De Gaulle, l’Algérie et le monde arabe (2022)

vendredi 28 novembre 2025.
 
Ce texte a été rédigé à la suite d’une table ronde organisée le 13 décembre 2022 au Musée de l’Armée (Hotel national des Invalides) sur le thème "Napoléon III, Lyautey et de Gaulle", avec la participation de Henry Laurens, Pierre Vermeren, Julie d’Andurain, et la mienne.

Le journaliste Raymond Tournoux a rapporté dans l’un de ses livres qu’au cours d’une interview le général de Gaulle lui avait demandé ce qu’il pensait d’un article récemment publié dans Le Monde par un jeune historien - Charles-Robert Ageron - évoquant la politique du « Royaume arabe » de Napoléon III et faisant le rapprochement avec la situation actuelle : l’Empereur n’avait-il pas été un précurseur incompris de la politique algérienne du Général ? Or celui-ci n‘avait pas démenti cette idée. Il convient donc de rechercher les origines lointaines de cette politique algérienne nouvelle qui avait rompu tardivement (à partir du 16 septembre 1959) avec le principe de la souveraineté française sur ce territoire conquis à partir de 1830 et annexé depuis 1834.

Une politique algérienne de la France incohérente

Il n’est pas difficile de démontrer l’existence d’une continuité relative dans la politique algérienne de la France entre 1830 et 1959. En effet, cette politique s’est trouvée tiraillée immédiatement entre deux options contradictoires : le respect des intérêts et de la personnalité musulmane des indigènes algériens, et la transformation de l’Algérie en une nouvelle province française par une colonisation de peuplement. Contradiction qui a été très bien exprimée par le directeur des affaires indigènes Augustin Berque (en fonction de 1940 à 1945) dans un de ses carnets le 16 octobre 1940 : « Une antinomie interne marque l’histoire de ce pays depuis 1830. Deux principes s’affrontent. D’une part, pendant 70 ans, nous sommes venus coloniser, c’est-à-dire prendre les terres. D’autre part, depuis 60 ans, nous prétendons civiliser, c’est-à-dire affiner, améliorer, hausser jusqu’à nous. Nous donnons de nouveaux besoins, sans cesse accrus, à un peuple que nous avons ruiné. Voilà l’antinomie à résoudre ».

Cette antinomie avait pu sembler résolue à partir de 1841 par les choix stratégiques et politiques du général Bugeaud, qui voyait en la colonisation la suite nécessaire de la conquête. Parce qu’il n’était pas possible de maintenir définitivement dans le pays la grande armée nécessaire à celle-ci, il fallait y établir une population nombreuse et aguerrie pour décourager les révoltes, à la manière de la colonisation romaine qui était l’oeuvre de soldats-laboureurs. Dans sa première proclamation, le 22 février 1841, il déclarait : « La guerre indispensable aujourd’hui n’est pas le but. La conquête serait stérile sans la colonisation. Je serai donc colonisateur ardent, car j’attache moins de gloire à vaincre dans les combats qu’à fonder quelque chose d’utilement durable pour la France. (...) Alors la France aura véritablement fondé une colonie et recueillera le prix des sacrifices qu’elle aura faits ». Mais il remarquait également : « Il serait insensé de tenter la conquête absolue sans avoir les moyens de faire la colonisation, seul moyen raisonnable de garder la conquête ». Par la suite, en 1844, il prit davantage en compte les intérêts de la population indigène soumise : « Nous avons fait sentir notre force et notre puissance aux tribus d’Afrique. Il faut leur faire connaître maintenant notre bonté et notre justice. Ainsi, nous pourrons espérer de leur faire d’abord supporter notre domination, de les y accoutumer plus tard et, à la longue, de les identifier avec nous, de manière à ne former qu’un seul et même peuple, sous le gouvernement paternel du roi de France ».

Or le succès de cette politique supposait deux conditions démographiques. D’abord, que la France pût envoyer en Algérie un flux d’immigrants suffisant pour qu’ils y deviennent majoritaires. C’est ce qu’imaginait Bugeaud quand il fixait le niveau d’immigration nécessaire au succès de la colonisation en 1846 : 150.000 soldats-laboureurs installés en dix ans, auxquels il faudrait ajouter 150.000 femmes et à terme leurs 600.000 enfants, soit en tout 900.000 personnes [1]. Or le plus grand mouvement migratoire organisé par le gouvernement de la Deuxième République en 1848 n’attira que 100.000 candidats, parmi lesquels 20.000 (dont 15.000 Parisiens) traversèrent la Méditerranée, mais 7.000 rentrèrent en France, 3.000 moururent en Algérie, et seulement 10.000 s’y fixèrent. Puis les résultats du recensement de 1856, comparés à ceux de 1846, montrèrent qu’en dix ans la population de la France n’avait connu aucun accroissement - cas presque unique en Europe - à cause du cholera qui avait frappé en 1832 et en 1849, mais surtout à cause de l’effondrement du taux d’accroissement naturel. La France était donc incapable de coloniser l’Algérie conquise.

D’autre part, la population indigène, qui semblait clairsemée et en voie de diminution jusqu’à la fin du Second Empire, paraissait justifier le diagnostic néo-darwiniste de la concurrence vitale entre les « races » aboutissant à la disparition des « races inférieures » devant les « races supérieures », ou tout au moins l’idée d’une longue coexistence entre deux populations restées distinctes. Le député Alexis de Tocqueville écrivait en 1841 que « la population musulmane tend sans cesse à décroître, tandis que la population chrétienne se développe sans cesse. La fusion de ces deux populations est une chimère (...). Il peut donc et il doit donc y avoir deux législations très différentes en Afrique parce qu’il s’y trouve deux sociétés très séparées. Rien n’empêche absolument quand il s’agit des Européens, de les traiter comme s’ils étaient seuls, les règles qu’on fait pour eux ne devant s’appliquer qu’à eux » [2]. Mais en 1847, il en était venu à penser que « de notre manière de traiter les indigènes dépend surtout l’avenir de notre domination en Afrique » : « Si nous agissions de manière à montrer qu’à nos yeux les anciens habitants de l’Algérie ne sont qu’un obstacle qu’il faut fouler aux pieds (...) la question de vie ou de mort se poserait entre les deux races. L’Algérie deviendrait, tôt ou tard, (...) un champ clos (...) où les deux peuples devraient combattre sans merci, et où l’un des deux devrait mourir » [3]. On serait tenté d’y voir une prophétie, mais le contexte montre que le célèbre auteur du livre De la démocratie en Amérique imaginait, non pas la décolonisation de l’Algérie, mais la répétition de la conquête du Nouveau Monde, entachée de « sanglants exemples que l’opinion du genre humain a flétris ». Or après 1871, tous les recensements organisés en Algérie ont montré que la population indigène musulmane recommençait à s’accroître, et de plus en plus vite à partir de 1930, faisant diminuer très rapidement la part de la population européenne dans la population totale de 14 % en 1926 à 10 % en 1954. Ainsi, la population musulmane resterait de plus en plus largement majoritaire, contrairement aux espoirs initiaux des « colonistes ».

C’est pourquoi, dès la fin des années 1850, deux politiques algériennes contradictoires. s’affrontèrent. D’un côté, celle d’un groupe d’experts militaires et civils qualifiés d’arabophiles ou d’indigénophiles, dont le plus connu était l’ancien saint-simonien converti à l’islam Ismaïl Urbain. D’après eux, la transformation de l’Algérie en une nouvelle province française par la colonisation était impossible. Selon Urbain, « la liquidation de la colonisation agricole se fera d’elle-même. Elle aboutira d’une part à l’agriculture industrielle, aux cultures maraichères et au jardinage, de l’autre à la substitution progressive des indigènes aux immigrants sur tous les points excentriques ». Convaincu par eux, Napoléon III visita deux fois l’Algérie en 1860 et 1865, et définit une nouvelle politique dite du « royaume arabe ». Suivant les idées d’Ismaïl Urbain dont les écrits développaient l’idée que « le vrai paysan de l’Algérie, l’ouvrier agricole, c’est l’indigène », et que « la colonisation rurale est un double anachronisme, économique et politique », il répéta que « l’Algérie n’est pas une colonie proprement dite, mais un royaume arabe » : « Les indigènes comme les colons ont un droit égal à ma protection, et je suis aussi bien l’Empereur des Arabes que l’Empereur des Français ».

Mais cette politique novatrice, tendant à remplacer la colonisation de peuplement par une colonisation de capitaux poursuivant une œuvre de civilisation, ne fut pas comprise ni acceptée par une grande partie des colons, soutenus en France par les opposants politiques républicains et orléanistes. En 1868, le journaliste libéral Prévost-Paradol publia un livre à succès, La France nouvelle, dans lequel il présentait la colonisation de l’Algérie comme le seul moyen de garantir pour l’avenir la grandeur de la France. Il recommandait « d’établir en Afrique des lois uniquement conçues en vue de l’extension de la colonisation française et de laisser ensuite les Arabes se tirer comme ils le pourront, à armes égales (sic) de la bataille de la vie » : « L’Afrique ne doit pas être pour nous un comptoir comme l’Inde, ni seulement un camp et un champ d’exercice pour notre armée, encore moins un champ d’expériences pour nos philanthropes : c’est une terre française, qui doit être le plus tôt possible peuplée, possédée et cultivée par des Français » [4]. Soucieux du poids futur de la France dans le monde, il imaginait « de quatre-vingts à cent millions de Français fortement établis sur les deux rives de la Méditerranée », mais il oubliait que la France manquait moins de terres que d’enfants pour les peupler.

Ces idées triomphèrent avant même la chute de l’empire, mais surtout dès les premières années de la IIIème République, qui rendit l’armée d’Afrique co-responsable avec Napoléon III de la défaite subie par la France face à la Prusse et l’Allemagne en 1871. Pendant que le régime civil prenait en main l’administration du territoire algérien suivant les idées chères à Prévost-Paradol, le territoire militaire administré par les Bureaux arabes se réduisit comme une peau de chagrin, et fut refoulé jusqu’aux confins du Sahara, où furent organisés en 1901 les quatre territoires militaires sahariens. Mais il recommença à s’agrandir à partir de 1903 vers les territoires frontaliers du Maroc, et à partir de 1907 au centre du Maroc. C’est en 1912 que fut instauré par le traité de Fez le régime du protectorat, et le général Lyautey, nommé résident général de France au Maroc de 1912 à 1925, en fit le champ d’expérience d’un nouveau type de colonisation, reprenant l’idée du « royaume arabe », qui considérait l’Algérie comme le modèle des erreurs à ne pas commettre.

L’idée d’une continuité entre la politique algérienne de Napoléon III et celle de Charles de Gaulle apparaît donc très vraisemblable. Il reste néanmoins à la démontrer.

De Gaulle et la défense de l’empire colonial, de la France libre au RPF

Pourtant, cette recherche se heurte à une première difficulté : De Gaulle n’avait eu aucune expérience personnelle de l’Algérie avant son arrivée à Alger pour former avec le général Giraud le Comité français de libération nationale (CFLN) à la fin mai 1943. En effet, sa carrière avait toujours été très orientée vers l’Allemagne et il avait presque toujours servi en Europe, à une seule exception près : son séjour de deux ans (1929-1931) en Syrie et au Liban, dans lequel il avait prononcé un discours invitant la jeunesse de ces pays à construire hardiment leur Etat. Rétrospectivement, cela peut sembler une audacieuse anticipation de la décolonisation qui se réalisa dans ces deux pays moins de vingt ans plus tard. Mais n’oublions pas que leur statut juridique était non pas celui de possessions françaises, mais celui de mandats (de type A) confiés à la France par la Société des Nations pour les préparer à une indépendance prochaine. Même s’il est vraisemblable que De Gaulle avait formé à cette occasion son jugement personnel sur le monde arabe [5], on ne peut pourtant pas en conclure qu’il avait déjà, dès le début des années 1930, vocation à conduire l’Algérie à l’indépendance alors même que les autorités françaises célébraient fastueusement le centenaire de l’Algérie française, voire de l’Algérie tout court.

Cette difficulté est réelle, puisque sa quasi-absence de service dans l’empire colonial français était une caractéristique très rare parmi les officiers de sa génération qui ont participé ensuite à la Deuxième guerre mondiale. Que l’on pense à son camarade de Saint-Cyr le général Juin, au général de Lattre de Tassigny, au général Leclerc, au général Giraud, ou aux futurs généraux Massu et Salan, tous avaient une expérience coloniale non négligeable. C’est seulement à partir de juin 1940 que le général de Gaulle a dû se tourner résolument vers l’Outre-mer pour maintenir en guerre une France libre en disputant ses territoires au régime collaborationniste de Vichy. Mais il lui fallut encore attendre trois ans pour arriver à Alger et en faire la capitale provisoire de la France en guerre.

Il n’arrivait pourtant pas en terre inconnue, puisque sa venue avait été préparée durant plusieurs mois par le plus haut gradé qui avait rejoint la France libre dès 1940 : le général Catroux, frère d’un colon d’Algérie et officier ayant participé à la pacification du Maroc sous les ordres du général Lyautey, après avoir connu le jeune Charles de Gaulle en 1916 dans un camp de prisonniers en Allemagne [6]. Celui-ci l’avait chargé de surveiller depuis Le Caire la Syrie et le Liban restés soumis au régime de Vichy et d’y rétablir l’autorité provisoire française après l’invasion britannique de 1941. Puis en juin 1943, il lui confia dans le nouveau CFLN une double fonction : celle de Commissaire d’Etat chargé de la politique musulmane, et le gouvernement général de l’Algérie, où le nationalisme musulman commençait à s’exprimer ouvertement avec le Manifeste du Peuple algérien du 10 février 1943.

Pourtant, durant toute la durée de la guerre, la France libre ne manifesta aucune volonté de décolonisation, puisqu’elle se donnait pour but de rendre à la France sa souveraineté sur tous les territoires qui lui appartenaient et qu’elle ne pouvait pas laisser au régime de Vichy le mérite de sa conservation. Même en Syrie et au Liban, Etats en formation auxquels l’indépendance avait été maintes fois promise, la France libre, tout en reconnaissant en principe l’indépendance de ces deux Etats, s’efforçait de retarder le processus d’émancipation jusqu’à la fin de la guerre afin de rendre à la France libérée tout ce qui lui appartenait, en s’opposant aux revendications d’indépendance immédiate encouragées par les autorités militaires britanniques ; ce qui entraîna deux graves conflits, avec les autorités libanaises en novembre 1943, puis avec les autorités syriennes en mai 1945 (affrontement armé interrompu par un ultimatum britannique auquel De Gaulle dut se soumettre sans le pardonner).

Ainsi, comme l’a dit Gaston Monnerville, membre de l’Assemblée consultative provisoire à la fin de la Guerre, « sans son empire, la France ne serait qu’un pays libéré ; grâce à son empire, la France est un pays vainqueur ». Et si le mot « empire », mal vu par les Américains, fut remplacé dès 1946 par celui d’Union française, impliquant une volonté de réforme au bénéfice des populations indigènes, ce changement de nom ne signifiait pas une acceptation d’une dislocation de l’ensemble et d’évolutions séparées.

Dans le cas particulier de l’Algérie, soumise durant plusieurs mois au maintien provisoire du régime de Vichy sous la forme d’un protectorat de fait anglo-américain, le général Giraud et le gouverneur général Peytouton avaient supporté avec une tolérance étonnante la rédaction par les élus indigènes réunis autour de Ferhat Abbas du Manifeste du Peuple algérien, dont les points essentiels étaient l’affirmation d’une nation algérienne et la formation d’un Etat algérien : « L’heure est passée où un musulman algérien demandera autre chose que d’être un Algérien musulman. Depuis l’abrogation du décret Crémieux surtout, la nationalité et la citoyenneté algériennes lui offrent plus de sécurité et donnent une plus claire et plus logique solution du problème de son évolution et de son émancipation » [7].

Ce programme fut ensuite rejeté par le général Catroux, nouveau gouverneur général de l’Algérie et commissaire d’Etat aux affaires musulmanes dans le Comité français de libération nationale créé par les généraux Giraud et de Gaulle en juin 1943. Mais on a trop oublié que celui-ci avait ensuite jugé nécessaire de faire étudier par une commission une nouvelle politique algérienne de la France, consistant à réaliser tous les projets de réforme des droits politiques des indigènes musulmans proposés entre 1919 et 1939 - ce que fit l’ordonnance du 7 mars 1944 - mais aussi à définir un plan de mesures économiques et sociales visant à élever aussi vite que possible les conditions de vie des musulmans algériens à égalité avec celui des Français d’Algérie et des Français de France. C’était vouloir réaliser en quelques mois ce que la France n’avait pas su réaliser en un siècle. Mais le général Catroux avait aussi prévenu le général de Gaulle, dès le 10 décembre 1943, que « la politique d’assimilation et d’intégration doit être poursuivie en Algérie si l’on ne veut pas arriver à un conflit qui nous obligerait à donner ultérieurement à ce pays un statut de dominion ou qui aboutirait à une situation analogue à celle qui prévaut actuellement au Liban », puis de nouveau en février 1944, que ce programme de réformes était la dernière chance de la politique d’assimilation ou d’intégration, et que s’il échouait, il faudrait changer de politique : « Si la nation musulmane algérienne prenait conscience d’elle-même, demandait dans l’avenir à se constituer, le gouvernement du moment aurait à reconsidérer sa politique, puisque la politique d’assimilation aurait échoué. Et il devrait vraisemblablement accorder à l’Algérie un statut d’autonomie politique apte à faire vivre ensemble les deux fractions de la population, l’algérienne et la française. Le problème à résoudre s’apparenterait dès lors à celui qui se pose au Liban » [8].

C’était la première fois qu’une telle éventualité était évoquée par le responsable de l’Algérie dans un gouvernement français ; mais il croyait encore devoir tenter la dernière chance de réaliser une Algérie française. Le rapport Valleur adopté par la commission dépassait l’ancien projet Blum-Viollette de 1936 en proposant une liste de catégories d’« indigènes algériens français » admis à la pleine citoyenneté française sans abandon de leur statut personnel musulman ou des coûtumes kabyles. En outre, il proposait d’accorder la « citoyenneté (française) dans le statut (musulman) » à tous les autres Français musulmans d’Algérie dans un collège électoral spécial. Le général Catroux soutint cette proposition, mais le commissaire aux colonies René Pleven souligna le risque de séparer la citoyenneté française de la soumission à toutes les lois françaises (dont le code civil) : « Dès lors la France, après avoir été le vieux foyer occidental, disons même chrétien, que l’on connaît et que l’on aime, ne deviendrait-elle pas une nation mixte, si tant est que ces deux termes ne jurent pas entre eux ? ne serait-ce pas une véritable novation historique, le mot France n’ayant plus le même sens avant le projet Valleur et après le projet ? [9] » Le CFLN proclama dans les deux premiers articles de l’ordonnance du 7 mars 1944 l’égalité des droits et des devoirs entre tous les citoyens français d’Algérie sans obliger ceux qui n’auraient pas explicité leur volonté de se soumettre à toutes les lois françaises à renonçer à leur statut personnel particulier, puis l’article 3 définit les catégories de français musulmans admis à voter dans le collège des citoyens à part entière, mais l’article 4, tout en déclarant que « les autres Français musulmans sont appelés à recevoir la citoyenneté française », laissa à la future Assemblée nationale constituante le soin de fixer « les conditions et les modalités de cette accession ».

Le général de Gaulle n’était donc pas décidé à accepter la revendication d’une Algérie autonome voire indépendante que les partisans du Manifeste espéraient pour après la guerre ; et quand le CFLN devenu GPRF un an après sa proclamation quitta l’Algérie pour rejoindre la métropole libérée, le général Catroux avait recommandé de réprimer sévèrement les propagandes nationalistes et de conserver en Afrique du Nord des troupes sûres, et le général de Gaulle avait confié au général Henry Martin la mission de la lui conserver : « Il s’agit d’empêcher l’Afrique du Nord de glisser entre nos doigts pendant que nous délivrons la France ». Ce qui fut fait quand un début d’insurrection éclata le 8 mai 1945 à Sétif et près de Guelma.

Après la guerre et la démission du général de Gaulle, l’application des réformes politiques promises par l’ordonnance du 7 mars 1944 fut très lente et n’aboutit pas avant 1947. Dans la perspective de l’élection de la future Assemblée nationale constituante, l’ordonnance du 17 août 1945 accorda aux électeurs du deuxième collège le droit d’élire des députés à l’Assemblée en nombre égal à celui des représentants du premier. Mais ils restèrent bizarrement écartés des référendums constitutionnels de 1946. Ce fut la loi Lamine Gueye du 7 mai 1946 qui établit enfin le principe de la citoyenneté française de tous les habitants de la France d’outre-mer.

Mais le maintien de la séparation des collèges électoraux définis par l’ordonnance du 7 mars 1944 vidait ce principe de citoyenneté de la plus grande part de son contenu. Parce qu’il mettait en cause l’égalité des Français et des Musulmans et celle des Musulmans entre eux, il fut l’enjeu des débats sur le statut de l’Algérie qui eurent lieu de 1945 à 1947 aux deux Assemblées constituantes, puis à l’Assemblée nationale. La première Constituante écarta la proposition Bendjelloul de collège unique, mais elle vota la loi électorale du 3 avril 1946, qui élargissait l’accès au premier collège, et accordait au deuxième les trois cinquièmes des sièges de députés de l’Algérie. La deuxième Constituante écarta cette loi, repoussa le projet fédéraliste de Ferhat Abbas (qui pourtant admettait le double collège pour rassurer les Européens d’Algérie), et se contenta d’élargir modérément l’accès au premier collège par la loi du 5 octobre 1946 (admission des titulaires du certificat d’études primaires, et des anciens élèves des petites classes des lycées). Enfin, la discussion du statut de l’Algérie à l’Assemblée nationale en 1947 ne porta pas sur le principe du double collège (admis par tous les partis sauf par le MTLD et par le groupe du docteur Bendjelloul et de Sayah Abdelkader au Conseil de la République), mais sur la limitation de l’accès des Musulmans au premier collège. La plupart des députés français d’Algérie réclamaient la « parité » et la « pureté » des collèges, c’est-à-dire le désaveu de l’ordonnance du 7 mars 1944, avec l’appui paradoxal du général de Gaulle. Mais ils n’obtinrent que l’abrogation de la loi du 5 octobre 1946 pour les élections à l’Assemblée algérienne. Cette régression bloqua pour longtemps le processus d’élargissement du premier collège. Ajoutons que la préfabrication des élections à partir d’avril 1948 (élections « à la Naegelen ») priva de toute réalité la citoyenneté des électeurs du deuxième collège.

Quant au plan de progrès économique et social en faveur des musulmans, il ne fut guère mieux réalisé, mais pour d’autres raisons. Pourtant, après la guerre, le gouvernement avait manifesté sa volonté d’exécuter le plan. Le 18 juillet 1945, dans le débat de l’Assemblée consultative sur les troubles de mai 1945, Adrien Tixier exposa en détail « un programme de réformes pour l’Algérie ». Le gouverneur Chataigneau s’efforça de le réaliser, assisté par la direction des réformes confiée à Lucien Paye. Mais la réalisation du plan de réformes prit du retard, d’autant plus que ses dépenses d’investissement inscrites dans le budget extraordinaire de l’Algérie entraînaient une augmentation des dépenses de fonctionnement inscrites au budget ordinaire, entraînant un déficit budgétaire croissant. À la suite du remplacement des délégations financières par une Assemblée financière issue des conseils généraux (le 15 septembre 1945), le budget de l’Algérie fut pour la première fois soumis à l’Assemblée nationale en décembre 1945 et en décembre 1946. Puis le statut de l’Algérie du 20 septembre 1947 confia au seul gouvernement l’homologation du budget algérien préparé par le gouvernement général et voté par l’Assemblée algérienne. Entre temps, le gouvernement Georges Bidault de 1946 avait dû présenter deux projets de loi pour venir en aide à ce budget rongé par l’inflation, notamment en créant un fonds spécial de financement du plan de progrès social de l’Algérie et en lui assurant le concours du budget métropolitain à partir du 1er janvier 1947. Mais ce projet indispensable, rompant avec le principe établi en 1900 de l’autonomie budgétaire de l’Algérie, ne fut réalisé que par la loi de finances de 1948.

Durant ces années, la plupart des élus métropolitains accordèrent peu d’attention au retard des réformes algériennes, surtout à partir de 1948 quand l’ordre sembla rétabli en Algérie, malgré les demandes répétées des gouverneurs généraux Naegelen puis Léonard. Le général de Gaulle, en tant que chef du RPF créé en 1947, adopta une position conservatrice qu’il exprima publiquement dans ses deux voyages en Algérie d’octobre 1947 et de juin 1951, décevant ainsi ceux qui n’avaient pas oublié la commission des réformes de 1944. Quant au général Catroux, il finit par se retirer du RPF, qu’il jugeait trop conservateur.

De Gaulle face à la guerre d’Algérie

Le général de Gaulle avait pourtant déjà fait connaître son sentiment personnel à quelques interlocuteurs, comme à André Philip qui lui suggérait en 1944 d’aller jusqu’à l’autonomie : « L’autonomie ? Allons, Philip, vous savez bien que tout cela finira par l’indépendance ! » [10] Mais c’est après le début de la guerre d’Algérie qu’il commença à exprimer son sentiment sur la nécessaire décolonisation à ceux qu’il jugeait capables de le comprendre et de l’approuver.

La première de ces révélations est datée de février 1955 par Edmond Michelet : « Le Général, sans une ombre d’hésitation, m’a dit : ‘L’Algérie ? Perdue. Finie.’ Ainsi, dès ce moment-là, il avait le sentiment que l’Algérie serait indépendante. (...) Il est certain que trois ou quatre mois après le début de l’insurrection (...) le Général considérait que l’Algérie était pratiquement perdue, et il me l’a dit catégoriquement » [11]. Révélation confirmée par Jean Amrouche : « Un après-midi d’avril 1955, rue de Solférino, de Gaulle, après avoir patiemment écouté l’exposé que je lui faisais de mon angoisse, me répondit : ‘Alors, vous voudriez que je chante votre chanson ? Je le ferais volontiers. Mais cela ne servirait à rien. L’affaire algérienne est trop grande pour ce régime. L’Algérie sera émancipée. Ce sera long. Il y aura de la casse. Beaucoup de casse. Vous aurez beaucoup à souffrir. Quant à moi, je ne parlerai que le jour où je serai en situation de faire ce que j’aurai dit’ » [12]. Puis il développa la même idée devant Louis Terrenoire le 18 mai 1955 : « Nous sommes en présence d’un mouvement général dans le monde,d’unevaguequi emporte tous les peuples vers l’émancipation. Il y a des imbéciles (sic) qui ne veulent pas le comprendre ; ce n’est pas la peine de leur en parler. Mais il est certain que si nous voulons nous maintenir en Afrique du Nord, il nous faut créer les conditions d’une nouvelle association. Or, ce n’est pas ce régime qui peut le faire. Moi-même, je ne serai pas sûr de réussir... mais bien sûr je tenterai la chose » [13].

Avant son retour au pouvoir, il avait fait l’exposé public le plus complet de sa future politique algérienne dans sa dernière conférence de presse du 30 juin 1955 à Paris : il avait recommandé de « substituer partout l’association à la domination », une association définie soit comme « un lien de nature fédérale entre Etats » (entre la Tunisie ou le Maroc et la France), soit comme « une intégration dans une communauté plus large que la France » (cas de l’Algérie). Or l’association était, selon les experts en politique coloniale de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, une politique opposée par son réalisme aux illusions de l’assimilation. Faire de l’intégration de l’Algérie « dans une communauté plus large que la France » un cas particulier de la politique d’association appliquée en Tunisie et au Maroc, ce n’était pas du tout la même chose que de préconiser son intégration dans la France, en tant que nouvelle province française, destinée à devenir partie intégrante de son territoire national, comme le faisait au même moment Jacques Soustelle. On pouvait dès lors comprendre que l’Algérie ne devrait plus être assimilée à la métropole, mais qu’elle devrait être considérée comme les autres « territoires d’outre-mer » que le Général avait proposé d’associer à la France dans une « communauté de forme fédérale », depuis la conférence coloniale de Brazzaville (janvier-février 1944) et depuis les débats constitutionnels de 1946.

D’autre part, le Général évoquait ensuite l’incapacité du régime à faire face à la situation, et la nécessité de le changer, faute de quoi, « il continuerait d’user des hommes de grande valeur : ministres, gouverneurs, résidents, sans parvenir à leur donner et à leur maintenir la mission, l’appui, les moyens nécessaires à la réussite, de pencher alternativement vers la répression ou vers la concession sans que la question essentielle soit jamais tranchée au fond (...) ». Outre l’échec de la IVème République, de Gaulle prévoyait même les circonstances qui allaient la conduire à sa perte moins de trois ans plus tard : « le pire serait que l’inconsistance organique du système l’amène, peu à peu, à se tourner vers le dehors, à prendre les autres comme témoins, c’est-à-dire bientôt comme arbitres, à invoquer auprès d’eux une solidarité, qui dans ce domaine n’existe absolument pas, mais au nom de laquelle eux-mêmes réclameraient un droit de regard. Après quoi, d’étape en étape, les divers territoires de l’Afrique du Nord risqueraient fort d’être soustraits à l’Union française, pour arborer, en dehors d’elle, des formules fictives d’indépendance » [14]. Ainsi, De Gaulle avait remarquablement bien prévu les grandes lignes des trois dernières années de la IVème République, jusqu’aux « bons offices » anglo-américains dont la menace allait être à l’origine du 13 mai 1958. Et même l’échec de Jacques Soustelle dans sa mission de gouverneur général de l’Algérie (février 1955-février 1956), que celui-ci avait pourtant acceptée avec son accord formel.

En tout cas, depuis 1955 au moins, des rumeurs se répandaient sur des déclarations privées du Général, témoignant de son scepticisme quant aux chances de survie de l’Algérie française ; rumeurs si persistantes que son cabinet avait dû les démentir le 12 septembre 1957. Pourtant, l’ancien secrétaire général du RPF, Jacques Soustelle, avait accepté le poste de gouverneur général de l’Algérie proposé par Pierre Mendès France en février 1955. Après avoir raconté son expérience dans son livre Aimée et souffrante Algérie en 1956, il en avait envoyé un exemplaire dédicacé au Général pour lequel il en avait reçu une lettre de remerciement rassurante. Durant l’été 1957, il avait répondu à la brochure de Raymond Aron La tragédie algérienne par une réfutation passionnée, mais celui-ci avait appris que De Gaulle, en privé, lui avait donné raison contre Soustelle [15].

Le directeur de L’Echo d’Alger Alain de Sérigny, ancien pétainiste et weygandiste, devenu après la guerre un allié du RPF puis en 1955 un ami de Jacques Soustelle, s’en inquiéta au point de lui demander d’aller voir lui-même son ancien chef pour s’enquérir directement de ce qu’il pensait. Jacques Soustelle, après lui avoir rendu visite à la fin mars 1958, estimait que le Général était pessimiste sur l’avenir de l’Algérie à cause de la volonté insurmontable des partis de lui barrer la route, et convaincu que le régime finirait par se plier aux formules d’internationalisation et d’abandon. Mais il ne se désintéressait pas de la lutte menée contre la sécession, bien au contraire. Pourtant, « sur l’intégration, il demeure réservé, parce qu’il n’est pas sûr que tous les Musulmans l’accueilleraient favorablement. Par contre, il estime que la pacification doit être menée énergiquement et accompagnée d’un grand effort social, éducatif, psychologique et politique, cette étape devant aboutir à une intégration qu’il souhaite, mais qui devrait résulter des aspirations réelles des masses musulmanes » [16]. De Gaulle ayant dit à Soustelle : « A quoi bon parler sans agir ? », Alain de Sérigny s’était décidé le 10 mai 1958 à lancer dans son journal un appel intitulé : « Parlez-parlez vite, mon Général ! Vos paroles seront une action », pour empêcher l’investiture de Pierre Pflimlin et l’internationalisation du problème algérien. Le Général avait parlé à partir du 15 mai, mais il avait refusé de dévoiler son arbitrage avant de pouvoir l’appliquer. Revenu au pouvoir grâce au coup de force du 13 mai 1958, De Gaulle ne montra aucun empressement à confier à Jacques Soustelle des fonctions importantes, et il ne lui répéta pas ce qu’il confia au jeune député Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 : « Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants (sic). Les Arabes sont les Arabes (...) demain mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées » [17].

La suite de l’histoire est connue, et le temps manque pour la raconter. Sans prétendre exposer toute la politique algérienne du général de Gaulle de 1958 à 1962, rappelons le discours qu’il avait prononcé à l’Hôtel des Invalides à l’occasion du retour des cendres du maréchal Lyautey rapatriées de Rabat le 10 mai 1961 (deux semaines après l’échec du putsch d’Alger) :

« C’est en terre française, à Paris, aux Invalides, que le maréchal Lyautey va poursuivre son dernier sommeil. Pour lui, il paraît donc sembler que tout soit définitif. Il n’en est rien cependant. Si noble que puisse être le décor offert finalement à ses cendres, l’esprit et les actes de Lyautey ne sauraient être ensevelis. Dans un monde où tout change, la flamme qui l’animait est vivante, l’exemple qu’il donna reste bon, la leçon qu’il a léguée demeure féconde. Vingt-sept années après sa mort, années qui virent se transformer de fond en comble les conditions de son époque, voici qu’il nous apparaît comme un homme du présent, car ce que fit ce grand romantique de la pensée et de l’action porte l’empreinte d’une œuvre classique, c’est-à-dire valable en tous cas et en tous temps, parce que ce fut une œuvre immense » .(...)

« Politique, ce n’est pas du tout à l’abaissement d’un empire et à la domination d’un pays qu’il tendit son action de résident général de France au Maroc, mais au contraire à la consolidation d’un Etat souverain, au développement d’une élite et d’un peuple pour les aider à devenir capables de porter un jour les responsabilités de l’indépendance et de la civilisation ». (...)

Suivent deux citations sur l’avenir du Maroc et sur celui de l’Afrique du Nord datée de 1920 : « Il y a lieu de prévoir, disait-il, qu’en un temps plus ou moins lointain, l’Afrique du Nord, évoluée, vivant de sa vie autonome, se détachera de la métropole. Il faut qu’à ce moment-là, ajoutait-il, cette séparation se fasse sans douleur et que les Africains continuent toujours de se tourner vers la France » (...)

« En vérité, le maréchal Lyautey n’a pas fini de servir la France ».

C’était dix jours avant l’ouverture de la première conférence d’Evian entre les délégués du gouvernement français et ceux du GPRA, le 20 mai 1961.

Guy Pervillé

Les mêmes éléments se retrouvent à peu près dans la communication que j’ai présentée au colloque Nationalité et citoyenneté en Algérie de 1830 à 1962, organisé le vendredi 21 novembre 2025 au Sénat par la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie.

[1] Rapport au gouvernement daté de novembre 1846, Aix-en-Provence, Archives d’Outre-mer, F 80 1674, cité par Alain Lardillier dans sa thèse dirigée par Jacques Frémeaux, Bugeaud et l’avenir de l’Algérie, Paris IV, 2011, p 194.

[2] Alexis de Tocqueville, De la colonisation en Algérie, textes choisis et présentés par Tzetan Todorov, Bruxelles, Complexe, 1988, p 142.

[3] Ibid., pp 172 et 177-179.

[4] Lucien-Anatole Prévost-Paradol, La France nouvelle, Paris et Genève, Slatkine reprints, 1979, pp 418-419.

[5] « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples », écrivait-il dans le tome 1 de ses Mémoires de guerre paru en 1954.

[6] Voir Henry Lerner, Catroux, Paris, Albin Michel, 1990.

[7] Reproduit par Claude Collot et Jean-Robert Henry, Le mouvement national algérien, textes 1912-1954, Paris, L’Harmattan, et Alger, OPU, 1978, pp 155-165.

[8] Archives du Ministère des Affaires étrangères, quai d’Orsay, vol. 995, pp. 90-90 bis, et vol.1033, pp. 90-98.

[9] « Mémorandum pour contribuer à l’étude du projet Valleur », sans date ni nom d’auteur, à en tête du Commissariat aux colonies, MAE-QO- 995, pp 60-61.

[10] Cité par Jean-Raymond Tournoux, La tragédie du Général, Paris, Plon, 1967, pp 187-189 (en note).

[11] Edmond Michelet, La querelle de la fidélité. Peut-on être gaulliste aujourd’hui ? Paris, Fayard, 1962, p 102.

[12] Jean Amrouche, « Le dialogue entre De Gaulle et le FLN », La Nef, janvier mars-1960.

[13] Louis Terrenoire, De Gaulle et l’Algérie, témoignage pour l’histoire, Paris, Fayard, 1964, p 41.

[14] Charles de Gaulle, Discours et messages, op. cit., t. 2, Dans l’attente, 1946-1958, pp. 637-639.

[15] Raymond Aron, Mémoires. 50 ans de réflexion politique. Paris, Julliard, 1983, p 377.

[16] Alain de Sérigny, Echos d’Alger, t 2, L’abandon, Paris, Presses de la Cité, 1974, p 247.

[17] Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, t 1, Paris, Fayard et de Fallois, 1994, pp 50-52.



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