Cinquante-et-un an après : comment l’histoire pourrait-elle rapprocher des mémoires divergentes ? (2013)

mardi 2 juillet 2013.
 
Cet article est le quatrième et dernier de ceux que j’avais rédigés à l’intention du magazine culturel algérien L’Ivrescq en février et mars 2013, et dont il n’a publié que les deux premiers. Comme pour le précédent, je le publie sans plus attendre afin de ne pas l’avoir écrit pour rien.

Voilà déjà cinquante-et-un ans que l’Algérie et la France sont devenues des Etats distincts, et deux tiers de siècle nous séparent des tragiques événements du 8 mai 1945. Pourtant, depuis un demi-siècle, jamais les deux nations n’ont réussi à voir leur passé commun de la même façon. Pendant trente ans, leurs visions sont restées nettement opposées, et pourtant dans les vingt dernières années, elles ont tendu à se rapprocher, par une tendance à l’alignement de la version française sur la version algérienne. Mais cette évolution n’a pas abouti, et il convient de réfléchir aux causes de cet échec pour comprendre comment ne pas le répéter dans le demi siècle suivant. Autrement dit, à quelles conditions le rapprochement de ces mémoires divergentes pourrait-il réussir ?

Deux visions opposées d’une histoire commune

De 1962 à 1989, le statut de l’histoire de la guerre d’indépendance de l’Algérie était totalement opposé dans les deux Etats directement concernés. Du côté algérien, une hyper-commémoration obsessionnelle, du côté français, une amnésie officielle.

En Algérie, la Guerre de libération nationale était et reste jusqu’à nos jours l’événement fondateur et la source de légitimité de la Nation, de l’Etat, du régime et des dirigeants. C’est pourquoi tous les gouvernements depuis l’indépendance, mais surtout depuis 1972, ont organisé une commémoration obsessionnelle, utilisant des moyens multiples et variés : discours commémoratifs à l’occasion des grands anniversaires (8 mai 1945, 1er novembre 1954, 20 août 1955 et 1956, 19 mars et 5 juillet 1962), publication d’articles, de témoignages, de romans, nouvelles et poèmes, érection de monuments et création de musées, réalisation de films documentaires ou de fiction.

Il est normal et légitime que cette commémoration exalte l’héroïsme et le sacrifice des nombreux martyrs (en arabe, chouhada ) qui sont morts pour que vive leur patrie. Mais il l’est beaucoup moins que cette commémoration officielle persiste à répéter les thèmes d’une propagande de guerre susceptible d’entretenir la haine de « l’ennemi héréditaire », comme les 45.000 morts de mai 1945, et les 1.500.000 « martyrs » de 1954 à 1962 - alors que le ministère algérien des Anciens moudjahidine a recensé 152.862 tués sur 336.748 militants et combattants du FLN-ALN, et que des historiens sérieux comme Xavier Yacono [1] et Charles-Robert Ageron [2] ont estimé les pertes de la population algérienne à 250.000 ou 300.000 morts à partir des recensements - mais aussi des accusations récurrentes de « génocide » et de « crime contre l’humanité », et même celle d’avoir testé la première bombe atomique française sur des prisonniers algériens. Ni qu’elle glorifie l’usage de la violence terroriste contre les « colonialistes » et les « traîtres », évacue toute critique du système de gouvernement instauré par la Révolution, et occulte le rôle des dirigeants écartés du pouvoir. Or ces caractères majeurs de la commémoration de la guerre de libération nationale se sont maintenus, semble-t-il, jusqu’à nos jours. Cette commémoration a procédé comme si l’Algérie, en tant que victime du colonialisme français, avait eu le droit absolu d’employer tous les moyens efficaces pour obtenir la victoire, alors que son ennemie la France colonialiste, menant une guerre injuste, n’avait droit à aucun moyen. Or cette attitude conduit à faire croire que tous les actes du combat libérateur étaient de ce fait irréprochables, alors que tous ceux de la répression colonialiste étaient nécessairement condamnables, en sélectionnant soigneusement les faits cités.

Au contraire, en France, la guerre d’Algérie est longtemps restée une guerre sans nom, sans signification ni commémoration. Une guerre sans nom, parce que les « opérations de maintien de l’ordre » n’ont pas été officiellement reconnues comme une guerre avant la récente loi du 18 octobre 1999 (même si le général de Gaulle avait déclaré le 11 avril 1961 : « Il est de fait que l’Algérie, pour l’instant, est un pays où sévit la guerre »). Sans signification positive, susceptible de rassembler la collectivité nationale dans une mémoire commune, comme la Grande Guerre ou la Résistance. En effet, le seul point d’accord était un sentiment général de mauvaise conscience, mais les opinions divergeaient quant à ses motifs : honte d’avoir fait cette guerre, et de l’avoir presque gagnée par des moyens plus ou moins avouables, ou honte de l’abandon final qui l’a rendue vaine et injustifiable. La mémoire nationale était donc écartelée entre plusieurs mémoires de groupes antagonistes : ceux qui avaient milité pour la décolonisation, ceux qui l’avaient combattue et qui en avaient souffert (militaires engagés, « Pieds-noirs », « harkis »), et la majorité qui s’y était plus ou moins aisément résignée comme le général de Gaulle. Il en est résulté une volonté officielle d’oubli, traduite par une série de lois d’amnistie et par l’absence de toute commémoration publique consensuelle.

Cette situation, qui a duré presque jusqu’à la fin des années 1990, a pourtant fini par se modifier sous l’effet de la guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie à partir de 1992. En 1997, la déposition de Jean-Luc Einaudi au procès Papon sur la répression du 17 octobre 1961 a provoqué une remise en question du principe de l’amnistie-amnésie, qui s’est traduite par le vote unanime de la loi du 18 octobre 1999 reconnaissant officiellement la guerre d’Algérie. Mais cette unanimité s’est brisée dès qu’il fut question de choisir une date de commémoration nationale de cette guerre, la gauche prenant position pour le 19 mars (commémoré depuis 1963 par les anciens combattants de gauche) alors que la droite s’y refusait parce que cette date ne correspondait pas à la véritable fin de la guerre, mais au début de sa pire période [3]. Le vote de la majorité de gauche pour le 19 mars, interrompu en 2002 par l’élection présidentielle qui vit l’élimination au 1er tour de son candidat Lionel Jospin, entraîna la réélection de Jacques Chirac, qui fit adopter le 5 décembre - jour de l’inauguration du Mémorial des militaires morts durant la guerre d’Algérie au Quai Branly - comme date anniversaire nationale. Mais dix ans après 2002, la nouvelle majorité de gauche soutenant François Hollande termina le vote de la proposition de loi de 2002 en la faisant adopter par le Sénat le 8 novembre 2012 [4].

A vrai dire, ce résumé est incomplet, car l’évolution de la mémoire de la guerre d’Algérie en France ne peut plus être séparée de ce qu’elle est en Algérie. En effet, la constitution octroyée du 23 février 1989, reconnaissant les principales libertés publiques au peuple algérien, avait d’abord suscité l’espoir d’une évolution qui aurait rapproché l’Algérie de la démocratie française ; espoir vite déçu par la poussée islamiste et par la réaction militaire. Puis le début d’une sorte de guerre civile en Algérie a provoqué des réflexions divergentes sur les relations entre la guerre d’Algérie de 1954-1962 et ce qui est apparu, à tort ou à raison, comme une « deuxième guerre d’Algérie ».

La « deuxième guerre d’Algérie », ou les usages politiques de la mémoire

En effet, cette sorte de guerre civile qui a déchiré l’Algérie trente ans après la fin de sa guerre d’indépendance est apparue, en France mais aussi en Algérie même, comme une répétition de la guerre précédente, opposant les mêmes adversaires.

Comme l’a bien montré Benjamin Stora, “le simple énoncé des titres d’articles parus dans l’été 1995, au moment de la vague terroriste, se présente comme un récit, en accéléré, de la “première” guerre d’Algérie”. Les événements annoncés ont “un air de déjà entendu, de déjà vu” [5]. En effet, les articles et les reportages parus dans la presse et les médias français font percevoir la “deuxième guerre d’Algérie” comme une répétition de la première, une rechute de l’Algérie dans la violence. Le vocabulaire des informations est le même que celui utilisé par la presse française et française d’Algérie de 1954 à 1962 : d’un côté des “terroristes” fanatiques, barbares et xénophobes, commettant des attentats, des embuscades, des assassinats et des massacres, puis “abattus” par les “forces de l’ordre”, de l’autre, des ratissages, des tortures, des disparitions. On croit assister à une double répétition, celle de la violence effrénée des “rebelles”, et celle de la répression illimitée des forces armées défendant le pouvoir établi.

Cette impression de répétition a également été ressentie par des Français ayant sympathisé avec la cause algérienne, comme Pierre Bourdieu ( “On a l’impression que la guerre d’Algérie se rejoue de manière d’autant plus dramatique qu’il s’agit, des deux côtés de la Méditerranée, d’une répétition avec les mêmes phobies, les mêmes automatismes barbares, les mêmes réflexes primitifs de la barbarie militaire” [6]) ; mais aussi par des Algériens comme la romancière Assia Djebar, qui expliquait en 1997 : ”la violence, dans sa structure, est la même que pendant la guerre d’Algérie. L’héroïne de ma nouvelle, dont les parents ont été assassinés par l’OAS, retrouve à son retour en Algérie le même type d’assassinat, mais entre Algériens. Il y a tout un côté de l’Algérie qui est resté dans l’ombre, peut-être faut-il éclairer les non-dits du passé” [7]. Les titres de la presse algérienne en langue française ne se distinguent pas fondamentalement de ceux de l’ancienne presse française d’Algérie trente ans plus tôt. Et l’un des chefs historiques du FLN, l’ancien président Ahmed Ben Bella, avait formulé en 1994 un constat encore plus troublant : “ Le peuple algérien est fatigué, vous savez, de voir se reproduire chez nous une même sémantique. Voila que chez nous, on parle de ratissage, on parle de terroristes, on parle sans épuiser le problème quant au fond. Cela nous fait de drôles de souvenirs, nous qui avons connu il y a trente ans cette situation, de voir nos journaux, le pouvoir, reproduire le vocabulaire du général Massu et du général Salan” [8].

Mais dans la presse algérienne francophone, l’on pouvait faire aussi un autre constat, contradictoire avec le précédent. La deuxième guerre d’Algérie s’y présentait comme un jeu de rôles, dans lequel les acteurs de chacun des deux camps revendiquaient pour eux-mêmes le beau rôle, celui du moudjahid ou du patriote, et prétendaient imposer à leurs adversaires le rôle infamant du traître (à la nation algérienne ou à l’islam qui la définit), afin de se légitimer soi-même et de délégitimer son ennemi. Mais le vocabulaire des deux camps n’était pas exactement interchangeable. Les islamistes armés revendiquaient le nom de moudjahidine (combattants de la guerre sainte pour la cause de Dieu), parce qu’ils situaient leur combat dans la continuité du djihad, selon eux abandonné par le pouvoir après l’indépendance. Ils identifiaient donc leurs ennemis au “parti de la France” (Hizb França), à des “nouveaux pieds-noirs” ou à des “généraux harkis” ayant déserté l’armée française avant 1962 pour noyauter l’armée algérienne. Les adversaires des islamistes pouvaient difficilement retourner les mêmes étiquettes, mais ils choisissaient d’autres noms pour exprimer les mêmes significations. Ils revendiquaient le nom de “patriotes” (notamment pour désigner leurs groupes de légitime défense), et dénonçaient les terroriste islamistes comme d’anciens “harkis” (supplétifs musulmans de l’armée française) ou des fils de harkis désireux de venger leurs pères massacrés en 1962. Accusation formulée notamment par le ministre de l’Intérieur Abderrahmane Méziane le 1er novembre 1994 (“des fils de harkis que l’histoire a jugés et condamnés à jamais »).

Ces étiquettes infamantes, armes de propagande et de polémique, ne peuvent pourtant pas être retenues comme des indications véridiques. Il suffit de lire la presse francophone anti-islamiste pour constater qu’elle n’est pas l’expression d’un “parti de la France”. De même, la présence de harkis ou de fils de harkis parmi les islamistes peut être admise provisoirement en tant qu’hypothèse, sous réserve de pouvoir procéder à un inventaire minutieux des cas individuels et de leur représentativité ; mais elle ne saurait fournir une explication globale de l’apparition de l’islamisme et du terrorisme islamiste en Algérie. En effet, le FLN de la “guerre de Libération” avait déjà instrumentalisé l’islam en tant que moyen de mobilisation du peuple, et l’idéologie islamiste avait été diffusée dans l’enseignement public par le ministère des Affaires religieuses de l’Etat algérien, avant d’échapper à son contrôle. Le premier groupe islamiste armé avait été fondé en 1982 par un ancien maquisard de la wilaya IV, Mustapha Bouyali, et les cartes de l’implantation des GIA, héritiers de Bouyali, recouvrent l’ancien territoire de cette wilaya. Ainsi, l’identification des terroristes islamistes aux harkis et fils de harkis détourne l’attention des véritables responsabilités.

Ces deux interprétations diamétralement opposées ne sont en fait que deux variantes du même discours, transmis pendant plus de trente ans par l’enseignement public de l’Etat algérien à ses élèves. Il suffit pour s’en convaincre de lire les chapitres consacrés à l’histoire nationale avant 1962, et pratiquement identiques, par des auteurs à la tendance nettement identifiable comme « éradicationnistes » (par exemple, Liess Boukra [9] ) et comme « dialoguistes » (par exemple, Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire [10], ou encore l’ancien Premier ministre de Chadlli Abdelhamid Brahimi [11]). C’est seulement après 1962 que leurs deux versions divergent sur l’identification des responsables des malheurs de l’Algérie (les « fils de harkis » poursuivant la vengeance de leurs pères dans le premiers cas, les généraux venus de l’armée française pour noyauter l’Etat algérien dans le second). C’est pourquoi nous pouvons récuser l’obligation de choisir l’une ou l’autre de ces deux interprétations opposées, comme le fait à juste titre le politologue algérien Abderrahmane Moussaoui [12].

D’autre part, les réactions de l’opinion française ont ravivé les partis pris hérités de la guerre précédente : les partisans de l’Algérie française ont tendu à voir dans cette tragique rechute une justification de leur ancienne option, alors que ceux de l’Algérie indépendante y voyaient un nouveau méfait, indirect, du colonialisme français. Ce qui n’empêchait pas le nouveau clivage opposant les « éradicationnistes » et les « dialoguistes » en Algérie de se répéter parmi les journalistes et les intellectuels français. De plus, la poussée apparemment irrésistible de la guérilla et du terrorisme islamiste en Algérie fit naître en France la crainte d’un exode massif des futurs vaincus à travers la Méditerranée entre 1993 et 1995.

Mais il faut signaler aussi un fait trop peu connu en France : une tentative délibérée de certains groupes algériens pour y diffuser un sentiment de culpabilité fondée sur son passé colonial. Le procès de Klaus Barbie à Lyon en 1985 pour « crimes contre l’humanité » avait fourni à son avocat franco-algérien, Jacques Vergés, l’occasion de porter la même accusation contre le général Massu, avec un écho certain dans la presse algérienne. Puis, en mai 1990, l’ancien ministre Bachir Boumaza, natif de Kerrata près de Sétif, avait créé la Fondation du 8 mai 1945 afin de « réagir contre l’oubli et réanimer la mémoire, démontrer que les massacres de Sétif sont un crime contre l’humanité et non un crime de guerre comme disent les Français », afin d’ « obtenir un dédommagement moral ». Invoquant le précédent du procès Barbie, Bachir Boumaza insistait sur l’idée que la colonisation française en Algérie « présente, dans toutes ses manifestations, les caractéristiques retenues au tribunal de Nuremberg comme un crime contre l’humanité » [13].

Cette revendication de repentance adressée à la France fut ensuite élargie et officialisée durant la guerre civile. En mai 1995, la presse et les autorités donnèrent un grand retentissement au cinquantenaire du 8 mai 1945. Le quotidien indépendant El Watan reproduisit intégralement le discours prononcé par le Premier ministre Mokdad Sifi, situa mai 1945 dans une longue série de répressions répétées depuis 1830, invita les intellectuels algériens à « travailler au corps » les démocrates français pour qu’ils diffusent dans leur société un sentiment de responsabilité et de culpabilité, et réclama à l’Etat français des excuses officielles au peuple algérien « pour les centaines de milliers d’innocents assassinés au cours de 130 ans de domination coloniale » [14]. Aussitôt, on vit cette campagne répercutée en France par l’association Au nom de la Mémoire, au moyen d’un film « Un certain 8 mai 1945 » diffusé sur la chaîne Arte, d’un livre condensant fortement la thèse soutenue six ans plus tôt en France par l’historien algérien Boucif Mekhaled, et d’un colloque à la Sorbonne sur le 8 mai 1945. Le fait remarquable dans ces trois manifestations était la présence de la personne et des idées de Bachir Boumaza, auquel Charles-Robert Ageron répondit pour défendre la vision des historiens [15].

Encore cinq ans plus tard, le nouveau président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, vint à Paris pour présenter la même revendication, le 14 juin 2000 devant l’Assemblée nationale française : « De vénérables institutions, comme l’Eglise, des Etats aussi vieux que le vôtre, Monsieur le Président, n’hésitent pas, aujourd’hui, à confesser les erreurs, et parfois les crimes les plus iniques, qui ont, à un moment ou à un autre, terni leur passé. De Galileo Galilei à la Shoah, qui fit vaciller sur ses bases la condition humaine, toutes ces mises à plat de l’histoire sont une contribution inappréciable à l’éthique de notre temps » ; et il conclut : « elles gagneraient certainement à être poursuivies et étendues à d’autres contextes. Le fait colonial, notamment, ne saurait être ignoré. Que vous sortiez des oubliettes du non-dit la guerre d’Algérie, en la désignant par son nom, ou que vos institutions éducatives s’efforcent de rectifier, dans les manuels scolaires, l’image parfois déformée de certains épisodes de la colonisation, représente un pas encourageant dans l’œuvre de vérité que vous avez entreprise, pour le plus grand bien de la connaissance historique et de la cause de l’équité entre les hommes » [16]. Il le répéta sur un ton plus dur dans son message du 8 mai 2001 au président du Conseil de la nation, Bachir Boumaza, puis encore plus nettement dans son discours du 8 mai 2005, prononcé pour répondre à la loi française du 23 février 2005. Comme l’écrivit le lendemain un journaliste algérien : « Pour la première fois depuis l’indépendance, l’Etat algérien demande officiellement à l’Etat français de reconnaître ses crimes coloniaux et de demander pardon pour les souffrances imposées au peuple algérien durant les 132 ans d’occupation. Ce qui a toujours été la revendication de la société civile à travers les associations des victimes des atrocités coloniales est désormais une demande officielle formulée par le président de la République. (...) La réconciliation entre les deux pays passe ainsi par la reconnaissance par l’agresseur de ses crimes et par sa repentance. Autrement, aucune page de l’histoire ne serait tournée et aucune réconciliation n’est possible entre les peuples » [17].

Le président algérien soutint cette position jusqu’à la fin de la présidence Chirac, mais il s’abstint de la rappeler à son successeur Nicolas Sarkozy (2007-2012) - malgré la proposition de loi déposée en février 2010 par 125 députés pour faire juger par la justice algérienne les crimes commis par la France contre le peuple algérien de 1830 à 1962 [18] - puis à François Hollande. Après la visite à Alger de celui-ci en décembre 2012, on peut dire que le gouvernement algérien a décidé de ne plus soutenir cette revendication, et qu’il a même accepté une alliance de facto avec la France, engagée militairement contre les islamistes au Mali depuis janvier 2013, qui fut aussitôt sanctionnée par l’attaque terroriste d’In Amenas. Dès lors, la revendication de repentance apparaît comme absurde.

Une occasion manquée de réconciliation

Pourquoi donc cette revendication a-t-elle pris une telle importance depuis plus de vingt ans ?

Elle s’explique sans doute par une longue accoutumance aux thèmes de la propagande nationaliste, remontant au moins au lendemain de la répression du 8 mai 1945, et renforcée durant la guerre de libération nationale, puis à l’occasion des crises qui ont opposé l’Algérie et la France, notamment en 1971 et surtout de 1975 à 1978. Mais la création de la Fondation du 8 mai 1945 par Bachir Boumaza (natif de Kerrata) aurait eu aussi pour but de mettre en échec « la révision insidieuse par certains nationaux, y compris dans les cercles du pouvoir, de l’histoire coloniale. Procédant par touches successives, certains hommes politiques ont, sous prétexte de ‘dépasser’ une page noire de l’histoire coloniale, encouragé la ‘normalisation’ des rapports entre l’ancienne puissance dominatrice et son ancienne colonie » [19].

Par la suite, c’est apparemment en mai 1995 que cette revendication fut élargie à tous les crimes commis par la France en Algérie de 1830 à 1962, avec semble-t-il pour la première fois l’approbation du Premier ministre algérien. Comment expliquer cet élargissement ? Les relations franco-algérienne étaient déjà tendues, au moins depuis le détournement de l’Airbus d’Air-France à l’aéroport d’Alger le 25 décembre 1994, qui avait obligé le Premier ministre Edouard Balladur à élever le ton : « J’ai dit notamment au président Zeroual que je le tenais pour responsable de la vie des Français qui étaient dans cet avion et que, faute de quoi, je prendrais la communauté internationale à témoin du comportement du gouvernement algérien qui aurait empêché la France de sauvegarder la vie de ses ressortissants » [20] ; et à demander ensuite l’approbation du président Mitterrand : « Nous parlons de l’attitude à prendre envers l’Algérie ; elle doit changer, afin de marquer à son gouvernement combien nous sommes mécontents de son comportement dans l’affaire de l’Airbus. La marge est étroite : aller trop loin dans la voie de la rétorsion serait enlever son dernier appui au gouvernement algérien, et risquerait de faire triompher les extrémistes du FIS ; en revanche, ne rien faire serait continuer à apparaître aux yeux du monde comme son seul soutien » [21]. Puis en mai 1995, Edouard Balladur perdit l’élection présidentielle face à son ancien ami Jacques Chirac, et celui-ci nomma comme Premier ministre Alain Juppé, qui avait été, en tant que ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent, le chef de file de la tendance la plus méfiante envers le gouvernement algérien. Quelques semaines plus tard, une vague d’attentats revendiqués par le GIA toucha la population française durant tout l’été 1995, et un dernier attentat se produisit encore à Paris le 4 décembre 1996.

Dans ses Mémoires parus en 2011, l’ancien président de la République française n’a pas caché ses soupçons envers une éventuelle manipulation du GIA par les services secrets algériens visant à obliger la France à soutenir le gouvernement algérien sans se permettre aucune critique à son égard. Il évoque d’abord ses interrogations après l’assassinat de l’imam Saharaoui à Paris en juillet : « Cette première transposition sur notre territoire du conflit interne à l’Algérie a-t-elle été l’œuvre du GIA, la victime ayant condamné les actes de violence commis contre les étrangers, notamment français ? Ou celle de la Sécurité militaire, à l’heure où les tentatives de reprise du dialogue entre le FIS et le gouvernement sont loin de faire l’unanimité dans les rangs de l’armée algérienne ? La première piste est la plus probable. Mais il est difficile d’évacuer la seconde, dans la mesure où les groupes armés sont souvent infiltrés et manipulés par cette même Sécurité militaire afin de discréditer les islamistes aux yeux de la population et de la communauté internationale ». Puis il approuve la prudence de son ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré : « il paraît de plus en plus évident que le problème terroriste auquel nous sommes confrontés est étroitement lié à une situation politique algérienne qui nous échappe. Depuis mon arrivée au pouvoir, la France s’est efforcée de clarifier ses relations, toujours complexes, avec l’Algérie. Au risque de mécontenter les deux parties, j’ai nettement indiqué que la position de notre pays consiste à ne soutenir ni le gouvernement ni les intégristes, mais le seul peuple algérien, qui bénéficie de l’aide de la France comme de celle de l’Union européenne, des Etats-Unis et des grandes institutions financières internationales, la Banque mondiale et le FMI. Ma conviction est qu’une trop grande proximité avec l’Etat algérien, lequel est toujours enclin à soupçonner le gouvernement français d’ingérence, ne servirait, en définitive, qu’à faire le jeu des islamistes » [22]. Et enfin il ne cache pas sa méfiance croissante envers le gouvernement algérien : « Les attentats terroristesperpétréssurleterritoirefrançaisdeuxmoisplustardavaient jeté un sérieux trouble entre nos deux gouvernements. Bien qu’ils furent revendiqués par les groupes islamistes, l’implication de la Sécurité militaire algérienne était aussi parfois évoquée. Alger, qui accusait Paris quand nous appelions son régime à plus de démocratie, s’irritait dans le même temps de notre refus de prendre parti dans la tragédie qui se jouait sur son sol. Ce contentieux s’était encore envenimé l’année suivante lors de l’enlèvement et de l’assassinat des sept moines de Tibhirine, puis de l’attentat qui avait coûté la vie peu après à l’évêque d’Oran, Pierre Claverie. Bouleversé par cette tragédie et considérant que les autorités algériennes ne s’étaient pas conduites comme il le fallait dans l’un et l’autre cas, je pris alors la décision de surseoir à la signature de notre accord bilatéral de rééchelonnement de leur dette et je fis savoir à Alger que je jugeais inopportun de recevoir l’un ou l’autre de ses ministres à Paris avant plusieurs mois » [23]. Quand au Premier ministre socialiste Lionel Jospin, qui remplaça Alain Juppé après les élections perdues de 1997, il observa la plus grande prudence en s’abstenant de juger les événements d’Algérie : « Je dois aussi penser aux Français : nous avons déjà été frappés. Je dois veiller à ces questions. Je suis pour que nous prenions nos responsabilités, mais en pensant que la population française doit aussi être préservée. C’est lourd de dire cela, mais vous comprendrez aussi pourquoi il est de ma responsabilité de le dire [24] ».

Le président Chirac fut ensuite très soulagé par l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, qui lui fit espérer une véritable réconciliation franco-algérienne, et auquel il proposa en 2003 de négocier un traité d’amitié franco-algérien conçu d’après le modèle du traité franco-allemand de 1963. Mais ce traité en cours de négociation n’aboutit pas avant le vote de la loi du 23 février 2005, rendant hommage à la colonisation. Cette incohérence fit échouer le traité franco-algérien, mais il faut savoir quelle cause profonde de son échec l’ancien président français désigne dans ses Mémoires : « Le principal obstacle viendra de l’acte de repentance que le gouvernement algérien nous demande quelques mois plus tard de faire figurer dans le préambule, acte par lequel la France exprimerait ses regrets pour « les torts portés à l’Algérie durant la période coloniale ». Il me paraît utile et même salutaire, comme je l’ai indiqué dans mon discours de l’Unesco à l’automne 2001, qu’un peuple s’impose à lui-même un effort de lucidité sur sa propre histoire. Mais ce qu’exigent de nous les autorités d’Alger n’est rien d’autre que la reconnaissance officielle d’une culpabilité. Je ne l’ai naturellement pas accepté, consentant tout au plus à souligner, dans une déclaration parallèle et distincte du traité, « les épreuves et les tourments » que l’histoire avait imposés à nos deux pays. C’est le maximum de ce que je pouvais faire [25] ». Puis il met sur le même plan la loi du 23 février 2005, pourtant votée par sa propre majorité : « Il n’était pas davantage question pour moi de célébrer, comme certains parlementaires UMP m’y invitaient, le bilan positif de notre héritage colonial. C’eût été tout aussi excessif et injustifié, pour ne pas dire indécent » [26].

A rappeler tous ces événements, il paraît évident que la commémoration de la guerre d’indépendance de l’Algérie et l’actualité tragique de ce pays dans les années 1990 n’étaient pas des faits isolés les uns des autres. Au contraire, on peut parler d’une répétition du passé dans le présent, mais aussi d’une instrumentalisation de la mémoire de ce passé, au moins en Algérie puisque cette mémoire y a un caractère officiel. Et cette instrumentalisation avait un double usage, à la fois interne et externe. Mais on peut penser que celle-ci n’avait de sens qu’à court terme, et qu’à plus long terme l’Algérie aurait eu intérêt à rechercher un tout autre rapport avec son passé.

En effet, une première contradiction apparaît dans le discours de la presse algérienne francophone, entre la réhabilitation implicite du concept de « terrorisme », et l’identification des deux camps à ceux qui s’étaient opposés dans la guerre d’indépendance, chacun des deux s’identifiant aux combattants du nationalisme musulman algérien contre des « nouveaux Pieds-noirs » ou des « nouveaux harkis ».

D’un côté, le mot « terrorisme » est réhabilité à propos des actes reprochés aux islamistes, mais son utilisation contre le FLN de la guerre d’indépendance reste fermement récusée par de nombreux auteurs, tels que la présidente de l’association algérienne des victimes du terrorisme, Madame Saïda Benhabylès, qui maintenait en 2003 une distinction fondamentale « entre la lutte des peuples pour l’autodétermination et l’indépendance, et le terrorisme ». Mais cet usage du mot est fondé non pas sur une définition objective, retenant comme critère le fait de s’attaquer à des civils qui n’ont pas les moyens de se défendre, mais sur une définition purement subjective, à savoir la légitimité de la cause que l’on prétend ainsi défendre. De ce fait, des actes semblables pourraient être justifiés ou condamnés par la cause qu’ils sont censés servir, ce qui est inacceptable.

D’autre part, l’identification des deux camps au même discours hérité du FLN de la guerre de libération pose aussi des problèmes, dans la mesure où ces deux camps n’étaient pas dans des situations objectivement identiques. Cette identification ne posait guère de problèmes dans le cas des groupes armés urbains et ruraux qui prétendaient répéter, sur les mêmes lieux, les actions de l’ancienne ALN, mais elle était plus discutable dans le cas des autorités politiques et militaires qui défendaient leur pouvoir. Non parce qu’il faudrait considérer leurs chefs comme des « déserteurs de l’armée française » (DAF) obéissant aux ordres de Paris - thèse qui reste à prouver - mais tout simplement parce que, après avoir récupéré en 1962 l’héritage involontaire des Français d’Algérie, ils n’étaient plus dans la même situation que les anciens maquisards écartés du pouvoir.

Et c’est pourquoi, au lieu de choisir sans preuves suffisantes entre les thèses opposées des « éradicationnistes » et des « dialoguistes », il convient d’explorer une troisième voie, qui expliquerait l’extrême violence de ce conflit par la culture politique algérienne issue de la guerre de Libération nationale, et par la vision de l’histoire nationale qui avait été inculquée aux jeunes Algériens par l’enseignement public et par la commémoration officielle. Comme l’a remarqué Benjamin Stora, “la perpétuation de la culture de guerre, qui évacue les origines politiques du nationalisme contemporain, a fini par générer des automatismes redoutables auprès d’une partie de la jeune génération. On ne peut pas impunément enseigner que le principe de la lutte armée est central dans l’édification de la nation, et s’étonner ensuite de sa reprise dans la réalité” [27]. Et comme l’a signalé l’historien algérien Mohammed Harbi, “l’idéalisation de la violence requiert un travail de démystification. Parce que ce travail a été frappé d’interdit, que le culte de la violence en soi a été entretenu dans le cadre d’un régime arbitraire, l’Algérie voit resurgir avec l’islamisme les fantômes du passé” [28]. Le même auteur accusait la “mythologisation du passé” de rendre « aveugle au sens présent” : “Ainsi, en occultant l’existence de pratiques cruelles enracinées dans une culture paysanne archaïque dominée par un code particulier de l’honneur et de la blessure symbolique à infliger au corps de l’ennemi, on s’interdit de voir dans la cruauté actuelle des actions de terrorisme islamiste un ‘retour’ qui en vérité traduisait une permanence culturelle” [29]. Le politologue algérien Lahouari Addi a lui aussi souligné la responsabilité du système politique institué par le FLN pendant et à l’issue de la guerre d’indépendance, qui postulait l’unanimité nationale et l’imposait par la force, parce qu’il était “fondé sur le présupposé qu’entre Algériens il n’y a pas de conflits politiques. Il y a des conflits politiques entre Algériens et étrangers, ou entre Algériens patriotes et Algériens traîtres. Ce type de conflit n’a pas à être institutionnalisé, car les traîtres sont à exterminer physiquement, à ‘éradiquer’, d’où le caractère sanglant de la crise actuelle, qui oppose, pour les uns, les traîtres à la nation, et pour les autres, les traîtres à l’Islam qui définit la nation” [30].

Ainsi, cette attitude fondée sur une conception critique de l’histoire fournit aux Algériens les moyens de rechercher les vraies causes des malheurs qui ont frappé leur peuple d’une manière récurrente, comme l’a encore dit Mohammed Harbi en 2004 : “On ne peut pas ne pas s’interroger sur le rapport entre les méthodes employées pendant la guerre de libération et celles qu’utilisent aujourd’hui les islamistes ou l’armée. Les gens sont conscients que la gestation du pouvoir algérien et de ses pratiques s’est faite au cours de la révolution même. Et que, pour n’avoir pas suffisamment réfléchi sur ce qui est arrivé à l’époque, les mêmes faits ont fini par se reproduire. Mais méfions nous d’une vision déterministe qui consisterait à dire : ce qui se passe aujourd’hui, c’est ce qui est arrivé hier. Ce serait évacuer totalement le rôle et la responsabilité des acteurs. La suite n’était pas écrite. Je ne vois malheureusement pas, en Algérie, de travaux sur ce problème de la violence. J’ai écrit des articles sur ce sujet. Ils sont parus. Mais on n’en a pas parlé. On ne censure pas, mais on ne débat pas...” [31].

Malheureusement, au lieu de rechercher dans le passé de l’Algérie des responsabilités proprement algérienne pour comprendre les maux du présent et leur trouver des remèdes, de nombreux leaders d’opinion algériens ont persisté à rejeter sur la France la responsabilité de tous les malheurs du peuple algérien. Non pas que la France n’ait eu aucune part de responsabilité - il est trop évident que non - mais le présent de l’Algérie s’explique d’abord par les actes de ceux qui ont entrepris en 1954 la construction d’un Etat algérien indépendant et de ceux qui l’ont pris en mains depuis 1962. Or ceux qui ont réclamé la repentance de la France donnent l’impression de l’avoir fait pour compléter leur victoire sur les islamistes dans la guerre civile des années 1990, en complétant leur victoire interne par une victoire morale sur l’ennemi héréditaire de la nation ; et aussi tout simplement pour détourner l’attention des Algériens de cette période tragique, puisque les lois d’amnistie de 1999 et de 2005 interdisent de rechercher les responsables des crimes commis par des Algériens contre d’autres Algériens. Ce calcul peut être habile à court terme, mais il n’est pas conforme à l’intérêt bien compris de la nation algérienne.

Il n’est pas non plus conforme à l’établissement d’une relation saine entre l’Algérie et la France, puisque la revendication de repentance, sous la forme extrême que lui a donnée la proposition de loi de février 2010 , est absolument contraire au texte des accords d’Evian, qui étaient fondés sur une amnistie réciproque des crimes commis de part et d’autre, et qui étaient absolument nécessaires pour mettre fin à la guerre. On peut bien sûr ne plus trouver acceptable le principe de cette amnistie réciproque, mais son contraire n’est pas la condamnation unilatérale des seuls crimes de la France : ce serait plutôt la formule sud-africaine de la loi « Vérité et réconciliation » [32], qui a l’avantage de ne pas subordonner l’amnistie à l’amnésie, en accordant la première en échange de l’aveu véridique des faits. Mais étant donné le temps considérable déjà écoulé depuis 1945 ou 1962, l’appel aux historiens lancé à plusieurs reprises par les présidents de la République française Chirac, Sarkozy et Hollande, paraît la solution la plus réaliste et la plus raisonnable.

En tout cas, depuis les événements de janvier 2013 qui paraissent avoir scellé une quasi alliance entre la France et l’Algérie au Sahara, la position des dirigeants algériens paraît profondément contradictoire. Il leur appartient donc de la clarifier aux yeux de leur peuple en laissant l’histoire dissiper les illusions héritées de la propagande.

Guy Pervillé

A lire avant :

-  Mémoires et histoire de la Guerre de Libération nationale

http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=306

[1] Xavier Yacono, « Les pertes algériennes de 1954 à 1962 », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, n° 34, 1982-2 (paru en 1983), pp. 119-134.

[2] Charles-Robert Ageron, « Les pertes humaines de la guerre d’Algérie », catalogue de l’exposition La France en guerre d’Algérie, Paris, Musée d’histoire contemporaine, et Nanterre, BDIC, 1992, pp. 170-175. J’ai moi-même tenté de faire le point de la question dans ma contribution intitulée « La guerre d’Algérie : combien de morts ? » à l’ouvrage collectif dirigé par Mohammed Harbi et Benjamin Stora, La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, pp. 477-493.

[3] Voir mon exposé : « La date commémorative de la guerre d’Algérie en France » (2004) sur mon site : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=29.

[4] Voir sur mon site « Le voyage du président Hollande en Algérie, 19-21 décembre 2012 » (2013), http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3 ?id_article=287.

[5] Benjamin Stora, La guerre invisible, Algérie, années 1990, Paris, Presses de Sciences Po, 2001, pp. 95-96.

[6] Pierre Bourdieu, « Dévoiler et divulguer le refoulé », in Algérie, France, islam, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 24 ; cité par B. Stora, op. cit., pp. 9-10.

[7] Assia Djebar, in Le nouveau quotidien (Suisse), 4 décembre 1997 ; cité par B. Stora, op. cit. , p. 52.

[8] Ahmed Ben Bella, interviewé à Genève par Dominique Bromberger, TF1, 28 décembre 1994.

[9] Liess Boukra, Algérie, la terreur sacrée, avant les 3.500 morts du 11 septembre 2001 les 100.000 victimes algériennes de l’islamisme, Lausanne, éditions Favre, 2002.

[10] Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’Etat, Paris, La découverte, 2004.

[11] Abdelhamid Brahimi, Aux origines de la tragédie algérienne, témoignage sur Hizb França, Genève, éditions Hoggar, et Londres, The Center for Maghreb Studies, 2000.

[12] Abderrahmane Moussaoui, De la violence en Algérie, les lois du chaos, Aix-en-Provence, Editions Actes Sud, MMSH, 2006.

[13] Citations empruntées au mémoire de maîtrise d’histoire de Michaël-Lamine Tabakretine, La commémoration du 8 mai 1945 à travers la presse française et algérienne, Toulouse-Le Mirail, 2000, et à l’article d’Ahmed Rouadjia, « Hideuse et bien aimée, la France... », in Panoramiques n° 62, 1er trimestre 2003, pp. 210-211.

[14] El Watan, 9 mai 1995.

[15] Charles-Robert Ageron, « Mai 1945 en Algérie, enjeu de mémoire et histoire", in Matériaux pour l’histoire de notre temps, Nanterre, n° 39/40, juillet-décembre 1995, pp. 52-56.

[16] Voir El Watan, 15 juin 2000, et Le Monde, 17 juin 2000.

[17] Abdelkrim Ghezali, « La France appelée à solder ses comptes avec l’histoire », La tribune, 9 mai 2005.

[18] Texte reproduit dans mon livre Les accords d’Evian (1962), succès ou échec de la relation franco-algérienne (1954-1962), Paris, Armand Colin, 2012, pp. 247-248 (et sur de nombreux sites internet, dont celui de la Ligue des droits de l’homme de Toulon, le 25 février 2010).

[19] Texte intitulé « Contexte d’une naissance, contre l’assassinat de la mémoire », cité par M.L. Tabraketine, op. cit., p. 51.

[20] Edouard Balladur, Le pouvoir ne se partage pas, conversations avec François Mitterrand, Paris, Fayard, 2009, pp. 357-362.

[21] Ibid., p. 368.

[22] Jacques Chirac, Mémoires, t. II, Le temps présidentiel, Paris, éditions Nil, 2011, pp. 77-85.

[23] Ibid., pp. 429 sq.

[24] Réponse à une interview de TF1, citée par L. Aggoun et J.B. Rivoire, op. cit., pp. 524-526.

[25] Chirac, Mémoires, op. cit., p. 435.

[26] Ibid.

[27] Benjamin Stora, « Algérie : absence et surabondance de mémoire », in Les violences en Algérie, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 154 (première publication dans Esprit en 1995).

[28] Mohammed Harbi, L’Algérie et son destin, croyants ou citoyens, Paris, Arcantère, 1993, p. 155.

[29] Mohammed Harbi, « La tragédie d’une démocratie sans démocrates », Le Monde, 13 avril 1994.

[30] Lahouri Addi, Le Monde, 29 novembre 1996, p. 16.

[31] « L’heure de la vérité », interview de Mohammed Harbi et Benjamin Stora par Agathe Logeart et Claude Weill, Le Nouvel Observateur, n° 2085, 21-27 octobre 2004, pp. 42-44.

[32] Voir le livre de Laetitia Bucaille, Le pardon et la rancœur. Algérie/France, Afrique du Sud : peut-on enterrer la guerre ? Paris, Payot & Rivages, 2010, 411 p.



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