Pour une histoire de la guerre d’Algérie (2002)

dimanche 20 février 2005.
 
Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Editions Picard, 2002, 356 p . Prix actuel : 33 euros.

La guerre d’Algérie (1954-1962) est aujourd’hui encore, et plus que jamais, un enjeu s’affrontements passionnés entre les partisans de mémoires opposées. Ce livre plaide pour la faire passer de la mémoire à l’histoire, en démontrant qu’une histoire de la guerre d’Algérie est à la fois possible et nécessaire.

Penser historiquement la guerre d’Algérie, c’est l’éclairer par ses origines, expliquer les logiques de son déroulement et de son dénouement, dresser un bilan de ses résultats et de ses conséquences. C’est aussi contribuer à créer les conditions d’une véritable réconciliation entre les deux peuples et à l’intérieur de chacun d’eux, qui permettrait d’en finir avec cette guerre sans fin. L’auteur conclut en définissant le rôle d’arbitres et de médiateurs qu’il propose aux historiens, et particulièrement aux jeunes historiens.

-  Introduction : Une histoire de la guerre d’Algérie est-elle possible ?

-  Première partie : LES ORIGINES DE LA GUERRE D’ALGERIE, 1830-1954.
-  Chapitre 1 : La politique de la France en Algérie. L’improvisation des choix fondamentaux. L’échec relatif de la colonisation de peuplement. L’échec de la politique d’assimilation.
-  Chapitre 2 : La formation du nationalisme algérien. Nation ancienne, ou nationalisme tardif ? Le nationalisme algérien et la société algérienne. Le recours aux armes.

-  Deuxième partie : LA GUERRE D’ALGERIE, 1954-1962.
-  Chapitre 3 : Logiques de guerre.Les causes et les buts. Les fins et les moyens. Une victoire indésirable ?
-  Chapitre 4 : La quête de la paix. Le choix gaullien. Approbations et oppositions. Une paix manquée.

-  Troisième partie : LA GUERRE APRES LA GUERRE, 1962-2002.
-  Chapitre 5 : D’un bilan à l’autre. Des bilans successifs et provisoires. Combiens de morts ? Destructions, déracinements et répararations. Les enjeux politiques et moraux.
-  Chapitre 6 : De la mémoire à l’histoire. Mémoire et histoire de la guerre en France et en Algérie. Les dangers de l’ignorance historique. Un vent de révisionnisme. La crise de la mémoire française.

-  Conclusion : Ce que peut l’histoire ... pour en finir avec la guerre d’Algérie.

Guy Pervillé, né en 1948 dans l’Oise, est professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail (après celle de Nice). il a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Algérie coloniale et de sa décolonisation, notamment sa thèse : Les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962 (Paris, Editions du CNRS, 1984, et Alger, Casbah Editions, 1997).


Dédicace de l’auteur :

-  « Ce livre est la synthèse de trente ans de recherches, de lectures et de réflexions sur la guerre d’Algérie, les miennes et celles de mes collègues historiens. Je l’ai écrit, entre 1994 et 2001, parce que je ressentais le besoin de faire le point de l’état des connaissances et des débats historiques en cours sur cette guerre, plus de trente ans après son dénouement et au moment où les archives publiques françaises commençaient à s’ouvrir. Mais ce projet était beaucoup plus ancien dans mon esprit. Ses origines remontent à mes premières interrogations sur les mystérieux événements de mai 1958, qui étaient censés avoir ramené de Gaulle au pouvoir pour sauver l’Algérie française (j’avais alors dix ans), à mon étonnement de voir quatre ans plus tard le drapeau tricolore céder la place à un autre dans ce pays, à mes conversations avec des camarades « rapatriés » au lycée de Creil, puis avec des militants anticolonialistes et anti-impérialistes au lycée Louis-le-Grand à Paris en 1967, et enfin à ma découverte de la complexité des choses en dévorant le premier des quatre volumes d’Yves Courrière paru en 1968. J’avais alors pris conscience que le livre qui répondrait à toutes les questions que je me posais sur cette guerre n’existait pas, et qu’il m’appartiendrait de l’écrire un jour.

Plus de trente ans après ma première recherche historique sur le sujet, c’est chose faite en ce qui me concerne, mais je continue de travailler dans la même voie parce qu’il y a encore beaucoup à faire pour faire passer la guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire en la pensant historiquement. Parce que j’ai eu la chance de ne pas en souffrir, j’ai pu la considérer tout de suite comme un problème historique, et c’est peu à peu que j’ai pris conscience de ses enjeux politiques et moraux. Mais ce n’est pas le cas de tous ceux qui l’ont vécue directement, comme acteurs, témoins ou victimes, et nous assistons plus que jamais depuis quelques années à un débordement de mémoires collectives antagonistes qui rivalisent pour se faire entendre, et à un affrontement de passions nullement apaisées par le temps écoulé. Au risque de passer pour un idéaliste, je crois que l’histoire, qui cherche avant tout à savoir et à comprendre les causes des événements, est le meilleur moyen de dépasser les conflits et peut-être de réconcilier les anciens adversaires, à condition qu’ils le désirent. »

Reproduit avec l’aimable autorisation de Jean Morzadec, http:/www.radiofrance.fr/divers/thematiques/radiodulivre/dedicaces.


Revue de presse :

-  « Deux peuples, une guerre. Guy Pervillé propose une excellente synthèse sur la guerre d’Algérie. Pour tenter aussi de réconcilier les ennemis d’hier.

Sur un sujet déjà largement exploré, Guy Pervillé n’entend pas livrer au public une nouvelle histoire de la guerre d’Algérie, mais plutôt rassembler des matériaux constitutifs de cette histoire.

C’est dire que ce livre ne relève pas du récit linéaire classique, mais bien davantage du questionnement d’une guerre atypique dans sa triple dimension franco-algérienne, franco-française et algéro-algérienne. L’ouvrage est logiquement et solidement charpenté en trois parties : avant, pendant, après. Aux origines de la guerre, l’auteur oppose aux politiques françaises de colonisation (une réussite) et d’assimilation (un échec, ou peu s’en faut) la fermentation d’un nationalisme algérien, tardif certes, et divisé, mais bien ancré dans les diverses strates sociales.

La partie consacrée à la guerre proprement dite, articulée autour des logiques de guerre et de paix, ne cède jamais à une quelconque vision manichéenne et place chacun devant ses responsabilités, qu’il s’agisse des débordements des deux camps ou des actions de retardement menées par l’armée ou par l’OAS dans le cadre du règlement final du conflit.

Pour autant, la troisième partie, "la guerre après la guerre", est assurément la plus neuve et la plus stimulante . Outre qu’elle dresse un inventaire précis des bilans à plus ou moins court terme, elle accorde une place importante à la mémoire du conflit. Aux mémoires plutôt, tant celle-ci est plurielle : à la mémoire officielle et figée qu’entretient l’Etat algérien depuis l’indépendance, mais dans laquelle s’est glissée une talentueuse historiographie algérienne, la France oppose une mémoire à la fois évolutive, contrastée et passionnelle, qui oscille entre bonne conscience et repentance.

Doté d’un impressionnant appareil bibliographique, de cartes, de tableaux et de graphiques, cet ouvrage est plus qu’un excellent instrument de travail. Historien médiateur, Guy Pervillé plaide pour une histoire arbitrale qui aiderait à une véritable réconciliation des deux peuples, entre eux comme à l’intérieur de chacun d’eux. »

L’Histoire , n° 266, juin 2002, p. 84 (reproduit avec l’aimable autorisation de la revue L’Histoire).

-  « De la passion à l’histoire. Pour une histoire de la guerre d’Algérie, de Guy Pervillé.

L’heure est-elle venue d’écrire une histoire de la guerre d’Algérie non seulement admissible par ceux qui en restent marqués, mais aussi apte à à assouvir la soif de connaissances des générations de l’après- 1962, élevées dans l’oubli de ces "événements" ? Assurément, tant leurs échos actuels paraissent assourdissants, dans les deux pays . Mais est-ce possible enfin aujourd’hui ?

Affirmer que l’ouvrage de Guy Pervillé, professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail, deviendra la bible des anciens militants de l’"Algérie française" comme de ceux qui aidèrent les colonisés à s’émanciper serait audacieux : quarante ans tout juste après l’indépendance, le fossé des mémoires reste béant. Mais le travail de l’historien, qui s’est précisément donné pour mission de "transformer la mémoire passionnelle en histoire" afin que cette guerre mal éteinte se termine, atteint largement son but. Non pas en "racontant" huit années de conflit différemment des innombrables publications qui leur ont été consacrées. Son livre, auquel le passé simple donne un ton distancié, se consacre pour l’essentiel à une analyse des savoirs et des débats, enrichie par une double mise en perspective : fait colonial français depuis la conquête de 1830 ; relations franco-algériennes et enjeux de mémoire depuis 1962.

Banaliser la guerre d’Algérie, il n’en est pourtant pas question dans ce travail dense et pédagogique qui, s’il se veut scientifique et indépendant de tout vécu personnel, reflète quelques convictions fermes, nécessairement discutables : "L’indépendance de l’Algérie était inéluctable, mais elle aurait pu survenir dans des conditions moins violentes qui auraient évité la faillite ultérieure du pays et l’actuelle guerre civile", soutient en substance l’auteur. »

Philippe Bernard, in Le Monde des livres , 28 juin 2002 . Voir le texte intégral dans Le Monde interactif, 27-06-2002, http://www.lemonde.fr/

-  « Il est des oeuvres, longuement mûries, qui font passer de la mémoire à l’histoire. Cette magistrale synthèse du professeur Guy Pervillé est le fruit de plus de trente ans de recherches concernant le temps long de la guerre d’Algérie. Cet ouvrage tombe à pic au moment où des mémoires recomposées, souvent antagonistes, cherchent à prendre l’historien en otage. Elles s’affrontent depuis peu dans le brouillon médiatique qui honore avant tout le dieu Audimat. Or, l’historien se doit de rester serein. A la suite de l’ouverture des archives françaises et de la soutenance de thèses récentes, dont Guy Pervillé fait la somme, ce livre démontre le saut qualitatif entrepris en France depuis plus d’une dizaine d’années dans l’approche scientifique de la guerre d’Algérie. Un index nominum, un glossaire, une présentation très rigoureuse des sources abondantes et de la bibliographie, des cartes et des documents quantitatifs joints épaulent la gestion des indispensables notes placées en bas de page. Le format de l’ouvrage surprend, mais il permet la présentation aérée d’une étude en trois parties fortement charpentées. En outre, loin du charabia ânonné dans les officines des IUFM qui commence à contaminer de jeunes historiens par des barbarismes et autres néologismes dus à de nouveaux docteurs Diafoirus, ce livre est écrit dans un français châtié. »

Jean-Charles Jauffret, in Historiens et géographes , n° 379, juillet 2002, pp. 494-495. Voir aussi son compte-rendu abrégé dans Guerre d’Algérie-Magazine , n° 3, mai-juin 2002, p. 66 :

-  « Guy Pervillé pose deux questions fondamentales à l’origine de la guerre : la France avait-elle une politique cohérente en Algérie, et comment le nationalisme algérien s’est-il formé ? En évoquant l’improvisation des choix fondamentaux qui suivit la conquête en 1830, l’auteur démontre comment très rapidement après 1848 on en est arrivé à l’immobilisme. L’apport principal de cet ouvrage est de rappeler que la guerre d’Algérie fut bien une double guerre civile, avec plus ou moins d’intensité selon les périodes ou les lieux. L’auteur insiste sur la fin douloureuse de la présence française en Algérie. A propos de la recrudescence des violences urbaines en 1961-1962, il souligne la double responsabilité de l’OAS et du FLN. Comme l’a déjà évoqué Mohammed Harbi, Guy Pervillé s’intéresse aussi à l’été meurtrier de 1962 : fautes de la Vème République qui sous-estime la gravité du chaos algérien, surenchère nationaliste dont furent victimes les harkis. La guerre d’Algérie s’est bien achevée par une victoire nette du FLN, mais dans le plus grand désordre. Si bien que la cessation des hostilités, à partir de septembre 1962, n’apportera pas de véritable apaisement, surtout pour ceux qui furent chassés du territoire algérien ou prirent volontairement le chemin de l’exil. Les conditions malsaines de la sépararation de la colonie et de la métropole continuent, depuis, d’infecter le devenir franco-algérien. »

-  « Le professeur Pervillé poursuit depuis trente ans sa réflexion sur la guerre d’Algérie, qu’il replace dans le long terme, depuis la conquête de 1830, et dont il analyse le prolongement dans la deuxième guerre des années 1990. Son ouvrage n’est pas un récit strictement chronologique, mais il offre un éclairage et une discussion des thèses historiques qui ont été proposées par les deux camps. Certaines de ses conclusions ont fait l’objet, depuis plusieurs années, d’articles et de communications aux colloques, mais leur rassemblement dans un même ouvrage leur donne force et cohérence. Elles devraient ouvrir la voie à de nouveaux débats et à de nouvelles recherches. Cette oeuvre majeure de Pervillé s’appuie sur un appareil scientifique complet, sur une bibliographie riche et sélective et sur les archives qui ont été publiées par de nombreux auteurs, algériens et français. Il est suivi d’un glossaire, d’un index des noms, d’une chronologie sommaire et d’une table analytique des matières. Quelques cartes et schémas illustrent les données démographiques et l’évolution de la rébellion algérienne, malheureusement limitées à l’année 1958. (...)

En conclusion de cette remarquable synthèse, la première à envisager la guerre dans la durée et sous tous ses aspects, l’auteur souhaite que l’on puisse lire dans les deux pays, sans émotion ni scandale, ces phrases de Mouloud Feraoun : “Vive l’Algérie ! Gloire à ceux qui sont morts pour elle ... Mais quand l’Algérie vivra et lèvera la tête, je souhaite q’elle se souvienne de la France et de tout ce qu’elle lui doit”. »

Maurice Faivre, in L’Algérianiste , revue du cercle algérianiste, Narbonne, n° 99, septembre 2002, pp. 103-106.

-  « L’ouvrage de Guy Pervillé, comme son titre l’indique, se veut, non pas un livre de plus sur la guerre d’Algérie, mais "un bilan provisoire des connaissances acquises et des problèmes à résoudre, en tentant de répondre aux questions que le public se pose, et qu’il pose aux historiens". (...)

L’auteur plaide enfin pour une histoire susceptible de travailler à la réconciliation des mémoires. Pour lui, l’histoire doit d’abord établir une version des faits qu’on pourrait qualifier de "positive", c’est-à-dire la plus conforme possible à ce que peut contribuer à donner la collecte des sources et des témoignages, et leur recoupement rigoureux. Elle serait aussi capable de rapprocher, dans une compréhension mutuelle, les mémoires antagonistes. Si la première partie du programme, qui est celui du travail historique même, est impérative, on est tenté de penser, en dépit de la persévérance que Guy Pervillé a déployée, non toujours sans risques, pour exposer ses idées aux auditoires les moins réceptifs, que la mission de réconciliation a peu de chance d’aboutir. Elle se heurte aux pesanteurs décourageantes d’opinions plus sensibles aux paroles vengeresses qu’à l’appel au bon sens cartésien, souvent manipulées d’ailleurs par des groupes qui ont su faire de la haine leur fonds de commerce, et cherchent à transformer tout débat en procès. Les historiens de la guerre qui n’ont aucune attache avec l’Algérie, soit parce qu’ils n’y ont jamais vécu, soit parce qu’ils sont nés après 1962, sont-ils plus aptes que les autres à mener cette tâche, grâce à leur prétendue aptitude à "dépassionner" le sujet ? Ce serait méconnaître le fait que leur situation, bien que différemment "intéressée", ne l’est pas moins que celle de n’importe lequel de leurs collègues. Ce n’est évidemment pas une raison pour décourager qui que ce soit.

Mais ces réserves ne doivent pas obscurcir l’essentiel. Enrichi de très nombreux documents statistiques, accompagné d’une solide bibliographie très à jour, d’une chronologie sommaire, d’un glossaire et d’un index, ce livre constitue, à bien des titres, un ouvrage de référence. On sera sensible à la remarquable impartialité de ton, qui fait honneur à l’historien, même s’il risque par là d’être taxé de froideur. L’auteur ne se soucie pas de plaire ou de déplaire ni aux nationalistes algériens, ni aux partisans français du général de Gaulle, ni à ses adversaires, ni aux pieds-noirs. Il cherche à comprendre, et ce doit être assez. »

Jacques Frémeaux, in Outre-mers, revue d’histoire , 2ème semestre 2002, pp. 417-419, et The Maghreb Review , London, vol. 28, n°1, 2003, pp. 81-83.

-  « L’Histoire, entendez cette quête d’un savoir scientifique libre de tout pouvoir, pourrait-elle être cet outil qui aiderait enfin à concrétiser le pari hasardeux -et solitaire- du général de Gaulle de placer la coopération franco-algérienne sous le sceau de l’exemplarité ? Voilà une façon d’aborder, en cette année de célébration de l’Algérie en France, le travail de l’historien Guy Pervillé, pour qui "il est sûr, en tout cas, que la reconsidération critique du bilan de la guerre d’Algérie dans les deux pays est nécessaire" pour "l’assainissement" des relations franco-algériennes.(...)

L’historien rappelle les arguments des uns et des autres, et tente souvent de crever les abcès mémoriels en maniant le scalpel de la raison critique. Si ce travail est essentiel, ce n’est pas tant pour réconcilier les uns et les autres avec un passé qui s’éloigne à petits pas, que pour permettre aux jeunes générations, et plus encore à celles de demain, de se débarrrasser du remugle d’une guerre qui fait les fraternisations suspectes et les horizons bouchés. De ce point de vue, libre aux officiels algériens de se fourvoyer, mais ce faisant, malheureusement et surtout, ils fourvoient leur pays dans une mémoire qui insulte le passé, ensanglante le présent et condamne l’avenir. (...) En France, ce devoir de mémoire doit servir à rapprocher les Français entre eux, notamment avec ceux des leurs qui sont d’origine algérienne et avec les immigrés algériens. (...) C’est cette nouvelle tâche qu’assigne Guy Pervillé à l’Histoire. Pourquoi pas ? Cela est tout de même plus honorable que de devoir servir les intérêts de la colonisation ou, pour des raisons exactement inverses, d’enfermer la présence française en Algérie dans le carcan d’une "nuit coloniale". Pour être immense, la tâche qui consiste à créer les conditions d’un vivre ensemble harmonieux et républicain sur les décombres de cent trente-deux ans de colonisation, dont sept années d’une guerre atroce (sans parler des siècles de suspicion entre Chrétienté et Islam), semble plus réaliste que le pari du général de Gaulle. Du moins en France. »

Mustapha Harzoune, in Hommes et migrations , n° 1241, janvier-février 2003, pp. 145-136.

-  Une surprise tardive, quatre ans après la publication :

"Comme l’histoire en général, et celle de la colonisation en particulier, est devenue objet de manipulations éhontées sous l’effet de coteries ethniques, religieuses ou idéologiques allant jusqu’à manipuler la justice, le lecteur honnête peut redouter d’ouvrir un tel livre. Il peut légitimement s’attendre encore et toujours au déversement de contre-vérités, postulats et autres préjugés, d’autant plus que les acteurs sont toujours vivants et que ce pan de vie est pris dans un maëlstrom où s’enchevètrent passé de la colonisation nord-sud et réalité de l’immigration de peuplement sud-nord. Or, voilà la tâche d’objectivité d’analyse assumée avec rigueur, y compris lors de l’évocation de tel moment particulièrement épineux. Rien n’est omis ni retranché, pas même les diverses perceptions et approches de l’événement. Cela procure une appréhension globale de tous les aspects de cette longue tragédie."

Signé L.R, in Tribune, Bulletin Côte d’Azur (hebdomadaire d’informations économiques et juridiques) du vendredi 24 novembre 2006, p. 14. Ce compte rendu paru dans la rubrique Livres est assorti de quatre étoiles, ce qui signifie "remarquable".

-  Et pour conclure, l’avis d’un lecteur : « Monsieur, venant de terminer votre livre, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, je souhaite vous faire part de mon émotion et de ma gratitude quant à la manière pondérée, détaillée et équilibrée dont vous traitez ce sujet, manifestement familier pour vous. C’est une synthèse remarquable de cette page douloureuse de notre histoire récente. ( Ici un paragraphe à caractère personnel). A cinquante ans bientôt, je reste très sensible à tout ce qui se dit ou qui s’écrit encore sur ce sujet. Après tant d’ouvrages et de témoignages d’auto-justification à propos de cette guerre "sale" (en existe-t-il de "propres" ?), votre livre écrit l’histoire avec une recherche évidente d’objectivité, de recul, et contribue à apporter sur ce sujet un peu de paix à ces deux pays qui en ont tant besoin. Merci encore pour votre témoignage, que j’ai lu lentement, comme un roman que l’on aime malgré sa fin douloureuse connue, j’ose le dire avec un réel plaisir, et bien sûr avec beaucoup d’émotion. »

Philippe G. , Paris, le 15 juin 2002 (lettre citée avec son aimable autorisation ).

Et celui de mon maître Charles-Robert Ageron (décédé le 3 septembre 2008) dans une lettre reçue en 2002 : "Je vous félicite et je vous remercie au nom de tous les historiens".

Et enfin celui de Roger Le Doussal dans son livre Commissaire de police en Algérie (1952-1962), éditions Riveneuve, 2011, p. 22 note 37, où il cite Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Picard, 2002, "qui est, à mon avis, le meilleur livre paru à ce jour sur ce sujet".



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