Mohammed el Aziz Kessous (1985)

samedi 5 mai 2007.
 
Cette notice a été publiée dans le bulletin Parcours, l’Algérie, les hommes et l’histoire, publiée par l’Association de recherche pour un dictionnaire biographique de l’Algérie, n° 5, automne 1985, pp. 37-39.

Mohammed el Aziz KESSOUS

Né à la Calle en 1903, mort à Paris en 1965. Journaliste et militant « jeune algérien », intermédiaire entre la gauche française et le nationalisme algérien.

Mohammed el Aziz Kessous est né le 25 juin 1903 à la Calle (El Kala) dans une famille issue de la bourgeoisie commerçante du port de Collo et passée au service de l’Administration (son père fut khodja de commune mixte, puis caïd, ses oncles, interprètes judiciaires), laquelle fournit plusieurs diplômés de l’Université française (notamment ses cousins : Ahmed Kessous, membre fondateur de l’AEMNAF à Paris en 1927, et le docteur Youssef Kessous, député de Constantine en 1951 et 1952). Boursier, condisciple de Ferhat Abbas au collège de Sétif, il fit partie de la cinquantaine d’élèves musulmans que le gouverneur Jonnart envoya terminer leur scolarité en France en novembre 1918. Sorti du lycée d’Arles, il fit des études de droit à l’université d’Alger, puis à celle de Paris. À Alger, en tant que secrétaire général de l’Amicale des étudiants musulmans de l’Afrique du Nord (AEMAN) pour 1923-24, il contribua à la rapprocher de l’AGEA (dont la revue Alger-étudiants publia plusieurs de ses nouvelles en 1924 et 1925). Après ses études, il se consacra au journalisme, tout en travaillant dans l’enseignement.

Attiré par la gauche française, il adhéra en 1931 à la SFIO et y resta jusqu’en 1940 ; il la rejoignit en septembre 1943 pour y rester jusqu’en août 1946. En même temps, il mit son talent de journaliste au service des revendications indigènes, comme responsable de la presse à la Fédération des élus musulmans du département de Constantine. En février-mars 1935, i1 écrivit et publia une brochure : La vérité sur 1e malaise algérien (préface du docteur Bendjelloul), dans laquelle il niait l’existence du nationalisme et soutenait la proposition de loi Violette. En août 1935, il participa en tant que rédacteur en chef au lancement de L’Entente franco-musulmane, organe de la Fédération des élus créé par le docteur Bendjelloul pour supplanter la voix indigène de R. Zénati. Puis il céda son poste à Ferhat Abbas, pour collaborer à Oran républicain de 1936 à 1940.

En 1943, il aida Ferhat Abbas dans la rédaction du Manifeste du peuple algérien. Cependant, revenu à la SFIO en septembre 1943, il en présenta les propositions à la commission des réformes musulmanes en janvier 1944. Mais, en septembre 1944, il rejoignit Abbas pour créer l’organe des AML, Égalité, dont il fut le rédacteur en chef jusqu’à son interdiction en mai 1945. Bien que l’Administration eût alors espéré le détacher d’Abbas, il aida celui-ci à faire reparaître Égalité en août 1946. Il en quitta la rédaction en mars 1948 pour représenter l’UDMA au Conseil de la République, avec Ahmed Boumendjel, Ahmed Tahar et Ahmed Yahia.

A la fin de son mandat, il se retira à Biskra où il travailla comme enseignant et s’éloigna de la politique active, à cause de divergences personnelles et pour raisons de santé. Néanmoins, en 1955, il assuma le secrétariat général et le service de presse de la délégation des élus musulmans (groupe des « 61 »). A ce titre, il créa le bimensuel Communauté algérienne dont il publia 17 numéros du 1er octobre 1955 au 10 août 1956 : il y donna la parole à toutes les tendances, et s’efforça vainement d’empêcher la rupture entre les Algériens et les Français. Incompris des « ultras » qui plastiquèrent son journal, il eut des relations suivies avec le FLN, qui respectait son désintéressement.

Souffrant de tuberculose pulmonaire, il se retira en France pour se soigner, jusqu’à sa mort le 13 mai 1965. Journaliste de talent, il fut un moraliste-philosophe beaucoup plus qu’un « politicien », se plaçant à un niveau plus élevé que les contingences étroites de la politique au sens courant du terme.

Guy Pervillé

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

-  Abbas (Ferhat), L’indépendance confisquée, Paris, Flammarion,1984.
-  Brochier (Jeanne et André), Le livre d’or de l’Algérie, Alger, 1937.
-  Kessous( Mohammed el Aziz), La vérité sur le malaise algérien, Bône,1935.
-  Alger étudiants (1924-1925).
-  Commission des réformes musulmane, séance du 18 janvier 1944 (t. 1, p. 152.
-  Communauté algérienne 1955-1958.
-  Égalité 1944-1945 et 1948-1948.
-  L’Entente franco-musulmane 1935-1938
-  Fraternité 1944.
-  Oran républicain 1938-1940.



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