1964 ; et Anne-Marie DURANTON-CRABOL, Le temps de l’OAS, Bruxelles, Complexe, 1995.

[36] G. PERVILLÉ, « La commission des réformes musulmanes de 1945 et l’élaboration d’une nouvelle politique algérienne de la France », Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, Ed. du CNRS 1986, pp. 337-365. Voir les rapports présentés au CFLN en février 1944 par le général Catroux, Gouverneur général de l’Algérie, et par le Commissaire aux colonies René Pleven, Archives du quai d’Orsay, vol. 995, pp. 78-90bis et pp. 60-61.



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