A propos de mon article « Histoire immédiate, histoire du temps présent, ou histoire contemporaine : le cas de la guerre d’Algérie » (1993) : une mise à jour sans repentance (2010)

samedi 9 octobre 2010.
 
Cet article vient d’être publié dans le n° double 37-38/2010 des Cahiers d’histoire immédiate, intitulé "Vingt ans d’histoire immédiate. Hommage à Jean-François Soulet", 558 p. (Voir pp. 91-99).

Il y a déjà dix-sept ans, au printemps 1993, j’ai publié sur l’invitation de Jean-François Soulet mon premier article dans les Cahiers d’histoire immédiate, sous le titre : "Histoire immédiate, histoire du temps présent, ou histoire contemporaine : le cas de la guerre d’Algérie » [1] Tout en reconnaissant le bien-fondé de la notion d’histoire immédiate, je ne croyais pourtant pas nécessaire d’employer cette expression pour définir l’histoire de cette guerre-là : « tout en partageant pleinement son avis sur la possibilité et sur la légitimité de tenter l’histoire d’événements proches et passionnels, je ne crois pas nécessaire de l’appeler histoire immédiate, ni même histoire du temps présent. Il me paraît plus simple et plus juste de l’appeler histoire contemporaine - ou très contemporaine - à condition de prendre cette expression dans son vrai sens : une période mobile, dont nous sommes ou dont nous pouvons rencontrer des contemporains » [2] . Et en conclusion, j’enfonçais allègrement le même clou : « Trente ans après son issue, l’histoire de la guerre d’Algérie ne relève en aucune façon de l’histoire immédiate ! Mais elle appartient pleinement à l’histoire contemporaine : à la fois passée, comme tout événement historique, et néanmoins présente par sa mémoire, ses séquelles et ses conséquences, qu’elle peut nous aider à mieux affronter. [3] » En écrivant ces lignes, je ne prévoyais évidemment pas que, onze ans plus tard, j’accepterais de succéder à Jean-François Soulet à la direction du Groupe de recherche en histoire immédiate. Mais là n’est pas l’essentiel. Avais-je alors commis des erreurs d’analyse que je devrais aujourd’hui regretter ? Non, je confirme la validité de tout ce que j’avais écrit. Mais il est évident que quelque chose de très important m’avait échappé, même si ma conclusion laissait entendre l’importance de la mémoire à côté de l’histoire.

En écrivant cet article, je n’avais pourtant pas voulu nier avoir fait moi-même de l’histoire presque immédiate au début de mes recherches sur la guerre d’Algérie. En effet, j’avais décidé d’enquêter sur « le sentiment national des étudiants algériens de culture française avant et pendant la guerre d’Algérie » au moment de choisir mon sujet de mémoire de maîtrise en juin 1970, soit huit ans après la fin de cette guerre, et deux ans après la libération des derniers prisonniers politiques de l’OAS décidée par De Gaulle en juin 1968. Mais depuis le temps avait passé, et la fin de la guerre d’Algérie venait de passer la barre des trente ans d’ancienneté qui rendait enfin possible une étude historique de type classique, fondée en grande partie sur des archives publiques accessibles depuis le 1er juillet 1992 [4]. Donc la guerre d’Algérie venait de passer dans la catégorie des sujets d’histoire à part entière.

Et je n’étais pas seul à voir les choses de cette façon. Mon maître Charles-Robert Ageron [5], unanimement reconnu comme le plus grand spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale et de la colonisation française, avait pris ses distances envers l’histoire militante, et s’était nettement prononcé pour une histoire se voulant strictement impartiale et scientifique [6]. En 1993, il avait pris une position encore plus nette dans sa préface à un recueil d’articles de la revue L’Histoire publiée par les Editions du Seuil sous le titre L’Algérie des Français, intitulée « Pour une histoire critique de l’Algérie de 1830 à 1962 ». Il s’y en était pris non seulement aux illusions des Français d’Algérie et de métropole, mais à celles de tous les peuples concernés : « S’agissant de drames récents dont la mémoire risque d’être transmise déformée aux jeunes générations qui n’ont connue ni ‘l’Algérie de papa’ ni ‘l’Algérie des colonialistes’, les historiens ont le devoir d’être plus prudents encore que leur métier ne l’exige habituellement. Si l’objectivité est philosophiquement impossible, l’impartialité est une vertu que tout historien peut et doit s’imposer » [7].

Quant à son premier disciple Daniel Rivet, spécialiste de l’histoire du protectorat français au Maroc, il avait retracé d’une manière très convaincante le passage de l’histoire coloniale de la mémoire à l’histoire, dans un article très remarqué publié dans la revue XXème siècle en 1992 sous le titre « Le fait colonial et nous, histoire d’un éloignement ». Mais il surestimait très largement la tendance au dépassionnement d’une histoire en voie d’éloignement chronologique, en écrivant que « le temps des colonies et l’épreuve de la décolonisation s’éloignent de nous irréversiblement et que les passions refroidissent inéluctablement. Aux historiens d’aujourd’hui, il appartient d’en prendre parti et d’en tirer la conclusion qu’on est enfin sorti de la dialectique de la célébration et de la condamnation du fait colonial qui a si longtemps et si profondément biaisé l’écriture de son histoire ». Il est difficile de relire aujourd’hui ce diagnostic sans étonnement. Pourtant, Daniel Rivet n’avait pas tort en tant que spécialiste du Maroc, dont l’histoire est bien loin de passionner les foules françaises, mais en ce qui concerne l’histoire de l’Algérie coloniale et de la guerre d’Algérie, il s’était évidemment trompé du tout au tout. Je veux simplement rappeler qu’en écrivant ce que j’ai écrit en 1993, je n’étais pas le seul de mon avis.

Pourtant, j’aurais dû accorder plus d’attention à une série de faits de plus en plus troublants qui se sont succédés depuis 1992, et qui ont conduit de plus en plus d’historiens à s’affronter entre eux dans des querelles de mémoire. En voici un bref résumé [8] :

-  D’abord en 1992 (au moment même où Daniel Rivet publia son article), l’attaque très sévère lancée contre Benjamin Stora en sa qualité de conseiller historique de la série d’Antenne 2, Les années algériennes, par cinq historiens qui avaient d’abord été des militants anticolonialistes (Mohamed Harbi, Gilbert Meynier, Madeleine Rébérioux, Annie Rey-Goldzeiguer, Pierre Vidal-Naquet). Attaque à laquelle il répondit seul, courageusement et efficacement.

-  Puis les attaques simultanées et symétriques lancées en 1993 par l’anticolonialiste Yves Benot et par le défenseur des harkis Ahmed Kaberseli contre le prétendu « révisionnisme » de Charles-Robert Ageron, qui avait pourtant pris une position très ferme pour l’impartialité des historiens.

-  Le film de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois, Un certain 8 mai 1945 diffusé sur Antenne 2 en mai 1995 (et imprudemment cautionné par Benjamin Stora), qui déchaîna les réactions indignées de plusieurs associations de rapatriés d’Algérie en présentant la répression d’une insurrection nationaliste comme un « crime contre l’humanité », sous l’influence de la Fondation algérienne du 8 mai 1945.

-  Les accusations polémiques lancées à l’occasion du procès de Maurice Papon contre l’historien Jean-Paul Brunet par le militant de la mémoire anticolonialiste Jean-Luc Einaudi, appuyé par les historiens Pierre Vidal-Naquet et Claude Liauzu, accusations reprises en 1999 par l’association 17 octobre 1961 contre l’oubli, présidée par le politologue Olivier Lecour-Grandmaison, qui demanda la reconnaissance par l’Etat de cette répression comme un « crime contre l’humanité ».

-  La campagne de presse lancée en 2000 par Le Monde, L’Humanité et Libération contre l’utilisation de la torture par l’armée française durant la bataille d’Alger, récupérant la thèse de la jeune historienne Raphaëlle Branche qui fut à son tour attaquée par le Livre blanc de l’armée française en Algérie.

-  Enfin la pétition lancée par Claude Liauzu, Gilbert Meynier et quelques autres historiens contre la loi du 23 février 2005 glorifiant la colonisation française, qui recueillit en quelques mois les signatures de plus de 1.000 historiens et enseignants d’histoire.

-  Sans oublier les attaques auxquelles j’ai dû personnellement faire face, de la part de Claude Liauzu et Annie Rey-Goldzeiguer en 1997, de Mohamed Harbi et Gilbert Meynier en 1999, d’André Nouschi en 2003, de Gilles Manceron en 2005.

Après cet enchaînement de polémiques désagréables qui semblait mener à sa perte la communauté des historiens de la guerre d’Algérie, un fait positif s’est heureusement produit : le colloque international "Pour une histoire critique et citoyenne, au-delà des pressions officielles et des lobbies de mémoire, le cas de l’histoire algéro-française", organisé à l’Ecole normale supérieure de Lyon du 20 au 22 juin 2006 par Gilbert Meynier et Frédéric Abécassis [9]. Mais les polémiques des quinze années précédentes ont laissé de telles traces dans les esprits qu’il ne suffit pas de dire que l’histoire doit se distinguer des mémoires pour être cru sur parole. Même l’apport des travaux de jeunes historiens et historiennes, multipliés à partir de 1992 par l’ouverture de la grande majorité des documents d’archives publiques, n’a pas renouvelé la perception de la guerre d’Algérie par les militants et par les journalistes engagés, qui est restée très proche ce qu’elle était en 1962. La mémoire de la guerre d’Algérie a pris le dessus sur l’histoire, et l’a même récupérée à son service. Et les historiens ont trop souvent semblé avoir oublié qu’ils étaient des historiens, et non pas seulement des citoyens porteurs de mémoires.

Personnellement, j’ai eu l’impression d’un phénomène profondément irrationnel et absurde, comme si l’écoulement du temps s’était subitement inversé à partir du début des années 1990. Mais en réalité, il semble plutôt que la perception de la guerre d’Algérie par un grand nombre de militants de tous les bords soit restée inchangée depuis la fin de cette guerre, il y aura bientôt un demi-siècle, et qu’elle ne changera pas avant qu’ils aient tous disparu, ce qui ne mettra pas fin pour autant à leurs mémoires antagonistes s’ils arrivent à les transmettre à leurs descendants. En somme, il s’agirait plutôt d’une suspension de l’écoulement du temps, du temps vécu et non du temps mécanique des montres et des calendriers. Avais-je donc tort de préférer que les historiens s’emploient dès maintenant à construire une autre perception de cette guerre, et à la transmettre à leurs contemporains en tant qu’arbitres bénévoles de ces querelles de mémoires ? Je ne le crois toujours pas.

Mais j’ai aussi tiré des leçons de ce retour de mémoire, après avoir lu l’ouvrage pionnier de Benjamin Stora, La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie, publié en septembre 1991 [10], juste avant cet enchaînement de querelles nuisibles à la communauté historique. La mémoire est une faculté de chaque individu qui permet de conserver dans les esprits la trace plus ou moins consciente des situations vécues par chacun. C’est aussi le ciment de groupes qui se constituent par la mise en commun de mémoires individuelles, au risque d’une standardisation qui accentue les points communs et atténue les spécificités de chacune. Et enfin, les mémoires collectives d’un même événement peuvent soit converger vers une mémoire nationale officielle, soit diverger entre plusieurs mémoires concurrentes ou conflictuelles (comme dans le cas de la guerre d’Algérie). Mais l’histoire diffère profondément de la mémoire. Elle vise en effet à savoir ce qui s’est passé, à comprendre comment et pourquoi les faits se sont passés ainsi, et enfin à distinguer leurs conséquences. Juger politiquement, juridiquement ou moralement de la valeur des comportements ainsi étudiés n’appartient pas en propre à sa démarche. Or les historiens eux-mêmes n’ont pas toujours agi en respectant cette différence fondamentale entre la mémoire et l’histoire ; bien au contraire, ils ont trop souvent participé à son effacement, et contribué à la faire perdre de vue par le public. L’exemple de la guerre d’Algérie me semble particulièrement utile pour démontrer ce phénomène [11] .

Je suis donc passé de l’étude de la guerre d’Algérie à celle de sa mémoire. A vrai dire, je n’avais jamais borné ma curiosité à 1962, et j’avais plusieurs fois prolongé les perspectives de mes recherches jusqu’au présent [12]. Mais à partir du début de la guerre civile algérienne des années 1990 (qui n’est d’ailleurs pas tout à fait terminée), je n’ai pas cessé de chercher à interpréter les derniers événements connus à partir de ce que je croyais savoir de leurs racines proches ou lointaines [13]. Ce qui m’a permis de consacrer le dernier chapitre de mon livre Pour une histoire de la guerre d’Algérie, paru en 2002, à l’évolution de l’histoire et de la mémoire dans chacun des deux pays et à leurs interactions [14] . Et de continuer à manifester un intérêt de plus en plus vigilant aux conséquences des relations franco-algériennes sur les rapports entre mémoire et histoire dans les deux pays par des publications de plus en plus nombreuses [15], à tel point que j’ai pu avoir le sentiment d’être le seul historien français à m’intéresser à ce que je trouvais et tentais de faire connaître.

On voit qu’ainsi l’histoire immédiate a repris une place de plus en plus importante dans mes centres d’intérêt, et c’est pourquoi je ne peux plus désavouer cette expression comme je l’avais fait en 1993. Ma découverte d’Internet comme moyen d’information accélérée a évidemment joué un grand rôle dans cette évolution. Mais pourtant, c’est à la lecture sur papier que j’ai dû la plus grande découverte qui a changé ma vision. J’ai d’abord eu l’occasion de lire, en 2001 à l’Université du Mirail, un mémoire de maîtrise d’histoire sur la commémoration du 8 mai 1945 en Algérie et en France [16], qui m’a fait découvrir l’existence et les activités de la fondation algérienne du 8 mai 1945, laquelle revendique depuis sa création en 1990 la reconnaissance par la France d’un « crime contre l’humanité » (et non pas d’un crime de guerre) commis par ses troupes et par ses milices contre le peuple algérien. Un peu plus d’un an plus tard, j’ai eu la pleine confirmation de cette information capitale en lisant le numéro spécial auquel j’avais participé de la revue Panoramiques (aujourd’hui disparue à cause du décès de son fondateur Guy Hennebelle). Ce numéro intitulé : « Algériens-Français : bientôt fini le temps des enfantillages ? » donnait l’occasion à des auteurs algériens et français en nombre égal de dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur à propos des relations toujours passionnelles entre les deux pays. Guy Hennebelle ouvrait le débat avec une vigueur très stimulante, dans un « éditorial ravageur », où il prenait position contre la revendication algérienne de repentance dont il connaissait personnellement les responsables, Bachir Boumaza, le créateur de la Fondation du 8 mai 1945, et le président Abdelaziz Bouteflika. Et il allait au fond du problème des relations franco-algériennes en le définissant par le « ‘duo maso-sado’ entre la culture laïco-chrétienne du culpabilisme français et la culture arabo-musulmane du ressentiment, qui ne mène à rien de constructif » [17]. Plus loin dans le même numéro, le politologue algérien Ahmed Rouadjia critiquait implacablement sous le titre « Hideuse et bien aimée : la France », l’attitude de la Fondation du 8 mai 1945, à propos de laquelle il confirmait tout ce que je savais depuis déjà plus d’un an [18].

Ces deux lectures n’ont pas fait qu’élargir les perspectives de mes réflexions sur l’évolution des relations franco-algériennes, au moment où allait s’engager la négociation discrète d’un traité d’amitié franco-algérien annoncé en 2003, mais bientôt interrompue par le vote malencontreux de la loi du 23 février 2005 (loi « colonialiste » qui a rendu hommage à la colonisation de l’Algérie au moment où le gouvernement algérien espérait au contraire une déclaration de repentance de la France). Elles me conduisirent aussi à m’interroger sur les rapports qui existent ou qui devraient exister entre l’histoire et le journalisme, notamment pour la connaissance des faits récents.

On distingue généralement deux sortes de journalisme : le journalisme d’information, qui veut avant tout informer ses lecteurs le plus complètement et impartialement possible, et le journalisme d’opinion, qui exprime les prises de position de ses journalistes en espérant qu’elles plairont à leurs lecteurs, lesquels peuvent toujours chercher ailleurs, dans le cas contraire, le journal qui leur plaira davantage. Le seul organe de presse français dans lequel j’ai trouvé des informations sur la revendication algérienne de repentance est la revue trimestrielle Panoramiques, laquelle n’a jamais prétendu être autre chose qu’un organe d’opinion, ou tout au moins de libres réflexions engagées sur les grands problèmes de notre temps. Mais la presse d’information a-t-elle diffusé cette information capitale ? A en juger d’après le quotidien Le Monde, auquel je suis abonné, je peux attester que non : jamais ce quotidien n’en a parlé, sauf très discrètement en publiant le sondage réalisé auprès de 1000 personnes dans chacun des deux pays à la veille du 1er novembre 2004, et dont une question portait sur la revendication algérienne de repentance de la France [19]. Au contraire, Le Monde a participé à au moins deux reprises à des campagnes soutenant plus ou moins nettement la dite revendication, en mai 1995 après le film de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois, et surtout après le discours prononcé par le président Bouteflika devant l’Assemblée nationale française le 14 juin 2000. Comme l’a remarqué Daniel Rivet, « la lecture du Monde depuis juin 2000 installe le lecteur dans le malaise. Une fixation s’y opère sur la torture, les viols, les sévices exercés par la seule armée française au cours de la guerre d’Algérie. Les autres dimensions de la guerre sont occultées » [20]. Bien que sa correspondante à Alger, Florence Beaugé, ait souvent envoyé des articles très pertinents et critiques, on ne peut que se demander si Le Monde, influencé par la mémoire de son fondateur Hubert Beuve-Méry et de ses prises de position contre la torture française, mérite encore le qualificatif de quotidien d’information, tout au moins en ce qui concerne l’Algérie et sa politique mémorielle, qui vise délibérément à influencer celle de la France dans le sens de la repentance [21]. En somme, pour être correctement informé sur un sujet capital qu’un grand quotidien d’information préférait occulter, j’ai dû lire un organe d’opinion, puis chercher par moi-même avec l’aide d’Internet.

Ce constat paradoxal me conduit à conclure que les historiens ne peuvent plus se contenter de laisser les journalistes faire leur travail sur les événements des trente dernières années. Car si les journalistes ne font pas leur travail, il faut bien que les historiens le fassent à leur place, et ils peuvent le faire autrement mais tout aussi bien, voire mieux. Cela prouve aussi que les historiens ne doivent pas s’intéresser uniquement aux faits passés, qui s’éloignent inexorablement de nous dans la fuite du temps : ils doivent aussi s’intéresser à la mémoire présente de ces faits passés, qui est virtuellement éternelle, et qui peut engager l’avenir.

Guy Pervillé

La revue Cahiers d’histoire immédiate, publiée dans le cadre de la collection Méridiennes du groupe de recherche FRAMESPA, est disponible par abonnements (France : 30 euros, étudiant : 20 euros, bibliothèques : 40 euros, étranger : 45 euros) pour deux numéros par an. Les demandes d’abonnement sont à adresser à : GRHI, Pavillon de la recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 TOULOUSE CEDEX 9, accompagnées d’un chèque bancaire libellé à l’ordre de : Régisseur du CPRS de l’UTM.

[1] « Histoire immédiate, histoire du temps présent, ou histoire contemporaine : le cas de la guerre d’Algérie », Cahiers d’histoire immédiate, n° 3, printemps 1993, pp. 95-105.

[2] Ibid., pp. 95-96.

[3] Ibid., p. 105.

[4] C’était tout au moins le cas des archives du Ministère de la défense à Vincennes, qui avaient donné le bon exemple en ouvrant la majeure partie de leurs fonds trente ans après la fin de la guerre.

[5] Voir mon article In memoriam. Charles-Robert Ageron (1923-2008), sur mon site http://guy.perville.free.fr.

[6] En 1968, il avait porté sur le terrain politique les critiques faites à sa thèse par l’historien algérois Xavier Yacono, mais en 1985, il avait rejeté les attaques de son collègue François Caron en se réclamant de l’histoire impartiale. En 1990, dans sa préface à l’Histoire de la France coloniale, il se réclamait d’une histoire scientifique.

[7] L’Algérie des Français, Paris, Le Seuil, 1993, p. 13.

[8] Pour plus de détails, voir sur mon site « Les historiens de la guerre d’Algérie et ses enjeux politiques en France » (2003), et ma réponse à Gilles Manceron. (2005).

[9] Voir le programme et les textes publiés sur le site http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/. Un résumé du colloque a été publié sous la direction de Frédéric Abécassis et Gilbert Meynier sous le titre Pour une histoire franco-algérienne, en finir avec les pressions officielles et les lobbies de mémoire, Lyon, ENS de lettres et sciences humaines, et Paris, La Découverte, 2008, 250 p.

[10] La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1991, 369 p.

[11] Voir notamment sur mon site : La guerre d’Algérie cinquante ans après : le temps de la mémoire, de la justice, ou de l’histoire ? (2004).

[12] Voir notamment sur mon site : Les accords d’Evian et les relations franco-algériennes (1988), et Trente ans après : réflexions sur les accords d’Evian (1992)

[13] Voir notamment sur mon site : La "francisation" des intellectuels algériens : histoire d’un échec ? (1994) ; Histoire de l’Algérie et mythes politiques algériens : du "parti de la France" aux "anciens et nouveaux harkis" (1996) ; Mémoire et histoire de la guerre d’Algérie, de part et d’autre de la Méditerranée (1996) ; Réflexions sur la réévaluation du bilan de la guerre d’Algérie (1997) ; Quand la guerre d’Algérie a-t-elle pris fin ? (1999).

[14] Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, 356 p (chapitre 6, « De la mémoire à l’histoire », pp.269-312).

[15] Voir notamment sur mon site : Mes réponses aux questions de Guy Hennebelle (2002) ; Les historiens de la guerre d’Algérie et ses enjeux politiques en France (2003) ; La production de l’histoire de l’Algérie, en Algérie et en France, après la décolonisation (2003) ; La revendication algérienne de repentance unilatérale de la France (2004) ; La guerre d’Algérie cinquante ans après : le temps de la mémoire, de la justice, ou de l’histoire ? (2004) ; L’historiographie de la guerre d’Algérie, en France, entre mémoire et histoire (2004) ; La date commémorative de la guerre d’Algérie en France (2004) ; Les sciences historiques et la découverte tardive de la guerre d’Algérie : d’une mémoire conflictuelle à la réconciliation historiographique ? (2004) ; La ”première” et la “deuxième guerre d’Algérie” : similitudes et différences (2004) ; Réponse à Gilles Manceron (2005) ; Le 8 mai 1945 et sa mémoire en Algérie et en France (2005) ; L’histoire immédiate de la relation franco-algérienne : vers un traité d’amitié franco-algérien ? (2006) ; La confrontation mémoire-histoire en France depuis un an (2006) ; France-Algérie : groupes de pression et histoire (2006) ; Histoire et mémoire de la décolonisation en France et en Algérie : les causes de l’échec du traité d’amitié franco-algérien (2007) ; Ma position sur l’annexe au rapport d’Eric Savarese : "Une note sur le ’mur des disparus’" (2007) ; A propos de la pétition : "France-Algérie : dépassons le contentieux historique" (2007) ; Réponse à Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Gérard Noiriel, historiens et membres du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (2008).

[16] Michael-Lamine Tabakretine, La commémoration du 8 mai 1945 à travers la presse française et algérienne, s.dir. D. Amrane, Université de Toulouse-Le Mirail, 2000.

[17] Panoramiques, n° 62, 1er trimestre 2003, p. 20.

[18] Ibid., pp. 204-214.

[19] Sondage CSA-RTL publié par Le Monde du 30 octobre 2004. A la question : « La France devrait-elle présenter des excuses officielles au peuple algérien concernant son comportement durant la guerre d’Algérie ? », les sondés français ont répondu Oui à 45 % et Non à 50%, les Algériens Oui à 88% et Non à 7% (5% des sondés ne se prononçant pas dans chacun des deux pays).

[20] Daniel Rivet, « Présence/absence des Accords d’Evian et des premiers jours de l’indépendance algérienne dans quelques journaux français », in La guerre d’Algérie dans la mémoire et l’imaginaire, s.dir. Anny Dayan-Rosenman et Lucette Valensi, Saint-Denis, Editions Bouchène, 2004, p. 181.

[21] Le Monde a été particulièrement discret sur la proposition de loi déposée récemment par 125 députés algériens pour mettre en jugement les responsables des « crimes coloniaux » commis de 1830 à 1962. Cf l’article d’Isabelle Mandraud, « La mauvaise humeur d’Alger à l’égard de Paris, Un (sic) député algérien propose de juger les ‘responsables de crimes coloniaux’ », in Le Monde, jeudi 11 février 2010.



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