Martine Lemalet, Lettres d’Algérie 1954-1962 (1994)

lundi 23 juin 2008.
 
Ce compte-rendu du livre de Martine Lemalet, Lettres d’Algérie (1954 1962) : La guerre des appelés, la mémoire d’une génération, préface de Paul Nahon, Paris, Jean-Claude Lattès, 1992, 360 p., est paru dans la Revue française d’histoire d’Outre-mer n° 303, 2ème trimestre 1994, p. 219.

Ce livre expose les résultats d’une recherche historique, qui a également fourni la matière d’une émission télévisée du magazine Envoyé spécial de Paul Nahon. Il se propose d’utiliser neuf correspondances d’appelés métropolitains avec leurs familles (représentant plus de 2.000 lettres), un journal intime, et des lettres publiées dans la presse locale, afin de dépasser par une étude systématique et critique la simple expression de mémoires brutes (comme celles qui se sont exprimées dans le film de Bertrand Tavernier et Patrick Rotman, La guerre sans nom). L’auteur a donc découpé et regroupé des extraits de ces sources originales en fonction de plusieurs thèmes (le départ vers l’Algérie, la découverte du pays, la guerre et la vie quotidienne, le retour) et les a expliqués ensemble et en détail, avec les références précises aux connaissances acquises.

Ce parti-pris thématique était justifié, voire nécessaire pour mettre en évidence les traits communs et les éventuelles différences entre les témoignages étudiés. Mais on regrette parfois qu’il ne mette pas assez en relief les évolutions individuelles ou collectives, faute de respecter suffisamment l’ordre chronologique. Ce défaut est en partie corrigé par des tableaux récapitulatifs des itinéraires des dix principaux témoins. Mais dans un cas au moins, le journal intime de l’étudiant Claude P. (en Grande Kabylie de janvier 1961 à mars 1962) fait regretter qu’il n’ait pas été publié tel quel, et incite le lecteur motivé à le reconstituer à coups de ciseaux et de colle, après photocopie du livre.

Ce travail de Martine Lemalet, sérieux et honnête, n’en est pas moins louable. Il remplit bien son contrat, en fournissant une première contribution (que l’on souhaite voir développer) à l’étude de l’une des mémoires collectives de la guerre d’Algérie.

Guy Pervillé



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