Xavier Yacono, De Gaulle et le FLN, 1958-1962 (1992)

dimanche 22 juin 2008.
 
Ce compte-rendu du dernier livre de Xavier Yacono, De Gaulle et le FLN 1958-1962. L’échec d’une politique et ses prolongements, Versailles, Éditions de l’Atlanthrope, 1989, 128 p., a été publié dans la Revue française d’histoire d’Outre-mer n° 295, 2ème trimestre 1992, p. 265.

Le petit livre de Xavier Yacono sur De Gaulle et le FLN est l’une de ses dernières publications avant son récent décès, survenu le 4 octobre 1990. Partant d’un bilan de la situation en juin 1958, et des buts du FLN, il démontre l’échec de la politique gaullienne de 1958 à 1962, et en suit les conséquences en Algérie et en métropole jusqu’à nos jours. La dernière partie reproduit le texte des accords d’Évian. L’auteur persiste à ne pas croire que le général de Gaulle avait prévu et préparé dès la conférence de Brazzaville la décolonisation de l’Empire français, et de l’Algérie en particulier, comme il l’avait affirmé dans sa conférence de presse du 11 avril 1961. Il insiste au contraire sur la discontinuité de cette politique, partie d’une tentative d’intégration pendant l’été 1958 pour évoluer vers une association de l’Algérie avec la France, puis vers l’acceptation de l’indépendance et l’abandon des conditions qu’elle y avait posées. En somme, ayant échoué à réaliser sa grande idée impériale, « l’organisation des colonies en un ensemble fédéral avec l’Algérie pour pièce maîtresse », de Gaulle, « en grand acteur, prit figure de décideur », et « préféra jeter le manche après la cognée en acceptant les abandons successifs que sut lui imposer un adversaire dont la principale force fut l’attitude de refus systématique ». Cette analyse insiste à juste titre sur la non-conformité du résultat final aux intentions initiales du général. Elle a néanmoins le tort de ne pas tenir compte des nombreux témoignages qui attestent que De Gaulle était convaincu que l’inéluctabilité de l’indépendance au moins depuis 1954, voire dès 1944 : les discours intégrationnistes de l’été 1958 n’étaient donc pas sincères, quoi qu’en ait dit l’amiral Philippe de Gaulle. Sur le fond du problème, l’auteur conclut que la « loi du nombre » condamnait l’assimilation, l’intégration et l’association, et rendait l’indépendance inévitable ; « mais il n’était pas inévitable qu’elle prît la forme d’une débandade souvent tragique ».

Guy Pervillé



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