Histoire et mémoire de la guerre d’Algérie : journée d’étude du 19 mars 2008 (2008)

jeudi 26 février 2009.
 
Cet article, paru dans la revue du GRHI, Cahiers d’histoire immédiate, n° 34, automne 2008 (en fait, en février 2009), reproduit le contenu de la journée d’étude que j’ai présentée à Toulouse le 19 mars 2008, à l’exception des textes de Jacques Cantier, Roger Vétillard, Robert Davezac et Pierre-Frédéric Charpentier dont je ne suis pas l’auteur. Pour les lire, vous devez vous reporter au numéro 34 de la revue.

Cette journée d’étude, placée à une date symbolique, a résulté de plusieurs soucis. D’abord, celui de répondre à plusieurs occasions qui se sont récemment présentées de mettre en lumière des travaux éclairant certains aspects particuliers de la guerre d’Algérie (dans sa dimension chronologique la plus large), de façon à faire mieux sentir les rapports étroits qui existent entre la mémoire et l’histoire, mais aussi leurs différences.

Dans la matinée, consacrée au problème algérien durant la Deuxième guerre mondiale, il s’est agi principalement de mieux éclairer la révolte et la répression de mai 1945, grâce à un livre récemment publié par Roger Vétillard, intitulé Sétif, mai 1945, massacres en Algérie [1]. Mais deux autres exposés ont précédé sa mise au point. D’abord celui de Jacques Cantier sur le drame de Zéralda, épisode trop oublié de l’histoire de l’Algérie sous le régime de Vichy. Puis le mien sur la politique algérienne du Comité français de libération nationale (CFLN) en 1943 et 1944, étudiée en 1992 dans une partie encore inédite de mon dossier d’habilitation. Et après l’évocation des sanglantes journées de mai 1945 par Roger Vétillard, le rappel fut fait plus brièvement de deux travaux de recherche réalisés à Toulouse sur la mémoire de ces événements, ceux de Michaël-Lamine Tabakretine et de Hanane Benabid.

Durant l’après-midi, concernant la guerre d’Algérie proprement dite, le principal apport a été la présentation par Robert Davezac de sa thèse récemment soutenue à l’Université du Mirail [2] sur les événements d’Alger du début juin 1958 à la fin d’avril 1961. Mais il m’a aussi paru nécessaire de faire précéder son exposé par un rappel de l’enchaînement des événements qui ont plongé Alger dans la guerre d’Algérie entre 1956 et 1957, afin de dissiper une imprécision regrettable dans la connaissance des faits. Par la suite, il a semblé utile de rappeler aussi deux recherches pionnières : le mémoire de maîtrise d’Hélène Rouffiac sur l’historiographie du 17 octobre 1961 à Paris [3], et l’article de Grégor Mathias paru dans le dernier numéro d’Outre-mers, revue d’histoire, [4] présentant un témoignage troublant sur l’éventuelle réalité d’une terrible rumeur qui a contribué au déracinement de la population française d’Algérie en 1962. En complément, Pierre-Frédéric Charpentier apporte un éclairage nouveau sur les lieux de mémoire de l’Algérie française en France.

Le choix de tous ces sujets, plus ou moins développés, a répondu au souci de démontrer que notre groupe de recherche le GRHI, apparemment isolé par sa position géographique à l’Université de Toulouse, pouvait apporter des contributions beaucoup plus nombreuses, diverses et substancielles qu’on aurait pu le supposer a priori à la connaissance de la guerre d’Algérie.

- Aux origines de la guerre d’Algérie (1940-1945)

Quand la guerre d’Algérie a-t-elle vraiment commencé ? Beaucoup pensent aujourd’hui que le 8 mai 1945 peut valablement concurrencer le 1er novembre 1954 en tant que date inaugurale de ce terrible conflit. Mais cet événement ne peut lui-même se comptrendre sans revenir quelques années en arrière. La défaite française de juin 1940 face à l’Allemagne, le régime de Vichy et sa politique, réactionnaire et collaborationniste, et enfin le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, font partie des circonstances qui permettent de comprendre la révolte manquée et la répression démesurée qui marqua en Algérie le dernier jour de la guerre en Europe. Mais un événement moins important et pratiquement oublié (tout au moins en France) mérite aussi d’être rappelé.

Le drame de Zéralda (1er août 1942) : exposé de Jacques Cantier

( Voir le texte dans le n° 34 des Cahiers d’histoire immédiate, automne 2008, pp. 10-14)

-  A l’exposé de Jacques Cantier, qui est le meilleur spécialiste de l’Algérie sous le régime de Vichy, il convient d’ajouter quelques indications sur la mémoire de l’événement. En France, les rapatriés d’Algérie n’ont rapporté aucun souvenir de ce fait particulièrement dérangeant, parce qu’il aurait semé l’incrédulité sur leur affirmation d’une profonde fraternité entre tous les habitants du même pays, que seul le terrorisme du FLN aurait volontairement perturbé. Mais en Algérie, la mémoire de la pancarte raciste interdisant la plage de Zéralda aux “indigènes” s’est non seulement répandue dans tout le pays, mais s’est aussi pérennisée sous une forme généralisée, en perdant toute précision de temps et de lieu. Aujourd’hui encore, ce fait est tout à fait oublié par les rapatriés, et donc ressenti par eux comme une pure fiction, ce qu’il n’est malheureusement pas. Mais en même temps il est monté en épingle par la propagande nationaliste algérienne, qui est restée très vigoureuse après l’indépendance et n’a fait que s’affirmer par opposition au silence officiel français. Et le résultat en est que les déclarations d’Algériens qui le généralisent indûment (de bonne ou de mauvaise foi), en oubliant toute précision de temps et de lieu, sont reprises comme paroles d’évangile par des journalistes qui manquent eux aussi de bonne foi, ou tout simplement de connaissances historiques et de simple bon sens. C’est justement ce que l’on avait pu constater dans le film de l’Anglais Peter Batty sur La guerre d’Algérie, diffusé en France en 1989. Une militante du FLN, Yasmine Belkacem, y déclarait : « Nous, les Algériens, nous ne pouvions pas aller dans les endroits réservés aux Français. On ne pouvait pas se baigner sur les mêmes plages. Il y avait une pancarte qui indiquait : « Interdit aux chiens et aux Arabes ». Et c’est de nouveau ce qui s’est passé le jeudi 12 juillet 2007 sur Arte dans le film "Tout le monde à la plage" de Marie Christine Gambart : « Les anciens se souviennent des filles pieds-noirs qui se prélassaient sur la plage quand l’Algérie était encore française et que les Arabes étaient interdits de plage », annonçait Arte dans la présentation de l’émission.

Contre ce genre de désinformation particulièrement pervers, il faut réagir dans les deux sens, en montrant à la fois la réalité d’un fait historique injustifiable, et l’abus également injustifiable de sa généralisation [5].

- La politique algérienne du CFLN de 1943 à 1944

Ce sujet doit être rappelé parce qu’il a été presque entièrement oublié de l’histoire, après avoir été effacé par la mémoire de la révolte et de la répression du 8 mai 1945. Qui se souvient aujourd’hui que le Comité français de libération nationale (CFLN), présidé par le général de Gaulle et siégeant à Alger pendant plus d’un an (juin 1943-juin 1944) avant son triomphal retour à Paris, avait fait préparer et officiellement adopté une politique algérienne nouvelle, que l’on peut considérer comme la première politique algérienne globale et cohérente que la France ait jamais tenté de définir ?

On connaît plus ou moins l’ordonnance du 7 mars 1944, que le général de Gaulle avait fait préparer pour donner des droits politiques dans un cadre français à des catégories d’élites musulmanes - et même sous une forme atténuée aux autres musulmans - en réalisant ainsi les principales propositions de reformes faites dans l’entre-deux guerres, et notamment le projet Blum-Viollette de 1936. On connaît déjà beaucoup moins le programme de réformes économiques et sociales, visant à élever le plus vite possible le niveau de vie de la population musulmane à égalité avec celui de la population européenne d’Algérie, qu’une commission nommée par le général Catroux (gouverneur général de l’Algérie et membre du CFLN chargé de la politique musulmane) avait élaboré durant la première moitié de l’année 1944. Ce sujet n’est pourtant pas resté ignoré des historiens. Il a été présenté d’une manière assez précise par Charles-Robert Ageron, dans le tome 2 de l’Histoire de l’Algérie contemporaine [6] paru en 1979, mais sans le distinguer des tentatives de réformes économiques antérieures et postérieures. Et ensuite dans la thèse de Daniel Lefeuvre, Chère Algérie, La France et sa colonie (1830-1962), publiée d’abord en 1997 par la Société française d’histoire d’outre-mer, qui traitait lui aussi cette politique de réformes dans une perspective économique de longue durée. Mais aucun de ces deux historiens n’a traité comme un tout cette politique réformiste qui se voulait, pour la première fois, globale, et tentait de fournir à toute la population de l’Algérie une réponse constructive à l’essor du nationalisme algérien. Le général Catroux avait pourtant exprimé avec vigueur l’unité de cette politique dans son rapport du 4 avril 1944 au CFLN : « Dès maintenant, le Comité de Libération est saisi d’un véritable programme d’ascension sociale et de progrès économique établi au profit des indigènes musulmans, et dont les parties diverses procèdent d’une seule et même inspiration. Cette inspiration est la même que celle qui a dicté les réformes proprement politiques. Le but de la France est en effet d’assimiler effectivement les indigènes, d’en faire des Français par l’esprit, c’est-à-dire par une forme appropriée d’enseignement public, et des Français par le nivellement social et économique. Ceci suppose une large diffusion de l’instruction strictement donnée dans la langue française. Ceci suppose également la mise des indigènes à la parité des non-musulmans en ce qui touche les œuvres d’hygiène et d’assistance, les conditions de travail, le bénéfice des lois sociales, l’habitat, le crédit et le minimum vital à tirer soit des exploitations industrielles soit de celles de la terre. En d’autres termes, la politique d’assimilation postule une politique d’égalité sociale, que requiert d’ailleurs avec force le sens proprement humain de la nation française. C’est sur ces nécessités fondamentales, auxquelles s’ajoutent les exigences d’un développement démographique dont on connaît l’ampleur, que la commission des réformes musulmanes a fondé ses conclusions » [7].

Il se trouve que j’ai eu l’occasion de découvrir, d’abord aux Archives d’Outre-mer à Aix-en-Provence, les traces bien groupées de l’élaboration de cette nouvelle politique algérienne. J’en ai présenté une première vue d’ensemble dans une communication présentée en 1984, intitulée “La commission des réformes de 1944 et l’élaboration d’une nouvelle politique algérienne de la France” [8], puis j’en ai rédigé une étude approfondie en 300 pages dans le cadre de mon dossier d’habilitation à diriger des recherches présenté à l’Université de Paris 1 en janvier 1993.

Maintenant que les événements de mai 1945 ont commencé à retenir l’attention des Français - bien après celle des Algériens - et ont inspiré de nombreuses publications, il me paraît utile de rappeler ce qu’avait prétendu être la politique algérienne de la France juste avant la tragique régression dans la violence qui annonça, dès 1945, la fin de l’Algérie coloniale. Politique réformiste qui inspira ensuite plusieurs autres plans de réformes analogues mais encore amplifiés, jusqu’au célèbre “plan de Constantine” de 1958. Et c’est pourquoi je projette de publier mon travail inédit sur cette pièce trop oubliée du dossier de la guerre d’Algérie.

- Le 8 mai 1945 en Algérie et ses suites : exposé de Roger Vétillard

Le docteur Roger Vétillard est bien connu dans l’agglomération toulousaine en tant que médecin, mais il s’est également fait connaître, depuis quelques mois, en tant qu’historien de l’insurrection algérienne de Sétif (où il est né en 1944) et de sa répression. Voici son intervention dans laquelle il résume les apports de son livre publié au début de 2008.

Sétif, mai 1945 : massacres en Algérie [9]

(Voir le texte dans le n° 34 des Cahiers d’histoire immédiate, automne 2008, pp. 18-27)

- Discussion.

Jacques Cantier souligne que le débat sur les chiffres de la répression, pour important qu’il soit, n’épuise pas la signification historique de l’événement. Il en va de même pour la discussion sur le bien-fondé juridique de l’expression de « crimes contre l’humanité ». C’est bien dans tous les cas à un crime de masse que l’on a affaire avec la répression dont tout indique le caractère disproportionné au soulèvement qui l’a générée. Le livre de Jean-Louis Planche, à défaut d’établir le bilan définitif des événements, souligne de façon pertinente la « fièvre obsidionale » qui a servi de toile de fond à cette répression du côté d’une communauté européenne traumatisée par le spectre d’une révolte indigène. Dans la mise en perspective de l’événement il ne faudra pas oublier de faire la part du structurel - la crise d’une société coloniale basée sur la coexistence de populations aux statuts inégaux - et celle du conjoncturel - les propagandes diverses qui soufflent sur des braises déjà existantes par exemple.

- Rappel de deux travaux de recherche sur la mémoire du 8 mai 1945 effectués à Toulouse.

Il faut rappeler à cette occasion l’existence de deux mémoires d’étudiants réalisés dans notre université au sujet de la mémoire et de l’histoire du 8 mai 1945, et ce rappel ne relève pas d’un pur narcissisme. Le premier en date est le mémoire de maîtrise de Michaël-Lamine Tabakretine, réalisé sous la direction de Djamila Amrane, et soutenu en septembre 2000, sur La commémoration du 8 mai 1945 à travers la presse française et algérienne. Ce mémoire est le premier document connu (tout au moins par moi) qui ait mis en évidence l’action exercée depuis 1990 par la Fondation du 8 mai 1945 afin de faire reconnaître la répression qui a suivi ce début d’insurrection comme un “crime contre l’humanité” : “Nous avons aujourd’hui décidé de lutter contre l’oubli, contre l’érosion du temps. D’exiger des auteurs de ces crimes monstrueux réparations. De faire en sorte que l’épaisseur de ce mutisme coupable soit dénoncée. De considérer nos suppliciés à la même hauteur de l’épouvantement d’Auschwitz ou de Dachau. Des hommes ont décidé de lutter contre l’oubli. La Fondation du 8 mai 1945, née de cette exigence, rouvre le dossier de ce crime. Un crime contre l’humanité” [10]. Un peu plus de deux ans plus tard, un article publié dans le numéro spécial de la revue Panoramiques, consacré au thème “Algériens-Français : bientôt finis les enfantillages ? ” [11], a confirmé les informations de ce mémoire par un article critique et même polémique du politologue algérien Ahmed Rouadjia sur le rôle de cette fondation en Algérie : “Hideuse et bien aimée, la France” [12]. Il est à souligner qu’aucune autre source d’information, à ma connaissance, n’a jamais traité ce sujet capital en France.

D’autre part, il faut signaler que le mémoire de Master 2 soutenu en septembre 2007 par Hanane Benabid, sur Le 8 mai 1945 et sa mémoire en France et en Algérie, 1962-1990, s’est efforcé de rassembler le plus possible d’informations sur le travail historique et mémoriel réalisé sur cet événement dans les deux pays. Il a démontré l’existence de deux tendances divergentes en Algérie : un courant historique en relation étroite avec les études et publications réalisées en France, et un courant mémoriel dépendant étroitement de l’idéologie nationaliste officielle dans le pays. D’autre part, ce mémoire a eu le mérite de rappeler à mon attention un passage du livre de Francine Dessaigne, La paix pour dix ans (Sétif-Guelma, mai 1945) [13], qui citait non sans scepticisme des extraits des rapports du correspondant de l’OSS américain à Alger, le major Rice, lesquels signalaient des évaluations de plus en plus élevées du nombre de victimes de la répression durant l’été 1945 [14].

- La guerre d’Algérie (1954-1962)

-  Sur les origines de la “bataille d’Alger” (1955-1957)

Avant de donner la parole à Robert Davezac pour qu’il nous présente sa thèse sur la guerre d’Algérie à Alger du mois de juin 1958 à celui d’avril 1961 (soutenue au Mirail il y a moins de deux mois), il m’a semblé utile de rappeler quelques événements antérieurs, plus ou moins bien connus. Ceux-ci m’ont été révélés, pour la première fois, par la lecture de La guerre d’Algérie du grand journaliste Yves Courrière, et plus particulièrement de son tome 2, Le temps des léopards, paru en 1969. Certains des faits racontés par celui-ci ont été confirmés plus tard par l’ouverture des archives publiques à partir de juillet 1992. Ce fut notamment le cas du durcissement de la répression militaire dans le Nord-Constantinois, décidé en mai 1955 par le gouverneur général Jacques Soustelle et par le ministre de l’Intérieur Maurice Bourgès-Maunoury en réaction aux premières attaques de l’organisation commandée par Zighoud Youcef. “Tout rebelle pris les armes à la main doit être tué” : cette déclaration attribuée à Jacques Soustelle [15], et qui semblait confirmée par une autre du ministre Bourgès-Maunoury à l’Assemblée algérienne le 27 mai 1955 (“Les fellaghas pris les armes à la main seront châtiés à l’instant” [16]), a été confirmée par la directive du général Allard datée du 19 juin 1955, et généralisée le 1er juillet par les ministres de l’Intérieur et de la Défense [17], consultée dans les archives militaires par Claire Mauss-Copeaux [18], puis par Gilbert Meynier et Mohammed Harbi [19] : “Tout rebelle faisant usage d’une arme ou aperçu une arme à la main sera abattu sur le champ”. Ainsi, la très violente offensive du 20 août 1955, dans laquelle furent d’abord massacrées des familles entières de Français d’Algérie avant que ces atrocités délibérées provoquent à leur tour des représailles démesurées, apparaît comme une étape d’une escalade progressive et mutuellement provoquée vers une violence illimitée. On doit donc conclure à la bonne qualité de la source orale utilisée par le journaliste.

Mais dans le même livre, j’avais aussi trouvé un récit captivant de la “bataille d’Alger”, accompagné d’un bilan des pertes algériennes attribué à Paul Teitgen, secrétaire générale de la préfecture d’Alger chargé de la police, et qui aurait compté 3.994 “disparitions” à la date de sa première lettre de démission le 29 mars 1957 [20], ou tout au moins 3.024 du 28 janvier au 1er avril [21]. J’ai d’abord cru cette révélation sans me poser de questions, puis j’ai trouvé des raisons d’en douter. Mais avant de les expliquer, je préfère procéder d’abord à des retours en arrière, afin de mieux distinguer l’enchaînement des causes et des conséquences.

Qui dit “la bataille d’Alger”, expression popularisée par le livre aux nombreuses versions successives de Yacef Saadi (chef de l’organisation FLN-ALN de la capitale en 1957) et par le film qu’il en a tiré avec le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, pense généralement à l’affrontement déclenché à partir du 7 janvier 1957 par la nomination du général Massu à la tête des “forces de l’ordre” chargées de “pacifier” le département d’Alger en détruisant par tous les moyens la “Zone autonome d’Alger” jusqu’en octobre 1957. Bataille atypique dans la mesure où le général Massu est réputé avoir davantage eu recours à la torture et aux exécutions sommaires qu’aux armes de combat.

Mais il ne faut pas oublier que la nomination du général Massu par le ministre résidant Robert Lacoste le 7 janvier 1957 était elle-même une réponse à une offensive terroriste systématiquement poursuivie par le FLN-ALN depuis le 30 septembre 1956, en posant notamment des bombes dans les lieux publics fréquentés par les Européens, qui étaient près de la moitié de la population de l’agglomération algéroise. Ces attentats du FLN ont atteint en 14 mois le nombre de 751, et ont causé 314 morts et 917 blessés ; leur nombre a culminé en décembre 1956, avec plus de cent attentats, et ils ont fait le plus grand nombre de victimes (plus de 225) en juin 1957.

Il est vrai que le FLN-ALN n’était pas le seul à employer la violence. Plusieurs auteurs estiment au contraire qu’il y a été contraint par la nécessité de riposter aux attentats anti-algériens des “contre-terroristes” européens (parmi lesquels des policiers) qui ont se sont multipliés durant l’été 1956 et qui ont détruit un immeuble d’habitation du quartier musulman de la Casbah, rue de Thèbes, le 10 août 1956. Le FLN-ALN a dû attendre de s’être procuré des bombes pour tenir sa promesse de vengeance, mais il ne serait pas responsable de cette escalade de la violence.

Il est également vrai que le “contre-terrorisme” européen a existé, et il s’est même aggravé en s’orientant vers des complots visant la prise du pouvoir à Alger, dont l’attentat du 16 janvier 1957 contre le général Salan, nouveau général en chef, fut la manifestation la plus visible. Mais ce “contre-terrorisme” n’était pas la cause du terrorisme du FLN. En effet, cette offensive des “contre-terroristes” était elle-même une réponse à la première offensive terroriste lancée par le FLN en réprésailles contre les premières exécutions de “rebelles” condamnés à mort le 19 juin 1956, qui tripla le nombre mensuel de victimes du terrorisme en juin (74 victimes, au lieu de 26 le mois précédent). Et si le FLN d’Alger ne disposait pas encore de bombes performantes, il allait se les procurer en récupérant le laboratoire d’explosifs des “combattants de la libération” communistes à partir de l’accord FLN-PCA du 1er juillet 1956. Quand à l’origine de cette première vagues d’attentats visant des civils européens, elle remontait à un tract du chef FLN d’Alger, Abane Ramdane, distribué à la fin de février 1956, menaçant le président du Conseil Guy Mollet : “Si le gouvernement français faisait guillotiner les condamnés à mort, des représailles terribles s’abattront sur la population européenne” [22]. Abane était donc prisonnier de sa menace.

Peut-on remonter encore plus loin ? Selon le témoignage d’André Rossfelder, Albert Camus, venu à Alger pour présenter sa proposition de trève civile en janvier 1956 était motivé par la rumeur d’une prochaine offensive terroriste du FLN [23]. Mais selon le psychiâtre Frantz Fanon [24], qui aurait recueilli la confession de la femme du chef contre-terroriste André Achiary (connu pour son rôle de sous-préfet de Guelma en 1945, et proche du gouverneur général Soustelle en 1955), ce projet aurait été en réalité une idée de celui-ci pour semer la panique en l’attribuant au FLN. En tout cas, l’historien Jean-Louis Planche a recueilli auprès d’un ancien chef de l’organisation messaliste d’Alger le récit d’entrevues avec Abane où celui-ci ne cachait pas, dès 1955, son intention de recourir au terrorisme anti-français [25]. Courrière affirme qu’Abane avait désapprouvé la violence extrême du 20 août 1955, et qu’il la discuta lors du Congrès de la Soummam un an plus tard, mais en fin de compte cette date fut considérée comme celle du premier grand succès de la révolution algérienne.

Quoi qu’il en soit, cette recherche prouve à la fois qu’il ne faut pas s’intéresser seulement aux pertes d’un seul camp, et qu’il faut prendre soin de classer tous les événements dans l’ordre chronologique pour essayer d’en déterminer les causes. Quant à l’affirmation d’Yves Courrière sur le bilan des pertes subies par le FLN durant la bataille d’Alger, elle a été démentie très tôt par le général Massu, qui l’a estimé à moins d’un millier, et probablement pas plus de 300 morts [26], et par l’ex-colonel Godard, ancien adjoint du général Massu durant la deuxième partie de la “bataille” (juin-octobre 1957), qui a fourni une explication convaincante du document publié par Yves Courrière dans son propre livre Les paras dans la ville, paru en 1972 [27]. N’ayant pas réussi à obtenir une réponse claire de Paul Teitgen, j’en ai conclu que l’interprétation d’Yves Godard était la plus crédible. Mais j’ai dû constater, avec le plus vif étonnement, que trop d’historiens avaient préféré accorder une confiance aveugle à Paul Teitgen sans chercher à comprendre le document en question [28].

- Intervention de Robert Davezac. Présentation de la thèse soutenue le 31 janvier 2008 : La montée des violences dans le Grand-Alger (01/06/1958 - 30/04/1961)

(Voir le texte dans le n° 34 des Cahiers d’histoire immédiate, automne 2008, pp. 32-36)

- Discussion

La présentation de la thèse de Robert Davezac a suscité plusieurs questions,notamment sur lasignification du13 mai 1958, événement antérieur à la thèse et donc non traitée par celle-ci. Après la réponse de Robert Davezac, j’ai cité plusieurs documents dont l’origine n’est pas suspecte d’hostilité à la révolution algérienne, et qui pourtant attestent clairement la réalité d’une régression de l’adhésion de la population musulmane d’Alger au FLN. Certains sont connus depuis longtemps, comme les rapports du colonel Ouamrane et de Ferhat Abbas, membres du comité de coordination et d’exécution (CCE) du FLN durant l’été 1958, et publiés en 1981 dans les Archives de la Révolution algérienne, de Mohammed Harbi [29]. D’autres sont moins connus, comme un article de Jean Daniel dans L’Express daté du 3 avril 1957, qui atteste le soulagement des Algérois musulmans dès la fin de la première offensive des parachutistes contre la zone autonome d’Alger [30]. D’autre part, je dois confirmer mon jugement sur l’originalité et le mérite de la thèse de Robert Davezac : bien qu’elle n’ait guère respecté la forme habituelle d’une thèse, elle a fourni des apports très substantiels à la connaissance des événements qui ont manifesté la présence de la guerre dans l’agglomération algéroise durant une période considérée habituellement comme calme. Tout au contraire, elle a démontré que le terrorisme n’avait pas cessé de s’y manifester peu ou prou, et elle a fourni la preuve que les connaissances que l’on croyait avoir sur “l’affaire Si Salah“ étaient très incomplètes. Elle a ainsi démontré que la presse quotidienne d’Algérie, et même un journal aussi engagé que L’Echo d’Alger, était une source de connaissances indispensable, et que les historiens ne peuvent donc pas se permettre de l’ignorer.

Pour compléter ce travail novateur, il me semble également utile de signaler deux travaux qui concernent la période finale de la guerre d’Algérie. Le premier est le mémoire de maîtrise d’Hélène Rouffiac, soutenu à Toulouse-Le Mirail en 2003, Histoire et mémoire du 17 octobre 1961 en France, 296 p. Il a déjà donné lieu à la publication d’un article, sous le même titre, dans le n° 26, automne 2004, des Cahiers d’histoire immédiate (pp. 163-179), et une publication intégrale est en voie de préparation. En effet, ce travail historiographique ne fait pas que résumer les débats souvent tumultueux qui ont eu lieu autour ce cet événement, et qui ont eu trop tendance à ignorer la limite entre les controverses historiques et les revendications mémorielles : elle montre aussi comment le débat s’est focalisé sur une perception très militante, aboutissant à la mise en cause de la responsabilité de l’ancien préfet de police Maurice Papon (jugé à Bordeaux en 1997 pour une tout autre affaire) et à la fondation en 1999 d’une association “17 octobre contre l’oubli” revendiquant la reconnaissance par l’Etat d’un “crime contre l’humanité”. Or le mémoire d’Hélène Rouffiac a bien montré que cette interprétation dominante privilégiait une seule piste et en négligeait beaucoup d’autres susceptibles d’expliquer ces faits autrement que dans une logique purement pénale attribuant toutes les responsabilités au seul Maurice Papon, sans tenir suffisamment compte ce ce qui se passait aussi bien dans les instances supérieures du gouvernement de la France que dans celles du GPRA, à un moment où les négociations qui avaient commence en mai 1961 à Evian avaient provisoirement échoué, et où le FLN-ALN commençait déjà à se diviser. En tout cas, il semble plus prudent de ne pas confondre le rôle personnel de Maurice Papon et les positions respectives de l’ensemble des forces en présence dans chacun des deux camps, qui doivent être recherchées sans a priori [31]. Cette démarche rigoureuse caractérise le travail d’Hélène Rouffiac, et fait qu’il mérite d’être publié pour apporter une contribution utile aux débats sur cette question.

Enfin, il m’a semblé nécessaire de signaler la publication, dans le dernier numéro d’Outre-mers, Revue d’histoire (n° 356-357, 2ème semestre 2007), d’un article d’un jeune historien, Grégor Mathias, intitulé « Le sang des disparus d’Algérie en mai-juin 1962. Un drame oublié de la guerre d’Algérie ». Cet article traite d’un sujet particulièrement délicat, celui des prises de sang mortelles qui auraient été infligées aux victimes européennes d’enlèvements commis par le FLN au printemps 1962 en représaille contre la persistance du terrorisme sytématique de l’OAS. Ces prises de sang, dénoncées dès le début mai 1962 à Oran et à Alger, ont été crues par de nombreuses personnes, mais n’avaient jusqu’à présent pas été confirmées par les historiens. Or Gregor Mathias analyse et publie en annexe des photocopies de documents troublants qui lui ont été remis par des anciens de la Légion étrangère : une lettre écrite par un légionnaire espagnol porté déserteur depuis le 9 mai, expliquant qu’il a été enlevé par le FLN, qu’il est détenu avec d’autres Européens dans des lieux secrets et subit comme eux des prises de sang répétées qui compromettent sa survie, sa traduction de l’espagnol par un sous-officier de son unité, et un rapport de son supérieur expliquant pourquoi cette lettre lui paraît être la première preuve de ce qui jusque-là semblait n’être qu’une rumeur. La publication de cet article a suscité des réactions diverses parmi les historiens, comme l’avait déjà fait une brève présentation que j’en avais proposée lors de la journée du 19 mai 2003 sur les exodes d’Algérie [32]. Je comprends ces réactions de scepticisme, car un historien se doit de ne rien affirmer sans avoir des preuves très solides. Mais il faut savoir que ces documents existent bien et que plusieurs historiens en ont eu directement connaissance depuis des années : je les ai eues entre les mains il y a dix ans déjà. Et si les historiens ont le devoir de ne pas accorder trop facilement leur confiance, ils ont aussi celui de chercher à savoir si ce que l’on préfère considérer comme des « rumeurs » ne peut pas exister, si désagréable que cette hypothèse puisse être [33]. Il est vrai qu’un seul document ne suffit pas à prouver un fait allégué, mais cela ne doit pas être une bonne raison de refuser d’en chercher d’autres, ni d’en trouver le cas échéant.

Cette journée comportait également la communication de Pierre-Frédéric Charpentier sur « Le retour d’une mémoire refoulée : Les lieux de mémoire de l’Algérie française », que l’on pourra lire dans la partie dossier de ce numéro 34, pp. 139-151.

Guy Pervillé

- Les Cahiers d’histoire immédiate sont une publication de la collection Méridiennes (FRAMESPA, UMR 5136 du CNRS). Les tarifs d’abonnement sont de 30 euros pour la France (20 euros pour les étudiants, 40 euros pour les bibliothèques), et de 42 euros pour l’étranger, pour 2 numéros par an. les demandes d’abonnement sont à adresser à : GRHI, Pavillon de la Recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 TOULOUSE CEDEX 9, accompagnées d’un chèque bancaire libellé à l’ordre de : Groupe de recherche en histoire immédiate.

-  PS : le Cahier d’histoire immédiate, n° 34, automne 2008, contient également un dossier "Histoire et sciences sociales" (pp. 251-304) consacré au thème du berbérisme, qui rassemble les articles suivants :

-  Jacques Cantier : Les Berbères dans l’oeuvre de l’ethnoloque Jean Servier

-  Fabien Sacriste : Jean Servier et l’opération "Pilote" dans l’Orléansvillois (1957-1958) : tentative d’application politique d’un savoir ethnologique

-  Guy Pervillé : Du berbérisme colonial au berbérisme anticolonial : la transmission du thème de l’identité berbère des auteurs coloniaux français aux intellectuels nationalistes algériens (voir sur mon site en rubrique Textes -4- (2004)

[1] Editions de Paris, Versailles, janvier 2008, 589 p.

[2] La montée des violences dans le grand Alger, 1er juin 1958, 30 avril 1961, thèse soutenue le 31 janvier 2008 à l’Université de Toulouse-Le Mirail.

[3] Mémoire de maîtrise soutenu au Mirail en 2003. Voir son article “Histoire et mémoire du 17 octobre 1961 en France”, Cahiers d’histoire immédiate, Toulouse, n° 26, automne 2004, pp. 163-179.

[4] “Le sang des disparus d’Algérie en mai-juin 1962. Un drame oublié de la guerre d’Algérie”, Outre-mers, revue d’histoire, Paris, n° 356-357, 2ème semestre 2007, pp. 265-280.

[5] Voir ma brève présentation de cette affaire sur le site http://guy.pervillé.free.fr , rubrique Mises au point : “A propos de l’affaire de Zéralda, 1er août 1942” (2006).

[6] Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 2, 1871-1954, Paris, PUF, 1979. Voir notamment les pp. 496-506.

[7] Rapport au CFLN, Archives d’Outre-Mer 30 X 3, et Projet de décisions... B 3006 et 30 X 4.

[8] Communication présentée au colloque Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, Paris, 4 et 5 octobre 1984, et publiée dans ses actes par les Editions du CNRS, Paris, septembre 1986, pp. 357-365.

[9] Roger Vétillard : Sétif 1945 : Massacres en Algérie, Versailles, Editions de Paris, février 2008, 591 p. Préface de Guy Pervillé.

[10] Préambule et statuts de la Fondation du 8 mai 1945, mai 1990, cités par Michaël-Lamine Tabakretine, op. cit., p. 50.

[11] Panoramiques, n° 62, 1er trimestre 2003. Cette revue, publiée par le regretté Guy Hennebelle, a cessé de paraître en 2004 à la suite du décès de son courageux animateur.

[12] Ahmed Rouadjia, “Hideuse et bien aimée, la France”, op. cit., pp. 204-214.

[13] Francine Dessaigne, La paix pour dix ans (Sétif-Guelma, mai 1945), préface de Jacques Soustelle, Editions J. Gandini, 1990, pp. 114-115.

[14] Ces documents ont été retrouvés à Washington par la journaliste Yasmine Adi, qui les a utilisés dans son film projeté sur France 2 le 8 mai 2008 : L’autre 8 mai 1945, aux origines de la guerre d’Algérie. Voir le site internet du film : http://autre8mai1945-le film.com/contacts.html.

[15] Yves Courrière, Le temps des léopards, Paris, Fayard, 1969, p. 113.

[16] Titre du Journal d’Alger, 27 mai 1955.

[17] SHAT 1H 1944.

[18] Claire Mauss-Copeaux, Appelés en Algérie, la parole confisquée, Paris, Hachette, 1999, pp. 170-173.

[19] Mohammed Harbi et Gilbert Meynier, Le FLN, documents et histoire, 1954-1962, Paris, Fayard, 2004, p. 51. A noter que le nouveau commandant en chef en Algérie de juillet 1955 à novembre 1956, le général Lorillot, a complété ce texte par un paragraphe rappelant que “hors du combat, les règles françaises d’humanité demeurent...”.

[20] Courrière, op. cit., p. 517.

[21] Document reproduit en fac-similé par Courrière, op. cit., face à la p. 289 : “Les “comptes” de Paul Teitgen, en bas (entouré) le chiffre provisoire des “manquants”.

[22] “Le voyage en Algérie du président du Conseil français”, tract du FLN d’Alger, reproduit dans La guerre d’Algérie, s.dir. Henri Alleg, Paris, Temps actuels, 1981, t. 3, p. 545.

[23] Voir la confidence d’Albert Camus en janvier 1956, citée par André Rossfelder, Le onzième commandement, Paris, Gallimard, 2000, p 376 : « Le FLN projette une campagne d’attentats dans Alger même ».

[24] Frantz Fanon a rapporté que ce bruit annonçait en réalité un projet d’attentats provocateurs organisés par André Achiary, selon les Mémoires d’André Mandouze, cités par Alice Cherki, Frantz Fanon, portrait, Paris, Le Seuil, 2000, p. 126.

[25] Jean-Louis Planche, « De la solidarité militante à l’affrontement armé. MNA et FLN à Alger, 1954-1955 », dans Militaires et guerrilla dans la guerre d’Algérie, s. dir. J.C.Jauffret et M.Vaïsse, Bruxelles, Complexe, 2001, pp. 219-236.

[26] Jacques Massu, La vraie bataille d’Alger, Paris, Plon, 1971, pp. 173, 257 et 324.

[27] Yves Godard, Les paras dans la ville, Paris, Fayard, 1972, pp. 390-391 et 431-437.

[28] Voir sur mon site http://guy.perville.free.fr, l’argumentation détaillée que j’ai présentée au séminaire de l’IHTP le 13 janvier 2004, sous le titre “A propos des 3.024 disparus de la bataille d’Alger : réalité ou mythe ? “(2004).

[29] Rapports au CCE du colonel Ouamrane, 8 juillet 1958, et de Ferhat Abbas, 29 juillet 1958, reproduits par Mohammed Harbi, Les archives de la Révolution algérienne, Paris, Editions Jeune Afrique, 1981, pp. 189-193 et 194-201.

[30] Cite par Jean Delmas, La bataille d’Alger, Paris, Larousse, 2007, pp. 138-140.

[31] Voir la discussion que j’ai eue sur ce point avec Gilbert Meynier dans Pour une histoire franco-algérienne, en finir avec les pressions officielles et les lobbies de mémoire, s. dir. Frédéric Abécassis et Gilbert Meynier, Paris, La découverte, 2008, pp. 145-147.

[32] Voir le compte-rendu de la journée dans le n° 28, hiver 2005, de la revue du GRHI Cahiers d’histoire immédiate, pp. 43-102.

[33] Depuis plusieurs années, Gregor Mathias a réuni avec mon aide tous les témoignages écrits connus sur ce sujet, et continue son enquête. D’autre part, Le Monde a récemment publié les accusation d’anciens prisonniers de guerre marocains du Front Polisario, libérés après une très longue captivité en 2005, qui déclarent que les prisonniers étaient transformés en "vaches à sang" , certains étant pompés "dix fois par mois" (Mélanie Matarese, "Les survivants de l’enfer sahraoui", Le Monde, mardi 11 octobre 2005, p. 13).



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