La SFIO, Guy Mollet et l’Algérie de 1945 à 1955 (1986)

dimanche 8 avril 2007.
 
Cette communication a été présentée au colloque Guy Mollet, un camarade en République, organisé à Lille en octobre 1986, et publiée dans les actes de ce colloque par les Presses universitaires de Lille, 1987, pp. 445-462.

André Philip, dans son pamphlet « Le socialisme trahi » [1], dénonçait « un crime : la "pacification" en Algérie », dont il imputait la responsabilité à la « capitulation » de Guy Mollet devant les « ultras » d’Alger, le 6 février 1956. Il l’expliquait par « l’effondrement intérieur d’un homme », qui, « arrivé avec de bonnes intentions, était persuadé que l’origine des difficultés algériennes provenait de la mauvaise volonté de quelques gros capitalistes et propriétaires fonciers ; il allait découvrir avec étonnement que les manifestants qui le huaient étaient des petits Blancs, et représentaient les mêmes groupes sociaux qui, dans la métropole, constituent les bastions les plus solides de son parti ». Ainsi, la « capitulation du Président du Conseil » aurait eu son origine « dans son ignorance du problème colonial, algérien en particulier [2], et dans la faiblesse idéologique d’une conception du socialisme réduite à la notion de la défense du petit contre le gros ». En effet, la plupart des ministres du gouvernement Mollet auraient été caractérisés par « une absence générale de doctrine et de préoccupations intellectuelles » et par « l’acceptation consciente de l’ignorance », manifestée par le refus de consulter les deux plus grands spécialistes français de l’Islam et du Maghreb, Louis Massignon et Charles-André Julien. Ainsi, « le parti socialiste est allé aux élections en défendant un programme de négociations et de paix en Algérie. Après quoi, le Président du Conseil est parti pour Alger où il a découvert brusquement une réalité insoupçonnée. Autour de son expérience personnelle, il a alors reconstruit le monde ».

L’explication d’André Philip a fait fortune. Édouard Depreux l’a reprise, sur un ton plus nuancé [3]. D’autres auteurs l’ont admise en inversant les jugements de valeur : ainsi Pierre Laffont, ancien directeur de L’Écho d’Oran, a loué Guy Mollet d’avoir eu le courage de réviser ses préjugés anticolonialistes à l’épreuve de la réalité [4].

Mais « l’ignorance du problème algérien » est-elle vraisemblable de la part d’un secrétaire général de la SFIO en poste depuis près de dix ans ? Non, car le parti socialiste était (en concurrence avec le parti communiste) le plus intéressé par les réformes algériennes depuis 1936. Il en avait même assumé la responsabilité directe en détenant le ministère de l’Intérieur de septembre 1944 à février 1950, et le gouvernement général de l’Algérie de septembre 1944 à avril 1951. Sachant en outre que son secrétaire général correspondait régulièrement avec les trois fédérations algériennes du parti, on ne peut accepter la thèse de l’ignorance pure et simple.

Que pouvait donc savoir Guy Mollet sur le problème algérien avant 1956 ? Une première réponse se trouve dans les comptes rendus des séances du Comité directeur, signés du secrétaire général, aujourd’hui conservés à l’OURS. D’autres sources [5] nous permettront ultérieurement de préciser la présente esquisse.

Avant l’accession de Guy Mollet au secrétariat général, la SFIO avait souvent et vigoureusement pris position pour une politique de réformes en Algérie. Fidèle au projet Blum-Viollette de 1936, le parti socialiste avait participé à l’élaboration d’une nouvelle politique algérienne de la France, à l’intérieur du CFLN et de la commission des réformes musulmanes créée par celui-ci en décembre 1943, à laquelle il avait présenté des propositions précises [6]. En septembre 1944, en remaniant le GPRF, le général de Gaulle avait confié le gouvernement général de l’Algérie à un diplomate socialiste recommandé par le général Catroux, Yves Chataigneau, et le ministère de l’Intérieur au socialiste Adrien Tixier.

Pourtant, l’Algérie occupait une place minime dans les débats du comité directeur avant septembre 1946. Ce fait s’explique en partie par l’insuffisance des communications entre la direction métropolitaine et les fédérations algériennes, dont André Le Troquer transmit les doléances le 1er février 1945. Le comité directeur ne parla pas de l’Algérie en mai 1945, sinon dans un compte rendu de la réunion du comité d’entente socialo-communiste du 31 mai, où Daniel Mayer avait signalé, entre autres incidents, un article de L’Humanité du 31 mai contre Adrien Tixier « à propos des affaires d’Algérie » (sic). De même, le comité directeur ne dit rien de l’important discours prononcé par le ministre de l’Intérieur le 18 juillet à l’Assemblée consultative, où il présenta « un programme de réformes pour l’Algérie », visant à réaliser en vingt ans l’assimilation de ce pays à la France.

Le premier débat du comité directeur sur le problème algérien eut lieu après l’élection de la première Assemblée constituante, le 18 décembre 1945, suite à un exposé d’André Philip, président de la commission de la Constitution. S’interrogeant sur la place de l’Algérie dans la « communauté française », « après discussion, le comité directeur estime qu’il y aura pour l’Algérie le même régime que pour les autres régions françaises ». Position nettement assimilationniste.

Puis, l’entrée d’André Philip dans le gouvernement de Félix Gouin entraîna son remplacement à la présidence de la commission par un nouveau député socialiste d’Arras, Guy Mollet. Cet homme du Nord, européen et anglophile, eut ainsi le privilège de présider la plupart des débats sur le statut constitutionnel de l’Union française. Il résuma les positions socialistes dans un rapport de synthèse daté du 30 mars 1946 [7]. Celui-ci écartait deux positions extrêmes, l’« impensable » assimilation des indigènes, et l’« indéfendable » nationalisme, pour s’en tenir à la « personnalité territoriale », concrétisée par la création d’assemblées ayant « droit d’appel contre le pouvoir presque régalien des gouverneurs jusqu’à ce jour », afin que « chacun des territoires d’outre-mer puisse au maximum développer en son sein tout ce qui lui est particulier : son caractère ethnique, culturel, etc., et enfin défendre les intérêts propres de son territoire ». Cette voie moyenne semble préfigurer la politique algérienne du gouvernement Mollet en 1956 ; mais nous ne savons pas si dans son esprit l’Algérie relevait alors de cette politique d’autonomie locale. On ne peut tirer argument du rejet par la commission le 8 février 1946 d’une proposition de loi présentée par le docteur Bendjelloul et plusieurs députés musulmans - dont les socialistes - « tendant à établir la Constitution de l’Algérie afin que celle-ci soit inscrite dans la Constitution française » [8].

Néanmoins, le comité directeur eut à discuter le 28 février de la loi électorale applicable en Algérie. Le débat montre les dirigeants socialistes embarrassés par la position « en flèche » de leur parti, qui avait soutenu la proposition de collège unique rejetée par la commission le 8 février. Après le ralliement des communistes au double collège, on envisageait « vingt-huit élus qui pourraient être composés de seize musulmans et douze non-musulmans ». Seul Elie Bloncourt tenait ferme pour le collège unique, pour ne pas démentir le principe constitutionnel de l’égalité des droits. Le reste du comité directeur suivit les avis du ministre de l’Intérieur André Le Troquer et de son collègue André Philip (« Il faut dire que tous les citoyens sont égaux, mais exiger certaines qualités pour le droit au suffrage, donc instituer deux collèges, l’un comprenant les autochtones qui ont un minimum de connaissances et l’autre ceux qui ne l’ont pas »). Premier recul de la SFIO à partir de son assimilationnisme initial.

Après le rejet du premier projet constitutionnel et l’élection de la deuxième Assemblée constituante, Édouard Depreux remplaça Le Troquer à l’Intérieur dans le nouveau gouvernement présidé par Georges Bidault [9]. Le triomphe dans le deuxième collège algérien des fédéralistes de l’UDMA (parti de Ferhat Abbas) sur les assimilationnistes (y compris les socialistes) incita les fédérations algériennes de la SFIO à reconsidérer leur position dans un sens plus fédéraliste. Un important congrès des cinq fédérations nord-africaines se réunit à Alger les 13 et 14 juillet 1946, non sans « des oppositions assez vives au moment de la discussion de la motion finale, notamment sur l’emploi des mots « rattachement » ou « fédéralisme », selon le rapport fait par Robert Verdier au comité directeur le 17 juillet [10]. Mais la SFIO n’alla pas jusqu’à soutenir la proposition de loi tendant à établir la Constitution de la République algérienne en tant qu’État fédéré membre de l’Union française présentée par Ferhat Abbas le 2 août 1946 ; ni son contre-projet de Constitution de l’Union française proposé le 19 septembre 1946. Au contraire, la commission de la Constitution présidée par André Philip repoussa le contre-projet Abbas sur l’insistance du socialiste Paul Ramadier le 19 septembre ; puis, le 3 octobre, la proposition Abbas de Constitution de l’Algérie sur le rapport défavorable du socialiste algérois Dalloni, qui lui opposa la proposition socialiste du 19 septembre, et le projet gouvernemental du 24 septembre, œuvre d’Édouard Depreux [11].

C’est dans ces circonstances que Guy Mollet assuma la fonction de secrétaire général de la SFIO, à partir du 4 septembre 1946. Il n’avait jusque là joué aucun rôle notable dans l’élaboration de la politique algérienne du parti, qu’il semblait accepter sans arrière-pensée. Pourtant, elle subit dans les deux premières années de son secrétariat général une série d’infléchissements et de compromissions qui lui retirèrent la majeure partie de sa crédibilité.

Les premières interventions de Guy Mollet sur l’Algérie exprimaient des préoccupations strictement politiques. Le 18 septembre 1946, il s’inquiétait que le dépôt du contre-projet de Ferhat Abbas sur l’Union française et sa décision de s’abstenir jusqu’au vote de celui-ci risquât de diminuer dangereusement la majorité favorable au projet de Constitution. Le 9 octobre, il donna lecture d’une lettre de Mohand Achour, demandant l’autorisation de constituer des listes communes avec des démocrates sans parti dans le deuxième collège, et d’une autre lettre de la section d’Hussein Dey protestant contre cette éventualité ; le comité directeur maintint la décision du dernier congrès de refuser toute dérogation. Mais le 13 novembre, la même question ayant été soulevée par la fédération d’Alger, le comité directeur accepta, et donna « mandat au secrétaire général pour fixer dans quelles conditions et avec quels partis la coalition sera autorisée ». Enfin, le 12 janvier 1947, Georges Gorse se félicita que tous les députés musulmans eussent voté pour Vincent Auriol au congrès de Versailles, et Guy Mollet que « les musulmans au conseil de la République demandent leur apparentement » [12].

Cependant, Guy Mollet était aussi un homme de doctrine. Le 17 mars 1947, il donna au comité directeur la primeur d’un rapport sur la politique coloniale, préparé pour le conseil national du 19 mars en collaboration avec la commission de la France d’Outre-Mer et avec tous les camarades intéressés. Il entendait répondre au besoin que « le parti fixe sa doctrine » et « confronte ses principes avec les nécessités de l’action ». Après avoir exposé les conceptions des partis socialistes d’autrefois, et l’urgence d’entreprendre une politique neuve, il rappelait l’attitude de la SFIO depuis la Libération, et les grandes lignes de son programme (« Politique d’association des peuples. Émancipation sociale, émancipation économique des populations d’outre-mer »). S’inspirant des principes républicains, il rejetait également le racisme et le séparatisme, allant jusqu’à citer « un leader qui n’est pas des nôtres, Ferhat Abbas : ni tutelle, ni nouveaux maîtres, ni séparatisme » [13]. Idées qu’il exprima encore quelques mois plus tard dans sa préface au livre de Paul Alduy [14], L’Union française, mission de la France [15]. Ainsi Guy Mollet s’affirmait-il un spécialiste des idées générales en matière de politique coloniale socialiste.

C’est dire qu’il ne pouvait non plus ignorer le problème algérien. Le statut de l’Algérie, non réglé par la Constituante, faisait l’objet d’une nouvelle proposition socialiste déposée le 6 février 1947 [16] par le groupe parlementaire, et soumise à l’examen du conseil national du 19 mars. Le 17 mars, Guy Mollet avait lu au comité directeur un télégramme du délégué algérien à ce conseil national, qui demandait une réunion commune du comité directeur et du groupe parlementaire. Le secrétaire général reçut mission de l’organiser avec Charles Lussy (président du groupe) et le ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramadier, Édouard Depreux. Mais le statut ne fut plus discuté au comité directeur avant le 11 juin.

Entre temps, le rappel du résident général au Maroc Eirik Labonne et son remplacement par le général Juin avaient inspiré des inquiétudes sur le maintien de Chataigneau en Algérie. Au comité directeur du 11 juin, Édouard Depreux les apaisa : « Une détente s’est produite dans l’opinion à son endroit, grâce aux efforts du secrétaire général et du ministre de l’Intérieur ». Celui-ci demanda qu’il n’y eut pas de déclaration écrite officielle du comité directeur, mais une simple communication orale auprès de Ramadier pour lui demander le maintien de Chataigneau. Le 21 mai, Guy Mollet rendit compte : « Nous avons eu des apaisements. Ce soir, Chataigneau, ému par la presse algérienne qui espère son départ, a reçu l’assurance que Ramadier ne l’envisageait pas ».

Puis le statut de l’Algérie revint à l’ordre du jour après le dépôt par Édouard Depreux, le 19 mai 1947, du projet gouvernemental, compromis entre la proposition socialiste et les réserves des autres partis de la majorité, dont venaient de s’exclure les communistes. Le 11 juin le comité directeur discuta d’une proposition communiste de campagne commune en Algérie pour un statut démocratique. Depreux refusa ce front commun, même élargi à l’UDMA, pour ne pas effaroucher l’opposition que son projet rencontrait au sein du gouvernement, chez les radicaux et dans une partie du MRP. Guy Mollet conclut en recommandant aux fédérations algériennes : 1) de décourager toute tentative pour un front socialiste-communiste ; 2) d’envisager un vaste front démocratique sous forme d’un comité de personnalités.

Le 15 juillet, dans une discussion sur l’ordre du jour du prochain congrès, Depreux dénonça le durcissement de l’opposition de la droite à son projet, et l’intransigeance de Maurice Rabier, qui refusait toute concession sur la proposition socialiste, alors qu’il n’avait été élu rapporteur de la commission de l’intérieur que par une maigre majorité de vingt-deux voix contre vingt et une. Le débat ne trancha pas entre les craintes de Jean Rous et d’Yves Déchezelles (mécontenter les musulmans par des concessions) et celles de Charles Lussy et d’Édouard Depreux (« que par souci d’améliorer le projet, on risque de tout perdre »). Guy Mollet conclut : « S’il est un point sur lequel l’unanimité du parti s’est manifestée, c’est bien le statut de l’Algérie » .

Le congrès de Lyon, réuni du 14 au 17 août, arbitra en donnant mandat au groupe parlementaire et aux ministres socialistes de faire triompher le rapport Rabier, et en interdisant au gouvernement de poser la question de confiance contre celui-ci. En conséquence, Depreux demanda à Paul Ramadier d’appliquer le mandat du congrès, Rabier acceptant le projet gouvernemental comme position de repli. Mais devant l’intransigeance des ministres MRP et RGR, le gouvernement préféra « se battre sur son projet qui pouvait passer en recevant d’avantageux amendements, que d’échouer sur celui de Rabier où l’on n’aurait rien obtenu », selon Depreux. Cette décision - seul moyen d’éviter la démission du gouvernement - mit les ministres socialistes en contradiction avec leur groupe parlementaire, et entraîna la démission de Rabier de sa fonction de rapporteur, ainsi que le départ des députés musulmans le 20 août.

Le 27 août, après le vote par l’Assemblée nationale du projet gouvernemental un peu amélioré par des amendements, le comité directeur discuta les explications d’Édouard Depreux. Guy Mollet résuma le débat en critiquant sévèrement l’indiscipline de Ramadier, qui avait fait du tort au parti en nuisant à sa propagande en Algérie , et en rompant l’unité de vote entre ministres et députés. Puis il proposa un texte visant à défendre l’autorité du comité directeur sans entraîner une crise ministérielle :

« Le comité directeur animé du seul souci d’obtenir pour l’Algérie un statut démocratique, conformément au congrès de Lyon, félicite le groupe parlementaire de l’Assemblée nationale d’avoir, par ses initiatives et sa persévérance, obtenu des résultats substantiels. [Il] fait confiance aux élus socialistes du Conseil de la République pour reprendre par voie d’amendements et faire adopter les dispositions essentielles du projet socialiste. Il compte sur les députés et sur les ministres socialistes pour faire triompher ces amendements en deuxième lecture devant l’Assemblée nationale ».

Mais, dès le 3 septembre, ces espoirs s’étaient dissipés à cause de l’attitude « évasive » de Ramadier, et de l’absence de majorité pour les amendements socialistes après le départ des élus musulmans. La bataille pour le statut de l’Algérie se soldait par une demi-défaite, que le parti imputa aux pressions de la droite sur Ramadier et à l’attitude négative des musulmans et des communistes [17]. En fait, la SFIO avait sacrifié une part de sa crédibilité auprès des Algériens musulmans à son souci d’éviter une crise ministérielle en France, laquelle aurait fait le jeu du PCF ou du RPF [18].

Tout n’était pas encore perdu, la réalité du statut dépendant de son application. Mais après les élections municipales d’octobre 1947 - qui virent une poussée des extrêmes et un recul de la SFIO dans les deux collèges algériens - et le remplacement du gouvernement Ramadier par celui du MRP Robert Schuman en novembre, la question du départ de Chataigneau avant l’élection de l’Assemblée algérienne fut de nouveau posée. Le 8 janvier 1948, Guy Mollet et Pierre Commin firent part au comité directeur de l’émotion provoquée dans les fédérations algériennes par l’intention de Jules Moch (successeur de Depreux à l’Intérieur) de remplacer le gouverneur général sous les pressions de Robert Schuman, de son ministre des finances René Mayer (député radical de Constantine), et du sous-secrétaire d’État aux affaires musulmanes, le MRP Jacques Augarde. Il fut très fermement défendu par Commin, Ferrat, Pivert et Depreux : « Si Chataigneau s’en va - même remplacé par un excellent socialiste - on donnera l’impression d’un changement de politique ». Jules Moch se justifia, faisant des réserves sur son caractère, affirmant qu’il « avait, au fond de lui-même, le désir d’avoir une ambassade ». Guy Mollet demanda qu’« unanimement le comité directeur s’oppose sans réserve au départ de Chataigneau, non pas pour une question d’homme, mais pour une question de politique », et ajouta : « Chataigneau sait que son devoir de socialiste est de rester en Algérie ». Le mot de la fin revint à Marcel-Edmond Naegelen : « Le comité directeur est unanime pour s’opposer au départ de Chataigneau ».

Mais le 4 février, René Mayer ayant menacé de démissionner, Jules Moch proposa au comité directeur la nomination de Chataigneau à l’ambassade du Caire, et son remplacement à Alger par Pierre Bertaux. André Ferrat lui répondit catégoriquement, en présence de Guy Mollet : « Le comité directeur s’est déjà prononcé. Nous ne pouvons que confirmer notre position quelles qu’en soient les conséquences ».

Pourtant, le 11 février, nulle voix discordante ne troubla la joie du comité directeur après le remplacement de Chataigneau par le ministre de l’Éducation nationale Marcel-Edmond Naegelen, proposé par les autres ministres socialistes [19]. Jules Moch félicita chaleureusement « le meilleur d’entre nous » et parla d’un « succès pour le parti ». Naegelen, très ému, déclara : « Je ne suis pas capable, ce, soir, de vous dire ce que je ferai là-bas. Je tâcherai de ne pas commettre de grosses erreurs, et je vous demande d’être patients et de me faire confiance (...). Je vous assure que je resterai fidèle à mes idées et au socialisme ». Le comité directeur venait d’entériner sans débat une décision qu’Édouard Depreux qualifia plus tard de « tournant décisif » : « Le secrétaire général de la SFIO, Guy Mollet, a accepté le remplacement de Chataigneau par Marcel-Edmond Naegelen, membre de son parti, de notre parti ! René Mayer triomphait. Il était même comblé au-delà de toute espérance. Sa politique allait être appliquée par un socialiste, qui lui apporterait une caution de gauche » [20].

L’importance de ce tournant apparut brusquement après les élections à l’Assemblée algérienne des 4 et 11 avril 1948. Le 7 avril, à son retour d’Algérie, Guy Mollet, ayant proposé au comité directeur de reporter à la semaine suivante le débat sur le fond pour attendre la présence de Naegelen, puis exposé ses impressions sur les fédérations d’Algérie, fit le commentaire suivant : « Les élections dans le deuxième collège n’ont aucun rapport avec la liberté de vote et la démocratie. Je ne veux pas critiquer l’Administration, mais si les élections avaient été libérées de la tutelle administrative, on peut compter que Messali aurait recueilli 80 pour cent des suffrages. A l’heure actuelle, on doit jouer la carte Ferhat Abbas. Les intellectuels sont socialisants. Nous avons là-bas de grosses possibilités (...). Nous devons envisager de créer un mouvement chez les musulmans. L’état d’esprit de la population blanche (sic) est anti-musulman. On ne doit pas se méprendre sur les résultats électoraux du deuxième collège. Le problème reste entier, et la solution est dans l’éducation et l’industrialisation. Quant à notre camarade Naegelen, il a acquis une bonne autorité. Il s’est trouvé handicapé par le fait que la droite a essayé de l’accaparer ».

Ainsi, Guy Mollet se montrait parfaitement informé des méthodes électorales en Algérie ; mais il paraît tout à fait inconscient de leurs conséquences désastreuses sur la crédibilité de la SFIO chez les musulmans. Cette attitude paradoxale peut s’expliquer en admettant qu’il était convaincu de la nécessité de briser à tout prix l’essor du PPA-MTLD, dans l’intérêt des Algériens eux-mêmes [21].

Interprétation confirmée par le débat houleux qui opposa les membres du comité directeur le 14 avril, en l’absence de Naegelen (qui avait peur d’apparaître comme un « homme du parti ») et de Guy Mollet. Pierre Commin expliqua la victoire des « indépendants » (candidats de l’Administration) dans le deuxième collège par des pressions allant jusqu’à la fraude, dénoncées par les fédérations socialistes d’Algérie. Paul Alduy réclamant une commission parlementaire d’enquête, Charles Lussy et Jules Moch se solidarisèrent avec Naegelen, qui niait les fraudes. D’autres tentèrent d’élever le débat, tels que Jean Rous : « La participation à des postes de gouvernement est extrêmement délicate (...) pour des socialistes qui n’arrivent pas (...) à faire la politique qu’ils s’étaient proposés initialement. Chataigneau parti, n’importe quel gouverneur avait chance de tomber dans le moindre piège ». Ou Daniel Mayer : « On a peut-être eu tort de donner la liberté de vote, prématurément, aux Algériens inéduqués du point de vue civique, et le fait de demander leur assimilation aux électeurs de la métropole s’est retourné contre la population algérienne elle-même ». Coutant ironisa (« Au fond, on ne regrette qu’une chose : non pas la pression elle-même, mais qu’elle ait été, cette fois, par trop exagérée ») en écho au cynisme de Lussy (« Il convient de ne pas dramatiser sur la pression administrative, qui est toujours très bien admise quand elle nous profite »).

Pour échapper au dilemme : dénoncer les « erreurs » de l’Administration sans gêner Naegelen, le comité directeur lui envoya une délégation chargée « de l’informer, de le conseiller et de l’aider ». Celui-ci n’apprécia guère cette initiative, d’après son livre Mission en Algérie : « Le comité directeur du parti socialiste crut bon de m’envoyer une délégation pour me demander des explications, ce qui me donna une occasion supplémentaire de découvrir l’ignorance, aggravée de la prétention de donner des leçons, dont étaient affligés des hommes qui se voulaient omniscients et qui étaient péremptoires ».

En fait, le comité directeur avait renoncé à ses velléités de commission d’enquête, malgré l’insistance de Paul Alduy et du groupe socialiste de l’Assemblée de l’Union française, et celle de la fédération d’Oran, signalées par Guy Mollet le 19 mai 1948. Un an plus tard, le 22 juin 1949, le député du Constantinois Borra protesta contre le renouvellement des fraudes pendant les cantonales de mars : « Nous avons, nous socialistes, nos responsabilités dans cette affaire. Naegelen nous a dit qu’il avait le mandat de casser les reins au PPA et personne parmi les parlementaires ne l’a mis en garde. Les administrateurs ont appliqué les instructions avec un zèle exorbitant, mais nous pensions qu’après l’écrasement du PPA on en resterait là. Or, à l’occasion des élections cantonales, la même procédure s’est répétée. Il en résulte un écœurement général. La masse musulmane nous considère comme des imposteurs. Nous avons alerté Naegelen, qui est d’accord avec nous. Malheureusement, ses instructions ne sont pas exécutées ».

La proposition faite par Commin et Depreux de consacrer une séance du comité directeur au problème algérien ne semble pas avoir eu de suite. Mais Naegelen accepta de s’expliquer avec une certaine franchise devant le groupe parlementaire le 6 juillet suivant. Il admit « avoir donné des instructions pour que les élections à l’Assemblée algérienne n’amènent pas une majorité messaliste au deuxième collège. Nous avons été obligés, non pas de faire régner la terreur, mais de briser une terreur qui régnait sur le pays ».Ilconvintmêmeque ses instructions avaient pu être dépassées : « Nous avons quelquefois fait voter parce que nous ne voulions pas que d’autres fassent voter en sens contraire. On ne donne pas la liberté aux hommes en leur donnant un bulletin de vote, mais en les arrachant à l’ignorance, à l’emprise de la maladie, de la faim, de la soif » [22].

Marcel-Edmond Naegelen a dénoncé plus tard [23] l’indifférence qu’il rencontra dans les milieux gouvernementaux quand il voulut réaliser ce beau programme de réformes économiques et sociales une fois l’ordre rétabli. Cet oubli du problème algérien n’épargna pas le comité directeur de la SFIO : le débat sur le fond réclamé par Commin et Depreux le 22 juin 1949 se fit attendre jusqu’au 8 décembre 1954. Entre temps, l’Algérie ne fut mentionnée qu’à l’occasion de problèmes ponctuels.

Pourtant, 1951 vit des événements importants, qui mirent fin aux responsabilités directes du parti socialiste dans la politique algérienne. Mais les comptes rendus des séances du comité directeur en rendent compte très imparfaitement. Celui du 14 mars 1951 ne revint pas sur les causes de la démission de Naegelen, qui s’était expliqué devant le groupe parlementaire, et le Président de la République Vincent Auriol [24]. Il avait obtenu le 21 février un dernier renouvellement pour six mois de sa mission en Algérie, mais après avoir fait savoir au ministre de l’intérieur, le radical Henri Queuille [25] son désir de démissionner pour être candidat aux élections législatives de 1951. Pendant la crise ouverte par la chute du gouvernement Pleven le 27 février, Naegelen s’était opposé au secrétaire d’État socialiste à l’Intérieur, Eugène Thomas, qui lui demandait d’annuler une sanction prise contre un administrateur accusé d’avoir favorisé l’élection frauduleuse à l’Assemblée algérienne du député Benchenouf, apparenté au MRP. Eugène Thomas prit au mot Naegelen, qui le menaçait de sa démission, en l’annonçant à la presse le 9 mars (entre l’investiture de Henri Queuille et celle de son gouvernement). Naegelen s’était heurté à son propre parti autant qu’au parti radical, l’un et l’autre soucieux de plaire au MRP, leur partenaire dans le nouveau gouvernement.

Le 14 mars, Guy Mollet, vice-président du gouvernement Queuille, se montra fort embarrassé de cet « incident ». Pour la succession de Naegelen, d’accord avec le groupe parlementaire, il s’était prononcé contre la désignation d’un homme politique (oubliant la vieille proposition socialiste de confier l’Algérie à un ministre résidant, réitérée par Naegelen). André Philip l’approuva, mais déconseilla le choix du préfet de police de Paris. Celui-ci serait considéré comme une intention de répression, précisa Rosenfeld, qui proposait Pélabon, ancien secrétaire général du gouverneur général Chataigneau. Pourtant, Henri Queuille choisit le préfet de police Roger Léonard, haut fonctionnaire aux amitiés radicales. Le comité directeur ne semble pas avoir pris garde qu’il avait mis fin à près de sept ans de gestion socialiste de l’Algérie. A moins qu’il ait voulu dégager le parti d’une responsabilité trop compromettante ?

En tout cas, les mauvais résultats des élections législatives du 7 juin 1951 décidèrent la SFIO à renoncer aux responsabilités gouvernementales pour une cure d’opposition, qui lui fit perdre son dernier moyen de contrôler la politique algérienne : le secrétariat d’État à l’Intérieur. En Algérie, les résultats électoraux étaient « peu réjouissants », estimait André Bidet le 19 septembre : « Dans le deuxième collège, des candidats administratifs ont été élus avec une majorité telle que le trucage saute aux yeux. Ce qui est grave pour l’Algérie, c’est le divorce croissant entre les autochtones et les Français », ainsi que « l’unité qui s’est réalisée entre le parti communiste et tous les partis nationalistes ». Seul Marceau Pivert tenta de mettre en cause « le résultat négatif de la désignation de socialistes comme gouverneurs ». Guy Mollet conclut le débat en retenant deux idées d’André Bidet : l’importance des problèmes économiques et sociaux, et la nécessité de créer des partis socialistes autonomes : « Il est bon de donner au parti la structure même de l’Union française, c’est-à-dire d’aller vers l’association et non vers l’assimilation ».

Désormais, l’Algérie passée sous le contrôle des radicaux ne semble plus intéresser le comité directeur, sinon à l’occasion de problèmes électoraux, d’incidents comme ceux du 14 juillet 1953 à Paris [26] ou d’interventions pour les condamnés politiques nord-africains. Son opposition à la candidature de Naegelen au poste de résident général au Maroc, le 19 mai 1954, ne donna pas lieu à une critique rétrospective de sa « mission en Algérie » [27].

Même après l’insurrection du 1er novembre 1954, le comité directeur attendit le 8 décembre pour ouvrir un premier débat. L’Oranais Joseph Begarra exposa clairement les origines des attentats, fit un bilan rassurant de la répression, puis souligna le « malaise politique régnant en Algérie » : « Les élections du deuxième collège sont truquées et les élus dans leur quasi-totalité ne représentent absolument rien (...). Un autre malaise est né de la non-application du statut de l’Algérie ». Cependant, il affirma le « retournement de l’opinion publique algérienne » en faveur de l’intégration. Mais « si on laisse aller les choses, la surpopulation diminuant considérablement le niveau de vie, la situation s’aggravera terriblement et le nationalisme le plus outrancier aura l’audience des masses ». Depreux et Rimbert insistant pour dénoncer la non-application du statut et la dissolution du MTLD, Pierre Commin demanda « si le parti n’est pas gêné pour parler des élections fabriquées (...). Si les élections étaient libres, le statut serait appliqué (...). Pouvons-nous demander au groupe d’aborder cet aspect de la question sans risquer une riposte désagréable pour le parti ? » Martet jugeant plus important le choix entre l’association et l’intégration, et plus urgente l’amélioration de la situation économique, Pierre Commin répondit justement : « Il y a un problème politique qui conditionne les réformes », appuyé par Begarra : « Si on enlève tout moyen d’expression aux musulmans évolués, il se produira d’autres événements très graves ».

Le 26 janvier 1955, Begarra, soutenu par Rabier et Ben Ahmed, précisa ses analyses, dénonça l’aggravation de la répression et critiqua l’insuffisance du « plan Mitterrand ». Rimbert demandant que le comité directeur prenne position sur le problème algérien, Guy Mollet répondit qu’il serait soumis au prochain congrès national après examen par le congrès interfédéral d’Algérie. Dans l’immédiat, une délégation fut envoyée auprès de Pierre Mendès France pour lui rappeler le respect de la légalité républicaine et l’urgence d’entrer dans la voie des réformes. Celle-ci l’ayant trouvé « proche de nous, mais assez pessimiste », le parti le soutint de ses votes dans le débat qui aboutit à sa chute le 6 février 1955. Christian Pineau tenta vainement le 18 février d’obtenir l’investiture de l’Assemblée nationale, sur un programme qui prévoyait en Algérie le rétablissement de l’ordre sans recourir à « des méthodes de répression incompatibles avec les règles élémentaires de notre droit pénal », la lutte contre la misère et le chômage, l’application du statut de l’Algérie et « l’accession des populations autochtones aux droits qui découlent de la citoyenneté française ».

Sous le gouvernement d’Edgar Faure - dont il ne vota pas l’investiture - le parti accentua ses critiques à mesure que s’aggravait la situation en Algérie. Le congrès interfédéral d’Alger élabora un programme de réformes, et protesta contre le projet gouvernemental d’état d’urgence, que rejeta le groupe parlementaire (comité directeur du 30 mars). Le 25 mai, le comité directeur donna mandat au secrétaire général de publier un communiqué et de déposer une demande d’interpellation sur la politique gouvernementale en Afrique noire et en Afrique du Nord, dont il rediscuta le 8 juin. Le 15 juin, Christian Pineau, de retour d’une mission parlementaire d’enquête en Algérie, fit un rapport très pessimiste sur les chances de succès du « plan Soustelle ». Guy Mollet prit une position très nette : « Tous les projets économiques, sociaux et administratifs sont dépassés. Il faut trouver une solution politique au problème. Le parti doit avoir le courage de réviser sa position, sinon nous perdrons l’Afrique du Nord et toute l’Afrique ».

Peu après, le congrès d’Asnières vota une motion qui réclamait « un changement profond de la politique menée au cours de ces dernières années » visant à rechercher « en plein accord avec les représentants qualifiés des populations des formes nouvelles d’association » entre la France et les territoires ou États d’outre-mer ; sinon, « avant six ans il n’y aura plus association, mais peut-être sécession ». En Algérie, « il est devenu indispensable - le statut n’ayant pas été loyalement appliqué - de donner à la population des moyens d’expression politique », et pour cela de « dissoudre l’Assemblée algérienne actuelle et la remplacer, dans une première étape, par une assemblée paritaire, c’est-à-dire composée par moitié de Français européens et par moitié de Français musulmans, élue à la représentation proportionnelle par un collège unique ».

Cette prise de position fut vite dépassée par l’aggravation de la situation en Afrique du Nord, à partir du 20 août 1955. Le 29 août, le comité directeur décida d’envoyer une délégation au Président du Conseil, et de publier un communiqué pour condamner le « cycle infernal du terrorisme et du contre-terrorisme », dénoncer « l’accumulation d’erreurs » à l’origine de cette situation, refuser les « mesures de force » et rappeler les « propositions constructives » des congrès socialistes : « Il importe que des mesures soient prises de toute urgence pour aboutir en Algérie à la pacification des esprits qui permettra la libre consultation des populations ».

Faute d’obtenir satisfaction, le groupe parlementaire présidé par Édouard Depreux déposa le 12 octobre un ordre du jour de défiance, réquisitoire contre l’application « fragmentaire » du statut et les méthodes électorales qui avaient pu inciter à la violence, demandant « la dissolution de l’Assemblée algérienne et des élections libres (...) permettant de connaître les vœux de la population et de dégager les éléments représentatifs » ainsi que « l’ouverture de discussions avec (ceux-ci) pour définir les moyens et les étapes vers un but à fixer dans cette discussion : régime d’association ou régime fédéral ou tout autre régime permettant des rapports confiants entre tous les éléments de la population algérienne et l’établissement de liens durables parce que volontairement consentis entre la France et l’Algérie ». Ainsi la position socialiste se rapprochait du fameux « triptyque » (« cessez-le-feu, élections, négociations ») formulé dès le 29 septembre par Gilles Martinet [28], qui servit de slogan à la campagne électorale du Front républicain en décembre 1955.

Cette révision déchirante, voulue par Guy Mollet, était en réalité trop tardive et superficielle. La dénonciation véhémente des fautes commises depuis des années visait à reconquérir des électeurs mécontents, mais aussi à leur faire oublier les responsabilités propres du parti. A défaut d’une salutaire auto-critique, il manquait de crédibilité en promettant des élections libres, et risquait de renouveler des erreurs dont il n’avait pas recherché à fond les causes. Peut-être est-ce pourquoi Guy Mollet, après avoir multiplié pendant sa campagne les déclarations péremptoires sur la « guerre imbécile et sans issue », manifesta au congrès de Puteaux une soudaine prudence : « Il n’y a pas de formule magique. On ne peut avoir que des intentions » [29].

En tout cas, le secrétaire général n’ignorait pas le problème algérien, dont il s’était activement préoccupé en 1947 et 1948. La faute majeure alors commise - et pas seulement par Naegelen -, fut de croire que la doctrine socialiste permettait de barrer la route au séparatisme musulman par tous les moyens, en attendant les effets positifs des réformes économiques et sociales décidées par la France. Péché d’« économisme », dont le marxisme de Guy Mollet ne pouvait le garder, et qu’il reconnut trop tard.

Guy Pervillé

[1] pp. 174-175, 196-197, Plon, 1957.

[2] Souligné par nous.

[3] E. Depreux, Souvenirs d’un militant, Fayard 1972, pp. 442-443.

[4] P. Laffont, L’expiation, Plon, 1967, p. 17.

[5] Archives du groupe parlementaire conservées à la FNSP, Documents des congrès, des conseils nationaux et correspondance avec les fédérations algériennes à l’OURS.

[6] Commissions des réformes musulmanes, t. 1, p. 14959 (Archives d’outre-mer 1421 et 9611. Ces propositions avaient été élaborées par un congrès interfédéral réuni à Alger le 8 décembre 1943 et présidé par Vincent Auriol (cf. Pierre Bloch, Algérie, terre des occasions perdues, Deux rives 1961, pp. 52-53).

[7] Cité par Roger Quilliot, La SFIO à l’épreuve du pouvoir, Fayard 1972, p. 148. Nous ne l’avons pas trouvé à l’OURS.

[8] JORF, Documents parlementaires, 1946, n° 376. Cf. Le procès verbal imprimé des débats de la commission de la Constitution, 1re ANC, p. 477.

[9] Depreux ne put obtenir de Bidault la nomination de Charles-André Julien comme sous-secrétaire d’État (Souvenirs d’un militant, pp. 227-228).

[10] Verdier était accompagné de Dumas et de Noguères, ainsi que des spécialistes Andrée Viénot, Georges Gorse et Charles-André Julien. C’est alors que le comité directeur évoqua pour la première fois la répression de mai 1945.

[11] Procès-verbal imprimé des débats de la commission de la Constitution, 2e ANC, pp. 577 sq. et 784 sq.

[12] Grumbach précisa que le règlement du comité directeur distinguait entre l’apparentement politique et le rattachement administratif.

[13] Rapport conservé à l’OURS. La vraie citation d’Abbas était : « Ni assimilation... ».

[14] Ancien chef de cabinet du gouverneur général Chataigneau, il devint à la fin de 1947 président du groupe socialiste de l’Assemblée de l’Union française, à laquelle il voulut faire jouer un rôle de 3e Chambre (cf. comité directeur des 30 décembre 1947, 14 janvier et 19 mai 1948).

[15] Daté d’Alger, 20 septembre 1947, mais publié à Paris, Fasquelle, mai 1948. L’exemplaire de l’OURS est dédicacé à Guy Mollet.

[16] Aussitôt suivi par plusieurs autres propositions du parti communiste, de l’UDMA et du groupe fédéraliste musulman, du docteur Bendjelloul, etc.

[17] Le PCA avait voté contre, le PCF s’était abstenu.

[18] Voir l’analyse d’Odile Rudelle, « Août 1947 : Le vote du statut de l’Algérie, ou les limites du centrisme de 3e force », colloque La France en voie de modernisation, FNSP, 1981.

[19] M.-E. Naegelen, Mission en Algérie, Flammarion 1962, p. 11 sq.

[20] E. Depreux, op. cit., p. 337.

[21] Le 26 janvier 1955, le député Ben Bahmed estimait que « la présence des fanatiques du MTLD fausse la loi démocratique et constitue aussi un abus de confiance. Je ne veux pas justifier la fraude mais je pense qu’il fallait empêcher le succès du MTLD ».

[22] Archives du groupe parlementaire, citées par R. Quilliot, op. cit., p. 267, Cf. Naegelen, Mission en Algérie, pp. 64-69.

[23] Mission en Algérie, pp. 100-101.

[24] Journal, 1951, pp. 148-150.

[25] Il occupait ce poste depuis la démission des ministres socialistes du gouvernement Bidault, en février 1950. Ils revinrent en juillet 1950, dans le gouvernement Pleven, où ils obtinrent un secrétariat d’État à l’Intérieur pour Eugène Thomas.

[26] Ils donnèrent lieu à un bref débat sur les travailleurs immigrés au comité directeur du 22.

[27] Courtois déclara sans être contredit : « Le grand public sait que M.-E. Naegelen a réussi en Algérie ». Celui-ci se plaignit de ne pas avoir été beaucoup soutenu par les ministres socialistes.

[28] G. Martinet, « Comment arrêter l’effusion de sang en Algérie », France-Observateur, 29 septembre 1955.

[29] Cité par Depreux, op. cit., p. 440.



Forum