Denise Bouche, Histoire de la colonisation française, t. 2 (1992)

dimanche 22 juin 2008.
 
Ce compte-rendu de l’ouvrage de Denise Bouche, Histoire de la colonisation française, tome 2, Flux et reflux (1815-1962), Paris, Fayard, 1991, 607 p., est paru dans Vingtième siècle, revue d’histoire n° 35, juillet-septembre 1992, pp. 121-122. .

Dans le second tome de cette Histoire, Denise Bouche couvre l’ascension, l’apogée et la dislocation de l’empire colonial français à l’époque contemporaine dans le même nombre de pages que celui de l’Histoire de la France coloniale parue chez Armand Colin un an plus tôt, consacré à la période 1914-1990. Son livre n’en est pas moins dense, ni moins solidement fondé sur une masse de travaux récents. Le plan concilie d’une manière équilibrée les approches chronologique, géographique et thématique. L’auteur retrace d’abord les étapes de la conquête, puis décrit la colonisation, sous les modalités de l’encadrement administratif, de la « mise en valeur » et de la « mission civilisatrice » (lutte contre l’esclavage, œuvre missionnaire et sanitaire, enseignement), évoque l’Empire à son apogée dans ses aspects économiques, militaires et politiques. Enfin, elle retrace la montée des nationalismes, la tourmente de la Deuxième guerre mondiale, les illusions de 1944-1946 sur l’impossible Union française et les étapes de sa dislocation.

Denise Bouche a le très grand mérite d’avoir maîtrisé seule une énorme documentation, dépassant sa spécialité africaniste. Elle fait preuve d’un esprit critique constant, allant jusqu’au scepticisme sur les bilans économiques de la colonisation. Elle a raison de considérer la colonisation et la décolonisation françaises comme des aspects particuliers de phénomènes historiques fondés sur l’évolution des rapports de force mondiaux à contre-courant desquels la France ne pouvait aller, comme l’a compris le général de Gaulle. On pourra pourtant regretter le choix d’arrêter abruptement le sujet en 1960 pour l’Afrique noire et en 1962 pour l’Algérie (dont la tragique transition vers l’indépendance est trop brièvement évoquée), et d’expédier en deux pages les « confettis de l’Empire ». Pourtant, le problème néo-calédonien nous a récemment rappelé que l’histoire de la colonisation française n’est pas tout à fait achevée.

Guy Pervillé

PS : Un autre compte-rendu beaucoup plus détaillé a été publié dans Historiens et géographes, n° 341, octobre 1993, pp. 518-519.


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