Robert Boulin, secrétaire d’Etat aux rapatriés (24 août 1961-11 septembre 1962) (2009)

lundi 28 février 2011.
 
Cette communication a été d’abord présentée lors du colloque consacré à "Robert Boulin en politique", les 1er, 2 et 3 octobre 2009 à la mairie de Libourne, dont les actes viennent d’être publiés par les éditions Peter Lang (Bruxelles et Berne) sous le titre "Robert Boulin, itinéraires d’un gaulliste (Libourne, Paris)" sous la direction de Hubert Bonin, Bernard Lachaise, et Christophe-Luc Robin (voir pp. 129-142).

Le nom de Robert Boulin, premier secrétaire d’Etat aux rapatriés à la fin de la guerre d’Algérie, évoque aujourd’hui encore, sur certains sites internet [1], sa déclaration du 30 mai 1962 identifiant les Français d’Algérie revenant en France à des « vacanciers « et non pas à de véritables « rapatriés » ou expatriés [2]. Et pourtant, son image personnelle avait longtemps été beaucoup plus favorable que celle des autres membres du gouvernement, même auprès des hommes politiques qui désapprouvaient la politique gaullienne de décolonisation de l’Algérie : à leurs yeux, il était l’homme de bonne volonté qui employait toute son énergie à faire tout ce qui était humainement possible pour atténuer les souffrances de ses compatriotes privés de leur pays natal. Mais il faut suivre la chronologie et distinguer plusieurs périodes pour essayer de retracer plus précisément l’évolution du rôle et de l’image de Robert Boulin. Nous évoquerons donc, principalement à partir des débats parlementaires, le promoteur de la « loi Boulin » sur les rapatriés en général, puis son action en faveur des rapatriés d’Algérie, et enfin sa relève dans ce poste au bout d’un peu plus d’un an de fonction [3]. Cette recherche est encore loin d’être complète, mais donne une première approche.

Robert Boulin, auteur de la « loi Boulin » sur les rapatriés

C’est en août 1961 que le gouvernement de Michel Debré décida d’intensifier l’aide publique aux Français obligés par la décolonisation de quitter le territoire colonial où ils vivaient pour rejoindre le territoire national. Ce problème du retour et du recasement des « rapatriés » existait depuis la fin de la guerre d’Indochine (1954) et s’était surtout posé en 1956 par suite de la crise de Suez, à laquelle s’était ajouté le reflux des Français de Tunisie et du Maroc, puis celui des Français installés en Guinée après que Sékou Touré eut choisi l’indépendance totale à l’occasion du referendum de septembre 1958. Mais la situation fut subitement aggravée par un nouvel afflux de réfugiés de Tunisie déclenché par le conflit franco-tunisien du 18 au 22 juillet 1961. C’est alors que le Premier ministre Michel Debré décida de créer un secrétariat d’Etat aux rapatriés [4], et d’en charger le député de Libourne Robert Boulin [5], à l’occasion d’un remaniement de son gouvernement. Ce remaniement fut annoncé le 24 août, mais dès le 17 août le futur secrétaire d’Etat mit au point avec le Premier ministre la loi d’aide aux rapatriés [6].

Michel Debré pensait aussi à un afflux possible de « rapatriés » d’Algérie dans les mois suivants, étant donné la volonté gaullienne de mettre fin à la guerre d’Algérie le plus vite possible, que ce fût par un accord avec le FLN (encore hors d’atteinte après les vaines négociations d’Evian et de Lugrin) ou sans un tel accord [7]. Mais à partir de la fin octobre 1961, la reprise des négociations sérieuses avec le FLN sembla éloigner les perspectives les plus dramatiques d’un exode massif, et les accords des Rousses (18 février 1962) et d’Evian (18 mars 1962) prétendaient permettre à la masse des Français d’Algérie de rester dans leur pays avec des garanties, mais c’était plus un espoir qu’une certitude.

Robert Boulin se mit donc aussitôt au travail pour mettre au point la « loi Boulin ». La première version du « projet de loi relatif à l’accueil et à la réinstallation des Français d’Outre-mer » fut envoyée au Sénat par le gouvernement Debré le 30 septembre 1961. Mais ce projet, étudié en toute hâte par les commissions des Lois, des Finances, et des Affaires étrangères du 10 au 12 octobre, fut considéré comme une « déclaration d’intention » gouvernementale, un peu éclairée par l’audition « très nette et très franche » du secrétaire d’Etat, et fut retirée de l’ordre du jour avec son accord. Elle revint en discussion les 24 et 25 octobre (avec un nouvel avis présenté par la commission des Affaires économiques et du Plan). Après un débat très constructif (même si à gauche la SFIO et le PCF refusèrent de voter le projet), Robert Boulin remercia le Sénat pour les améliorations apportées à son texte.

Le texte adopté par le Sénat fut ensuite discuté à l’Assemblée nationale du 21 au 23 novembre et le 29. Le gouvernement demanda une nouvelle délibération sur l’article 2 du projet, qui avait été repoussé, et il obtint satisfaction de justesse. Puis l’ensemble du projet fut adopté le 29 novembre par 365 voix pour et 138 contre.

Le projet de loi revint alors pour être voté par le Sénat le 8 décembre, puis par l’Assemblée le 12 décembre, et enfin, après la réunion d’une commission mixte paritaire demandée par le premier ministre Debré, un projet commun fut voté par les deux assemblées le 14 décembre.

La « loi n° 61-1439 du 26 décembre 1961 [8] relative à l’accueil et à la réinstallation des Français d’outre-mer », dite « loi Boulin », se composait de quatre articles.

L’article 1er définissait l’objectif de la loi (« Les Français ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d’événements politiques, un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France, pourront bénéficier du concours de l’Etat, en vertu de la solidarité nationale affirmée par le préambule de la Constitution de 1946, dans les conditions prévues par la présente loi ») ; puis le paragraphe suivant annonçait que « ce concours se manifeste par un ensemble de mesures de nature à intégrer les Français rapatriés dans les structures économiques et sociales de la nation », dont il donnait ensuite une liste : « des prestations de retour, des prestations temporaires de subsistance, des prêtes à taux réduit et des subventions d’installation et de reclassement, des facilités d’accès à la profession et d’admission dans les établissements scolaires, des prestations sociales, ainsi que des secours exceptionnels ». Les trois derniers paragraphes prévoyaient des programmes supplémentaires de construction de logements, des indemnités particulières pouvant être attribuées aux rapatriés les plus défavorisés en raison de leur âge ou de leur invalidité, et des délais et aménagements de taux d’intérêts accordés aux débiteurs de bonne foi.

L’article 2, qui avait été très contesté dans les débats, autorisait le gouvernement à prendre par ordonnances avant le 24 avril 1962 (lesquelles devraient être déposées devant le Parlement pour ratification au plus tard deux mois après l’expiration du délai précédent) « celles des mesures mentionnées à l’article 1er qui sont du domaine de la loi et relatives aux règles concernant les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires de l’Etat ainsi qu’aux principes fondamentaux du droit du travail et de la sécurité sociale ».

L’article 3 comportait deux paragraphes prévoyant des extensions du champ d’application de la loi. Le premier et le plus important autorisait le gouvernement à étendre les mesures prises « à des Français ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d’événements politiques, un territoire non visé à l’article 1er », ce qui concernait notamment l’Algérie, dont le sort définitif n’était pas encore fixé. De même, le deuxième paragraphe prévoyait de faire bénéficier de la présente loi « des étrangers dont l’activité ou le dévouement justifient cette extension et qui s’établissent sur le territoire de la République française » (ce qui pouvait concerner, comme on le vit plus tard, des réfugiés musulmans algériens).

L’article 4 prévoyait le financement des mesures envisagées par une loi de finances déposée au plus tard le 30 juin 1962, la défense des biens et des intérêts des personnes visées aux articles 1er et 3 ci-dessus par « un organisme dont la composition, le fonctionnement et les attributions seront fixés ultérieurement par une loi », et promettait enfin une mesure très ardemment réclamée par les défenseurs des « rapatriés » (et dont le gouvernement n’avait pas voulu au début [9] : « Une loi distincte fixera, en fonction des circonstances, le montant et les modalités d’une indemnisation en cas de spoliation et de perte définitivement établies de biens appartenant aux personnes visées au premier alinéa de l’article 1er et de l’article 3 ».

Cette loi fondamentale visait à accélérer le règlement d’une conséquence de la décolonisation trop longtemps sous-estimée, mais on sentait bien qu’elle était faite au moins autant pour servir en cas de besoin à de nouveaux réfugiés d’Algérie, même si le gouvernement voulait croire de plus en plus que les accords en cours de négociation avec le FLN permettraient de réduire l’ampleur de ce problème.

On remarquera que le secrétaire d’Etat voulut toucher non seulement les parlementaires, mais aussi l’opinion publique en utilisant la télévision pour capter son attention. L’émission « Faire face » d’Etienne Lalou et Igor Barrère présenta le problème des rapatriés en deux parties (synchronisées avec les débats du Sénat) les 24 novembre et 8 décembre. La première partie présentait la situation dramatique des rapatriés revenus de tous les pays ayant rompu avec la France depuis la guerre d’Indochine, et la deuxième donnait la parole au secrétaire d’Etat Robert Boulin. Le ton des journalistes était très critique, mais il l’avait probablement accepté pour sensibiliser l’opinion publique française en secouant son indifférence [10].

Robert Boulin et l’exode des Français d’Algérie

Le Journal officiel de la République française, édition des débats parlementaires, est très pauvre entre le vote de la loi Boulin et la signature des accords d’Evian, qui furent présentés très rapidement dans une session extraordinaire les 21 et 22 mars 1962. C’est seulement le 26 avril que le Parlement fit sa rentrée pour entendre une communication du nouveau gouvernement de Georges Pompidou, qui avait succédé à Michel Debré le 14 avril (peu après le référendum par lequel les Français de la métropole avaient ratifié les accords d’Evian le 8 avril), et dans lequel Robert Boulin restait en fonction. Mais dès le 2 avril, un décret avait étendu la loi Boulin aux rapatriés d’Algérie [11].

La prise de conscience de l’inévitabilité du rapatriement massif semble avoir été en retard sur l’annonce des accords d’Evian. En effet, dans la communication du gouvernement Debré sur l’aboutissement de sa politique algérienne présentée les 21 et 22 mars aux deux assemblées, et dans le débat qui suivit à l’Assemblée nationale, le rapatriement fut très peu évoqué, les députés du groupe Unité de la République affirmant même que le peuple français d’Algérie resterait chez lui quoi qu’il arrivât ; mais Maurice Faure fut le premier à en parler [12]. Le Premier ministre Michel Debré et le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe garantirent le maintien de la nationalité française à tous ceux qui voudraient la garder (y compris les Français musulmans), ainsi que la liberté de circuler, « l’assistance que la France réserve à tous les siens, et donc le bénéfice de la loi Boulin » [13]. Au Sénat, la communication de Robert Buron ne fut pas l’occasion d’un débat officiel, mais fut néanmoins suivie de plusieurs réponses de haute tenue, dont celles d’Edgar Faure et de François Mitterrand. Louis Joxe fit de nouveau allusion à la loi Boulin : « chacun, Européen ou Musulman, pourra choisir son sort en Algérie comme en France » [14].

Un peu plus d’un mois plus tard, les 26 et 27 avril, le nouveau premier ministre Georges Pompidou vint présenter son programme. Evoquant la situation en Algérie, il se voulut rassurant : « Si certains d’entre vous, si des Musulmans aussi, préfèrent quitter cette terre d’Algérie où pourtant tout vous attache, la métropole vous accueillera » [15], mais aussi très ferme contre l’OAS. Les opposants à sa politique algérienne se montrèrent très sévères. Bertrand Motte demanda au gouvernement de préciser ses intentions pour régler le sort des prisonniers des rebelles, et « celui des réfugiés qui, à un rythme accéléré, vont venir demander à la métropole de leur rendre le foyer, le métier et la patrie qu’on leur a retirés en Algérie au nom de l’intérêt général » [16]. Et le député d’Alger Marc Lauriol contesta face à Louis Joxe la réalité de la conservation de la nationalité française par les citoyens français en Algérie. Georges Pompidou reprit la parole à la fin du débat, mais il dérapa dans une maladroite polémique anti-OAS. Le vote fut néanmoins un succès : sur 506 votants, 387 suffrages exprimés, 259 pour le gouvernement et 128 contre. Au Sénat, Louis Jacquinot lut une communication du gouvernement sans débat ni droit de réponse.

Mais c’est en mai et juin que le problème des réfugiés s’imposa à l’attention des parlementaires, et mit Robert Boulin au premier plan des débats. C’est le 5 mai que, selon la presse de ce jour, celui-ci « se montre résolu à donner une nouvelle impulsion à l’action engagée » en créant un service d’information spécial à Alger [17]. Le 11 mai, un premier débat eut lieu à l’Assemblée nationale sur la politique du gouvernement envers les rapatriés à l’occasion d’une question orale. Robert Boulin y présenta un premier bilan de son action depuis la création du secrétariat d’Etat aux rapatriés [18].

Mais le 30 mai, revenant d’un voyage d’inspection en Algérie, il fit une déclaration devant le Conseil des ministres dans laquelle il niait la réalité de l’exode et incriminait les consignes de l’OAS, ayant provoqué les grèves des transports qui entravaient les départs. Et il assura qu’il n’y avait pas plus de départs en 1962 qu’à la même période de l’année précédente. Son collègue Pierre Sudreau, réagissant à ses propos, trouva la formule qui n’avait pas été employée par Robert Boulin mais qui resta attachée à sa mémoire : « Sont-ce des vacanciers, comme M. le secrétaire d’Etat nous le laisse entendre, ou des réfugiés, ou des rapatriés ? » Et après le Conseil, le général de Gaulle insista auprès du secrétaire d’Etat à l’information, Alain Peyrefitte, sur la version qu’il devait donner à la presse : « Dites bien tout ce qu’a dit Boulin ! Il y a des queues interminables à Alger et à Oran parce que tous les bureaux ont été fermés par la grève, sous la menace du plastic ! Sinon, il y aurait eu réservations préalables et pas de queue ! Si on compare jour après jour les départs des deux dernières années avec la moyenne des jours de ce mois, on constate qu’il n’y a pas de changement notable. Il n’y a pas d’exode, contrairement à ce que disent votre presse, votre radio, votre télévision ! Mais on le répète tellement que ça finira par être vrai ! » [19]

Par la suite, Robert Boulin nuança ses propos devant le Conseil du 6 juin : « Jusqu’à maintenant, la plupart des gens ont un point de chute en France. Mais il y a une certaine tendance à ce qu’une catégorie de plus en plus humble de pieds-noirs quittent l’Algérie. Pour le cas où l’afflux augmenterait, nous aurions de la peine à y faire face, et il faudrait alors préparer un plan d’urgence » [20]. Puis de nouveau le 13 : « Les départs s’accélèrent. Parmi eux, augmente la proportion des vrais rapatriés, des pauvres gens qui ont tout abandonné et qui n’ont pas l’intention de revenir. Un afflux massif n’est pas à exclure » [21]. Mais le 21 juin, tout en constatant que les départs d’Algérie s’accélèrent, il les déclare « parfaitement artificiels », et les attribue à une campagne venant de l’OAS [22]. De Gaulle lui répond par une mise au point visiblement étudiée, dans laquelle il distingue d’une part les départs habituels vers la métropole, retardés en 1962 par l’opposition de l’OAS jusque vers le 15 mai puis accélérés par cette organisation jusqu’à la panique, et d’autre part, « une proportion grandissante de gens qui n’avaient pas coutume de venir en France. En mai, 3% n’avaient pas de point de chute. Dans la première quinzaine de juin, ils sont passés à 20%. C’est seulement en septembre ou en octobre prochain qu’on pourra dire si ces retours étaient des replis provisoires, ou de véritables rapatriements définitifs en métropole » [23]. Mais le 27 juin, au moment où le drame algérien semble toucher à sa fin, Robert Boulin commet une erreur de jugement fatale, en déclarant « qu’entre le 1er juin et le 26 juin, il a été enregistré 169.000 retours vers la métropole. Ce nombre de passages correspond exactement à celui des départs de juillet 1961. Ce sont donc bien des vacanciers, jusqu’à ce que la preuve du contraire soit apportée » [24].

Malgré ces propos malheureux, Robert Boulin reste relativement ménagé par les parlementaires de l’opposition aux accords d’Evian. Le 31 mai a lieu à l’Assemblée nationale une déclaration sans débat du gouvernement sur les problèmes algériens. La déclaration de Louis Joxe est très chahutée ; celle de Robert Boulin est mieux écoutée, même s’il déclare que les partants ne sont pas plus nombreux qu’en 1961 et qu’ils n’ont pas décidé de rester en métropole [25]. Quant à Jean de Broglie, il n’est pas interrompu parce que la plupart des membres de son groupe, les indépendants, qui le considèrent comme un traître, ont quitté la salle. A la suite de quoi une motion de censure est déposée par le groupe Unité de la République, et sa discussion est fixée au 5 juin.

Dans ce débat, très vif, Robert Boulin est souvent cité et interpellé, mais avec une relative modération. « C’est cet afflux de « vacanciers en avance », comme les situait récemment M. Boulin, qui se pressent aux aéroports et au bateaux pour fuir un pays en pleine anarchie, où n’existe plus aucune garantie pour personne ni pour rien », déclare Armand Legroux [26]. Le député d’Alger Philippe Marçais est plus accusateur envers le gouvernement français qui, « et je m’en excuse auprès de M. Boulin, qui est le maître en la matière, ne met pas à leur disposition les moyens de transport appropriés. Je vous le prouverai tout à l’heure, M. Boulin. » Et un peu plus loin : « M. Boulin se déclare même très satisfait des conditions dans lesquelles les voyageurs attendent leur départ puis sont reçus à leur arrivée. Le mensonge du gouvernement est flagrant » [27]. Mais Etienne Arnulf, regrettant l’absence de Robert Boulin, est moins sévère à son égard : « je sais qu’il accomplira tout l’effort possible. Je lui demanderai cependant de ne pas oublier le côté humanitaire du problème, car des milliers de Français mettent leur dernier espoir dans son action. Action qui commence à peine et qui, si tout se passe bien, lui vaudra bien plus de louanges que mérite de critiques le gouvernement pour sa politique algérienne » [28]. D’un autre côté, le ministre est soutenu avec chaleur par les députés de la majorité, tels que Hervé Landrin (« Je me réjouis de voir à la tête du ministère responsable notre ami M. Boulin, dont l’objectivité, la conscience et le sens de l’humain finiront par triompher des difficultés qu’amoncellent ces départs enfiévrés de nos frères d’Algérie » [29]), et Raymond Schmittlein, qui le félicite pour « l’esprit de décision qu’il a montré devant une situation qui dépasse de loin toutes les prévisions ». La fin du débat est pourtant très agitée à cause de l’agressivité dont le Premier ministre fait preuve de nouveau en attaquant l’OAS et en minimisant la gravité de la situation, ce qui provoque de véhémentes interventions, et décide Bertrand Motte à voter la motion de censure qu’il jugeait inopportune [30]. Mais celle-ci n’obtient que 113 voix pour, alors que la majorité absolue requise est de 276.

Robert Boulin n’en continue pas moins à s’occuper du flôt montant de rapatriés, qu’il vient accueillir par exemple le 12 juin à Marseille [31]. Mais il s’occupe aussi des « Français musulmans », et notamment des « harkis » désirant se mettre à l’abri en France, qui relèvent également de son administration [32]. Lors du Conseil des ministres du 20 mai, il leur consacre la fin de son intervention : « enfin, les dispositions prises permettent de faire face au rapatriement d’un millier de harkis et de leurs familles, soient environ 5.000 personnes qui semblent préférer ne pas demeurer en Algérie après l’indépendance ». Mais le 23 mai, il fait prendre une décision très grave concernant les « harkis » accueillis dans des camps en métropole : « Ces musulmans n’étant pas adaptés à la vie européenne, il serait inopportun de leur attribuer l’aide prévue en faveur des rapatriés sous forme individuelle. Les intéressés devront au contraire continuer à bénéficier d’un certain encadrement dans leur travail et dans leur hébergement. C’est pourquoi, en ce qui les concerne, il est in dispensable de bloquer les différentes formes d’aide (prestations de retour, subventions d’installation, etc...) de manière à constituer un fonds permettant de les prendre collectivement en charge et de financer leur réinstallation. L’article 43 du décret du 10 mars 1962 sur l’aide aux rapatriés autorise cette façon de procéder » [33]. Le 29 juin 1962, Robert Boulin eut l’occasion de répondre à une question orale avec débat sur le rapatriement des Français musulmans, avec Louis Joxe et Pierre Messmer. Il dressa le bilan chiffré de son action en faveur des « harkis » [34], mais sans citer ce point capital, dont on a vu les résultats désastreux douze ans plus tard, lors de la révolte des jeunes des camps de Saint-Maurice l’Ardoise et de Bias...

La fin des fonctions de Robert Boulin comme secrétaire d’Etat aux rapatriés

Après le référendum algérien du 1er juillet 1962 et la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet (qui entraîna la fin du mandat des membres du Parlement français représentant ce pays), l’exode des « rapatriés » et des « harkis » ne fit que s’intensifier, démentant les déclarations lénifiantes du gouvernement. Robert Boulin poursuivit son action, comme le prouve le grand nombre d’ordonnances, décrets et arrêtés promulguées avant et pendant l’été en faveur des rapatriés [35]. Lors du Conseil des ministres du 22 août 1962, il annonça que « depuis le 1er janvier jusqu’au 19 août, 533.000 personnes sont revenues d’Algérie », et sembla prendre une position intermédiaire entre celle du Général, qui maintenait son pronostic de 350.000 « repliés » définitifs, et le premier ministre Pompidou, qui osait relever cette estimation à « plutôt 550.000, voire davantage » : « Beaucoup sont dans l’expectative : ils préfèrent rester dans larégiondeMarseille,parce qu’ils espèrent rentrer en Algérie. Le jour où ils seront convaincus qu’ils ne peuvent pas rentrer, il faudra les recaser » [36]. Mais le 11 juillet, le député Pierre Battesti protesta contre l’absence de la loi de finance annoncée pour avant le 30 juin 1962 par l’article 4 de la loi du 26 décembre 1961 : « Tout d’abord, je note que les crédits demandés par le Secrétariat d’Etat aux rapatriés lui ont été accordés par tranches infimes, ce qui ne lui a pas permis de répondre aux ambitions et aux besoins de sa création (...). Gouverner, c’est prévoir, dit-on couramment. Hélas, on a prévu faux et gouverné mal » [37].

Le gouvernement dut prendre conscience de ses erreurs, et adapter sa politique d’accueil et de reclassement aux exigences de la situation. De nouveau la documentation parlementaire fait défaut pour suivre de près la politique du gouvernement, mais le livre d’Alain Peyrefitte nous aide à comprendre pour quelles raisons il fut appelé à succéder à Robert Boulin.

Dès le 21 août 1962 (la veille de l’attentat du Petit-Clamart), le Premier ministre Georges Pompidou proposa au porte parole du gouvernement de le remplacer par Christian Fouchet (l’ancien Haut commissaire de France en Algérie) et de lui donner la place de Robert Boulin : « L’intégration des rapatriés va être la grande affaire des prochains mois. Je vais ériger ce secrétariat d’Etat en ministère plein. Je vais faire passer Boulin au Budget, ce qui sera pour lui une promotion (...) ». Peu enthousiaste, Alain Peyrefitte lui répondit en faisant le point sur le fond du problème : « Boulin a eu le mérite de créer cette structure nouvelle, mais son budget a été établi sur l’hypothèse d’un retour de 70.000 rapatriés pour 1962, alors qu’ils seront dix fois plus nombreux. Ça ne m’exalte pas, la perspective d’une morne bataille avec les Finances pour accueillir ces lamentables victimes d’un exode qu’on a refusé de prévoir. Et vous allez me chercher, comme pour me punir d’avoir décrit l’an dernier cet exode tel qu’il se produit ! » Georges Pompidou retourna très habilement l’argument : « N’exagérons rien. Justement, vous serez bien accueilli par les pieds-noirs. » [38]

Alain Peyrefitte fut donc nommé ministre des rapatriés lors du remaniement ministériel du 12 septembre 1962, qui nomma également Christian Fouchet ministre de l’Information et Robert Boulin secrétaire d’Etat au Budget. Dès ce jour, le nouveau ministre mit en garde le chef de l’Etat contre l’espoir d’une inversion du mouvement de repli vers la métropole. Lors du Conseil du 26 septembre, pour sa première communication dans ses nouvelles fonctions, il fit le point sans complaisance, avec l’accord du Premier ministre : « Il y avait en Algérie 1.020.000 civils européens au dernier recensement le 1er juin 1960. Environ 160.000 en étaient partis au 1er janvier 1962 et ne sont pas revenus ; il en restait donc 860.000, qui sont réduits à 260.000 aujourd’hui. Il y a 760.000 repliés européens en métropole, auxquels s’ajoutent 15.000 musulmans (harkis, moghaznis et leurs familles) ; auxquels il faudra sans doute ajouter des milliers de musulmans civils qui commencent, depuis ces jours derniers, à quitter précipitamment l’Algérie pour des raisons, disent-ils, de sécurité, ou plutôt, me disent mes services, pour trouver en France un travail que l’Algérie ne leur offre pas. Ce qui va faire quelque 800.000 rapatriés d’Algérie, sans compter 400.000 rapatriés européens récents de Tunisie, du Maroc et d’Egypte ». Deux hypothèses, optimiste ou pessimiste, permettaient d’envisager l’avenir. « Suivant le cas, les rapatriés d’Algérie en métropole seraient de l’ordre de 650.000 ou de 900.000. c’est au cours des semaines qui viennent que les rapatriés devront s’organiser pour l’hiver et décideront s’ils retourneront ou s’ils restent. Les services mis en place par M. Boulin font remarquablement face à l’accueil, j’ai pu le constater dans le Midi et le Sud-Ouest. Mais le reclassement n’a pas commencé. Si la plus grande partie des rapatriés décide de rester en métropole, il faudra définir une véritable politique d’intégration. Je ne crois pas qu’il suffise de laisser faire les mécanismes du marché de la main-d’œuvre ». Le Général l’écouta sans plaisir, puis répondit presque à voix basse : « Je me demande si vous n’exagérez pas un peu. [39] »

Par la suite, Alain Peyrefitte essaya en vain, après le Conseil des ministres du 22 octobre, d’obtenir du Général une déclaration pour soigner le moral des rapatriés en leur disant que la mère-patrie leur ouvrait tout grands les bras, mais De Gaulle refusa en lui conseillant de le leur dire lui-même : « Non, c’est votre travail. Vous avez été mis à ce poste pour çà [40] ». Un mois plus tard, le 23 novembre, celui-ci écouta très attentivement le ministre venu lui exposer un bilan de la situation des rapatriés et le projet d’une grande politique d’intégration servant en même temps à corriger les points faibles de la France par une grande loi-programme (par exemple, l’aménagement de la côte du Languedoc-Roussillon) [41]. Le 4 décembre suivant, après avoir adressé au Président de la République et au Premier ministre un rapport de 44 pages sur l’intégration des rapatriés, Alain Peyrefitte fut convoqué par ce dernier pour se voir proposer de retourner à l’Information, ce qui ne le réjouit pas plus que le mouvement inverse trois mois plus tôt. Il eut au moins deux satisfactions : celle d’être remplacé par François Missoffe, qui donna toute satisfaction jusqu’à la suppression de son ministère en juillet 1964, et celle de voir reprendre intégralement par le Premier ministre, et avec l’approbation du Président de la République, le paragraphe qu’il lui avait proposé pour sa déclaration de politique générale du 7 décembre : « Le règlement de l’affaire d’Algérie a entraîné la venue en France de nombreux réfugiés. Nous avons pris de toute urgence des mesures pour engager avec eux une coopération fraternelle, pour assurer leur logement, leur reclassement. Nous avons préparé un projet de loi-programme pour accélérer et coordonner cette action. C’est une grande tâche française que de réintégrer dans la vie nationale ceux qui ont été victimes de la guerre d’Algérie et de sa fin » [42].

Conclusion

Robert Boulin a-t-il donc été « débordé par une situation qu’il avait mal évaluée », comme on peut le lire aujourd’hui dans la notice de présentation du reportage cité [43] sur sa visite à Marseille du 12 juin 1962 ? Ce serait à notre avis exagérer quelque peu ses torts. N’oublions pas qu’il a bénéficié pendant très longtemps d’un préjugé favorable de la part de tous ceux qui prenaient à cœur la situation dramatique des rapatriés, et qui lui accordaient une cote de confiance personnelle pour sa volonté de faire tout son possible afin de l’améliorer, même s’ils condamnaient la politique algérienne du général de Gaulle appliquée par ses ministres. En même temps, nul ne contestait sa loyauté envers la politique gouvernementale, et c’est sans doute un excès de confiance envers celle-ci et envers le général de Gaulle qui lui a suggéré les phrases malheureuses qui lui ont été de plus en plus souvent reprochées. Au contraire, son successeur Alain Peyrefitte a bénéficié, malgré la brièveté de sa fonction, et comme l’avait prévu le Premier ministre, du fait d’avoir été le seul homme politique de la majorité gaulliste qui avait su prévoir exactement l’ampleur dramatique de l’exode des Français d’Algérie.

Guy Pervillé

Référence complète du livre : Robert Boulin, itinéraires d’un gaulliste (Libourne, Paris), s. dir. Hubert Bonin, Bernard Lachaise et Christophe-Luc Robin, Editions P.I.E. Peter Lang, Bruxelles (1 avenue Maurice, B-1050 Bruxelles, Belqique), 2011, 421 p, nombr. ill., 42,50 euros. Adresse pour commander : Peter Lang SA, Editions scientifiques internationales, Moosstrasse 1, Postfach 350, CH-2542 Pieterlen, Suisse. e-mail : info@peterlang.com, site internet : www.peterlang.com

[1] Par exemple, www.unite-francaise.com, ainsi que http://la-redoute-et-le-clos.skyrock.com/2674467616-Les-vacanciers-dont-parlait-le-bon-Robert-Boulin.html.

[2] Voir dans Alain Peyrefetitte, C’était de Gaulle, t. 1, pp. 136-137.

[3] « J’aurais voulu rester plus longtemps, car les problèmes n’étaient pas règlés », dit-il à Jacques Chancel dans sa Radioscopie du 20 décembre 1971.

[4] Voir la liste des organismes publics chargés des rapatriés dans la communication de Jacques Frémeaux, « Le reflux des Français d’Afrique du Nord (1956-1962) », dans les actes du colloque Marseille et le choc des décolonisations, s.dir. Jean-Jacques Jordi et Emile Témime, Aix-en-Provence, Edisud, 1996, pp. 13-28 (note 23).

[5] Selon M. Gérard César, présent au colloque Boulin, celui-ci fut tiré de ses vacances en Italie par le Premier ministre qui lui annonça que le Président de la République voulait le voir : « Bonjour, Monsieur le député-maire. Que connaissez-vous aux rapatriés ? - Rien, mon général. - Eh bien, vous avez une belle gâche, Monsieur le Secrétaire d’Etat aux rapatriés ».

[6] Cité par Maurice Faivre, Conflits d’autorités durant la guerre d’Algérie, Paris, L’Harmattan, 2204, p. 57 (d’après les archives Michel Debré, 2 DE 22, conservées à la Fondation nationale des sciences politiques). Mais la question des rapatriés était déjà envisagée depuis octobre 1960 (rapport de Michel Massenet, 2 DE 13, cité par Daniel Lefeuvre, « Les pieds-noirs », in La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie, s. dir. Mohammed Harbi et Benjamin Stora, Robert Laffont, 2004, p. 283) , et avait fait d’objet d’un important rapport d’une mission d’étude du Ministère des affaires algériennes daté du 7 mars 1961 (1 A 177, MAA, cité par D. Lefeuvre, ibid.).

[7] Voir la lettre de M.Debré à C. de Gaulle du 21 août (2 DE 14), citée par Maurice Faivre, ibid. Voir aussi le témoignage d’Alain Peyrefitte sur la mission que lui confia le Général le 12 juillet 1961 de faire connaître un plan de partition, seul moyen d’éviter la fuite massive des Français d’Algérie, ou de faire pression sur le FLN (Peyrefitte, op. cit., pp. 76-92).

[8] Date de la signature de la loi par le Président de la République, à Colombey-les-deux-églises. Texte complet dans le Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 28 décembre 1961, pp. 11996-11997.

[9] Selon Daniel Lefeuvre (op.cit., p. 285), « le principe de l’indemnisation a finalement été retenu, à l’initiative de Michel Debré et contre l’avis de la majorité des ministres, réunis en Conseil de cabinet le 4 septembre 1961, mais ses modalités d’application ont été renvoyées à plus tard ».

[10] Voir Agnés Chauveau, « Le voile, le miroir et l’aiguillon. La télévision et les mouvements de société jusque dans les années 1970 », in XXème siècle, octobre-novembre 2001, pp. 97-108, et Aude Vassallo, La télévision sous De Gaulle, le contrôle gouvernemental de l’information, 1958-1969, Bruxelles, De Boeck, 2005, 310 p.

[11] JORF, Débats Assemblée nationale, 12 mai 1962 (séance du 11 mai), p. 1062.

[12] JORF, Débats Assemblée nationale, 22 mars 1962 (séance du 21 mars), p. 517.

[13] JORF, Débats Assemblée nationale, 22 mars 1962 (séance du 21 mars), p. 521.

[14] JORF, Débats Sénat, 22 mars 1962 (séance du 21 mars), pp. 111-112.

[15] JORF, Débats Assemblée nationale, 27 avril 1962 (séance du 26 avril), p. 748.

[16] JORF, Débats Assemblée nationale, 27 avril 1962 (séance du 26 avril), p. 777.

[17] JORF, Débats Assemblée nationale, 12 mai 1962 (séance du 11 mai), p. 1062.

[18] JORF, Débats Assemblée nationale, 12 mai 1962 (séance du 11 mai), pp. 1073-1078.

[19] Peyrefitte, op. cit., pp. 136-137.

[20] Peyrefitte, op. cit., p. 138.

[21] Peyrefitte, op. cit., p. 171.

[22] Peyrefitte, op. cit., pp. 172-173.

[23] Peyrefitte, op. cit., p.173.

[24] Ibid.

[25] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), pp. 1402-1403.

[26] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), p. 1428.

[27] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), pp. 1431-1432.

[28] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), p. 1444.

[29] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), p. 1465-1466.

[30] JORF, Débats Assemblée nationale, 31 mai 1962 (séance du 30 mai), p. 1481.

[31] Robert Boulin, secrétaire d’Etat aux rapatriés, à l’arrivée du « Ville de Bordeaux ». Reportage régional pour le journal national, extrait du Journal télévisé du 12 juin 1962, conservé par l’Institut national de l’audio-visuel (INA). Voir sur le site http://www.ina ;fr/fresques/reperes-mediterraneens/notice/repmed().

[32] Le sort des harkis intéresse aussi le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe, et les ministres des Armées, Pierre Messmer, et de l’Intérieur, Roger Frey, remarque Chantal Morelle, « Les pouvoirs publics français et la rapatriement des harkis en 1961-1962 », in La guerre d’indépendance des Algériens, 1954-1962, présenté par Raphaëlle Branche, Perrin, Tempus, 2009, pp. 281-282. Maurice Faivre signale l’intérêt de la correspondance entre Boulin et Messmer (à partir du 26 mars 1962), contenue dans les archives du cabinet Messmer (1 R 336) et le fonds privé Messmer (1 K 744).

[33] Texte communiqué par un mail du général Maurice Faivre le 15 novembre 2007, qui ajoute : « Cette décision, qui n’a pas été publiée dans le communiqué du Comité des affaires algériennes du 28 mai, est citée par François-Xavier Hautreux lors de son intervention au colloque de l’ENS-Lyon en décembre 2006. La responsabilité en revient à M. Boulin, approuvé par le général de Gaulle et M. Pompidou ». Cf. F. X. Hautreux, « Au-delà de la victimisation et de l’opprobre : les harkis », http://colloque-algerie.ens-lsh.fr/communication.php3 ?id_article. qui donne la référence : CAOM 81F 1040, 23 mai 1962. Comité des affaires algériennes du mercredi 23 mai 1962. Objet : « Personnes rentrant d’Algérie ».

[34] JORF, Débats Assemblée nationale, 30 juin 1962 (séance du 29 juin), pp. 2139-2140.

[35] Voir notamment la table du JORF Lois et décrets 1962, « Accueil et réinstallation des Français d’outre-mer », pp. 5, 6 et 7, et dans les documents parlementaires AN, le n° 1748 p. 311 (Projet de loi portant ratification des ordonnances prises en application de la loi du 26 décembre 1961 relative à l’accueil et à la réinstallation des français d’outre-mer, avec la liste de ces ordonnances, séance du 6 juin 1962, à ratifier avant le 24 juin).

[36] Peyrefitte, op. cit., p. 204. Des interventions de Boulin dans les Conseil des ministres des 25 juillet, 8 août, 22 août, sont citées par Peyrefitte, op. cit., pp. 195-196, 202, 205-206.

[37] JORF, Débats Assemblée nationale, 12 juillet 1962 (séance du 11 juillet), p. 2355.

[38] Peyrefitte, op. cit., pp. 221-222. Les deux hommes faisaient allusion au livre d’A. Peyrefitte, Faut-il partager l’Algérie ? , Paris, Plon, 1961, dont le chapitre VI, intitulé « Dunkerque », envisageait l’hypothèse d’une fuite massive vers la métropole.

[39] Op. cit., pp. 251-252.

[40] Op. cit., p. 253.

[41] Op. cit., pp. 254-256.

[42] Op. cit., p. 258.

[43] Notice fondée sur trois livres de Jean-Jacques Jordi : 1962 : L’arrivée des Pieds-Noirs, Autrement, 2002, De l’exode à l’exil : rapatriés et pieds-noirs en France, L’harmattan, 1993, et l’ouvrage collectif Marseille et le choc des décolonisations, déjà cité en note 4.



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