Les discours de paix français pendant la guerre d’Algérie (2006)

dimanche 15 octobre 2006.
 
Cette communication a été présentée lors du colloque Paroles de paix en temps de guerre, Carcassonne, 21 et 22 avril 2006, et publiée dans les actes de ce colloque, sous la direction de Sylvie Caucanas, Remy Cazals et Nicolas Offenstadt, par Les Audois et les Editions Privat, octobre 2006 (pp. 145-153).

Le sujet est limité aux discours de paix français, ce qui exclut les discours de paix algériens. Nous pouvons seulement en dire que ceux-ci ont été caractérisés par une quasi-fixité du début à la fin, puisque les accords d’Evian du 18 mars 1962 ont accordé au FLN l’essentiel de ses revendications formulées dans sa proclamation du 1er novembre 1954, comme l’a justement fait remarquer le président du GPRA Ben Khedda dans son discours du 18 mars donnant l’ordre de cesser le feu le 19. Au contraire, du côté français, on observe un retournement total entre ces deux dates, du refus dédaigneux de mentionner les revendications de ce FLN inconnu jusqu’à leur acceptation presque intégrale un peu plus de sept ans plus tard.

Mais cette évolution a-t-elle été continue ou non ? Il s’agit plutôt de deux évolutions successives, assez lente sous la IVème République entre le 1er novembre 1954 et le 13 mai 1958, mais beaucoup plus rapide sous la Vème, dans la mesure où sa politique a commencé par revenir en arrière, avant de reprendre son évolution vers un retournement total, en brûlant les étapes à partir du discours gaullien du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination. Ce qui fait que le revirement complet de l’intégration à l’indépendance a été accompli en moins de quatre ans et non pas en sept ans et demi.

Faut-il pour autant parler d’un seul discours ? Non. Il vaut mieux toujours distinguer un discours officiel et des discours privés. Mais la différence est très nette entre ce discours officiel et les discours non-officiels sous la IVème République, alors qu’elle devient beaucoup plus floue sous la Vème, à cause de l’évolution accélérée du premier qui emprunte à certains des seconds et qui finit par se confondre avec eux.

Les discours de paix français au sujet de la guerre d’Algérie sous la IVème République

Notre tableau des discours de paix sur l’Algérie sous la IVème République ne peut exclure les discours de paix officiels, puisque ceux-ci rejetaient l’idée même d’une guerre dont les autorités françaises auraient été responsables. Si guerre il y avait - ce que les gouvernements français ont longtemps refusé de reconnaître - ce n’était pas de leur fait... Il faut néanmoins distinguer deux discours de paix officiels successifs : celui, relativement simple, des années 1954-1955, et celui plus complexe des années 1956 à 1958.

Le discours de paix initial (1954-1955) est celui des gouvernements de Pierre Mendès-France et d’Edgar Faure, bien résumé par les interventions du premier nommé et de son ministre de l’Intérieur François Mitterrand le 11 novembre 1954 à l’Assemblée nationale (“L’Algérie c’est la France, et non pas un Etat étranger que nous protégeons”), et par la politique d’intégration de l’Algérie dans la métropole dont le gouverneur général Jacques Soustelle, ancien dirigeant du RPF, s’est fait l’apôtre. La continuité est évidente entre cette politique visant à faire de l’Algérie une province de plus en plus française, et la politique d’assimilation ou d’intégration préparée à Alger en 1943 et 1944 par le gouverneur général Catroux (dont Pierre Mendès-France, membre du CFLN, était un ami). Cette politique impliquait un double discours : un discours de guerre contre des “rebelles” identifiés à des agresseurs étrangers (égyptiens ou autres), impliquant un grand effort policier et militaire pour le “maintien de l’ordre” et refusant toute négociation, mais aussi un discours de paix ou de “pacification”, comportant une politique de progrès économique et social destinée à élever rapidement les conditions de vie des plus déshérités, à savoir les “Français musulmans”.

Le discours de paix du gouvernement Guy Mollet et de ses successeurs, tous représentés à Alger par le ministre résidant socialiste Robert Lacoste, est plus complexe. Ses origines sont relativement peu connues [1]. On a trop oublié que la SFIO, en tant que parti directement chargé de l’Algérie de 1944 à 1951, avec deux gouverneurs généraux socialistes à sa tête (Yves Chataigneau, puis Marcel-Edmond Naegelen), était très bien informée de sa gestion, même son secrétaire géréral Guy Mollet, contrairement à la légende répandue par ses opposants de 1956 à 1958. Passé à l’opposition en 1951, donc déssaisi de l’Algérie, le parti a semblé l’avoir oublié, mais il s’est réveillé en 1954-55, et a sévèrement critiqué la politique officielle d’intégration, rejoint sur ce point par Pierre Mendès-France, qui avait rapidement évolué après sa perte du pouvoir.

Le programme électoral du “Front républicain”, adopté par les deux leaders de l’opposition à Edgar Faure, prétendait tirer les leçons de l’échec de l’intégration pour mettre fin à une “guerre imbécile et sans issue” (Guy Mollet), non plus par une politique prédéfinie, mais par une procédure connue sous le nom de “triptyque” [2] :
-  cessez-le-feu (ce qui était le premier problème) ;
-  élections libres (ce qui impliquait la fin des truquages électoraux dans le deuxième collège musulman, auxquels Marcel-Edmond Naegelen avait malencontreusement attaché son nom) ;
-  négociations entre les élus de l’Algérie et le gouvernement français, en vue d’élaborer un statut de l’Algérie qui n’était pas prédéfini, mais qui devait néanmoins concilier deux principes : “personnalité algérienne” et “liens indissolubles avec la métropole”.

L’application devait être confiée à un “ministre résidant” à Alger. Ce devait être le général Catroux, mais il offrit sa démission après la tumultueuse réception faite par Alger au président du Conseil le 6 février 1956. Son remplaçant, le socialiste Robert Lacoste, mit en oeuvre une politique de “pacification” au moyen d’une course aux effectifs militaires. Mais le gouvernement mena également des tentatives de négociation de paix secrètes avec la délégation extérieure du FLN, au Caire, à Belgrade, à Rome et de nouveau à Belgrade, qui se terminèrent brusquement par la capture de l’avion marocain transportant les délégués du FLN de Rabat à Tunis le 22 octobre 1956. Le FLN révéla ces négociations secrètes à l’ONU. Il semble que ses leaders aient vraiment cru aux chances d’aboutissement de la négociation, mais qu’il y avait un malentendu : la négociation avait été entamée pour satisfaire le parti socialiste, mais n’était qu’un sondage qui n’avait jamais engagé le gouvernement [3].

Faute de négociation permettant de mettre en oeuvre le triptyque, et après l’échec de toutes les tentatives de reprendre des négociations secrètes [4], le gouvernement de Guy Mollet puis ses successeurs se rabattirent sur le vote d’un statut évolutif, la “loi-cadre”. Un premier projet fut rejeté et fit tomber le gouvernement de Maurice Bourgès-Maunoury le 30 septembre 1957. Le deuxième, présenté par celui de Félix Gaillard, fut adopté le 30 janvier 1958. Son dispositif était complexe et ambigu : les départements algériens, multipliés en 1956, étaient regroupés en territoires autonomes au sein de la République française. Il y aurait un représentant du gouvernement français à Alger, et dans chaque territoire et département. Mais au niveau des territoires et de l’Algérie, il y aurait deux assemblées, dont une serait élue au suffrage universel (grande nouveauté), mais contrôlée par un conseil représentant paritairement les deux communautés européenne et musulmane [5]. En réalité, ce statut trop complexe ne satisfit personne, ni le FLN, qui y vit une tentative de morceler l’Algérie, ni les Français d’Algérie et les chefs militaires, qui en étaient venus à regretter la formule beaucoup plus simple de l’intégration naguère prônée par Jacques Soustelle.

Face à la lente évolution de la politique gouvernementale, une seule force politique organisée de première importance présentait une alternative : le parti communiste, qui préconisait une république algérienne, devant être insérée dans l’Union française jusqu’en 1956. Mais celui-ci ne pouvait pas se faire entendre des autres partis, à cause de sa solidarité totale avec le bloc communiste qui l’isolait de tous les autres, et faisait que ses voix ne comptaient que pour renverser un gouvernement mais pas pour l’investir ni le soutenir. La campagne électorale de décembre 1955 ne lui permit pas de se faire accepter comme partenaire par le Front républicain, lequel préféra former un gouvernement minoritaire acceptant pour son investiture le soutien de tous les partis qui espéraient l’influencer par leur vote favorable. Le PCF vota donc la confiance au gouvernement Mollet, et la maintint juqu’au vote des pouvoirs spéciaux en mars 1956. Il choisit l’opposition à partir du rappel des disponibles en avril 1956, mais il n’osa pas sortir ouvertement de la légalité en appelant à la désobéissance, parce qu’il ne voulait pas subir le même sort que le Parti communiste algérien, interdit en septembre 1955 pour complicité avec le FLN. Il demanda même à ses militants qui voulaient aider le FLN de rendre leur carte du parti. En octobre 1956, son approbation de l’intervention militaire soviétique en Hongrie et de la prise de position de l’URSS contre l’expédition franco-britannique sur le canal de Suez l’isola davantage, et permit au gouvernement de confondre dans sa propagande le communisme international et le nationalisme algérien.

Dans ces conditions, les critiques de la politique gouvernementale et les propositions d’une autre politique étaient surtout le fait de petits groupes animés par des intellectuels, souvent éphémères. En Algérie, on vit apparaître successivement :
-  le groupe de Constantine qui réunit au printemps 1955 des personnalités françaises et musulmanes autour de l’ingénieur René Mayer [6] (homonyme du député) et du pharmacien Allaoua Abbas, neveu de Ferhat Abbas. Ce groupe se prononça “contre toute violence d’où qu’elle vienne”, mais se dispersa après l’assassinat de Allaoua Abbas et les attentats contre plusieurs des signataires musulmans commis par le FLN lors de son insurrection du 20 août 1955.
-  Aziz Kessous, intellectuel musulman et socialiste, ami de Ferhat Abbas, qui fonda alors le bulletin Communauté algérienne (1955-1956), soutenu notamment par Albert Camus [7].
-  Albert Camus, qui proposa une “trêve civile” dans L’Express, et vint à Alger pour soutenir ce projet en janvier 1956 [8].
-  Les intellectuels libéraux amis d’Albert Camus, dont Emmanuel Roblès, qui s’exprimèrent ensuite dans le bulletin Espoir-Algérie en 1956-1957.

Tous ces groupes avaient des positions avant tout morales, et s’efforçaient de traduire en prises de position politiques les amitiés qui unissaient leurs membres européens et musulmans [9]. Mais le groupe le plus politisé était celui réuni à l’université d’Alger autour de l’universitaire André Mandouze, qui avait créé depuis le début des années 1950 les bulletins Consciences algériennes, puis Consciences maghrébines, réunissant des Algériens de toutes origines [10]. Nombre de ses adhérents rejoignirent le FLN en 1955 ou 1956.

En métropole, des groupements analogues d’intellectuels contestataires se constituaient surtout autour de journaux et de revues : Le Monde, L’Express, L’Observateur, Témoignage chrétien (qualifiés par Jacques Soustelle de “quatre grands de la trahison”), ainsi que Les Temps modernes, Esprit, et une revue protestante de gauche appelée Christianisme social [11].

Aucun de ces groupes n’a réussi à engager une action politique efficace. La campagne électorale de décembre 1955 fut la seule occasion de déclencher directement un changement de politique, mais les espoirs mis dans le Front républicain furent rapidement déçus. Les faits majeurs permettant un renouveau de la réflexion sur la politique algérienne de la France furent la grande campagne de dénonciation de la torture [12] qui agita les milieux intellectuels en 1957, et la critique rationnelle de l’ensemble de la politique algérienne qui fut alors proposée par Raymond Aron dans sa brochure La tragédie algérienne, à laquelle répondit une autre brochure de Jacques Soustelle, Le drame algérien et la décadence française. Mais rien ne permettait encore de prévoir une issue quand en mai 1958 la désignation comme nouveau président du Conseil de Pierre Pflimlin, connu pour son intention de proposer une négociation avec le FLN, provoqua la révolte des Français d’Algérie et des chefs militaires, ce qui rompit ouvertement la vieille alliance entre l’idée républicaine et celle d’Algérie française.

Le discours de paix français sous la Vème République

La Vème République naquit dans l’ambiguïté, et sa politique algérienne définie par le général de Gaulle évolua d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. On l’a résumée un peu caricaturalement en disant que de Gaulle, homme de droite, avait fait la politique algérinne de la gauche, alors que Guy Mollet, homme de gauche, avait fait celle de la droite, et ce n’est pas faux si l’on n’oublie pas qu’en réalité la gauche n’avait pas moins été attachée que la droite à l’appartenance de l’Algérie à la France. De mai à décembre 1958, la politique gaullienne semblait pour l’essentiel réaffirmer le caractère français de l’Algérie ; le référendum du 28 septembre 1958 et les élections législatives de novembre semblaient avoir tracé un clivage net entre une majorité de droite pour l’Algérie française ou son intégration à la France, et une minorité de gauche devenue hostile à l’Algérie française par antifascisme. En réalité, l’évolution de l’opinion publique était très différente : depuis le début de 1956 les sondages d’opinion [13] montraient à qui leur prêtait attention une montée continue des idées de négociation avec les “rebelles” et de relâchement des liens entre l’Algérie et la métropole, et la victoire apparente des partisans de l’Algérie française dans la crise du 13 mai 1958 n’inversa pas la tendance. Bien au contraire, la majorité absolue accepta la négociation avec le FLN dès le début de 1959. L’évolution apparente de la politique gaullienne - de plus en plus différente de celle annoncée en juin 1958, et encore lors des élections législatives par le parti gaulliste UNR - s’accéléra en 1959 après l’élection du général de Gaulle comme président de la Vème République, mais surtout à partir du discours présidentiel du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination.

L’évolution de la politique officielle fut avant tout le fait du général de Gaulle, beaucoup plus que celle de ses ministres, notamment du Premier ministre Michel Debré [14]. Cette évolution fut d’autant plus rapide en apparence que le Général avait des intentions cachées et contraires aux promesses qu’il avait dû faire aux militaires et aux civils d’Alger pour revenir au pouvoir. Durant l’été 1958, il dut sembler cautionner le retour à la politique d’intégration, bien qu’il n’eût jamais voulu employer ce mot. Après le triomphe ambigu du référendum du 28 septembre, il revint en fait à une politique évolutive comparable à celle de Guy Mollet. Plusieurs mois après son installation à la présidence de la Vème République (janvier 1959), il fit prendre à la France un tournant décisif en proposant la solution de l’autodétermination de l’Algérie par les Algériens (discours du 16 septembre 1959) qui lui permit d’évacuer ses promesses de juin 1958 comme une simple option en faveur de laquelle il refusa de s’engager. Après la semaine des barricades (24-30 janvier 1960), durant laquelle il imposa son autorité aux civils et aux militaires d’Alger sans rien céder de sa nouvelle politique algérienne, il s’engagea progressivement en 1960 en faveur de la seule “Algérie algérienne”, puis de la “République algérienne” indépendante de la France (discours du 4 novembre 1960). Mais il refusait encore de reconnaître la légitimité du FLN à prétendre représenter la majorité du peuple algérien, juqu’à ce que les manifestations nationalistes de décembre 1960 à Alger et dans les plus grandes villes le convainquent de reconnaître le GPRA présidé par Ferhat Abbas comme un interlocuteur valable. C’est alors qu’il s’engagea dans des négociations avec lui, d’abord secrètes, puis ouvertes publiquement à Evian le 20 mai 1961 (un mois après l’échec du “putsch des généraux à Alger), puis de nouveau poursuivies dans le secret après l’échec des conférences d’Evian et de Lugrin, jusqu’à ce que la réussite de la négociation secrète des Rousses (février 1962) permît de revenir à la conférence d’Evian qui aboutit aux accords du 18 mars 1962.

Ce processus politique et diplomatique très complexe a-t-il été seulement dû au général de Gaulle ? On hésite à l’affirmer, puisqu’il est certain que de nombreux hommes politiques et militants ont pendant des années, sous les deux républiques, essayé de proposer leurs solutions. On connaît par exemple un projet de statut de l’Algérie élaboré en 1957 par l’entourage du gaulliste de gauche Gilbert Grandval, avec la participation du futur chef de cabinet de Michel Debré, Pierre Racine, mais ce texte ressemble beaucoup à la loi-cadre de 1957 [15]. D’autres projets de solution ont été élaborées par la suite dans l’opposition de gauche à la Vème République, comme ceux du Club Jean Moulin. Mais il faut signaler une convergence qui a conduit à l’adoption inavouée par le président de la République et son gouvernement d’un plan d’application de l’autodétermination dû à des intellectuels de gauche. A la fin juin 1960, au moment où s’ouvrait à Melun la première tentative de négociation non-secrète entre la France et le GPRA, l’Association pour la sauvegarde des libertés individuelles composée de juristes, de syndicalistes et d’hommes politiques de gauche se réunit à Royaumont pour critiquer la conception gaullienne des conditions de l’autodétermination et en proposer une autre jugée plus efficace pour ramener la paix en Algérie. La même association réunit deux autres colloques voués au même problème, à Aix-en-Provence en décembre 1960, et à Grenoble en mars 1961. Ce dernier adopta une “Charte de l’autodétermination” fondée sur quatre principes d’où étaient tirées un plan de règlement [16]. Les négociations qui s’engagèrent ensuite adoptèrent sans le reconnaître la même conception, différente du choix entre trois options (la francisation, la sécession, et l’Algérie autonome dans la Communauté) qui était prévu par le discours du 16 septembre 1959. Comme l’a écrit le maire socialiste de Marseille Gaston Defferre dans Le Provençal du 5 mars 1962, “La procédure qui a été choisie est exactement celle que nous n’avons pas cessé de préconiser : accord sur le fond et ratification par le peuple algérien à la demande du gouvernement français et du GPRA” [17]. Ce que le bâtonnier René-William Thorp, président de l’association, avait prédit au colloque de Grenoble : “C’est à nos colloques juridiques que la paix en Algérie devra d’être rétablie” [18]. Cet épisode trop peu connu nous paraît rétrospectivement beaucoup plus important que d’autres restés en bonne place dans la mémoire de la gauche, tels que le Manifeste des 121 justifiant le droit à l’insoumission en septembre 1960, ou la répression sanglante de la manifestation contre l’OAS au métro Charonne en février 1962.

En fin de compte, la paix en Algérie fut négociée par un gouvernement de droite, sous l’autorité de Charles de Gaulle et de Michel Debré, mais sur un schéma élaboré à gauche par les colloques de Royaumont, Aix-en-Provence et Grenoble, ce qui explique la très large majorité que recueillirent les accords d’Evian lors du référendum du 8 avril 1962 (organisé en métropole mais pas en Algérie). L’Algérie française apparut alors très clairement reléguée à droite et à l’extrême droite, même s’il subsistait encore une “gauche pour l’unité de la République” désavouée par la grande majorité de la gauche.

Guy Pervillé

[1] Voir ma communication au colloque Guy Mollet, “Guy Mollet, la SFIO et l’Algérie de 1945 à 1955”, dans Guy Mollet, un camarade en République, Presses universitaires de Lille, 1987, pp. 445-462.

[2] Le contenu est dû à un article Gilles Martinet, “Comment arrêter l’effusion de sang en Algérie, France-Observateur, 29 septembre 1955.

[3] Ces négociations ont été résumées dans le Bulletin d’informations maghrébines et africaines de l’Union africaine de presse (rédacteur en chef Gaston Gosselin, directeur-gérant Philippe Bernier) n° spécial du 23 février 1961.

[4] Sur la tentative avortée de reprendre les négociations à Tunis en juillet 1957, voir Jean-Yves Goëau-Brissonnnière, Mission secrète pour la paix en Algérie, Lieu commun, 1992, et le rapport de Kamel (envoyé à Tunis de la Zone autonome d’Alger) dans la revue algérienne Naqd, n° 14/15, automne/hiver 2001, “Histoire et politique”, pp. 231-238 (présenté par Mohammed Harbi).

[5] Cette loi doit être comparée au projet détaillé élaboré en 1956-1957 par un groupe de travail réuni autour du gaulliste de gauche Gilbert Grandval, dont le principal rédacteur était Pierre Racine, futur directeur de cabinet du Premier ministre Michel Debré. Texte reproduit dans les Mémoires de Redha Malek, L’Algérie à Evian, Histoire des négociations secrètes, 1956-1962, pp. 366-387.

[6] René Mayer, Algérie, mémoire déracinée, l’Harmattan, 1999, pp. 200-204.

[7] Albert Camus, “Lettre à un militant algérien”, in Communauté algérienne, n° 1, 1er octobre 1955, reproduit dans les Essais d’Albert Camus, Gallimard-NRF, 1965, pp. 963-966.

[8] Albert Camus, “L’Algérie déchirée”, articles parus dans L’Express, octobre 1955-janvier 1956, et “Appel pour une trêve civile en Algérie”, Alger, 22 janvier 1956, in Essais d’Albert Camus, op. cit., pp.941-988 et 991-999.

[9] Voir notre étude “La communauté algérienne des écrivains face à la guerre d’Algérie”, dans les actes du colloque dirigé par Jean-Charles Jauffret, Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie, Autrement, 2003, pp. 94-110, et sur notre site internet http://guy.perville.free.fr.

[10] Voir ses Mémoires d’outre-siècle, t I, D’une résistance à l’autre, Viviane Hamy, 1998.

[11] Voir notre article, “Remarques sur la revue Christianisme social face à la guerre d’Algérie”, in Bulletin de la société d’histoire du protestantisme français, t. 150, octobre-novembre-décembre 2004, pp. 683-701.

[12] Voir notamment les nombreux travaux de Pierre Vidal-Naquet, Face à la raison d’Etat, un historien dans la guerre d’Algérie, La Découverte, 1989, et la thèse de Raphaëlle Branche, La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Gallimard, 2001.

[13] Charles-Robert Ageron, “L’opinion française à travers les sondages”, in La guerre d’Algérie et les Français, s.dir. Jean-Pierre Rioux, Fayard, 1990, pp. 25-4’ et notes pp. 629-630.

[14] Voir nos deux autres communications récentes, “Continuité et évolution des idées de Michel Debré sur l’Algérie”, colloque Michel Debré et l’Algérie des 27 et 28 avril 2006 à l’Assemblée nationale, et “Le retour de Charles de Gaulle : changement de régime et changement de politique algérienne de la France, colloque De la IVème à la Vème République, crise et refonte du système partisan français, Rennes II, 22-24 mai 2006.

[15] Texte cité plus haut, note 5.

[16] Citation d’après Le Monde, 7 mars 1961, dans mon livret 1962 : la paix en Algérie, La Documentation française, 1992, p. 49.

[17] Ibid., p. 89 note 8.

[18] Ibid.



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