Les accords d’Evian et les relations franco-algériennes (1988)

samedi 24 mars 2007.
 
Cette communication a été présentée oralement lors du colloque de l’Institut d’histoire du temps présent intitulé "La France en guerre d’Algérie" qui s’est tenu à Paris du 15 au 17 décembre 1988, puis publiée dans les actes de ce colloque, édités par Jean-Pierre Rioux sous le titre La guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, pp. 484-493 et 667-668 (notes).

Vingt-cinq ans après la fin de la guerre d’Algérie, les relations franco-algériennes semblent normales et apaisées. Pourtant de fréquents incidents viennent faire douter que cette guerre soit vraiment terminée pour tous les intéressés. Les conditions douloureuses dans lesquelles s’est effectuée la séparation des deux pays continuent et continueront sans doute longtemps de peser sur les relations entre les États et entre les peuples.

DU « TRIPTYQUE » DE 1955 AUX ACCORDS DE 1962

L’établissement de rapports interétatiques entre l’Algérie et la France était le principal but de guerre du FLN. Dès le 1er novembre 1954, sa proclamation le définissait en formulant ses conditions de paix. Trois exigences préalables :

- L’ouverture de négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne une et indivisible ; - La création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toutes poursuites contre les forces combattantes ; - La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets et lois faisant de l’Algérie une terre française au déni de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.

Et trois contreparties :

- Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés ainsi que les personnes et les familles ;
- Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d’origine et seront de ce fait considérés comme des étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs ; - Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun [1].

Ces conditions ne furent pas prises au sérieux par les dirigeants français d’alors. C’est pourtant sur de telles bases que leurs successeurs négocièrent les accords d’Évian, au terme d’une longue évolution.

Initialement définie par le refus de toute négociation avec les « rebelles » au nom de l’intégration de l’Algérie à la France, la politique française fut infléchie en janvier 1956 par l’avènement du Front républicain. Guy Mollet avait adopté le « triptyque » formulé dès septembre 1955 par Gilles Martinet [2] : - cessez-le-feu - élections libres - négociations entre les élus algériens et le gouvernement français pour élaborer un nouveau statut conciliant la personnalité algérienne et le maintien de liens étroits avec la France. Mais les chefs de la délégation extérieure du FLN demandèrent aux émissaires du secrétaire général de la SFIO des garanties sur la liberté des élections et le droit de l’Algérie à l’indépendance ; et ceux de l’intérieur, réunis au congrès de la Soummam, durcirent leurs exigences en faisant un préalable absolu de la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie et en y ajoutant celle du FLN comme seul représentant du peuple algérien [3]. Dans ces conditions, la paix était loin d’être acquise avant l’interception de l’avion transportant la délégation du FLN à la conférence de Tunis le 22 octobre 1956. Mais cet acte rompit les contacts que les gouvernements successifs de la IVe République avaient en vain tenté de renouer.

Provoqué par la révolte des Français d’Algérie et des chefs militaires contre les intentions de négociation du gouvernement Pflimlin, le retour du général de Gaulle semblait impliquer le retour à l’intégration. En fait, dès ses premiers discours en Algérie, celui-ci reprit le « triptyque » en prônant la réconciliation et la « paix des braves », et des élections au collège unique pour « faire le reste », c’est-à-dire préparer avec les élus un avenir fondé sur la personnalité de l’Algérie et sur une « solidarité étroite » avec la métropole [4]. En outre, il invita les Algériens à voter « oui » au référendum du 28 septembre 1958 pour faire évoluer leur pays « dans le cadre français », c’est-à-dire dans celui de la Communauté, où une « place de choix » lui était réservée. Il n’était pas question d’admettre les prétentions du « gouvernement provisoire de la République algérienne » fondé au Caire le 19 septembre et qui proposait des négociations sans préalable dans l’espoir d’amener le gouvernement français à le reconnaître implicitement.

Embarrassé par la tendance trop intégrationniste des députés élus en Algérie le 23 novembre 1958, de Gaulle décida de recourir de nouveau au référendum pour réaliser l’autodétermination des Algériens. Dans son discours du 16 septembre 1959, il leur proposa de choisir, après le rétablissement de la paix, entre trois options : la sécession, entraînant le refus de toute aide française, comme à la Guinée un an plus tôt ; la francisation, c’est-à-dire l’intégration définitive à la France ; « le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union étroite avec elle, pour l’économie, l’enseignement, la défense, les relations extérieures ». Dans ce cas, le régime intérieur serait de type fédéral pour garantir l’autonomie de toutes les communautés. De Gaulle réitérait son offre de paix des braves et invitait les nationalistes à défendre leurs idées par la voie démocratique, mais il récusait de nouveau la prétention d’un « groupe de meneurs ambitieux » à être le gouvernement provisoire algérien [5].

Malgré ce camouflet, le GPRA salua comme une première victoire l’abandon du dogme de l’Algérie française et proposa de négocier sur les garanties de l’autodétermination, en désignant pour cela les cinq « chefs historiques » détenus à la Santé. De Gaulle refusa publiquement, mais, en décembre 1959, fit savoir secrètement qu’il acceptait d’associer Ben Bella aux pourparlers et qu’il était favorable à la création d’une République algérienne dans le cadre d’un « Commonwealth français » (la Communauté rénovée, à la demande du Mali, permettant l’indépendance sans rupture) [6]. La semaine des barricades l’obligea à retarder sa prise de position publique pour « l’Algérie algérienne » jusqu’au 14 juin 1960. Mais il maintenait encore le préalable de la remise des armes et le refus de reconnaître le GPRA, comme le prouvèrent les négociations secrètes avec les chefs de la willaya IV, et l’échec de la rencontre de Melun avec les émissaires de Ferhat Abbas [7]. L’éclatement de la Communauté en États indépendants coopérant avec la France l’amena à parler, le 4 novembre 1960, d’une future République algérienne, tout en menaçant le prétendu GPRA de la fonder sans lui s’il refusait de se rallier à la voie démocratique de l’autodétermination [8].

Mais, en décembre 1960, après son dernier voyage en Algérie, marqué par de violentes manifestations des partisans de l’Algérie française et de foules musulmanes réclamant des négociations avec le GPRA, de Gaulle se persuada qu’une « troisième force » était introuvable et que la paix était impossible sans un accord avec le FLN. Malgré le relatif succès en Algérie du référendum du 8 janvier 1961, qui l’autorisait à former un exécutif provisoire pour préparer l’autodétermination, il décida de renouer les contacts rompus avec le GPRA [9].

Pour réamorcer la négociation, de Gaulle, étant demandeur, dut renoncer à exiger la remise des armes en proposant une simple trêve, et accepter le FLN comme seul interlocuteur de fait. Pour l’inciter à débattre de l’avenir de l’Algérie et des relations franco-algériennes en plus des garanties de l’autodétermination, il expliqua publiquement, le 11 avril 1961, que la France n’avait pas intérêt à maintenir sa domination par la force, ni à « porter à bout de bras l’existence des populations dans une Algérie devenue maîtresse d’elle-même, et qui n’offrirait rien en échange de ce qu’elle aurait à demander [10] ». Il somma donc les Algériens de choisir entre la rupture totale avec la France (assortie du « regroupement » de ceux qui voudraient rester français) et une coopération mutuellement avantageuse.

Après l’échec du « putsch des généraux », la première conférence officielle s’ouvrit le 20 mai à Évian. Mais le refus de la trêve par le FLN (remplacée par une « interruption des opérations offensives » françaises jusqu’au 11 août) fit le jeu de l’OAS, qui se présenta comme le seul défenseur des Français d’Algérie. C’est pourtant la demande française d’un statut privilégié pour ses ressortissants qui fit échouer la conférence d’Évian en juin ; puis l’exigence algérienne d’unité du territoire algéro-saharien [11] interrompit celle de Lugrin en juillet. De Gaulle envisagea toutes les hypothèses (formation d’un exécutif provisoire sans le FLN, ou partition de l’Algérie) avant de se résigner à reconnaître, le 5 septembre 1961, le caractère algérien du Sahara [12].

Le nouveau président du GPRA, Ben Khedda, proposa le 24 octobre de renoncer à l’autodétermination pour négocier la proclamation de l’indépendance et la conclusion du cessez-le feu, avant de définir les rapports franco-algériens et les garanties aux Français d’Algérie [13]. Mais de Gaulle s’en tenant à son programme, les discussions reprirent discrètement en Suisse. Après consultation par le GPRA des cinq « chefs historiques » détenus à Aulnoy, la rencontre des Rousses (11-19 février 1962) mit au point un projet d’accord. Approuvé le 27 février par le Conseil national de la Révolution algérienne à l’unanimité moins quatre voix (celles du colonel Boumediene, chef d’état-major de l’ALN, et de ses adjoints), il fut réexaminé et adopté par la deuxième conférence d’Évian du 7 au 18 mars 1962.

LES ACCORDS ET LEUR ÉROSION

Les accords d’Évian se composaient de deux sortes de documents : accord de cessez-le-feu prenant effet le 19 mars 1962 et signé par les deux parties [14], et des « déclarations gouvernementales relatives à l’Algérie », élaborées d’un commun accord par le gouvernement français et par le FLN, mais signées par le premier seulement. Il s’agissait donc non d’un traité entre deux gouvernements, mais d’un « programme commun » proposé par les deux parties aux ratifications séparées des deux peuples, par des référendums qui en imposeraient les dispositions aux deux États. La déclaration générale indiquait l’organisation des pouvoirs publics pendant la période transitoire (coexistence d’un haut commissaire de France et d’un exécutif provisoire algérien) et les garanties du référendum d’autodétermination qui ratifierait les accords et créerait l’État algérien dans un délai de trois à six mois. Elle proclamait la pleine souveraineté du futur État, garantissait les libertés et la sécurité de ses habitants (particulièrement des Français d’Algérie), fixait les principes de la coopération entre les deux États, du règlement des questions militaires et de celui des litiges.

Une déclaration des garanties promettait une entière sécurité à tous les habitants pour les actes commis avant le cessez-le-feu et les opinions émises avant le scrutin d’autodétermination, ainsi que la pleine liberté de circuler entre les deux pays. Elle accordait aux Français d’Algérie le droit d’exercer pendant trois ans les droits civiques algériens avec représentation proportionnelle à leur nombre, avant de choisir leur nationalité définitive, leur garantissait le respect de leurs droits civils, de leur religion, de leur langue, de leurs biens, ainsi qu’aux ressortissants français de statut étranger. Une déclaration de principe relative à la coopération économique et financière la fondait sur une base contractuelle : « L’Algérie garantit les intérêts de la France et les droits acquis des personnes physiques et morales. La France s’engage en contrepartie à accorder à l’Algérie son assistance technique et culturelle et à apporter au financement de son développement économique et social une contribution que justifie l’importance dés intérêts français existant en Algérie. » Dans ce cadre, les deux pays entretiendraient des relations privilégiées, notamment « sur le plan des échanges et de la monnaie ». D’autres déclarations fixaient les principes de la coopération pour la mise en valeur des richesses du sous-sol du Sahara dans le respect des droits acquis et au moyen d’un organisme technique franco-algérien ; de la coopération culturelle pour développer l’enseignement, la formation professionnelle et la recherche scientifique en Algérie et les échanges culturels ; de la coopération technique par l’envoi d’agents français en Algérie et de stagiaires algériens en France. Une déclaration relative aux questions militaires stipulait la réduction des forces françaises à 80.000 hommes un an après l’autodétermination et leur évacuation totale deux ans plus tard, à l’exception des bases navale et aérienne de Mers-el-Kebir et Bou-Sfer concédées pour quinze ans, des sites sahariens d’essais de fusées et de bombes atomiques pour cinq ans et de facilités d’escale sur certains aérodromes pour cinq ans. Une dernière déclaration prévoyait le règlement des différends par voie de conciliation, d’arbitrage ou d’appel à la Cour internationale de justice [15].

Ces accords furent très vite l’objet de jugements contradictoires [16]. Honteuse capitulation, camouflée derrière des garanties illusoires, aux yeux des partisans de l’Algérie française, dangereuse « plate-forme néo-colonialiste » offrant à l’Algérie une indépendance formelle pour entraver sa révolution économique et sociale, selon l’Etat-major de l’ALN et les auteurs du « programme de Tripoli » présenté au CNRA en mai 1962. Leurs responsables algériens tels que le président Ben Khedda les ont justifiés comme un expédient provisoire : « Ces accords sont le type même du compromis révolutionnaire, où le GPRA a sauvé les positions clés de la Révolution tout en se montrant souple sur les aspects secondaires ou susceptibles d’être révisés [17]. » Les négociateurs français n’avaient pas la prétention de construire des « barrières de papier, à l’abri desquelles nous espérions jouir en toute quiétude de nos droits acquis [18] », puisqu’ils avaient fait inscrire en plusieurs articles l’obligation d’une « indemnité équitable préalablement fixée » en cas d’expropriation, et même promis une « aide spécifique en vue du rachat des droits de propriété détenus par des ressortissants français » en cas de réforme agraire. Mais la rapidité de l’érosion des accords d’Évian dépassa toutes leurs prévisions.

L’exode massif des Français d’Algérie en précipita la ruine. Convaincus d’avoir tout fait pour défendre les intérêts de leurs compatriotes, les négociateurs français en rejetèrent la responsabilité sur la « folie criminelle » de l’OAS. Celle-ci était le produit du terrorisme aveugle que le FLN avait pratiqué depuis le 20 août 1955, et même intensifié pendant les négociations. Il n’en reste pas moins vrai que la stratégie du pire de l’OAS a servi les jusqu’au-boutistes du FLN en leur offrant le prétexte nécessaire pour éliminer la population française d’Algérie. Les accords conclus le 17 juin par Jean-Jacques Susini avec le président de l’exécutif provisoire, Abderrahmane Farès, et le chef de son groupe FLN, Chawki Mostéfaï, ne firent que confirmer ceux d’Évian, et vinrent trop tard [19].

Entre-temps, le CNRA, réuni à Tripoli du 25 mai au 7 juin à la demande de Ben Bella, avait adopté en secret et sans vrai débat le projet de programme du FLN, qui dénonçait les accords d’Évian comme une « plate-forme néo-colonialiste » et préconisait des structures économiques et politiques socialistes, incompatibles avec l’inspiration libérale des accords [20]. Nul n’osa s’opposer à ce que Ferhat Abbas qualifia de « communisme mal digéré », de peur de passer pour adversaire de la révolution populaire. Trois mois après leur signature, les accords d’Évian étaient virtuellement condamnés, avant d’avoir été ratifiés par le référendum du ler juillet 1962.

Dès la proclamation de l’indépendance, le 3 juillet, le pouvoir échut au FLN dans des conditions peu conformes aux accords. L’exécutif provisoire, désarmé par la désertion massive de la « force locale » au profit des willayas, était incapable d’organiser des élections. Il se soumit au GPRA, mais celui-ci n’était pas plus capable de construire l’État algérien [21]. L’éclatement du FLN entre le GPRA de Ben Khedda et Krim, le « bureau politique » de Ben Bella et Khider, l’état-major de l’ALN extérieure du colonel Boumediene et les six willayas de l’intérieur, obligea l’exécutif provisoire à continuer sa tâche administrative dans une anarchie grandissante. La victoire de Ben Bella et de l’Etat-major général permit de faire plébisciter la liste unique des candidats désignés par le bureau politique à l’Assemblée nationale, qui reçut les pouvoirs de l’exécutif provisoire et du GPRA le 25 septembre, et investit le 26 le gouvernement d’Ahmed Ben Bella. Celui-ci avait démenti être hostile aux accords d’Évian pour dissuader la France d’intervenir pendant la crise [22], mais il en demanda bientôt la révision. Son ministre de la Défense, le colonel Boumediene, organisa l’Armée nationale populaire avant de prendre le pouvoir le 19 juin 1965 : ainsi l’application de ce qui restait des accords incomba-t-elle à leur premier adversaire déclaré. Mais, ne pouvant les dénoncer globalement, l’Algérie entreprit de les démanteler en abrogeant toutes les dispositions qu’elle jugeait contraires à sa souveraineté, tout en acceptant la coopération, dans la mesure où elle y trouvait son intérêt, et en la considérant comme une juste réparation des méfaits du colonialisme [23]. Moins de dix années suffirent pour réduire la présence et les intérêts français à la portion congrue, malgré les garanties données par les accords.

Les garanties de la sécurité des personnes furent l’objet des violations les plus précoces et les plus graves. La lutte contre l’OAS puis l’anarchie de l’été 1962 déclenchèrent une vague d’enlèvements de Français suivis d’assassinats ou de séquestrations, en dépit de la présence des troupes françaises. Le secrétaire d’État aux Affaires algériennes, Jean de Broglie, présenta au Sénat le 24 novembre 1964 un bilan selon lui incontestable : sur 3.018 Français signalés comme disparus en Algérie entre le 19 mars et le 31 décembre 1962, 1.245 avaient été libérés. Sur les 1.773 autres, 1.165 étaient considérés comme décédés avec certitude ou quasi-certitude, 135 enquêtes restaient en cours, et 473 dossiers avaient été fermés faute de renseignements [24].

Mais l’Association de solidarité des familles et enfants de disparus affirme au moins 3.000 victimes, à partir d’un fichier nominatif de 2.500 disparus non retrouvés. Elle accuse le gouvernement français de n’avoir pas tout tenté pour les libérer, et le gouvernement algérien d’avoir conservé des otages comme moyen de chantage [25]. Ces enlèvements suffisent à expliquer la fuite de 800.000 Français d’Algérie en 1962, qui rendit caduc le régime particulier que les accords d’Évian leur avaient réservé. Seuls, de 1962 à 1967, 506 Français optèrent pour la nationalité algérienne [26].

En même temps, des milliers d’anciens supplétifs musulmans (« harkis » et autres catégories) de l’armée française, ainsi que d’anciens élus, furent victimes de cruelles représailles, tôt ou tard suivant les régions. Les efforts de l’Association des anciens officiers des affaires algériennes pour les transférer en métropole en 1962 se heurtèrent à l’obstruction du gouvernement français [27]. Deux bilans différents estiment le nombre des victimes à 30.000 ou à 150.000 par extrapolation à partir de témoignages localisés. Les survivants furent détenus dans des prisons ou des camps, et libérés entre 1965 et 1969. De 1962 à 1967, 60.000 musulmans algériens de plus de dix-huit ans firent reconnaître leur nationalité française en France, représentant avec leurs enfants 140.000 personnes en 1968 [28].

Les garanties aux biens français ne furent pas beaucoup mieux respectées. Les nombreux « biens vacants » furent saisis par l’État algérien sans indemnité préalable, et les transferts de capitaux en France furent limités. Toutes les terres des derniers colons furent nationalisées unilatéralement le 1er octobre 1963 ; les mines métalliques en 1966 (avec promesse d’indemnisation), les entreprises industrielles en 1968. Les concessions pétrolières au Sahara furent sauvegardées le temps que l’Algérie se dote de sa propre société pétrolière. Après l’accord du 29 juillet 1965, qui avait relevé la fiscalité algérienne sur le pétrole et associé paritairement l’ERAP et Sonatrach pour la recherche de nouveaux gisements, l’Algérie exigea en 1969 et 1970 la révision des clauses fiscales et la prise de contrôle des sociétés concessionnaires à 51 %. Elle annonça ces mesures avec promesse d’indemnisation le 24 février 1971, puis l’abolition du régime des concessions le 12 avril après l’échec des négociations entre gouvernements. Les sociétés françaises boycottèrent le « pétrole rouge » algérien, puis signèrent des accords d’indemnisation et de participation minoritaire de juin à décembre 1971. Ainsi les grandes sociétés furent-elles mieux traitées que les simples particuliers [29].

Les intérêts stratégiques de la France furent de loin les mieux respectés. Les dernières troupes de l’armée de terre furent évacuées en juin 1964, et toutes les bases concédées furent rendues avant terme, au moment où le gouvernement français avait cessé de les juger indispensables (les sites sahariens en 1967, Mers-el-Kébir en 1968, Bou-Sfer en 1970).

A cette érosion des accords, le gouvernement français avait répondu par des mesures de rétorsion en diminuant son aide budgétaire (qui totalisa 3.307 millions de francs de 1963 à 1970) et en réduisant les contingents de travailleurs et les quantités de vin admis en France. Mais jamais (sauf en juillet 1962) il ne semble avoir envisagé une rupture totale, et la coopération culturelle et technique, dernier moyen de l’influence française, resta hors de cause.

Pourtant, après la signature des accords le général de Gaulle se disait encore prêt à procéder à l’« arrachement » si cela devenait nécessaire. Mais quelques mois plus tard il s’était résigné au rapatriement des Français d’Algérie et à la perte de leurs biens, sans renoncer à la coopération. Sans doute répugnait-il à l’aveu de son échec, et pensait-il que l’avouer le rendrait total et définitif. Au contraire, il voulait espérer qu’une aide « exemplaire » à l’Algérie servirait à long terme le prestige français dans le Tiers-monde. « J’ai avalé des couleuvres en Algérie, j’en avalerai encore, mais c’est la clé de ma politique [30]. » Il reçut discrètement Krim en juin 1962 et Ben Bella en mars 1964, mais ajourna toujours son propre voyage à Alger, qui lui aurait « fait de la peine ».

Georges Pompidou poursuivit la même politique. Il refusa de faire une affaire d’État du conflit pétrolier de 1971, alors que l’Algérie s’attendait à la rupture de la coopération et l’expulsion de ses ressortissants [31]. Après cette crise, il voulut « banaliser » les rapports franco-algériens [32], tandis que l’Algérie souhaitait redéfinir des relations privilégiées sur la base d’une commune hostilité à l’hégémonie des deux super-puissances. Un rapprochement s’esquissa en juillet 1973 entre les ministres des Affaires étrangères Michel Jobert et Abdelaziz Bouteflika. Mais la persistance d’actes anti-algériens en France depuis 1971 et la permanence d’un déficit commercial aux dépens de l’Algérie le rendaient fragile.

La mort de Georges Pompidou en avril 1974 incita l’Algérie à l’expectative. Le nouveau président, Valéry Giscard d’Estaing, était connu pour ses sentiments favorables à l’Algérie française, mais il accepta l’invitation en Algérie éludée par ses deux prédécesseurs. Du 10 au 12 avril 1975, des paroles historiques furent prononcées, mais sans lendemain. Le président algérien estimait que les relations entre les deux pays ne pouvaient être banales : « Nécessairement elles seront ou médiocres ou exceptionnelles. » Il renouvela donc sa proposition d’établir des « rapports permanents » faisant de la France le partenaire privilégié de l’Algérie, chef de file du tiers-monde en lutte pour un nouvel ordre économique mondial contre l’impérialisme des pays nantis. Le président français répondit qu’il valait mieux établir d’abord des « relations normales » fondées sur le respect de l’indépendance, de l’intérêt et de la dignité de chacun, avant d’en venir à des relations « cordiales » [33].

Dans les mois suivants, la diminution des achats de pétrole algérien par la France, puis le soutien françaisàl’accordhispano-marocainsur le Sahara occidental incitèrent l’Algérie à suspecter les intentions françaises. Dès décembre 1975, elle accusait la France giscardienne de s’être alignée sur l’impérialisme américain et de vouloir l’isoler en armant le Maroc et la Mauritanie et en chargeant le Zaïre, le Sénégal et la Tunisie d’ameuter tous les régimes hostiles à la révolution algérienne et au Front Polisario. Pendant trois ans, une guerre froide opposa les deux pays, avec prise d’otages français au Sahara et intervention des avions Jaguar français contre les attaques des Sahraouis en Mauritanie. Mais la tension retomba après l’échec de la gauche française aux élections de mars 1978, et le retrait de la Mauritanie du conflit en juillet. Le dernier message du président Boumediene, en novembre 1978, proposait un nouveau rapprochement.

Depuis lors, les relations franco-algériennes se sont peu à peu normalisées. Elles ont repris une apparence cordiale après l’avènement de François Mitterrand, qui rendit visite à l’Algérie en novembre 1981 et en octobre 1984, et reçut le président Chadli Bendjedid à Paris en décembre 1982 et en novembre 1983. Les problèmes n’ont pas disparu, mais les principaux se trouvent désormais dans la situation et l’avenir de la population algérienne immigrée en France : sécurité contre les actes et les crimes racistes, mesures de contrôle de l’immigration ou d’incitation au retour, activités politiques des opposants algériens, identité culturelle, nationalité et service militaire des jeunes Algériens nés en France, enfants de couples mixtes séparés... Autant d’enjeux capitaux pour l’Algérie mais également pour la France où la percée du Front national et le projet de réforme du Code de la nationalité ont ouvert un grand débat sur l’identité française.

Cependant la mémoire de la guerre continue de peser lourdement sur le présent et sur l’avenir des deux pays. En Algérie, le langage officiel de paix traduit une aspiration populaire, mais est démenti par la persistance, dans les moyens d’information, d’une propagande de guerre [34]qui exalte le « million et demi » de martyrs algériens [35], accuse la France de génocide, et même d’avoir testé sur des prisonniers algériens les effets de sa première bombe atomique, ou prête un écho complaisant aux sophismes de Me Vergès (avocat de Klaus Barbie) sur les crimes contre l’humanité. En même temps, témoignages et romans sur la guerre de libération justifient ou glorifient le terrorisme antifrançais [36]. Un ancien moudjahid avoue franchement sa haine de la France : « Nous pensons que cette dernière doit réparer la plus grande partie des pertes qu’elle nous a infligées, et qu’il faudrait qu’elle le fasse spontanément pour se racheter [...]. Nous ne pourrons pas l’embrasser avec effusion, ni serrer dans nos bras nos bourreaux d’hier [37]. » Récemment, trois anciens officiers de l’ALN ont appelé à la mobilisation contre « l’ennemi séculaire de notre peuple qui, vingt-cinq ans après l’indépendance, n’a pas encore abandonné l’espoir de nous soumettre à nouveau par Algériens interposés », « la France qui ne renoncera jamais à regagner une guerre qu’elle n’a perdue que militairement », par l’intermédiaire « d’anciens ou de nouveaux harkis, présents dans les rangs de l’État », car il existe encore des Algériens « profondément français dans leur tête [38] ».

L’histoire de la guerre de libération nationale, fondatrice de la légitimité du pouvoir, est une affaire d’État. Mais l’exaltation de l’héroïsme individuel ou collectif ne suffit plus depuis le succès des livres d’Yves Courrière et de ceux de Mohammed Harbi publiés en France, qui ont fait connaître les faiblesses et les divisions du FLN. Depuis 1972, les autorités s’emploient à rassembler les sources de cette histoire pour les historiens algériens, mais redoutent les conséquences politiques de leurs travaux. Les organisateurs du colloque réuni à Alger en novembre 1984 sur « Le retentissement de la révolution algérienne [39] » ont invité des historiens de tous pays à témoigner sans réticence qu’elle fut un « combat exemplaire [pour] tous les hommes libres », mais ils ont fait taire un historien algérien qui voulait parler du terrorisme. Le quatrième séminaire des Anciens Moudjahidin sur l’écriture de l’histoire a montré que celle-ci ne sera pas facile.

En France, même si le militantisme anticolonialiste des « porteurs de valise » ne dépassa jamais le stade groupusculaire, les sondages d’opinion [40] et les référendums des 8 janvier 1961 et 8 avril 1962 avaient manifesté un consensus largement majoritaire pour la paix en Algérie par l’indépendance et la coopération. Un quart de siècle plus tard, il est confirmé par de nouveaux sondages [41] où ne perce aucune volonté de revanche. Mais une minorité, à savoir les partisans de l’Algérie française, se sent doublement vaincue par la décolonisation et la défaite dans une guerre franco-française. Chaque année, de multiples incidents ravivent ses griefs contre l’Algérie et contre la majorité de la métropole : lenteurs et insuffisances de l’indemnisation des rapatriés, difficultés d’intégration des familles de harkis, ignorance ou incompréhension de leurs souffrances, imputation à l’armée française du charnier de Khenchela, remous provoqués par le projet de loi d’amnistie aux « officiers félons » en 1982, présence du ministre Claude Cheysson à Alger aux fêtes du 1er novembre 1984, célébration du 19 mars 1962 par des cérémonies ou par des plaques de rues à l’initiative de la FNACA, voire projet de livraison des archives du gouvernement général et des départements français d’Algérie à l’État algérien en 1981. Tous ces faits renforcent leur sentiment d’exil intérieur et leur refus de faire les frais d’une réconciliation franco-algérienne. Une corrélation est vraisemblable entre leur ressentiment, la recrudescence des manifestations de racisme anti-arabe et la percée du Front national, en particulier dans les départements du Midi. Étant bien entendu que les rapatriés sont loin d’être tous arabophobes et que les métropolitains ne sont pas nécessairement antiracistes.

Ce clivage est atténué par la montée de l’ignorance des jeunes générations après 1962. Contrairement à leurs devancières, elles n’ont pas besoin d’oublier, mais d’apprendre. Les programmes scolaires ont accordé un temps suffisant pour parler de la guerre d’Algérie en troisième et en terminale à partir de 1980 et de 1983. Mais les enseignants sont embarrassés par l’insuffisance de la recherche historique à peine commencée [42], résultat de la politique du silence pratiquée depuis 1962. Contrairement à la Grande Guerre, épreuve positive pour le sentiment national français, et à la Seconde Guerre mondiale, dont le côté glorieux peut racheter le côté sombre, la guerre d’Algérie n’a inspiré à nos dirigeants qu’une vague mauvaise conscience, traduite par une série de lois d’amnistie et par l’absence de tout encouragement à la recherche. Ils ont ainsi laissé le champ libre à une historiographie dominée (sauf exceptions) par les points de vue partisans, où les tendances nostalgiques de l’Algérie française ou du « baroud » colonial sont largement surreprésentées [43].

La politique française envers l’Algérie ne gagne rien à une telle situation. La nécessaire amnistie des responsabilités individuelles n’impose pas l’amnésie des responsabilités collectives assumées ou abdiquées par la nation et ses représentants. Seule une histoire de la guerre d’Algérie enracinée dans une histoire de la colonisation française peut dépassionner en les dépassant la discorde franco-française et le conflit franco-algérien. Un tel effort est nécessaire dans les deux pays pour assainir profondément et durablement les relations franco-algériennes.

Les accords d’Évian visaient non à empêcher pour toujours la réappropriation de l’Algérie par les Algériens, mais à couvrir le dégagement de la France par un compromis honorable qui ménage les apparences et les transitions nécessaires à la reconversion de ses intérêts. Son honneur a souffert de l’abandon de trop de ses ressortissants et de ses partisans à des vengeances prévisibles. Les intérêts des Français d’Algérie ont été sacrifiés à ceux (énergétiques et stratégiques) de la métropole. En fin de compte, il n’est resté que l’influence (réelle, mais peu mesurable) laissée par la coopération culturelle et technique, et par l’immigration algérienne. La France a-t-elle alors perdu par excès de prudence une chance de rebâtir de nouvelles relations privilégiées avec l’Algérie ? On peut en douter. Dans les deux pays, les séquelles de la guerre s’opposaient à une amitié sans arrière-pensées. Il faudra beaucoup de temps et d’efforts réciproques pour que les relations franco-algériennes de normales puissent devenir cordiales.

Guy Pervillé

[1] Texte original dans Mohammed Harbi, Les Archives de la Révolution algérienne, Éditions Jeune Afrique, 1981, pp. 101-103. Texte modifié par inversion des conditions n° 1 et 3 dans El-Moudjahid, n° 4, octobre 1956 (réédition de Belgrade, 1962, t. I, pp. 59-60).

[2] « "Comment arrêter l’effusion de sang en Algérie ? », France-Observateur, 29 septembre 1955. Voir Guy Mollet, Un camarade en République, Presses universitaires de Lille, 1987, pp. 445-462, 463-474, et 518-530.

[3] Plate-forme du congrès de la Soummam, partie II (« Perspectives politiques »), dans El-Moudjahid, n° 4 (réédition t. 1, p. 66). Reproduite par Yves Courrière, Le Temps des léopards, Fayard, 1969 et Philippe Tripier, Autopsie de la guerre d’Algérie, Éditions France-Empire, 1972.

[4] Charles de Gaulle, Discours et messages, t. III, Avec le renouveau, pp. 15 à 56 (du 4 juin au 23 octobre 1958).

[5] Ibid., pp. 117-123.

[6] Bernard Tricot, Les Sentiers de la paix, Plon, 1972, pp. 119-120. Voir les révélations d’Amar Hamdani, Krim Belkacem, le lion des djebels, Balland, 1973, pp. 23 et 287-288 ; et d’Alain de Boissieu, Pour servir le Général, Plon, 1982, p. 128.

[7] Discours et messages, ibid., pp. 228-229. Voir Tricot, op. cit., pp. 116-178.

[8] Discours et messages, ibid., pp. 256-262.

[9] Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir, t. I, Le renouveau, pp. 100-103. Voir Louis Terrenoire, De Gaulle et l’Algérie, Fayard, 1964, pp. 215-219.

[10] Discours et messages, ibid., pp. 287-294. Voir Mémoires d’espoir, Le renouveau, pp. 103-111, et Tricot, op. cit., pp. 219-238.

[11] Le Sahara était exclu de l’autodétermination, réservée aux douze départements de l’Algérie du Nord.

[12] Discours et messages, ibid., pp. 340-341.

[13] El-Moudjahid, n° 86, l4 novembre 1961 (réédition, t. III, pp. 597-598). Voir Benyoucef Ben Khedda, Les Accords d’Évian, Publisud-OPU, 1986, pp. 26-27.

[14] Du côté FLN, seul signa Belkacem Krim, chef de la délégation.

[15] Textes complets des accords dans Ben Khedda, op. cit., pp. 76-111. Voir Abderrahmane Farès, La cruelle vérité, Plon, 1982, pp. 174-208, et Yves Courrière, Les feux du désespoir, Fayard, 1971, pp. 649-672.

[16] Bien résumées par Jean Lacouture, Algérie, la guerre est finie, Bruxelles, Complexe, 1985, pp. 178-188.

[17] Ben Khedda, op. cit., pp. 37-40.

[18] Bernard Tricot, op. cit., cité par Jean Lacouture, op. cit., p. 183.

[19] Farès, op. cit., pp. 117-130. Ces accords furent désavoués par Ben Bella et par Ben Khedda, déjà en lutte pour le pouvoir. Cf. M. Harbi, Le FLN, mirage et réalité, Éditions Jeune Afrique, 1980, pp. 347-349.

[20] Harbi, op. cit., pp. 330-341.

[21] Farèss, op. cit., pp. 133-138, et Tricot, op. cit., pp. 345-361.

[22] Le 24 juillet, Alain Peyrefitte déclare à l’issue d’un conseil des ministres : « Si la situation s’aggravait, la France interviendrait directement pour protéger ses nationaux [...]. Il n’y a pas de coopération possible si la vie et les biens des Français sont menacés » (cité par M. Harbi, op. cit., p. 362).

[23] Cf. Nicole Grimaud, La politique extérieure de l’Algérie, Éditions Karthala, 1984, pp. 35-68.

[24] Journal officiel, Débats parlementaires, Sénat, 25 novembre 1964, p. 1847.

[25] Marc-Louis Leclair, Disparus en Algérie, 3.000 Français en possibilité de survie, Jacques Grancher, 1986.

[26] Bruno Étienne, Les problèmes juridiques des minorités européennes au Maghreb, CNRS, 1968, pp. 292-300.

[27] Nicolas d’Andoque, Guerre et paix en Algérie. L’épopée silencieuse des SAS, SPL, 1977, pp. 159-182.

[28] D’Andoque, op. cit. ; Ahmed Kaberseli, Le chagrin sans la pitié, Dieppe, Le Clin d’œil, 1988.

[29] Nicole Grimaud, op. cit., pp. 69-85.

[30] Raymond Tournoux, La tragédie du Général, Plon, 1967, pp. 402-407, et 424-425. Cf. Jean Lacouture, De Gaulle, t. III, Le souverain, Le Seuil, 1986, pp. 423-426.

[31] Ania Francos et J.-P. Séréni, Un Algérien nommé Boumedienne, Stock, 1976, pp. 233-234.

[32] Déclaration du 24 juin 1971, citée par Nicole Grimaud, op. cit., p. 88.

[33] Déclaration du 14 décembre 1977, citée par Nicole Grimaud, op. cit., p. 94.

[34] Préparée dès 1971 comme riposte à une éventuelle rupture de la coopération lors de la nationalisation du pétrole. Cf. Ania Francos et J.-P. Séréni, op. cit., pp. 233-234.

[35] Le déficit de la population musulmane dû à la guerre est estimé de 500.000 à 600.000 personnes par les auteurs algériens sérieux, et de 250.000 à 300.000 par Xavier Yacono, « Les pertes algériennes de 1954 à 1962 », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 1982, n° 2. Voir « Combien de morts pendant la guerre d’Algérie ? », L’Histoire, n° 53, février 1983, et n° 56, mai 1983.

[36] Par exemple, Chabane Ouahiaoune, Itinéraires brûlants ; Mohammed Moulessehoul, El Kahira, cellule de la mort, et surtout Abdelkader Ben Azzedine Ghouar, Cinq fidayine ouvrent le feu à Constantine, Alger, ENAL, 1986. Le dernier titre mérite la palme de l’horreur. Voir mes comptes rendus dans la rubrique « Historiographie de la guerre d’Algérie », Annuaire de l’Afrique du Nord 1986, Éditions du CNRS.

[37] Abdelhamid Baïtar, Afin que nul n’oublie, ou La révolte des bidonvilles, Alger, ENAL, 1984, pp. 54-56.

[38] Interventions des colonels Salah Boubnider et Amar Benaouda et du docteur Lamine Khane au 4e séminaire des Anciens moudjahidine sur l’écriture de l’histoire, Algérie actualités, n° 1172, 31 mars-6 avril 1988.

[39] Publié par le Centre national d’études historiques, Alger, ENAL, et Bruxelles, GAM, 1985.

[40] Charles-Robert Ageron, « L’opinion française devant la guerre d’Algérie », Revue française d’histoire d’outre-mer, n° 231, 2e trim. 1977, pp. 251-284, repris dans cet ouvrage, première partie.

[41] Sondage « Les Français et la guerre d’Algérie », dans L’Express, n° 1477, 27 octobre-3 novembre 1979, pp. 146-148.

[42] Cf. « Le point sur la guerre d’Algérie » et « Peut-on enseigner la guerre d’Algérie ? », dans Historiens et géographes, n° 293, février 1983, et n° 308, mars 1986.

[43] Voir la rubrique « Historiographie de la guerre d’Algérie » dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, 1977 à 1987, Éditions du CNRS, et la bibliographie commentée par Geneviève Massard-Guilbaud, Bulletin de l’IHTP, n° 20, juin 1985, pp. 23-57.



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