De l’empire français à la décolonisation (1991)

dimanche 20 février 2005.
 
De l’empire français à la décolonisation, Paris, Hachette, Carré-Histoire,1991, 256 p, cinq éditions de 1991 à 1996. Prix actuel : 13,57 euros.

Tragique épisode de l’histoire de la France contemporaine, la décolonisation est aussi le plus mal connu : il n’existe pas d’histoire officielle ni de version consensuelle, mais des histoires partielles et partiales qui s’affrontent autour d’enjeux de mémoire. A la lumière des recherches universitaires récentes et des documents d’archives, il est aujourd’hui possible de mener un travail scientifique. C’est l’objet de ce livre.

L’auteur commence par définir les notions de colonisation et de décolonisation afin de ressusciter les réalités multiples de concepts souvent ambigus. Puis il retrace la formation de l’empire colonial français depuis le XVIème siècle, avant d’étudier ses caractéristiques économiques et politiques lors de son apogée territorial entre 1919 et 1939. Vient ensuite la succession des conflits qui en moins d’un quart de siècle ont disloqué cet empire : les chocs des deux guerres mondiales, les tentatives pour constituer une Union française, la guerre d’Indochine, les troubles en Afrique du Nord et la guerre d’Algérie, l’évolution moins tumultueuse de l’Afrique noire.

Sur tous ces points, l’auteur restitue la trame des faits et éclaire le lecteur avec neutralité, en apportant des réponses précises aux nombreuses questions soulevées par le processus de décolonisation. De nombreux textes permettent de restituer, pour chaque période, les rapports de force et les prises de positions.

Les étudiants en histoire et tous ceux qui désirent mieux cerner cette question difficile trouveront là un remarquable travail de synthèse.

Guy Pervillé, maître de conférences à l’Université de Bordeaux III, a publié Les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962, (CNRS, 1984) ainsi que de très nombreux articles sur la guerre d’Algérie et ses origines.


Revue de presse :

-  « Le "manuel" de Guy Pervillé est à recommander pour sa clarté, la rigueur de ses sources et pour la place qu’il accorde à l’évolution des mentalités. »

Lire , cité dans La lettre-Histoire, mars 1992.

-  « Guy Pervillé réussit une belle synthèse des travaux les plus récents (thèses, actes de colloques...) et de ses propres recherches sur la guerre d’Algérie. Ce travail concis, bien écrit et présenté de façon très pédagogique, doit être considéré comme un manuel à l’usage du premier cycle des universités, mais aussi de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la colonisation et de la décolonisation françaises. L’auteur innove en commettant (sic) un seul volume axé sur le long terme, depuis les premières tentatives mercantiles du XVIème siècle jusqu’aux séquelles de la décolonisation. (...) L’ouvrage se termine sur réflexion relative aux facteurs de la décolonisation, sans négliger les questions soulevées actuellement par les "confettis de l’Empire". Guy Pervillé constate aussi le piteux état de la "mémoire éclatée" d’une période de notre histoire nationale, qui n’a pas encore sa place dans nos "lieux de mémoire". En bref, une oeuvre courageuses qui confirme, entre autres, les synthèses relatives à la décolonisation comme celle publiée récemment par Charles-Robert Ageron ou celle que termine Marc Michel. On peut seulement regretter l’absence d’index, de chronologie et de table des sigles. »

Jean-Charles Jauffret, in Historiens et géographes , n° 335, février-mars 1992, pp. 507-508.

-  « Dans cette collection "Carré-histoire" dont la clarté de présentation est exemplaire, Guy Pervillé publie un excellent ouvrage, précis, à la documentation sans faille. A la suite d’un chapitre consacré aux concepts qui sous-tendent les mots colonisation et décolonisation, le premier tiers du livre est consacré à la colonisation elle-même, aux étapes de la formation de l’Empire et à sa description au moment de son apogée. Sans aucun manichéisme, l’auteur décrit parfaitement ce face à face inégalitaire du colonisateur et des colonisés, extrèmement divers de l’Indochine à l’Afrique centrale, du Maghreb à la Nouvelle Calédonie. Diversité dont il ne fut guère tenu compte, puisque les protectorats eux-mêmes furent tenus en main presque comme les pays d’administration directe. Vient ensuite la Deuxième guerre mondiale, et les perturbations qu’elle entraîna par l’effort de guerre et la montée des revbendications déjà bien perceptibles avant 1939. Avant d’aborder la décolonisation proprement dite, le lecteur possède tous les éléments qui vont influer sur les appréciations des gouvernements de la métropole et de l’opinion publique face aux exigences qui se manifesteront plus ou moins tôt. Très tôt pour l’Indochine, dès 1945 et jusqu’à la rupture totale, quelques années plus tard pour la Tunisie et le Maroc, puis l’Algérie, finalement l’Afrique noire à partir de 1958. Le désir d’émancipation n’entraîne pas partout la guerre, mais la responsabilité française semble bien avérée partout. A un développement économique insuffisant, parce que les investissements avaient été limités au minimum dans l’Empire, s’ajouta un manque d’intérêt pour les aspirations des populations locales, une instabilité politique et de médiocres acteurs à la tête de l’Etat, incertains quant aux décisions à prendre. L’arrivée du général de Gaulle au pouvoir donna davantage de cohésion à l’action de l’Etat. mais les échéances étaient inéluctables et à quelques exceptions près les colonies française prirent leur indépendance. La conclusion de l’auteur, bien étayée par les développements précédents, montre comment la France n’a pas souffert économiquement de la décolonisation. Il déplore à juste titre que traumatisée par ses échecs, elle ignore comment ils se sont produits, ce qui ne l’aide pas à faire face aux problèmes de coexistence dus à l’émigration sur son territoire, problèmes si proches de ceux du passé. Quant aux pays décolonisés, hélas ! la situation présente ne leur est guère favorable, partiellement du fait de leurs dirigeants. »

Paule Brasseur, in Revue française d’histoire d’Outre-mer, t. LXXIX (1992), n° 296, pp. 405-406.

-  En guise d’épitaphe (provisoire ?). Ce livre est actuellement épuisé. Je l’avais rédigé en 1990-91 et révisé en 1993 sur la demande insistante de l’excellente créatrice de la collection Carré-histoire des éditions Hachette, Caroline Leclerc, mais depuis son départ je n’ai eu aucun contact avec ses successeurs, dont j’ignore même les noms, et qui n’ont pas jugé utile de s’en préoccuper. Il n’était pourtant pas sans mérites, à en croire le site disciplinaire sur le métier des Professeurs de Lycées Professionnels Lettres-Histoire de l’Académie de Lille :

"Quelques bonnes raisons de lire ce livre...

De l’Empire français à la décolonisation est un ouvrage qui offre un panorama très global et synthétique de ce qu’a été l’Empire français. La question de la décolonisation est étudiée jusqu’aux restes de cet empire : DOM-TOM, Corse... Guy Pervillé pose les concepts, définit les termes de manière diachronique en début d’ouvrage, ce qui présente l’avantage d’entrer immédiatement dans la complexité du sujet tout en ayant les clés nécessaires pour éviter les anachronismes. Ainsi, l’auteur commence-t-il par définir les notions de colonisation et de décolonisation afin de ressusciter les réalités multiples enfouies sous l’usage de termes souvent ambigus. La formation de l’Empire colonial français, ses caractéristiques particulières, sont abordées dans une deuxième partie, puis ce sont les conflits mondiaux et locaux qui vont, en moins d’un quart de siècle, mener l’Empire à sa dislocation. En replaçant l’histoire de l’empire colonial français dans un temps long, en confrontant souvent la France à l’Angleterre, l’Europe au reste du monde, Pervillé éclaire les singularités de ce pan de notre histoire et donne au lecteur les clés pour les saisir.

Et concrètement dans nos classes...

La première partie est riche et donne les moyens à l’enseignant de saisir une complexité et les concepts qui permettent de la dire. De nombreux documents sont joints, qui à défaut de devenir autant de documents de cours, donnent des références et contextualisent les faits et pensées de certains acteurs."

Voir sur http://www4b.ac-lille.fr, chronique Le Temps et l’Espace n° 2, mai 2008, Du côté des livres. Lu sur Google, le 26/07/08.



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