Le Figaro-Histoire a publié dans son n° 17 (décembre 2014-janvier 2015) un gros dossier intitulé "Algérie, la guerre sans nom".
Présenté en tête du numéro par le rédacteur en chef Michel De Jaeghere sous le titre "La guerre d’Algérie est-elle terminée ?", ce dossier remarquablement bien illustré couvre les pages 42 à 103. On y trouve notamment les articles suivants :
L’étrange défaite, par Guillaume Zeller (pp 44-53 ;
Quand De Gaulle avance masqué, par Henri-Christian Giraud (pp 54-59) ;
Anatomie d’une guerre sans nom, par Olivier Dard (pp 60-69) ;
Les jours les plus longs, par Pierre Pellissier (pp 70-75) ;
Leur après guerre , par Guy Pervillé :
Loin du cessez-le-feu espéré, les accords d’Evian libérèrent la violence contre les Français d’Algérie et les harkis, divisèrent l’armée française et ouvrirent les vannes à l’immigration algérienne. Ils ont aussi déclenché entre les deux pays une guerre des mémoires qui dure encore.
Introduction p 78 : " Si la date du début de la guerre d’Algérie n’est pas contestée, celle de sa fin reste problématique. 19 mars 1962 ? C’est la date du cessez-le-feu prévu par les accords d’Evian, mais a-t-il été vraiment respecté ? 3 juillet 1962 ? C’est celle de la fin de la souveraineté française sur l’Algérie et de la reconnaissance officielle de l’Etat algérien par la France, mais elle n’a pas mis fin à la violence en Algérie, bien au contraire. 25 septembre 1962 ? C’est la date de la réunion de la première Assemblée nationale élue sur une liste unique le 20 septembre,mais elle n’a pas suffi à donner immédiatement au premier gouvernement algérien une autorité suffisante pour rétablir l’ordre dans tout le pays. Fin décembre 1962 ? Cette dernière date, la moins connue de toutes, est celle de la séparation entre le Trésor français et le Trésor algérien. Mais en réalité, il y en a encore d’autres à considérer, par exemple celle de la nationalisation du pétrole du Sahara, le 12 avril 1971. En fin de compte, nous pouvons même nous demander si la guerre d’Algérie est vraiment finie, et si elle finira un jour."
Conclusion p 83 : Depuis lors, les présidents Sarkozy puis Hollande ont l’un et l’autre refusé cette revendication algérienne. En janvier 2013, l’intervention française au Mali contre les groupes armés islamistes se fit avec l’accord tacite de l’Algérie, qui subit en représailles la grave prise d’otages d’In Amenas. En 2014 les invitations acceptées par l’Algérie à participer au défilé du 14 juillet à Paris et à la revue navale de Toulon le 15 août semblent avoir scellé une quasi-alliance franco-algérienne. Mais comment croire en sa durée quand le ministre algérien des Anciens Moudjahidin, Tayeb Zitouni, déclare le 17 octobre : "Notre devoir est de continuer à dévoiler les massacres et les crimes barbares perpétrés par l’armée coloniale française en Algérie au temps de l’occupation. Nous organiserons des séminaires, colloques, et produirons des documents écrits et audiovisuels sur cette période jusqu’à ce que vienne une génération en France qui reconnaîtra les crimes de ses ancêtres et demandera pardon. Ce jour-là, nous refuserons ce pardon, parce que tout ce que la France a commis en Algérie est impardonnable" (Le Soir d’Algérie, 17 octobre 2014).
Lire le texte complet de cet article dans les pp 76-83.
Le Figaro-Histoire a publié dans son n° 53 (décembre 2020-janvier 2021) un gros dossier intitulé "Ce qu’était l’Algérie française. De la conquête à la rébellion".
Présenté en tête du numéro par le rédacteur en chef Michel De Jaeghere sous le titre "Algérie, terre d’empire", ce dossier remarquablement bien illustré couvre les pages 40 à 103. On y trouve notamment les articles suivants :
Ombres et lumières de la conquête, par Guy Pervillé (pp 42-51) ;
L’Empereur en son royaume, par Eric Anceau(pp 52-57) ;
L’Oeuvre française en Algérie, par Jean Sévillia (pp 58-67) ;
Stora entre deux rives, par Jean Sévillia (pp 68-69) ;
Illusions perdues, par Pierre Vermeren (pp 70-79) ;
Abd-el-Kader, le meilleur ennemi, par Jacques Frémeaux (pp 80-83).
Introduction de mon article ( p 44 ) :
L’Algérie existait-elle, en tant qu’Etat et en tant que nation, au moment où les Français s’emparèrent d’Alger le 5 juillet 1830 ? Ou bien est-elle une création de la conquête et de la colonisation française ? La question s’est posée avec acuité durant la guerre d’indépendance de l’Algérie, quand la délégation du FLN à l’Assemblée générale de l’ONU a soutenu, en janvier 1957 : "Avant 1830, l’Algérie partie intégrante du monde musulman et du Maghreb arabe, formait un Etat, la Régence d’Alger. La France a supprimé cet Etat et annexé son territoire. Pour justifier cette annexion, elle nie froidement l’évidence". Sept ans plus tard, le grand historien français Charles-André Julien - pourtant favorable à l’indépendance - ripostait énergiquement dans le tome 1 de son Histoire de l’Algérie contemporaine paru en 1964 : "En 1830 l’Algérie demeurait, en droit, une province de l’Empire ottoman ; en fait, c’était une colonie d’exploitation, dirigée par une minorité de Turcs, avec le concours de notables indigènes". Cette question n’a pas cessé de se poser depuis. Pour tenter d’y répondre, distinguons le cas de l’Algérie, l’Etat qui s’en réclamait, l’espace qu’il recouvrait et la population qui l’habitait, avant et après l’arrivée des Français.
Le Figaro-Histoire a publié dans son n° 53 (décembre 2020-janvier 2021) un gros dossier intitulé "Le crépuscule sanglant de l’Algérie française".
On y trouve, dans les pages 40 à 103,les articles suivants :
Dans les affres de la guerre civile, par Rémy Kauffer,
La stratégie du chaos, entretien de Michel de Jaeghère avec Henri-Christian Giraud,
La trahison du 19 mars, par Olivier Dard,
Oran la sanglante, par Guillaume Zeller,
La tragédie des harkis, par Jean Sévillia,
Un peuple entre deux rives, par Guy Pervillé,
Des hommes dans la tourmente, par Guillaume Zeller,
La guerre des images,
Lettres d’Alger,
La déchirure, par Albane Piot et François-Joseph Ambroselli.
Voici l’intitulé de mon article (p 80) :
Un peuple entre deux rives. Si l’expression "pieds-noirs" désigne aujourd’hui les Européens d’Algérie, elle semble n’être apparue que dans les dernières années qui ont précédé l’exode de ceux qui furent les premiers "Algériens".
Et son introduction :
L’appellation pittoresque de "pieds-noirs" désigne couramment, depuis 1962, les Français rapatriés d’Algérie. Elle a évoqué, dans l’esprit des Français métropolitains, des images très contrastées. La première était celle, particulièrement péjorative, de "colons" exploiteurs de la misère de la population algérienne indigène, et incapables par nature de comprendre la légitimité de sa juste révolte., donc coresponsables du sabotage des accords d’Evian par l’OAS et de leur propre malheur.La deuxième, plus charitable, voyait en eux des victimes de l’histoire, ayant perdu tout ce qu’elles possédaient, dispersées en terre inconnue et exposées au froid glacial de l’hiver 1962-1963. La troisième, plus positive, était sensible à l’énergie que ces "rapatriés" expatriés mirent à reconstruire leur vie à partir de rien et à la joie de vivre que traduisaient, malgré tous leurs malheurs, les chansons populaires de leur vedette Enrico Macias. L’importance de chacune a varié, mais elles sont encore présentes à des degrés divers dans différents secturs de l’opinion publique métropolitaine.
Et enfin voici sa conclusion (p 85) :
Il reste à répondre à la question : pourquoi sont-ils appelés "Pieds-noirs" ? Une réponse définitive a été apportée par les lecteurs de la revue L’Algérianiste. Il s’agissait à l’origine du nom d’une bande de jeunes qui avaient violemment manifesté contre les attentats terroristes de 1952-1953 dans le quartier de Maarif à Casablanca. Ce nom fut repris dans la presse et rapidement étendu aux Français d’Algérie dans les années 1954 à 1962. Quand ils arrivèrent en France, ils avaient été précédés par ce nom que la plupart ignoraient jusque-là. Le nom de "pieds-noirs" arriva donc au bon moment, pour exprimer l’identité collective d’un peuple doublement minoritaire, qui se sentait menacé d’un choix tragique entre "la valise et le cercueil". Mais aussi pour faciliter le relâchement des liens de solidarité entre les Français de France et des compatriotes de plus embarrassants, en les faisant passer pour une peuplade étrange aux origines incertaines. En tout cas, les symbole convenait très bien à une communauté de déracinés qui auraient voulu pouvoir emporter leur patrie à la semelle de leurs souliers.