Témoignage sur mes relations avec Gilbert Meynier (2018)

samedi 26 mai 2018.
 
J’ai commencé à écrire ce texte un mois après le décès de Gilbert Meynier, mais je l’ai laissé plusieurs fois de côté pour le reprendre avec un oeil neuf. Il me paraît nécessaire de le faire connaître sans plus attendre.

Plus d’un mois après le décès de Gilbert Meynier (13 décembre 2017), il me paraît utile de préciser maintenant ce que fut l’évolution de mes relations avec lui durant près de trente-six ans. Si, en effet, il lui avait fallu un assez long temps pour surmonter ses préjugés envers le « bourgeois » qu’avait été à ses yeux Charles-Robert Ageron, qu’avait-il pu penser de moi en apprenant que j’avais abordé le problème algérien en lisant L’Aurore et Le Parisien libéré et que j’avais naïvement cru dans le miracle/mirage de l’intégration en juin 1958 ? Il ne s’agit pas de m’étendre ici sur mon cas personnel [1], mais seulement de montrer quelles différences et divergences nous avons dû surmonter pour trouver le chemin d’une entente cordiale.

Gilbert Meynier, né en 1942 dans une famille d’instituteurs politiquement engagés à gauche, était un représentant typique d’une génération d’historiens qui, en ouvrant les yeux sur le monde, avait trouvé dans la lutte contre la guerre d’Algérie une cause morale et politique conditionnant son futur engagement scientifique. Scandalisé à l’âge de quinze ans par les échos de la « bataille d’Alger », il avait ressenti très tôt le besoin de mettre fin à cette guerre, puis celui d’en réparer les effets en travaillant à réconcilier les deux peuples. L’engagement historique était pour lui une conséquence de son engagement politique. Pour moi, né en 1948 dans une famille peu politisée à l’écart de Paris, la guerre d’Algérie n’avait jamais été vécue comme un problème politique, puisque je n’avais pas eu le temps de me poser la question de savoir ce que je devrais faire si elle devait continuer jusqu’à mon appel au service militaire. Dès 1962, je l’avais considérée comme la fin d’un épisode historique définitivement terminé, irrévocablement dépassé, qu’il s’agissait maintenant de pouvoir expliquer historiquement. Nos divergences venaient de cette différence fondamentale de nos points de vue, qui se sont peu à peu rapprochés après des désaccords épisodiques.

Je ne prétends pas pour autant être un représentant de ma génération d’historiens, et encore moins de celles qui ont suivi. Mon témoignage et ma réflexion n’engagent que moi, et ils en appellent d’autres.

Des relations compliquées

J’ai rencontré Gilbert Meynier pour la première fois quand il est venu présenter un aspect de sa thèse (la révolte de l’Aurès en 1916) au Groupe de recherche en histoire maghrébine (GERM) animé par Charles-Robert Ageron à Paris. Peu après, j’ai lu sa thèse, et j’ai eu l’occasion d’en publier un compte rendu en 1982 dans la revue Les Annales, en exprimant en toute franchise le très grand intérêt que j’y avais trouvé et mes réserves sur la précocité de l’émergence d’un sentiment nationaliste musulman en Algérie : « L’évolution politique de l’Algérie ne nous paraît donc pas si univoque, ni si linéaire, que le suggère la brillante thèse de Gilbert Meynier. Naissance d’une nation (comme le dit Pierre Vidal-Naquet dans sa préface) ou naissance d’un nationalisme (pour reprendre le titre d’un livre d’André Nouschi) ? La nuance est importante. Mais ces réserves ne diminuent en rien le mérite de l’auteur, ni l’intérêt considérable de son apport à l’histoire de l’Algérie, qui suscitera un débat fécond” [2]. Trois ans plus tard, ayant publié ma propre thèse sur les étudiants musulmans algériens de 1880 à 1962, je me souviens d’avoir assez mal pris le compte rendu qu’en avait fait Gilbert Meynier [3]- bien qu’il ait jugé mon travail « de facture classique, sérieux et documenté », et « rigoureusement honnête » - et de le lui avoir fait savoir par une lettre, à laquelle il répondit patiemment. Ce fut le début de nos divergences, et de notre dialogue.

Je participai ensuite à l’Association de recherche pour un dictionnaire biographique de l’Algérie (ARDBA), animée par Gilbert Meynier et Jean-Louis Planche, de 1983 à 1993. J’en garde le souvenir d’une activité de recherche totalement désintéressée, pratiquée par des historiens qui pouvaient avoir des opinions politiques divergentes, mais qui évitaient de les mettre trop en avant puisque leur activité commune était historique. À cette époque, je croyais encore que l’Algérie coloniale et la guerre d’Algérie étaient en train de devenir des sujets d’histoire à part entière, comme Daniel Rivet l’avait supposé dans un article intitulé « Le fait colonial et nous, histoire d’un éloignement », publié en 1992 dans la revue Vingtième siècle [4].

J’ai néanmoins été très surpris par la véhémente controverse qui éclata soudainement quelques mois après la diffusion sur Antenne 2 du téléfilm en quatre épisodes Les années algériennes [5], dont le conseiller historique et principal auteur était Benjamin Stora. Il fut sévèrement critiqué par cinq historiens nettement plus âgés, - dans l’ordre alphabétique Mohammed Harbi, Gilbert Meynier, Madeleine Rébérioux, Annie Rey-Goldzeiguer et Pierre Vidal-Naquet. Le principal reproche qu’ils lui adressaient était de confondre la mémoire et l’histoire, alors que tous les auteurs de cette sévère critique avaient un passé de militant anticolonialiste engagé à l’extrême-gauche : « Mais peut-être, précisément, le propos de B. Stora ne fut-il pas de faire œuvre d’historien au sens où l’historien est celui qui pose des questions aux documents. Les Années algériennes nous conforte dans l’idée que l’histoire n’est pas une production de mémoires entrecroisées, quand bien même ces mémoires seraient triées de manière équilibrée et impartiale » [6]. À cette attaque publiée à la fois en France et en Algérie [7], Benjamin Stora répondit seul, fermement et habilement [8]. Rassuré par sa réponse, et par son livre remarquable intitulé La gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie [9], qui était paru peu après la série d’Antenne 2, je voulus croire à un regrettable malentendu. Et je voulus croire aussi que les historiens donneraient désormais l’exemple de la sagesse en suivant les bons conseils de Charles-Robert Ageron : « S’agissant de drames récents dont la mémoire risque d’être transmise déformée aux jeunes générations qui n’ont connu ni ’l’Algérie de papa’ ni ‘l’Algérie des colonialistes’, les historiens ont le devoir d’être plus prudents encore que leur métier ne l’exige habituellement. Si l’objectivité est philosophiquement impossible, l’impartialité est une vertu que tout historien peut et doit s’imposer » [10].

Pourtant, dans les années suivantes, j’ai constaté la multiplication de polémiques désagréables, dans laquelle des historiens se laissaient impliquer. Notamment celle qui opposa Charles-Robert Ageron au politologue Alain-Gérard Slama, à propos de la préface engagée que le premier avait cru pouvoir donner aux Mémoires du général Katz, chargé de lutter contre l’OAS à Oran en 1962 [11] : « Le général Katz, qui a par son action bien mérité de la République, a droit aussi pour ce témoignage capital à la reconnaissance des historiens ». Ce fut pour moi l’occasion de constater que des historiens qui avaient d’abord été des citoyens pouvaient encore avoir des réactions de citoyens sur un sujet devenu entre temps historique. Ou encore, les réactions soulevées par le film de Mehdi Lallaoui sur la révolte du 8 mai 1945 et ses suites, diffusé sur Arte le 10 mai 1995, qui reprenait la version de la propagande nationaliste en donnant le mot de la fin à Bachir Boumaza, président de la Fondation algérienne du 8 mai 1945. Celui-ci revendiquait la reconnaissance de cette répression comme étant un « crime contre l’humanité ». Ce film suscita des réactions indignées de « pieds-noirs » [12], mais aussi de sévères critiques d’historiens tels que Jean-Charles Jauffret [13] et Charles-Robert Ageron qui concluait : « à mon sens tous les historiens, quelles que soient leur nationalité et leur religion, professent un même culte : celui de la vérité contre tous les faux patriotiques, et n’entendent jamais renoncer à leur esprit critique » [14].

Mais quelques années plus tard, je fus à mon tour interpellé par des historiens plus âgés et plus militants que moi, après deux articles publiés dans la revue L’Histoire en 1997 et en 1999. Si la lettre de Claude Liauzu et d’Annie Rey-Goldzeiguer protestant contre ma tentative d’interprétation historique du 17 octobre 1961 ne me surprit qu’à moitié [15], celle de Mohammed Harbi et Gilbert Meynier critiquant très sévèrement mon article sur le sort tragique des harkis me stupéfia [16]. J’étais pourtant bien conscient d’avoir pris un risque en écrivant que le FLN avait interprété avec duplicité ses engagements de non-représailles, en citant des extraits de témoignages effroyables sur les tortures et les massacres, et surtout en terminant par une citation particulièrement brutale de l’ancien ministre de la Défense Pierre Messmer [17], afin de souligner qu’il n’y avait plus de mémoire commune entre les anciens partenaires d’Évian sur le point capital du non-respect de ces accords. Mais je ne m’attendais pas à la vive réaction de Mohammed Harbi et de Gilbert Meynier, les historiens les plus critiques du FLN, qui m’adressèrent, par l’intermédiaire de la revue, un texte intitulé « Vers le révisionnisme ? », destiné à être également publié en Algérie. Texte d’autant plus surprenant que j’en approuvais la plus grande partie, à l’exception du titre, de la conclusion, et des passages qui mettaient en cause mes intentions. De longs échanges de lettres nous ont permis de clarifier nos positions respectives. J’ai obtenu la modification du titre et de la conclusion de leur texte, qui attestaient clairement par l’emploi du mot « révisionnisme » le caractère idéologique du débat - puisque la connaissance des faits historiques peut toujours être révisée par de nouvelles recherches. Et j’ai accepté de rectifier ma propre conclusion dont je reconnais qu’elle péchait par ambiguïté : « J’aurais peut-être évité un grave malentendu si j’avais formulé plus clairement ma conclusion. Mon propos n’était pas de condamner les Algériens à souffrir éternellement d’une ’barbarie’ congénitale. Mais de suggérer que le progrès des mœurs est partout possible, même s’il doit toujours être défendu contre les risques de régression, surtout en temps de guerre et de révolution » [18]. Sur cette base d’accord, nous avons pu nous réconcilier, grâce aux bons offices de Charles-Robert Ageron et surtout de Jean-Louis Planche, qui m’offrit le secours de sa médiation. Je ne savais pas alors que deux ans plus tard, en mars 2001, le premier des deux recevrait la Légion d’honneur des mains de Pierre Messmer [19].

C’est à cette époque, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, que j’ai eu les plus fortes inquiétudes sur le maintien de la communauté des historiens, à l’occasion de deux affaires. J’ai d’abord été choqué en 1999, par le fait que l’association « 17 octobre 1961 contre l’oubli », à laquelle participaient plusieurs historiens [20], ait publiquement refusé ce titre à Jean-Paul Brunet, parce que celui-ci avait été le seul historien professionnel à pouvoir exploiter les archives de la Préfecture de police [21]. Et aussi parce que cette association revendiquait la reconnaissance de cette répression comme étant un « crime contre l’humanité », suivant l’exemple que donnait depuis 1990 en Algérie la Fondation du 8 mai 1945 [22]. Puis j’ai été encore plus inquiet de voir la thèse de la jeune historienne Raphaëlle Branche sur la torture française dans la guerre d’Algérie, soutenue en décembre 2000, portée aux nues par Le Monde, avec notamment le soutien de plusieurs historiens engagés à gauche [23], puis disqualifiée en tant que désinformation par un Livre blanc de l’armée française en Algérie coordonné par le journaliste du Figaro Michel de Jaeghère, et auquel plusieurs historiens classés à droite [24] apportaient leur participation. Jamais je ne fus plus inquiet pour l’avenir de l’histoire de la guerre d’Algérie qu’à ce moment-là, quand la communauté des historiens semblait devoir se disloquer et se dissoudre dans la guerre des mémoires.

Mais en ce qui me concernait personnellement, la plus grande surprise était encore à venir. En novembre 2002, à l’occasion d’une séance d’un colloque réuni à Paris VII [25], j’ai eu l’occasion de rappeler à Pierre Vidal-Naquet le débat sur la « bataille d’Alger » de 1957 entre l’ancien responsable de la police à la préfecture d’Alger Paul Teitgen et le colonel Trinquier, organisé par un groupe d’élèves de l’École normale supérieure le 6 février 1973, et auquel il avait participé. J’y avais demandé à Paul Teitgen ce qu’il pensait de la critique faite par le colonel Godard [26] au sujet des 3 024 disparus algériens victimes de la répression française qu’Yves Courrière avait cru trouver dans un document fourni par celui-ci et reproduit dans son livre Le temps des léopards ; or Pierre Vidal-Naquet ne se souvenait plus d’y avoir assisté avec Paul Teitgen.

Quelques jours plus tard, entamant la lecture du grand livre de Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, je fus interpellé par deux passages. Le premier formulait un jugement sur l’adhésion générale des Algériens musulmans au FLN qui me sembla plus subjectivement affirmé qu’objectivement démontré : « du côté algérien, la grève décrétée par le CCE fut, au début, suivie dans une unanimité impressionnante dans toutes les villes d’Algérie concernées. Aucun historien digne de ce nom ne pourra sérieusement croire les allégations d’arrière-garde des auteurs Algérie française pour lesquels seule la ’terreur FLN’ contraignit les gens à faire grève. Les Algériens entendaient bien manifester leur volonté indépendantiste. Le FLN ne fut que l’orchestrateur de la volonté libertaire (sic) d’un peuple face à l’occupant » [27]. Le second passage, quelques pages plus loin, m’interpellait personnellement en reprenant sans aucune distance critique la version de Pierre Vidal-Naquet attribuant ces 3 024 disparus algériens à la répression française [28].

Or le débat que j’avais présidé près de vingt ans plus tôt à l’École normale supérieure, dans lequel j’étais intervenu à trois reprises pour tenter d’obtenir des réponses claires de Paul Teitgen aux objections du colonel Godard, m’avait convaincu que ce dernier avait eu raison, et que le document invoqué comme preuve de ces 3 024 disparitions supposées ne prouvait rien. J’avais trouvé dans cet épisode l’occasion de faire mon apprentissage de la méthode historique. Vingt ans plus tard, je tombai des nues en découvrant que ce qui était pour moi un fait acquis depuis longtemps était ignoré de mes aînés Pierre Vidal-Naquet et Gilbert Meynier. N’en avaient-ils pas entendu parler, ou bien avaient-ils refusé de croire le colonel Godard parce que celui-ci, après avoir été l’adjoint du général Massu, était devenu l’un des chefs de l’OAS ? Mais la question n’était pas de savoir s’il était plus ou moins honorable que Paul Teitgen. La seule question qui vaille pour un historien était de savoir si sa réfutation était convaincante ou non. Encore fallait-il l’avoir lue, et avoir lu le document en question. Ainsi j’ai obtenu la preuve que des historiens qui avaient d’abord été des militants d’une cause politique ne raisonnaient pas toujours en historiens, sans en être nécessairement conscients. Un peu plus d’un an plus tard, le 13 janvier 2004, j’ai exposé toute la question en détail dans le cadre du séminaire de Sylvie Thénault et Raphaëlle Branche à l’Institut d’histoire du temps présent, et je crois que ma démonstration ne fut pas inutile [29]. J’avais invité Mohammed Harbi et Gilbert Meynier à y assister, mais ils ne vinrent pas.

A ce moment, j’étais encore loin de savoir que le temps des malentendus entre nous était définitivement révolu.

Des relations en voie d’apaisement

L’année 2005, marquée par le vote de la loi « colonialiste » du 23 février 2005 aurait pu être une année terrible pour la communauté des historiens, déjà minée par tant de polémiques, mais à ma grande surprise il n’en fut rien. Pourquoi un tel apaisement des relations entre les historiens ? Je suppose que leur conversion presque générale à l’usage de l’ordinateur, des mails et d’Internet au début des années 2000 a joué un rôle en accélérant considérablement la circulation des informations, et a donc facilité la tolérance envers des opinions divergentes.

C’est ainsi que Claude Liauzu et Gilbert Meynier, qui étaient avec Thierry Le Bars parmi les principaux initiateurs de la pétition d’historiens et de professeurs d’histoire dénonçant la loi du 23 février 2005 pour défendre la liberté des historiens et des enseignants, ont toléré que j’exprime un point de vue divergent sur la nécessité de dénoncer également la loi Taubira-Ayrault de mai 2001, parce que celle-ci, en tant que loi pénale, était une menace encore plus grave pour la liberté des historiens [30]. Au delà de nos divergences, la protestation de Claude Liauzu et Gilbert Meynier contre la relance de la guerre des mémoires par une déclaration du président Bouteflika le 8 mai 2005 : - « Nous sommes quelques-uns à vouloir finir la guerre de 1954-1962. Nous pensons, comme le souhaite le président algérien, qu’il est juste que, côté officiel français, il y ait un ‘geste’, la reconnaissance des responsabilités de la France à l’égard du peuple algérien. Mais cela ne peut se faire que si l’on rompt avec la culture du ressentiment, que si l’on aborde sereinement le passé, d’un côté comme de l’autre. Cela signifie que les Français, mais aussi les Algériens, balaient chacun devant sa porte. Les propos d’Abdelaziz Bouteflika ne vont guère dans ce sens : ils continuent d’alimenter la guerre des mémoires et à bafouer l’histoire » [31]- prouvait que nos positions respectives n’étaient pas si éloignées.

Je n’avais pourtant pas remarqué une interview de Gilbert Meynier publiée dans El Watan le 10 mars 2005, et qui commençait par une phrase plus que discutable reprise sous forme de titre : « Pour l’historien que j’essaie d’être, les harkis n’ont été ni plus ni moins que des mercenaires, recrutés comme tels par l’armée française, à partir des directives originelles du général Parlange dans l’Aurès ». Phrase que je n’aurais pas pu laisser passer sans signaler à son auteur son caractère inadmissible, car le mot « mercenaire » est en français très péjoratif, et implique un engagement volontaire dans une activité meurtrière essentiellement motivée par l’appât du gain. Vision abusivement simplificatrice, que d’ailleurs Gilbert Meynier corrigeait aussitôt en la nuançant dans la suite de l’interview, notamment en contestant l’idée que les harkis aient été « des ‘collaborateurs’, du moins conscients et responsables, par une analogie trompeuse avec les collaborateurs français de l’ordre vichyste et nazi de 1940-45 » [32]. En fait, il tentait de corriger une tendance bien présente dans sa propre thèse, comme Denise Bouche l’avait remarqué dans son compte rendu paru en 1984 dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine : « La référence à la France de Vichy est constante et explicite : on parle d’occupants français, de collaborateurs, etc. (...) Il suffit aussi de savoir que ‘mercenaire’ signifie engagé volontaire (...) [33] ». L’interview qu’il avait accordée tendait en réalité à corriger cette vision manichéenne, fondée sur le postulat que la nation algérienne existait déjà en tant que telle bien avant le 1er novembre 1954.

L’année suivante, j’ai donc accueilli avec soulagement le grand colloque international, Pour une histoire critique et citoyenne, au-delà des pressions officielles et des lobbies de mémoire, le cas de l’histoire algéro-française, organisé à l’École normale supérieure de Lyon les 20, 21 et 22 juin 2006 par Gilbert Meynier et Frédéric Abécassis avec la participation de près de 80 historiens français, algériens et d’autres pays, dont les textes, trop nombreux pour être édités intégralement, restent disponibles sur le site internet de l’ENS-Lyon [34]. Contrairement à ce qu’ont cru les militants de plusieurs associations de rapatriés et de harkis, ce colloque n’était pas soumis aux ordres du gouvernement algérien, et Gilbert Meynier eut à répondre énergiquement à des perturbateurs qui ne le trouvaient pas assez anticolonialiste. Il visait au contraire à émanciper l’histoire : « Touchant à l’histoire franco-algérienne, ce colloque a donc pour ambition de donner la parole à des historiens n’ayant pas envie d’être plus longtemps confinés dans une tour d’ivoire universitaire, et répugnant à laisser plus longtemps la parole aux seuls groupes de mémoire affrontés et à leurs seuls ‘historiens’ patentés. Et pas davantage aux pressions officielles de la nostalgie coloniale, et pas davantage aux injonctions de l’histoire algérienne officielle » [35].

Une partie de ces textes fut publiée en décembre 2007 [36], puis un ouvrage de synthèse fut réalisé par plusieurs historiens avec ma participation (en équipe avec Gilbert Meynier) [37], et enfin publié en France (décembre 2008) et en Algérie. Tout en me réjouissant que cette publication pût contribuer à rétablir des relations plus satisfaisantes entre les historiens et à empêcher l’éclatement de leur communauté, j’ai néanmoins exprimé un certain scepticisme en la présentant sur mon site : « J’ai accepté de participer à cette publication, comme auparavant au colloque, parce que le rassemblement de tant d’historiens français, algériens et autres, travaillant sur la guerre d’Algérie, était en soi une bonne chose, et que le projet de distinguer nettement l’histoire et la mémoire était une nécessité urgente. L’introduction due aux deux organisateurs du colloque et de cet ouvrage a bien exprimé cette orientation. Même s’il faut dire aussi que, malheureusement, durant les quinze années précédentes, trop de prises de position d’historiens à la limite de l’histoire et de la mémoire ont créé de regrettables confusions entre historiens et mémorialistes, qui ne sont pas encore entièrement dissipées, ce qui fait que la frontière entre ces deux catégories est beaucoup plus difficile à tracer que les auteurs semblent le croire » [38].

En plus des publications partielles ou synthétiques des résultats de ce grand colloque, en 2007 et en 2008, Gilbert Meynier participa encore à plusieurs initiatives tendant à rassembler un grand nombre d’historiens de l’Algérie. Il appuya notamment, sans pouvoir y assister, la journée d’étude organisée à Narbonne, le 19 avril 2007, par le politologue Éric Savarese, sur le thème « Montrer l’Algérie au public. Pour en finir avec les guerres de mémoire algériennes en France ? », avec ma participation et celles de plusieurs autres historiens, présents [39] ou absents [40]. Durant plusieurs mois, j’ai tenté de faire admettre aux participants pourquoi, même s’il était souhaitable de poursuivre l’élaboration d’une mémoire franco-algérienne commune, il n’était pas possible de refuser aux Français rapatriés d’Algérie le droit d’honorer la mémoire de leurs disparus [41]. J’ai notamment répondu par mail à toutes les objections que m’avait envoyées Gilbert Meynier.

En même temps, il avait réalisé une synthèse du colloque de Lyon, répartie entre plusieurs équipes, et j’avais accepté de travailler directement avec lui sur un de ses chapitres [42]. De même il m’avait consulté au moment de préparer, avec beaucoup d’autres historiens [43], une pétition destinée à tenter de relancer les relations franco-algériennes en décembre 2007, à l’occasion du voyage du président Sarkozy en Algérie. Cette pétition intitulée « France-Algérie : dépassons le contentieux historique », et sous-titrée « Le voyage à Alger de Nicolas Sarkozy doit être l’occasion de faire face au passé et de penser l’avenir », parut à la fois dans Le Monde du samedi 1er décembre 2007 (p. 19) et dans L’Humanité, et en Algérie dans les journaux El Watan et Le quotidien d’Oran en français et Al Khabar en arabe. Son texte s’efforçait d’atteindre l’objectif de réconciliation qui avait été manqué par le projet de traité franco-algérien en 2005, en tentant de concilier la reconnaissance d’une responsabilité française avec le refus de la repentance :

« Quelles qu’aient été les responsabilités de la société, c’est bien la puissance publique française qui, de 1830 à 1962, sous la Vème République, a conduit les politiques coloniales à l’origine de ces drames. Sans omettre la complexité des phénomènes historiques considérés, c’est bien la France qui a envahi l’Algérie en 1830, puis l’a occupée et dominée, et non l’inverse : c’est bien le principe des conquêtes et des dominations coloniales qui est en cause.

En même temps, nous sommes attentifs aux pièges des nationalismes et autres communautarismes qui instrumentalisent ce passé. Ainsi qu’aux pièges d’une histoire officielle qui utilise les mémoires meurtries à des fins de pouvoir, figeant pour l’éternité la France en puissance coloniale et l’Algérie en pays colonisé. Et c’est précisément pour les déjouer - comme pour déjouer les multiples formes de retour du refoulé - que nous voulons que la souffrance de toutes les victimes soit reconnue, et qu’on se tourne enfin vers l’avenir.

Cela peut être accompli non par des entreprises mémorielles unilatérales privilégiant une catégorie de victimes, mais par un travail historique rigoureux, conçu notamment en partenariat franco-algérien. Plus fondamentalement, dépasser le contentieux franco-algérien implique une décision politique, qui ne peut relever du terme religieux de ‘repentance’. Et des ‘excuses officielles’ seraient dérisoires. Nous demandons donc aux plus hautes autorités de la République française de reconnaître publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie. Une reconnaissance nécessaire pour faire advenir une ère d’échanges et de dialogue entre les deux rives, et, au-delà, entre la France et les nations indépendantes issues de son ancien empire colonial » [44]

Après avoir hésité, et pesé chaque phrase, je décidai de répondre sur mon site en présentant successivement le pour, le contre, et un essai de synthèse. Évoquant dans ma conclusion la difficulté pour le président français d’invoquer dans ses discours à la fois l’injustice du système colonial (en Algérie) et le courage et la persévérance des Français d’Algérie (en France), j’invoquais le récent attentat islamiste du 11 décembre 2007 pour rappeler aux Algériens « que leur vrai problème n’était pas d’obliger le président de la République française à prononcer les mots qu’ils lui réclament depuis tant d’années, mais de faire en sorte que le terrorisme cesse d’être considéré comme un moyen d’action légitime par des Algériens contre d’autres Algériens. Et ce problème-là, qui tient à l’idéologie enseignée par l’État algérien à son peuple depuis l’indépendance du pays il y aura bientôt un demi-siècle, mérite d’être enfin pris en considération si l’on veut que l’avenir des Algériens soit meilleur que leur passé » [45].

Mais ma réponse ne fut pas la seule : une autre, beaucoup plus sévère, vint de Daniel Lefeuvre, qui reprocha à Gilbert Meynier de ne pas dénoncer assez nettement la volonté officielle algérienne d’instrumentaliser l’histoire : « Seul, et nous rejoignons sur ce point les auteurs de l’appel, ‘un travail historique rigoureux’ est possible. Mais comment pourrait-il se faire, aujourd’hui, dans ce ‘partenariat franco-algérien’ que le texte réclame, dès lors qu’en Algérie, une histoire officielle corsète la recherche et sa diffusion ? Que la plupart des archives, notamment celle du FLN, restent pour l’essentiel fermées aux chercheurs ? Dès lors, au fond, que l’histoire, qui reste un élément central de justification du pouvoir pour des caciques qui n’ont plus guère d’autre source de légitimité, ne dispose d’aucune véritable liberté ? À moins, et le contenu du texte est hélas ! sur ce point particulièrement ambigu, d’entrer dans le jeu des autorités algériennes » [46]. Tout en faisant confiance à la sincérité de Gilbert Meynier, je partageais cette inquiétude.

Je n’ai pourtant jamais cessé de correspondre avec lui, avec parfois certains effets inattendus comme le jour de septembre 2008 où je lui ai conseillé de lire le livre de Roger Vétillard (que j’avais préfacé) sur le 8 mai 1945 [47], ce qui l’a incité à prendre contact avec son auteur et à s’en faire un ami. Ou bien encore lorsque je lui ai donné à lire les première versions de mes études historiographiques sur le 20 août 1955 [48], puis sur le 5 juillet 1962 à Oran, et qu’il m’a conseillé d’en faire un livre [49]. Et c’est aussi pourquoi il a accepté de participer aux Mélanges que les Cahiers d’histoire immédiate de Toulouse m’ont offerts à l’occasion de mon départ à la retraite en 2011 [50], en traitant avec son ami Tahar Khalfoun : « Algérie-France : destins entremêlés, histoire partagée ».

Dans la conclusion de leur article, ils maintenaient leur refus de voir s’établir en France une histoire officielle fondée sur la loi du 23 février 2005, mais ils constataient aussi que « les historiens algériens indépendants (...) ont à faire à plus forte partie encore : l’amendement à la Constitution algérienne de novembre 2008 comprend un article 62 qui édicte, en son quatrième et dernier paragraphe, que l’État ‘œuvre à la promotion de l’écriture de l’histoire et de son enseignement aux jeunes générations’ ». Ce qui les conduisait à préciser leur pensée sur les faibles chances d’une coopération historique franco-algérienne : « Forcer les blocages ne fait pas partie en soi du métier d’historien. Il peut simplement énoncer les règles élémentaires de la méthode historique qui s’inscrivent contre ces blocages, et espérer qu’un déblocage intervienne (...). Mais, en l’état actuel, ce ne peut être qu’une initiative indépendante d’historiens n’ayant de comptes à rendre à personne, à aucun État, aucune institution, aucun lobby. Sous réserve d’inventaire, elle ne pourrait être engagée que dans un cadre associatif partagé. Mais le chemin sera long et ardu, qui mène de Delphes au Parnasse » [51].

De même, un peu plus tard, les deux mêmes auteurs développèrent leur réflexion sur « les relations tumultueuses entre l’Algérie et la France » depuis 1962, dans leur conclusion commune à l’ouvrage collectif intitulé Histoire de l’Algérie coloniale, publié en 2012  : « En Algérie, l’État ‘œuvre à la promotion de l’écriture de l’histoire et de son enseignement aux jeunes générations’, comme le stipule l’article 62 de la Constitution amendée en 2008 pour s’assurer de la soumission des historiens. Peut-on envisager une commission d’historiens algériens, français - déjà ils se rencontrent et échangent - et autres, pour concevoir des manuels d’histoire concertés, à l’instar des deux manuels franco-allemands publiés en 2006 et 2008 ? » Ce projet longtemps cher à Gilbert Meynier était significativement formulé ici sous forme de question. Rappelant le manuel Histoire de France et d’Algérie publié en 1950 par Aimé Bonnefin et Max Marchand, les deux auteurs concluaient par un simple vœu : « Lui donner une suite ne pourrait être qu’une initiative d’historiens indépendants des États et des lobbies de mémoire, en France comme dans cette Algérie des paradoxes sur laquelle pèsent encore les années de sang de la décennie 1990 » [52].

Sur cette conclusion modeste et réaliste, nous étions parfaitement d’accord, pour estimer que ce qui était souhaitable (la libre coopération scientifique algéro-française) n’était pas encore possible, et ne le deviendrait pas aussi longtemps que les dirigeants de l’État algérien considéreraient l’histoire comme un simple moyen d’assurer leur pouvoir. En fin de compte, en dépit de toutes nos différences et divergences, nous avions appris à nous connaître, à nous comprendre et à nous respecter, et en relisant notre correspondance, je ne crois pas exagéré de dire que nous étions devenus des amis.

Guy Pervillé

[1] Pour en savoir plus, voir sur mon site : “Mes réponses à Guy Hennebelle « (2003), http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=19 .

[2] Compte rendu publié dans Annales, Economie, Sociétés, Civilisations, n° 4, juillet-août 1982, pp. 839-841.

[3] Compte rendu publié dans XXème siècle, revue d’histoire, n° 7, juillet-septembre 1985, pp. 209-210.

[4] Daniel Rivet, « Le fait colonial et nous. Histoire d’un éloignement », Vingtième siècle, revue d’histoire, n° 33, janvier-mars 1992, pp. 127-138.

[5] Diffusé du 24 septembre au 9 octobre 1991 sur Antenne 2. Je me souviens d’avoir assisté au premier épisode chez Gilbert Meynier, qui m’avait invité ainsi que René Gallissot à l’occasion d’un jury de thèse, mais je ne sais rien de plus quant à l’élaboration de cette critique collective.

[6] Ibid, p 99.

[7] « Les années algériennes, ou la soft histoire médiatique ? », Peuples méditerranéens, n° 58-59, 1er semestre 1992, et Naqd, revue d’études et de critique sociale (Alger), n° 2, février-mai 1992, pp. 91-99.

[8] « À propos des Années algériennes : réponses à quelques interrogations », Peuples méditerranéens, n° 60, juillet-septembre 1992, pp. 193-200 ; et « Entre histoire, mémoires et images : Les années algériennes », Vingtième siècle, n° 35, juillet septembre 1992, pp. 93-96.

[9] La gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, La Découverte, novembre 1991.

[10] L’Algérie des Français, présentation critique de Charles-Robert Ageron intitulée « Pour une histoire critique de l’Algérie de 1830 à 1962 », Paris, Le Seuil, collection Points-histoire, 1993, pp. 7-13.

[11] Sur sa polémique avec Alain-Gérard Slama, voir L’Histoire n° 181, octobre 1994, pp 48-50, n° 183, décembre 1994, pp 84-85, n° 185, février 1995, pp 96 et 99.

[12] Voir L’Algérianiste n° 70, juin 1995, 72, décembre 1995, pp 8-30, 73, mars 1996, pp 2-14, 74, juin 1996, pp. 119-124, et Maurice Villard, La vérité sur l’insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois, menace sur l’Algérie française, Amicale des hauts plateaux de Sétif, 1997.

[13] Jean-Charles Jauffret, « Archives militaires et guerre d’Algérie », actes du colloque Marseille et le choc des décolonisations, s.dir. Jean-Jacques Jordi et Emile Témime, Aix-en-Provence, Edisud, 1996, p. 171, et note 1 pp. 176-177.

[14] Charles-Robert Ageron, « Mai 1945 en Algérie, enjeu de mémoire et histoire », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 39/40, juillet-décembre 1995, pp. 52-56.

[15] « 17 octobre 1961 : Trois récits pour un massacre », L’Histoire n°216, décembre 1997, pp. 6-8. Voir le forum des lecteurs (réponse à Claude Liauzu et Annie Rey-Goldzeiguer) dans le n° 217, janvier 1998, p. 93.

[16] « La tragédie des harkis : qui est responsable ? », L’Histoire n°231, avril 1999, pp. 64-67. Voir le forum des lecteurs (réponse à Mohammed Harbi et Gilbert Meynier) dans le n° 235, septembre 1999, p. 3.

[17] « Je ne suis jamais retourné en Algérie et je n’y retournerai jamais. Ce pays sanguinaire me fait horreur ». Voir les remords exprimés par l’ancien ministre de la Défense dans ses livres Après tant de batailles... Mémoires, Paris, Albin Michel, 1992, pp. 261-263, et surtout Les Blancs s’en vont, récits de décolonisation, Albin Michel, 1998, pp. 169-180.

[18] « La tragédie des harkis : qui est responsable ? », L’Histoire n°231, avril 1999, pp. 64-67. Voir le forum des lecteurs (réponse à Mohammed Harbi et Gilbert Meynier) dans le n° 235, septembre 1999, p. 3.

[19] Voir le texte de sa réponse sous le titre « Témoignage de Charles-Robert Ageron : une carrière d’historien de l’Algérie », dans le n° 208 de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains, janvier-mars 2003, pp 151-155.

[20] Notamment, en plus de Jean-Luc Einaudi, Mohammed Harbi, Claude Liauzu, Benjamin Stora, et Pierre Vidal-Naquet, mais pas Gilbert Meynier.

[21] Le site “17 octobre 1961 contre l’oubli” reproduisait le jugement de Pierre Vidal-Naquet sur le livre de Jean-Paul Brunet : « La méthodologie de "l’historien" Brunet laisse particulièrement à désirer : rejetant en bloc les récits des témoins directs (Algériens), ne prenant pas acte de la destruction d’archives, jouant du fait qu’il est impossible de déterminer précisément le nombre des victimes, Brunet construit sa démonstration de manière à ne tenir compte que des pauvres archives que la préfecture de police a bien voulu conserver ». Extraits de la préface donnée par Pierre Vidal-Naquet à la réédition des livres de Paulette Péju, Ratonnades à Paris, La Découverte-poche, 2000, cités sur le site http://17octobre1961.free.fr/pages/dossiers/biblio.htm (rubrique « Récits et analyses publiés plus récemment », livre de Jean-Paul Brunet, Police contre FLN, le drame d’octobre 1961 , Paris, Flammarion, 1999).

[22] Le premier des buts de l’association était : « obtenir la reconnaissance, par les autorités politiques de ce pays, qu’un crime contre l’humanité a été commis par l’État les 17 et 18 octobre 1961”, Pourtant, en 1987, la revue algérienne Sou’al publiée en France par Mohammed Harbi avait protesté contre la qualification de “crime contre l’humanité” appliquée à la bataille d’Alger (1957) par l’avocat de Klaus Barbie, Jacques Vergès. Voir Sou’al, n° 7, octobre 1987, p. 149.

[23] Tribune libre des historiens Claude Liauzu, André Mandouze, André Nouschi, Annie Rey-Goldzeiguer, et Pierre Vidal-Naquet dans Le Monde des 10 et 11 juin 2001.

[24] Maurice Faivre, Jean Monneret, Mohand Hamoumou, et le soutien de Jacques Valette dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains.

[25] Voir ma communication intitulée « La guerre d’Algérie revisitée : zones d’ombre, points aveugle », dans les actes du colloque La guerre d’Algérie dans la mémoire et l’imaginaire, s .dir. Anny Dayan-Rosenman et Lucette Valensi, Saint-Denis, Bouchène, 2004, pp 225-233.

[26] Dans son livre Les trois batailles d’Alger, t. 1, Les paras dans la ville, Fayard, 1972 (traitant la première partie de la bataille d’Alger). Sa mort l’a empêché d’écrire les 2 tomes suivants.

[27] Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, Paris, Fayard, 2002, pp. 323-324. C’est moi qui souligne.

[28] Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, Paris, Fayard, 2002, p 327, et note 174.

[29] Voir sur mon site : « À propos des 3024 disparus de la bataille d’Alger : réalité ou mythe ? » (2004) (http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=174).

[30] Voir sur mon site : « Mon avis sur la pétition des historiens », et « Réponse à Gilles Manceron » (2005) : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=38 et http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=37 .

[31] « Vérités et mensonges des crimes de la colonisation », Le Nouvel Observateur, n° 2117, 2 juin 2005, repris sur Etudes coloniales, 11 décembre 2007 : http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2007/12/11/7198534.html .

[32] http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/1954-1962/harkis_mercenaires.htm .

[33] Denise Bouche, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1984, n° 31-32, p. 357-360. Reproduit dans l’article d’Etudes coloniales déjà cité.

[34] Voir sur le site de l’ENS-Lyon : http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/ .

[35] Présentation du colloque : http://colloque-algerie.ens-lyon.fr/article.php3 ?id_article=14 .

[36] Une partie des actes de ce colloque, dont ma communication, a été publiée en décembre 2007 dans un livre intitulé La France et l’Algérie : leçons d’histoire. De l’école en situation coloniale à l’enseignement du fait colonial, Lyon, Université Claude Bernard-Lyon 1 (IUFM), Institut national de recherche pédagogique, et Université de Lyon (ENS Lettres et Sciences humaines, sous la direction de Frédéric Abécassis, Gilles Boyer, Benoît Falaize, Gilbert Meynier et Michelle Zancarini-Fournel.

[37] Voir par exemple ma discussion « À proposdedulivredeJimHouseetNeil Mac Master » (2007) : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=384 .

[38] Voir ma communication « France-Algérie : groupes de pression et histoire » (2006) sur le site de l’ENS de Lyon et sur le mien : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=63 .

[39] Raphaëlle Branche, Valérie Esclangon-Morin, Jean-Robert Henry, Yann Scioldo-Zurcher, Sylvie Thénault,

[40] Jean-Charles Jauffret, Gilbert Meynier, Benjamin Stora. Claude Liauzu, absent le 19 avril, était décédé subitement le 24 mai 2007.

[41] Voir sur mon site : « Ma position sur l’annexe au rapport d’Eric Savarese : ‘une note sur le mur des disparus’ » (2007) : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=156 .

[42] Chapitre 4, « La guerre d’indépendance des Algériens », du livre intitulé Pour une histoire franco-algérienne. En finir avec les pressions officielles et les lobbies de mémoire, s. dir. Frédéric Abecassis et Gilbert Meynier. ENS de Lyon et INAS éditions Alger, 2011, 189 p.

[43] Notamment les autres participants à la journée de Narbonne.

[44] Texte complet reproduit sur le site de la Ligue des droits de l’homme de Toulon : http://www.ldh-toulon.net/l-appel-France-Algerie-depasser-le.html .

[45] « À propos de la pétition : « France-Algérie, dépassons le contentieux historique », 16 décembre 2007 : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=162 .

[46] « France-Algérie : l’impossible travail historique », daté du 3 janvier 2008. Elle fut ensuite fut publiée sur le site de Julien Landfried, L’Observatoire du communautarisme, puis sur Etudes coloniales du 20 février 2008 (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/02/20/8041468.html), mais aussi dans L’Algérianiste n° 121 de mars 2008, puis dans Historiens et géographes n° 402 de mai 2008 (à la suite du texte de l’appel « France-Algérie : dépassons le contentieux historique »).

[47] Roger Vétillard, Sétif, mai 1945, massacres en Algérie. Préface de Guy Pervillé. Versailles, Éditions de Paris, 2008, 589 p. Nouvelle édition revue et augmentée, 2011, 615 p.

[48] « Du nouveau sur l’appel de Constantine et le 20 août 1955 » (2013), sur mon site : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=305 .

[49] Oran 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre, Paris, Éditions Vendémiaire, 2014, 315 p.

[50] Cahiers d’histoire immédiate, n° 40, automne 2011. Voir le texte de Gilbert Meynier et Tahar Khalfoun, « Algérie-France : destins entremêlés, histoire partagée », pp. 95-114.

[51] Op. cit., p. 114.

[52] Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962. Paris, La découverte, et Alger, Barzakh, 2012, p. 683. Voir mon compte rendu dans Outre-mers, revue d’histoire, n° 396-397, 2ème semestre 2017, pp. 246-250, et sur mon site : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=419 .



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