Les étudiants algériens de l’Université française, réédition d’Alger (1997)

dimanche 20 février 2005.
 
Les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962, Alger, Casbah Editions, 1997, 346 p, préface de Mohammed Harbi . Prix actuel : 388 DA.

Version condensée d’une thèse de troisième cycle soutenue le 28 juin 1980 devant les professeurs Jean-Baptiste Duroselle, Charles-Robert Ageron et Mohammed Arkoun, ce livre vient combler une lacune dans l’historiographie de l’Algérie contemporaine. Il contribue à une meilleure connaissance des élites algériennes actuelles en éclairant le rôle des étudiants et intellectuels musulmans algériens de culture française dans l’évolution politique de leur pays, de la colonisation à l’indépendance.

Une première partie retrace leur apparition dans l’Algérie coloniale, les situe dans leur société, et met en rapport l’évolution du mouvement étudiant avec celle du mouvement revendicatif musulman jusqu’en 1954. La deuxième expose en détail leur participation à la guerre de libération nationale, dans ses diverses formes et ses phases successives entre 1955 et 1962. Enfin, la troisième présent leur idéologie, d’abord dans son évolution globale, puis à travers les étapes de la socialisation individuelle, et les thèmes du nationalisme.

L’ensemble de l’ouvrage propose une explication de l’échec de la politique française d’assimilation, en mettant en évidence le "complexe populiste" des intellectuels algériens.

L’étude repose sur l’exploitation systématique des sources disponibles en langue française : entretiens avec d’anciens étudiants algériens, documentation écrite, notamment les périodiques, les brochures et les livres publiés par eux (sans oublier les oeuvres littéraires), enfin archives publiques ou privées accessibles.

L’auteur ne s’est pas contenté d’analyses rigoureuses : il a voulu tenter, en laissant une large place aux citations, la résurrection d’un passé révolu.

Guy Pervillé, né en 1948, est professeur à l’Université de Nice.


Revue de presse :

-  « La célébration des anniversaires en Algérie est souvent l’occasion pour des pleureuses professionnelles de faire étalage de leur inculture et de tentatives malhonnêtes d’une réappropriation déformée de l’histoire pour des intérêts présents. Les historiens de circonstance sont malheureusement trop activistes pour passer sous silence les oeuvres méritoires de quelques-uns, pas nombreux, qui n’ont à défendre dans le présent que le passé tel qu’il l’a réellement façonné. C’est le cas du dernier livre paru aux Editions Casbah, Les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962, préfacé par l’historien Mohamed Harbi. Il s’agit, en fait, de la version condensée d’une thèse de troisième cycle soutenue par l’auteur, Guy Pervillé,en 1980, devant un jury composé des professeurs J. B. Duroselle, C. R. Ageron et Mohammed Arkoun. Prenant appui sur des sources documentaires qui remontent notamment à 1908 et sur une série de témoignages recueillis auprès d’anciens étudiants, acteurs de leurs différents mouvements, le livre, loin de toute passion et de tout parti-pris, explique comment l’élite algérienne francophone, malgré ses déchirements, a fait échouer la politique d’assimilation coloniale. Plus discutable est par contre le jugement de Harbi qui laisse entendre que cette élite n’aurait pas non plus réussi son assimilation nationale. Il est vrai que, comme le dit un adage italien, "qui possède une autre langue possède une autre âme". Enrichissement ou dépersonnalisation ? Un débat sur lequel nous reviendrons. »

Le Matin (Alger) n° 1610, 22 mai 1997.

P S : J’ai été informé de la publication en Algérie, par Casbah Editions, d’une version de ma thèse traduite en arabe. Voir Al Khabar, 10 mars 2008, p. 27 (article illustré par ma photo reprise sur mon site).


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